AFP, Rabat, 4 novembre 1995
Le Maroc a fait des dépenses considérables au Sahara
Ignace DALLE
La récupération par le Maroc du Sahara occidental en novembre 1975 a eu des répercussions considérables depuis vingt ans sur les finances du royaume, même si les autorités sont toujours restées muettes sur le coût des opérations militaires ou le maintien de dizaines de milliers de soldats des Forces armées royales (FAR).
Le prix de la guerre n'a jamais été divulgué mais, selon des estimations de sources occcidentales, celle-ci coûtait un million de dollars par jour entre 1980 et 1985 au moment où elle battait son plein. Par la suite et jusqu'au cessez-le-feu en 1991, les dépenses quotidiennes auraient, selon les mêmes sources, diminué de moitié.
Au total certains experts occidentaux estiment que le Maroc a dépensé jusqu'à aujourd'hui plus de quatre milliards de dollars pour maintenir son armée dans cette région, soit cinq fois plus que l'Algérie pour financer les activités du Front Polisario.
Outre ces dépenses militaires, le Maroc, selon des chiffres cités par l'hebdomadaire Jeune Afrique, a investi de 1978 à 1992 plus d'un milliard et demi de dollars. L'aéroport d'El-Ayoune (15 millions de dollars), les équipements portuaires pour la pêche (250 millions de dollars), le réseau de 1.650 kms de routes (70 millions de dollars), des milliers de logements, des dizaines d'écoles, deux hôpitaux sont parmi les réalisations les plus marquantes.
Ces travaux d'infrastructure ont été d'autant plus indispensables que la population estimée à 75.000 personnes en 1975 dépasse aujourd'hui le chiffre de 250.000.
Si beaucoup de ces investissements ont été rentables, d'autres ont coûté cher au trésor marocain comme le maintien en activité de Phos Boucraa, créée par les Espagnols, et qui fait vivre près de trente mille personnes. Mais pendant très longtemps, la tonne de phosphates revenait pratiquement au double de son prix de vente.
Les efforts faits en direction des provinces du Sahara occidental ont aussi contraint les autorités à imposer davantage les contribuables et à couper dans les dépenses de certains ministères comme celui de la santé publique moins performant qu'il y a vingt ans.
Enfin, si le consensus ne fait aucun doute chez les Marocains concernant la "marocanité" du Sahara, bon nombre d'entre eux, notamment dans les provinces du nord, estiment que l'Etat en a "trop fait" pour les Sahraouis et "pas assez" pour eux.
Revue de presse,
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