![]() Révolte des Sahraouis - Revolt of the Saharawis - Revuelta de los Saharauis |
El Ayoun 14 décembre 2005
Procès de 14 détenus sahraouis militants des droit de l'homme.
Le 13/12/2005,
à 10 h du matin l'audience est ouverte. Le premier dossier,
sous numéro 185/2005, qui sera jugé concerne quatre
accusés :
- Lidri Elhoucine
- Elmoutaoukil Mohamed
- Masaoud Larbi
- Noumria Brahim
Les accusés sont soutenus par une douzaine d'avocats du barreau d'Agadir et un avocat du barreau de Marrakech. On note la présence de douze observateurs étrangers
La presse est aussi présente. En plus de la presse locale, 3 journalistes étrangers ont assisté au procès à savoir :
Les accusés ont fait leur entrée devant la cour, en scandant des slogans en faveur du référendum au Sahara Occidental. Les avocats de la défense ont souligné un certain nombre de vices de forme qui ont entaché la procédure : flagrant délit, formalité d'informer la famille du détenu, perquisition. Ils ont demandé la non prise en considération des procès verbaux élaborés par la police judiciaire.
Le juge a
décidé de délibérer sur ses vices de
forme à la fin de la séance. Puis il a appelé
à la barre un à un les quatre détenus. Le juge
les a informés des chefs d'accusation :
Crime de constitution de bande de criminelle, crime de poser une
bombe sur la voie publique, crime d'entrave à la circulation
des véhicules sur la voie publique, délit de violence
vis-à-vis de fonctionnaires de l'Etat, délit
d'incitation à la désobéissance, délit de
sit-in armé sur la voie publique et délit de
constitution d'association non autorisée selon le droit des
libertés publiques.
Ils ont tous
déclaré qu'ils sont des militants des droits de l'homme
sahraouis et qu'ils sont membres du Forum Vérité et
Justice section Sahara et de l'Association Marocaine pour les Droits
de l'Homme AMDH, et que les interrogatoires effectués par la
police ont porté sur leur opinion politique concernant la
question du Sahara Occidental, qui est différente de la
position officielle marocaine. Ils ont affirmé qu'ils sont
pour l'autodétermination du peuple sahraoui et
l'indépendance du Sahara Occidental.
Ils ont affirmé qu'à aucun moment ils n'ont pris
connaissance des procès verbaux établis par la Police
judiciaire et que les interrogatoires n'ont pas porté sur les
délits et actes que le juge leur a cités.
Les avocats dans leurs plaidoyers ont rappelé tous les vices
de forme déjà cités. Ils ont affirmé que
les accusés n'ont pas signé ces procès verbaux,
car ce ne sont pas leurs aveux, et qu'ils n'ont jamais pris
connaissance de leur contenu. Par contre eux ont signé les
procès verbaux établis par le procureur
général et le juge d'instruction.
Les accusés ont eu la parole. Ils ont tous
réitéré leur position politique pour
l'autodétermination du peuple sahraoui et
l'indépendance du Sahara Occidental et déclaré
qu'ils s'opposent à la souveraineté marocaine sur le
Sahara. Ils ont confirmé qu'ils sont pacifistes et qu'ils
n'ont pas incité les gens à la violence. Et qu'ils ont
participé à un site- in pacifique réclamant le
droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Ils ont
affirmé qu'ils sont des militants des droit de l'homme au
Sahara Occidental. Lahoucine Llidri et Noumria Brahim ont
affirmé avoir été emmené au bagne du PC
CIM à El Ayoun et qu'ils ont été
torturés. Ils ont même mentionné les noms de
quatre tortionnaires dont Illich Abou Elhassan, Ben Sami,
etc
Ils ont quitté la salle en scandant les mêmes slogans
qu'au début.
L'accusé Ali Salem Tamek a été appelé à la barre, dossier n 182/2005. Le même scénario qu'avant se répète. Pour lui les avocats ont attiré l'attention du juge sur le fait que ce dernier se trouvait en Espagne depuis avril 2005, bien avant le déclenchement des émeutes à El Ayoun du 24-25 mai 2005. Il a été arrêté à l'aéroport lors de son retour de ce séjour. Il a confirmé en plus qu'il est syndicaliste membre de la CDT.
L'accusée
Aminatou Haidar (mère de deux enfants) a
été appelée à la barre, dossier n
187/2005. Le même scénario qu'avant se
répète. Son avocat a confirmé qu'elle est une
ex-disparue, elle avait été emprisonnée au bagne
PC CIM (lieu de détention secret) pour quatre ans (de
1987-1991). Il a confirmé qu'elle a été
tabassée par les membres des Groupes Urbain de
Sûreté GUS, sur la voie public et devant des
témoins et que le procureur a refusé de procéder
à une expertise médicale, malgré les blessures
visibles, sa requête et la requête de ses avocats.
Le procureur ayant pris la parole lors de la séance a
affirmé que ses blessures ont été causées
par des jets de pierres par des manifestants.
L'accusé Amidan Elwali a été appelé à la barre, dossier n 181/2005. Le même scénario qu'avant se répète. Il a affirmé avoir signé le procès-verbal sous la torture et la contrainte.
L'accusé
Elmoussaoui Sid Ahmed a été appelé
à la barre, dossier n 183/2005. Le même scénario
qu'avant se répète. Le juge lui présente une
photo de lui-même avec un drapeau marocain
déchiré.
Il répond que cette photo a été prise
après son arrestation dans les locaux de la gendarmerie
à El Ayoun et non pas lors d'une manifestation à Foum
El Oued -plage d'El Ayoun.
Les accusés Ejenhaoui Lakhlifa, Mohamed Lahouidi et Mohamed Ettahlil, dossier n°180/2005. Le même scénario qu'avant se répète. Mohamed Tahlil a refusé de donner son identité au juge. Ce dernier a décidé de l'évacuer de la salle.
Les accusés : Hmad Hammad, Balla Sidi Mohamed, Elmahjoub Echtioui, dossier n° 184/2005. Le même scénario qu'avant se répète. Les avocats ont signalé une contradiction faite par le juge d'instruction le 15/11/05 dans le cas de Hmad Hammad. En effet dans une première décision, il a décidé de l'acquittement concernant l'affaire de la Casa d'España. Alors que pour les mêmes chefs d'accusation, il a décidé le même jour de le poursuivre.
Le 14/12/05 à 3h 30 du matin la séance est levée pour délibérations sur tous les sept dossiers.
À 10h du matin les sentences ont été prononcées :
Il est à signaler que lors de l'annonce du verdict, les accusés Ejenhaoui Lakhlifa, Mohamed Lahouidi et Mohamed Tahlil ont demandé que le verdict soit prononcé au nom de Dieu et non pas au nom du roi. Le juge a alors décidé de les évacuer de la salle et a ordonné au greffier de leur faire lecture du verdict à la prison civile d'El Ayoun.
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