Reflets de l'actualité au Sahara Occidental: novembre 1995
1.11.1995 Rupture du cessez-le-feu
Survol d'Aghouenit par deux avions de combat marocain.
2.11.1995 Répression acharnée contre une famille
sahraouie
L'AFAPREDESA annonce "avec indignation et grande tristesse
l'assassinat de Mohamed El Bachir Moulay Ahmed (Leili),
ex-détenu de Kalaat M'Gouna, dont le corps a été
découvert le 29.10. sur la plage d'El Ayoun". Cette personne
figurait dans la liste des disparus de l'AFAPREDESA, qui comprend
près de 800 noms, sous le numéro 535. Etudiant,
arrêté en 1984 et libéré en 1991, il
était né en 1962 à Hagounia au Sahara
occidental. L'AFAPREDESA "exige que la MINURSO enquête sur
cette grave violation des droits de l'homme".
Selon amnesty international onze membres de la famille Leili, dont
est issu l'ancien premier ministre sahraoui Mohamed Lamine Ahmed, ont
été arrêtés au début de 1976: la
soeur du premier ministre, Fatma Ghalia, née en 1952, est
arrêtée à Tan-Tan le 8.1.1976. Elle sera
libérée le 21.6.1991. Ses parents, qui ont eu 7
enfants, sont arrêtés le 2.2.1976 dans la même
localité du Sud Maroc.
Sa mère, Nouna ment Abdellahi, est née en 1925, son
père, Moulay Ahmed ould Mohamed el-Hassan Leili, en 1919.
Celui-ci mourra le lendemain de sa libération, le 22.6.1991,
après quinze années de détention, sans jamais
avoir été ni inculpé ni jugé. Il tenait
le rôle d'imam à la prison secrète de Qalat
M'Gouna, lavant les morts et récitant les prières avant
de les enterrer. Parmi les autres membres de la famille
arrêtés en 1976 on compte selon amnesty: Mohamed Fadel,
un fils né en 1957, étudiant, arrêté
à Kenitra peu après ses parents. Le frère de
Moulay Ahmed Leili, Fadel Mohamed Abdallahi, lecteur en
littérature arabe à l'université de Marrakech,
ainsi que la soeur de celui-ci, Tagla, font aussi partie des
"disparus".
3.11.1995 Le Maroc premier exportateur mondial de
haschisch
Le quotidien parisien "Le Monde" révélé le
contenu d'un rapport confidentiel de 1994 selon lequel les revenus du
cannabis représentent la première source de revenus du
Maroc. La production annuelle de haschisch destiné à
l'exportation est de plus de 1000 tonnes. Le Maroc est devenu le
premier exportateur de haschisch dans le monde et le premier
fournisseur du marché européen. Ce rapport de
l'Observatoire géopolitique des drogues n'hésite pas
à mettre en cause certains membres de l'entourage
immédiat du roi ainsi que d'anciens ministres, dont les noms
ont été supprimés dans le rapport public.
6.11.1995 Vingtième anniversaire de la Marche
verte
Le vingtième anniversaire de la Marche vertea
été fêté dans la discrétion au
Maroc. Le roi a renoncé, en invoquant son état de
santé, à se rendre à El Ayoun.
Dans un communiqué le Ministre de l'Information sahraoui
constate que grâce à la pression internationale, Hassan
II a renoncé à son voyage à El Ayoun.
"Cependant", ajoute le communiqué, "le roi a profité
pour rappeler, dans son discours télévisé, que
l'intransigeance demeure sa seule politique. (...) Il continue de
prôner les thèses éculées du
"référendum confirmatif" et des "droits exclusifs" du
Maroc de décider en ce qui concerne la liste des
électeurs devant participer à la consultation. (..) Le
Maroc, qui rejette la récente décision du
Secrétaire général, montre les limites de son
engagement vis-à-vis de la solution pacifique. (...) Le
chantage royal pour imposer un diktat à l'ONU est inacceptable
et lourd de conséquences." Le ministre conclut en renouvelant
la disponibilité du Front Polisario à coopérer
avec les Nations Unies.
10.11.1995 Le roi du Maroc reporte, pour raisons de santé, sa visite officielle en France.
11.11.1995 Signature d'un accord d'association
économique entre l'Union Européenne et le Maroc
Celui-ci prévoit la création d'une zone de
libre-échange industrielle euro-marocaine. Cette
démarche entre dans le cadre de la politique de l'UE qui vise
à s'ouvrir les marchés des pays
méditerranéens et à favoriser la
délocalisation industrielle d'entreprises européennes
au Maghreb et au Machrek plutôt qu'en Asie. Cette politique
sera à l'ordre du jour de la conférence
ministérielle euro-méditerranéenne de Barcelone,
le 27.11.95.
Une conférence alternative "Pour une
Méditerranée solidaire" est organisée
parallèlement par des ONG espagnoles et européennes qui
fait une large place au problème du Sahara occidental et au
peuple sahraoui.
13.11.1995 Signature d'un nouvel accord de pêche entre
l'UE et le Maroc
Valable pour 4 ans, il entre en vigueur le 1.12.1995. Cet accord
permet à nouveau la pêche sur les côtes marocaines
et du Sahara occidental aux navires espagnols et portugais, moyennant
une réduction des quotas de pêche et des compensations
financières.
13.11.1995 Arrestations arbitraires
Le ministère de l'Information sahraoui annonce des
arrestations dans la ville de Tan-Tan, au Sud Maroc, à la
suite de manifestations pacifiques organisées le 7.11. par
plusieurs dizaines d'étudiants sahraouis.
13.11.1995 Visite du président Abdelaziz aux USA.
19.11.1995 Prisonniers de guerre rapatriés
Le Front POLISARIO a remis au CICR 185 prisonniers de guerre
marocains, rapatriés à bord de deux avions militaires
mis à disposition par les gouvernements des Etats-Unis et de
l'Argentine. Un officiel marocain resté anonyme a
confirmé leur arrivée à la base militaire de Ben
Guérir. Il s'agit de prisonniers libérés en
1989, que le Maroc a toujours refusé de laisser rentrer.
19.11.1995 Arrestations et tortures
L'AFAPREDESA publie la liste de 14 Sahraouis arrêtés
début novembre et torturés. Ces personnes sont
détenues au poste de commandement des Compagnies Mobiles
d'Intervention à El Ayoun. Ce sont pour la plupart d'anciens
prisonniers d'opinion qui avaient déjà
été emprisonnés dans des centres secrets au
Maroc. L'AFAPREDESA appelle à la création de toute
urgence d'une commission d'enquête indépendante.
30.11.1995 Journal interdit
Le no 1819 de l'hebdomadaire "Jeune Afrique" a été
saisi au Maroc et le journal interdit de vente jusqu'à nouvel
ordre. Ce numéro comportait un article relatif à la
maladie du roi Hassan II et à des critiques américaines
quant à l'attitude de Rabat vis-à-vis du conflit du
Sahara occidental.
Processus d'identification:
Depuis juillet le processus d'identification des électeurs
potentiels est compromis, d'une part suite au dépôt de
100'000 candidatures de personnes résidant au Maroc, d'autre
part à cause de l'enregistrement de tribus contestées,
non représentées au Sahara occidental sous forme de
sous-fraction et pour lesquelles le Front Polisario n’a pas de
cheikh.
La proposition de M. Boutros-Ghali concernant les procédures
d'identification, contenue dans sa lettre du 27
octobre au Conseil de sécurité, a été
acceptée par le Front Polisario mais refusée par le
Maroc. Elle prévoyait qu'en l'absence d’un cheikh de
l'une ou l'autre partie l'identification se ferait sur la base de
documents établis par l'autorité coloniale espagnole.
Le refus marocain, appuyé par ses alliés, a
donné lieu par la suite à d'intenses consultations.
Dans son rapport du 24.11.95 [PDF]
Boutros-Ghali modifie sa proposition antérieure. S'agissant
des tribus contestées et des 100'000 personnes résidant
au Maroc, M. Boutros-Ghali prévoit que l'identification se
fera même en l'absence d'une des parties et sur la base de
moyens de preuve mal définis. Dans une lettre adressée
le 1.12. par M. Bachir Sayed, coordinateur sahraoui avec la MINURSO,
au président en exercice du Conseil de sécurité,
le Front Polisario prend position: "La proposition contenue dans le
rapport n'est ni objective, ni réaliste". Elle n'est pas
l'aboutissement d'une consultation entre les parties mais le
résultat du refus marocain de modifier la procédure. Le
Front Polisario réitère son attachement à la
proposition contenue dans la lettre du Secrétaire
général du 27 octobre, qui exigeait, dans les cas
contestés, des documents espagnols. Il refuse de participer
à l'identification effectuée sur la base du seul
témoignage oral du cheikh désigné par le Maroc,
"à moins que ledit témoignage ne soit dûment
étayé par des documents de preuve émis par les
autorités espagnoles compétentes qui administraient le
territoire jusqu'en 1974".
Enfin, le Front Polisario se demande, devant la volte-face de
Boutros-Ghali entre le 27 octobre et le 24 novembre sous la pression
du Maroc, quelle sera la valeur des décisions futures du
Secrétaire général face à un
éventuel refus marocain.
Nouvelles publications
(parvenues à notre connaissance)