ACTUALITES HEBDOMADAIRES

SEMAINE 20, 13.05-19.05.1996

Le Front Polisario a adressé un mémorandum au Conseil de sécurité en réponse au dernier rapport de Boutros-Ghali. Il y souligne que l'impasse au Sahara occidental est principalement due à l'opposition ouverte du Maroc à un référendum libre et régulier, d'une part, mais aussi à un surprenant manque de fermeté, frisant parfois la complaisance, de la part de la MINURSO dans sa gestion du plan de paix. L'opposition catégorique du Maroc au principe de transparence dans la gestion du processus a été un facteur décisif et révélateur de son attitude négative. Rabat s'est fermement opposé à la publication des listes des personnes déjà considérées comme ayant le droit de vote, ce qu'avait décidé l'ONU le 31 janvier 1996. Maintenir uniquement le cessez-le-feu serait une caution à l'occupation du territoire et mettrait l'ONU en porte-à-faux par rapport à sa vocation en matière de décolonisation.
Selon le Front, pour éviter une conflagration, une action résolue de l'ONU doit prendre en compte 4 points:

• la réaffirmation de la nature du problème de décolonisation,
• la transparence dans l'identification des votants,
• l'urgence d'un appel à des négociations directes,
• la volonté de ne pas léser les droits du peuple sahraoui par des décisions unilatérales.

Le Front Polisario avertit que la fin du processus de paix conduira à une crise majeure dont seul le Maroc est responsable. Il persiste quant à lui à privilégier la solution pacifique mais il est décidé le cas échéant à défendre ses droits par tous les moyens à sa disposition.

M. Mohamed Ould Salek, ministre conseiller auprès de la Présidence de la RASD, a déclaré à Bamako, après avoir été reçu par le ministre des affaires étrangères malien, qu'"une nouvelle et très sérieuse situation était en train de se développer dans la sous-région".

Consultations à huis-clos du Conseil de sécurité.
L'examen du rapport du Secrétaire général S/1996/343 sur la question du Sahara occidental est à l'ordre du jour.

Le Ministère de l'Information de la RASD rend public le contenu d'une lettre du président de la RASD au président du Conseil de sécurité. M. Abdelaziz considère que le dernier rapport du Secrétaire général "gèle tout effort sérieux en vue d'une solution politique". Il estime qu'"en réduisant les activités des Nations-Unies à une simple opération d'observation, le rapport viole l'esprit dont est investie la mission, ce qui constitue une modification substantielle" de son mandat. La partie sahraouie estime que Boutros-Ghali "tente de satisfaire le désir marocain de maintenir à tout prix le cessez-le-feu" et porte l'entière responsabilité de l'échec de la mission. "Le Front Polisario exprime donc ses réserves totales devant la nouvelle formule contenue dans le rapport".

Le Représentant de la RASD auprès de l'OUA a été reçu par son Secrétaire général, M. Salim Ahmed Salim, qui a estimé que le problème du Sahara occidental est un problème de décolonisation et qu'aucune paix durable ne saurait se concevoir en dehors de l'organisation d'un référendum libre et équitable.
Par ailleurs, un nombre considérable d'émissaires sahraouis, porteurs de messages du président de la RASD à ses homologues un peu partout dans le monde, sillonnent actuellement les différents continents.
Dans ce cadre, un envoyé spécial du Président Abdelaziz est attendu incessamment à l'ONU où il doit rencontrer M. Boutros Ghali.

Lettre de Human Rights Watch au Conseil de sécurité
L'Observatoire des Droits de l'Homme, ONG américaine ayant son siège à New York, demande instamment au Conseil de sécurité, en cas de réduction du personnel civil de la MINURSO, d'accroître la surveillance de l'application des droits de l'homme au Sahara occidental.
Il estime qu'il faut changer les cadres dirigeants de la MINURSO et investiguer les faiblesses du processus référendaire révélées par le dernier rapport de l'organisation. Celle-ci demande également au Conseil de sécurité d'obtenir la libération sans délai des prisonniers d'opinion et des prisonniers de guerre.

Sous le titre : "Capitulation devant Hassan", W.Luthy écrit dans un commentaire du Bund, Berne: " Quand Boutros-Ghali recommande au Conseil de sécurité de suspendre l'enregistrement des votants (manipulé par le Maroc), il s'agit uniquement de poudre aux yeux diplomatique. En réalité ce pas signifie le début de la fin de la mission de l'ONU au Sahara occidental. L'organisation mondiale a capitulé devant Hassan II."

"La décision des Nations Unies scelle le triste destin du peuple sahraoui, abandonné déjà par l'Espagne à l'époque de la Marche verte et à nouveau laissé entre les griffes d'un pays qui n'a de cesse de l'annexer." (Diario 16, Madrid)

Le gel de la MINURSO suppose "l'abandon des Sahraouis à leur sort, qui ne sera autre que de tomber définitivement entre les mains de Hassan II." (El Mundo, Madrid)

Le général d'artillerie en retraite, analyste du Centre espagnol d'investigations pour la paix (CIP), Alberto Piris, estime dans une tribune libre publiée dans El Mundo que "l'abandon des Sahraouis peut hypothéquer gravement la stabilité du Maghreb, une zone d'importance essentielle pour l'Europe et l'Espagne".

Suite à sa tournée au Maroc et au Sahara occidental (voir semaines 15 et 16, M. Brecht (SPD), président de la mission parlementaire allemande, demande au chancelier Kohl, qui se rend au Maroc début juin en visite officielle, de soulever la question du Sahara occidental et de convaincre le roi de la nécessité d'un échange des prisonniers de guerre avec le Front Polisario. Le Polisario aurait déclaré aux parlementaires allemands qu'il etait prêt à libérer les prisonniers de guerre marocains. Il attend cependant a libération de ses propres combattants emprisonnés au Maroc. Le gouvernement marocain aurait réagi de façon extrêmement réservée à la proposition allemande.
Le député Hirsch (FDP) a signalé au ministre des affaires étrangères allemand que 2'000 prisonniers de guerre marocains se trouvent toujours aux mains du Polisario. C'est un "scandale inacceptable" que ces hommes, malgré le cessez-le-feu, soient maintenus aussi longtemps en captivité.
Selon le Polisario le Maroc n'est pas intéressé à reprendre les prisonniers, il ne veut pas négocier avec le Polisario. Selon le Maroc, qui détient à Agadir une centaine de combattants sahraouis, l'échange des prisonniers devrait seulement avoir lieu immédiatement avant le référendum. (Frankfurter Allgemeine, 4.5.96)

Prisonniers grâciés
Les "six d'Agadir" (Keltoum Lounat et cinq jeunes Sahraouis, condamnés à 20 ans de prison pour participation à une manifestation pacifique à Smara en 1992) ont été graciés par Hassan II. La grâce royale a été notifiée au CICR par le gouvernement marocain.
Amnesty international se félicite, dans un comuniqué, de leur libération et "espère que d'autres mesures seront bientôt prises par les autorités marocaines pour continuer à améliorer la situation des droits de l'homme au Sahara ocidental".

Les huit jeunes Sahraouis, condamnés en juin 1995 à des peines de prison ferme allant de 15 à 20 ans et dont Hassan II avait réduit la peine à une année, ont été libérés il y a quelques jours après avoir purgé leur peine (AFP, Rabat).

Les trois bureaux d'identification situés à Dakhla, Boujdour et Smara (Sahara occidental) ainsi que le bureau de Nouadhibou (Mauritanie) ont été fermés, a annoncé la porte-parole des Nations unies à El Ayoun.

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