Révolte des Sahraouis - Revolt of the Saharawis - Revuelta de los Saharauis |
Lettre ouverte envoyée par les familles des défenseurs sahraouis des droits de l'homme incarcérés aux 18 ONG qui ont lancé un appel de Genève samedi dernier
"Nous avons appris avec grande gratitude votre action en faveur de nos fils enfermés dans différentes prisons marocaines. A cet égard, nous tenons à saluer ce geste humanitaire appréciable et vous exprimer notre profonde reconnaissance.
En effet, la reconnaissance de 18 ONGs internationales et de par le monde est une preuve forte de l'innocence de nos fils. Nous sommes ainsi satisfaites et très fières.
Malheureusement, votre appel na pas encore trouvé des oreilles attentives du côté marocain.
Les autorités marocaines récidivent et continuent d'afficher leur indifférence face aux appels pour le respect des droits de l'homme au Sahara Occidental lancés par la communauté internationale et les organisations internationales des droits de l'homme. C'est ainsi que les autorités marocaines ont procédé, le 01 août 2005, à l'enlèvement des défenseurs sahraouis des droits de l'homme incarcérés à la prison civile de Laâyoune : Elmoutaoikil Mohamed, membre du bureau exécutif du Forum marocain pour la vérité et la justice et ex-prisonnier politique, Noumri Brahim, ex-enlevé sahraoui et rescapé des bagnes secrèts marocains, Messaoud Elaarbi, ex-prisonnier d'opinion , Lidri Elhoucine et Ali Salem Tamek, ex-prisonnier d'opinion . Elles les ont emmenés, allongés sous les sièges de trois véhicules des GUS (Groupes Urbains de Sécurité), les yeux bandés et les mains menottées derrière le dos pendant tout le voyage, à la prison de Ait Melloul près de la ville d'Agadir pour Tamek et à la prison Oukacha à Casablanca pour Elmoutaoikil Mohamed, Noumri Brahim, Messaoud Elaarbi et Lidri Elhoucine.
Une déportation visant à les éloigner de nous, des regards indiscrets et à se venger contre eux et aussi contre nous, nous devons traverser plus de 1000 Km pour les voir alors qu'il existe une dizaines de prisons plus proches.
A la prison de Ait Melloul, Tamek a été informé par les autorités judiciaires marocaines qu'il sera présenté devant un psychiatre pour suivre des soins dans un asile psychiatrique, ce qui peut être une occasion pour les autorités marocaines de lui administrer des médicaments pouvant provoquer son déséquilibre mental. Pour les quatre autres défenseurs sahraouis, ils étaient séparés, dès leur arrivée à la prison Oukacha à Casablanca, les uns des autres. Chacun d'entre eux partage sa cellule avec des prisonniers de droit commun marocains qui peuvent, par chauvinisme encouragé par les autorités marocaines et médiatisé par certains organes de presse partisans marocains, les intimider voire même les assassiner. Les quatre défenseurs sahraouis des droits de l'homme incarcérés à la prison Oukacha à Casablanca ne jouissent pas des droits reconnus universellement aux prisonniers, y compris le droit à la visite directe et l'accès aux communications téléphoniques. Même des avocats du barreau de Casablanca et une délégation du bureau exécutif du Forum Vérité et Justice sont interdits de les visiter.
La défenseuse sahraouie des droits humains, mme Aminatou Haydar, est toujours à la prison civile de Laâyoune, vivant dans des conditions carcérales difficiles, caractérisées par l'interdiction de visite pour ses proches et surtout ses deux enfants, l'interdiction de lire et de se soigner ou encore d'avoir le minimum des conditions d'hygiène dont une femme a besoin.
Nos fils ont crié et lancé pas mal d'appels et de correspondances aux parties concernées, mais ils se sont heurté à l'indifférence des autorités marocaines, personne ne leur répond. Ils se trouvent, ainsi, obligés d'entamer une grève de la faim illimitée en protestant contre ces mesures illégales et revendiquant la satisfaction urgente et sans condition de leurs revendications. Ils ont déclenché cette grève à partir du mardi 9 août 2005 malgré l'état de santé précaire de plusieurs d'entre eux.
Préoccupées par la situation d'incarcération alarmante de nos tiers dans les prisons marocaines, nous vous sollicitons de nouveau d'intervenir auprès du gouvernement marocain pour les libérer de toute lurgence.
Enfin, nous vous prions d'agréer l'assurance de notre considération la plus distinguée."
Signée par les familles des défenseurs sahraouis des droits de l'homme :