Paris le 28 avril 2001
Coloquio de Juristas sobre el Sahara Occidental
en Paris el 28 de abril de 2001
Les réserves halieutiques, la question du droit de pêche, accord UE-Maroc
M. Mohamed SIDATI, Ministre de la RASD délégué auprès de l'UE
Je crois qu'il est de mon devoir de saluer l'assistance réunie aujourd'hui. Tout d'abord, je tiens à rappeler que ce colloque se tient à l'initiative de Pierre Galand et de la coordination européenne , à la suite d'une décision prise lors de la conférence qui s'est déroulée en Belgique en Novembre 2000.
A ce sujet, je voudrais présenter mes remerciements les plus chaleureux à l'Association des Amis de la RASD ainsi que la SFO, la Section Française de l'Observatoire pour un référendum au Sahara Occidental, qui se sont occupés de l'organisation de ce colloque- qu'ils soient l'objet de la gratitude du peuple sahraoui et du Front Polisario, au même titre que Daniel Paul, député français qui suit avec attention le dossier du Sahara Occidental.
Nous avons aussi la chance et l'honneur de compter parmi nous la présence de Margot Kessler, député européenne et présidente de l'intergroupe du Parlement européen "Paix pour le peuple sahraoui", ainsi que l'un de ses membres, Yasmine Boudjenah. Saluons aussi spécialement au passage les amis, les personnalités, les experts, juristes, professeurs- nous les remercions tous d'avoir répondu à l'appel.
Cette réunion survient à point nommé dans un lieu particulièrement pertinent: nos débats se déroulent aujourd'hui en France, dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, ce qui donne une tonalité particulière à nos propos: en effet, cela nous permet d'interpeller ce pays qui, tout en se réclamant des droits de l'homme, n'a pas daigné à ce jour aligner ses engagements et ses décisions sur la légalité internationale, et dont le rôle, dans cette question, demeure ouvertement partisan.
De plus, cette réunion nous rassemble au moment où le Secrétaire Général de l'ONU, M Kofi Annan, vient de publier son dernier rapport- un document qui est bien en-decà des espérances du peuple sahraoui. Dans vos interventions, les uns après les autres, vous avez rappelé les principes fondamentaux du droit, et parmi ceux-ci, le droit inaliénable et incontournable à l'autodétermination- un sujet brûlant au moment où se dessine un nouveau chapitre de la conspiration contre ce droit au Sahara Occidental.
En effet, après le coup assassin porté par le Maroc en 1975 contre le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, nous revoilà face aux mêmes tentatives de passer outre sa volonté, outre ce droit universellement reconnu dont on bénéficié tous les peuples de la terre depuis le début des années soixante.
Ceci est d'autant plus révoltant que nous sommes unanimement d'accord pour constater que le Plan de paix des Nations Unies, depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en 1991, a atteint le stade où il est désormais techniquement possible de tenir le référendum d'autodétermination- seul but et raison d'être, rappelons-le, du travail de la MINURSO.
Soyons clair sur ce point: depuis janvier 2000, la liste des personnes aptes à voter lors du référendum est connue officiellement- soit près de 90 mille sahraouis, identifiés après 9 ans de travail ardu et intensif mené par la commission d'identification de la MINURSO, 9 ans d'efforts auxquels ont participé plus d'un trentaine de pays. Seul le flot 130 mille recours en appel abusivement déposés par la Maroc, dont la quasi totalité sont dénués de justification pratique ou légale, a retardé une fois de plus la tenue du référendum attendu depuis plus de 25 ans par le peuple sahraoui.
Aux souffrances de cette attente endurée par le peuple sahraoui vivant soit en exil soit sous occupation, vient s'ajouter une autre injustice: en effet, l'occupation illégale du Sahara Occidental s'accompagne de la dépossession du peuple sahraoui de ses biens- la dépossession des richesses minérales et halieutiques de son pays.
Nous assistons depuis 25 ans au bradage et à l'exploitation effrénés des ressources naturelles du Sahara Occidental par le Maroc qui dispose à sa guise des bénéfices engrangés dans l'illégalité la plus totale. Pire: cet argent tiré de la spoliation des biens du peuple sahraoui sert à nourrir la guerre contre ses mêmes victimes.
Voyons de plus près de quoi il s'agit au juste:
Tout d'abord le Sahara Occidental a des ressources naturelles importantes, certaines exploitées, d'autres potentielles: Citons tout de suite un des plus gros gisement de phosphates du monde, ainsi que des gisements de fer considérables. Ses côtes, qui font 1200 km de long, sont parmi les plus riches du monde en ce qui concerne les ressources halieutiques.
Non pas depuis la nuit des temps, mais depuis que la vie humaine est installée sur cette frange du Sahara qui borde l'Atlantique, la pêche, artisanale à l'origine, a fait partie des activités de l'homme tout au cours des siècles passés. Cela explique aussi que ce pays ait été l'objet de toutes les convoitises, et continue à l'être. Pour vous donner une idée de l'ampleur de cette question, il suffit de préciser que sur les 1200 bateaux européens qui pêchent aujourd'hui dans les eaux de l'Atlantique le long de l'Afrique, plus de la moitié concentrent leur activité le long des côtes du Sahara Occidental.
Autre élément dans l'histoire du pillage de ces ressources naturelles: à partir des années cinquante, lorsque le Sahara Occidental était sous la domination de l'Espagne, cette puissance coloniale a surexploité les ressources halieutiques au point d'édifier en peu de temps une industrie de la pêche qui est aujourd'hui, et de loin, la plus importante de toute l'Europe. Cette puissance de l'Espagne dans l'industrie de la pêche s'explique donc en partie par son utilisation passée de la proximité des côtes du Sahara Occidental et de la richesse des prises. D'autres pays, dans une moindre mesure, ont profité et profitent encore de ces ressources, tel que le Portugal, les Pays-Bas, et bien sûr d'autres pays européens.
L'occupation marocaine est venu ajouter d'autres facteurs très destructeurs et inquiétants à cette situation: le Maroc depuis son invasion du Sahara Occidental en 1975 tire profit du pillage systématique et sans précédant des ressources halieutiques, même si on compare ce qu'on fait les espagnols avant eux. C'est maintenant tout l'équilibre de l'écosystème des côtes qui se trouve compromis. De même que son occupation illégale de notre pays a été facilité par le soutien en sous-main de la France et de l'Espagne, la surexploitation des ressources des côtes du Sahara Occidental bénéficient de la complicité tacite de ces mêmes puissances, et des pays européens en général, car les enjeux économiques sont devenus cruciaux pour eux. Au- delà de l'Europe, d'autres pays partagent la responsabilité de ce pillage organisé, tel que la Russie et avant elle ce qui était l'Union Soviétique, le Japon, et la Corée du Sud, pour ne citer que les cas les plus flagrants. Les méthodes de pêche utilisées par certains pays aggravent la situation- utilisation de certains types de filets qui ne permettent pas aux poissons les plus petits d'en réchapper et d'assurer la reproduction de l'espèce, extermination de ces mêmes bancs de poissons facilitée par leur repérage par radars, ce qui ne laisse aucune marge d'erreur, et donc aucune merci pour les animaux. Du coup, de nombreuses espèces se trouvent maintenant menacées d'extinction.
Quelques chiffres pour illustrer ce désastre:
- sur les 1 million 200 milles tonnes de poisson pêchées tous les ans par les pays de l'Union Européenne le long des côtes africaines, près de 900 mille proviennent des seules côtes du Sahara Occidental.
Le prix de ce véritable butin de guerre:
- le chiffre d'affaire dépasse les 1 milliard d'euros qui contribue à consolider l'occupant et bénéficie aussi à tous ceux qui pêchent illégalement sur les côte sahraouies.
Cette situation lamentable se nourrit de l'ambiguïté qui est entretenue autour de ce qui est l'illégalité de la présence du Maroc au Sahara Occidental et de sa main mise sur les eaux territoriales qui y correspondent. Le flou porte sur un point crucial: la définition de la délimitation des eaux territoriales du Maroc. C'est justement ce flou qui permet de passer sous silence les vraies limites géographiques et politiques des côtes marocaines, pour déborder tout le long du Sahara Occidental, avec les conséquences que l'on vient de voir.
Dans les documents successifs des accords entre l'Europe et le Maroc, il y a une formule qui revient tout le temps: "les eaux relevant de la souveraineté ou de la juridiction du royaume du Maroc". L'unique autre référence mentionnée dans les accords depuis 1976 rappellent que l'Europe et le Maroc sont, je cite "signataires de la convention des Nations Unies sur le droit de la mer, et que conformément à cette convention, le Maroc a établi une zone économique exclusive s'étendant jusqu'à 200 mille marins de ses côtes à l'intérieur de laquelle il exerce ses droits souverains aux fin de l'exploration, la conservation et la gestion des ressources de ladite zone", fin de citation.
Or justement, le droit international et les institutions qui le représentent, c'est à dire les Nations Unies et la Cour Internationale de Justice de la Haye dans son avis consultatif de 1975, n'ont jamais reconnu aucune souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, pas plus qu'aucun pays, même amis du Maroc ne l'a non plus jamais fait. De même que le Maroc n'a aucune souveraineté sur le Sahara Occidental, il n'en a aucune sur les eaux territoriales qui dépendent du pays occupé illégalement depuis 25 ans. A ce sujet il convient de se référer à l'avis pertinent des juristes de droit international émis le 26 avril 1987 à Bruxelles.
Cela n'empêche pas les officiels européens au plus haut niveau de cumuler cynisme et mépris pour les notions les plus fondamentales du droit: ainsi, dans un échange de lettre entre Pierre Galand et M Fischler, commissaire européen responsable du dossier de la pêche, ce dernier expliquait en 1999, je cite:
L'accord de pêche entre la communauté européenne et le Maroc s'est toujours appliqué aux "eaux relevant de la souveraineté ou de la juridiction du Royaume du Maroc", qu'il dénomme "zone de pêche du Maroc", sans donner de définition géographique plus précise. "La zone de pêche du Maroc" se définit par référence au droit international et non pas à des facteurs politiques.
C'est ce qu'écrivait M Fischler en 1999, en concluant sur une note encore plus lamentable que ce qui précède, à savoir:
La Commission n'est donc pas en mesure de prendre position sur la délimitation géographique de cette zone, en particulier pour ce qui est des eaux au large du Sahara Occidental.
La mauvaise foi notoire de l'Europe vis à vis de la question du Sahara Occidental se fonde donc sur une prétendue ignorance du lien entre droit international et politique, ce qui est tout de même énorme, pour conclure sur son aveu d'ignorance quant à la nature des eaux dans lesquelles elle va pêcher: au bout du compte, cela fait beaucoup de trous dans les compétences des personnes responsables au plus haut niveau du dossier de la pêche dans l'Union européenne.
Mais l'histoire est souvent porteuse de retournement de situation très ironiques: ainsi, le renouvellement des accords de pêche entre l'Europe et le Maroc depuis 1986 a toujours donné lieu à des marchandages choquants, le Maroc faisant à chaque fois monter un peu plus les enchères dans le seul but d'empocher de plus en plus d'argent et faire pression sur ses partenaires pour légitimer son occupation illégale du Sahara Occidental.
Comme tout le monde le sait, cette année, l'Union Européenne n'a pas pu reconduire ses accords avec le Maroc- et le même M Fischler de terminer sa déclaration d'échec du 5 avril 2001 sur une note qui résume ce que nous, ici, savons depuis toujours sur ce pays:
Permettez-moi pour conclure de souligner combien je déplore la position inflexible du Maroc qui a rendu impossible la conclusion d'un accord qui aurait été favorable aux deux parties.
Autrement dit, dans l'illégalité, l'âpreté au gain du Maroc est telle qu'il n'accepte même plus de partenaires.
Il nous reste pourtant à souligner et dénoncer le fait que l'Union Européenne a toujours été complice du Maroc dans cette illégalité, et que son attitude de principe sur toute la question du Sahara Occidental et de la pêche traite par le mépris la légalité internationale, et qu'elle doit donc être combattue pour cela.
Les accords de pêche de l'Union Européenne avec le Maroc, conclus ou non, participent de ce déni de justice fait au peuple sahraoui: c'est pourquoi j'en appelle à vous tous ici présents pour accorder votre attention particulière à cet question qui illustre si clairement la violation du droit.
Il y a à peine deux jours de cela, nous avons émis une proposition à l'intention de l'ONU afin de sauvegarder le patrimoine du peuple sahraoui:
en effet, la communauté internationale a le devoir de préserver ces ressources naturelles tant que le Sahara Occidental et les sahraouis ne sont pas en mesure de les prendre en charge. Nous avons rappelé aux Nations Unies qu'il leur incombe de placer sous leur tutelle ces ressources jusqu'à ce que le sort du territoire soit fixé conformément au résultat du référendum d'autodétermination, c'est à dire conformément au Plan de paix de l'ONU et aux résolutions pertinentes.
Il n'y a rien d'utopique à demander ceci: des précédents existent en la matière- ainsi les exemples de la Namibie et du Timor Oriental ont montré en leur temps que le droit international va dans ce sens. Des exemples plus récents prouvent que la communauté internationale sait, quant elle le veut, imposer aux états récalcitrants le respect du droit et de l'intérêt général.
Tant que le Sahara Occidental demeure privé du droit à l'autodétermination, droit reconnu par toutes les instances internationales, les richesses et biens de ce pays constituent le patrimoine du peuple sahraoui- et toute activité d'exploitation de ces mêmes ressources constitue une violation flagrante des normes qui gèrent le droit international en matière de décolonisation. Pire, toute exploitation de ces richesses naturelles donne un aval politique à la situation d'occupation que connaît le Sahara Occidental, et renforce la puissance occupante, à savoir le Maroc, dans son refus de toute solution négociée et respectueuse du droit.
Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une journée féconde en idées et débats, afin que de l'apport de toutes vos réflexions conjuguées, les droits fondamentaux à la liberté et à l'indépendance, et le juste respect qui leur est dû, en ressortent enrichis et renforcés.
Las reservas haléuticas, el problema del derecho de pesca, el acuerdo UE-Marruecos
traducción del francés de F. Guijarro
Creo que es mi deber saludar a la asistencia reunida hoy aquí. Ante todo, quiero recordar que este coloquio se celebra por iniciativa de Pierre Galand y de la Coordinación Europea tras la decisión tomada en la conferencia que se desarrolló en Bélgica en noviembre del 2.000.
A este respecto, quiero presentar mi agradecimiento a la Asociación de Amigos de la RASD así como a la S.F.O., Sección Francesa del Observatorio para un Referéndum en el Sáhara Occidental, que se han ocupado de organizar este coloquio. Que reciban la gratitud del pueblo saharaui y del Frente Polisario, con el mismo derecho que Daniel Paul, eurodiputado francés que sigue con atención el expediente del Sáhara Occidental.
Tenemos también la suerte y el honor de contar con la presencia entre nosotros de Margot Kessler, eurodiputada y presidente del Intergrupo "Paz para el pueblo saharaui" del Parlamento Europeo, así como uno de sus miembros, Yasmine Boudjenah. Saludamos también especialmente al pasar a los amigos, personalidades, expertos, juristas, profesores. Agradecemos a todos que hayan respondido a la llamada.
Esta reunión se produce en un lugar especialmente pertinente: nuestros debates se desarrollan hoy en Francia, en el recinto de la Asamblea Nacional, lo que da una especial tonalidad a nuestras palabras: en efecto, esto nos permite interpelar a este país que, reivindicando siempre los derechos del hombre, no se ha dignado hasta el momento alinear sus compromisos y sus decisiones con la legalidad internacional, y cuyo papel en esta cuestión sigue siendo abiertamente partidista.
Además, esta reunión se produce en el momento en que el Secretario General de la ONU, Kofi Annan, acaba de publicar su último informe, un documento que está fuera de las esperanzas del pueblo saharaui. En vuestras intervenciones, unos tras otros, habéis recordado los principios fundamentales del derecho, y entre ellos el derecho inalienable a la autodeterminación: un tema espinoso en el momento en que se dibuja un nuevo capítulo de la conspiración contra el ejercicio de ese derecho en el Sáhara Occidental.
En efecto, tras el golpe asesino que Marruecos asestó en 1975 contra el derecho del pueblo saharaui a la autodeterminación, henos aquí ante las mismas tentativas de pasar por encima de su voluntad, por encima de ese derecho universalmente reconocido del que se han beneficiado todos los pueblos de la tierra desde comienzos de los años sesenta.
Esto es tanto más revulsivo cuando estamos unánimemente de acuerdo en constatar que el Plan de Paz de Naciones Unidas, desde la entrada en vigor del alto el fuego en 1991, ha alcanzado un punto en que hoy es técnicamente imposible mantener el referéndum de autodeterminación, único fin y única razón de ser, recordémos-lo, del trabajo de la MINURSO.
Seamos claros en este punto: desde enero del 2000, la lista de personas consideradas aptas para votar en el referéndum es conocida oficialmente; es decir, son cerca de noventa mil saharauis, identificados tras nueve años de trabajo arduo e intensivo realizado por la Comisión de Identificación de la MINURSO, nueve años de esfuerzo en el que han participado más de treinta países. Sólo la oleada de 130.000 recursos de apelación abusivamente depositados por Marruecos, la casi totalidad de los cuales están desprovistos de justificación práctica o legal, retrasa una vez más la celebración del referéndum que el pueblo saharaui espera desde hace más de 25 años.
A los sufrimientos de esta espera mantenida por el pueblo saharaui que vive en exilio o bajo la ocupación, viene a añadirse otra injusticia: en efecto, la ocupación ilegal del Sáhara Occidental se acompaña de la desposesión de sus bienes: las riquezas minerales y haléuticas de su país.
Asistimos desde hace 25 años a la liquidación en rebajas y la explotación desenfrenada de los recursos naturales del Sáhara Occidental por Marruecos, que dispone a sus anchas de los beneficios arrancados en la ilegalidad más completa. Peor aún: el dinero sacado de la expoliación de los bienes del pueblo saharaui sirve para alimentar la guerra contra las propias víctimas de ello.
Veamos más de cerca y con mayor exactitud de qué se trata.
Ante todo, el Sáhara Occidental tiene recursos naturales importantes, algunos explotados, otros sin explotar aún. Citemos en primer lugar uno de los yacimientos de fosfato más grandes del mundo, así como considerables yacimientos de hierro. Sus costas, que tienen 1.200 kilómetros de largo, están entre las más ricas del mundo en lo que respecta a los recursos haléuticos.
No desde la noche de los tiempos, pero sí desde que la vida humana se instaló en esta franja del Sáhara que bordea el Atlántico, la pesca, artesanal en su origen, formó parte de las actividades del hombre a lo largo de los pasados siglos. Esto explica también por qué el país ha sido objeto de todas las ambiciones, y continúa siéndolo. Para daros una idea de la amplitud de este asunto, basta precisar que de los 1.200 barcos pesqueros que desarrollan su actividad actualmente en aguas del Atlántico en la costa africana, más de la mitad se concentran en las costas del Sáhara Occidental.
Otro elemento en la historia del saqueo de los recursos naturales: a partir de los años cincuenta, cuando el Sáhara Occidental estaba bajo el dominio de España, esta potencia colonial sobreexplotó los recursos haléuticos con el fin de edificar en poco tiempo una industria de pesca que es hoy, con mucho, la más importante de Europa. Esta potencia de España en industria pesquera se explica pues en parte por la utilización en el pasado de la proximidad de las costas del Sáhara Occidental y la riqueza de las capturas. Otros países, en menor medida, se han aprovechado y siguen haciéndolo de estos recursos, como pueden ser Portugal, los Países Bajos y muchos otros países europeos.
La ocupación marroquí ha venido ahora a añadir otros factores destructivos e inquietantes a esta situación: desde su invasión del Sáhara Occidental en 1975, Marruecos saca provecho del saqueo sistemático y sin precedentes de los recursos haléuticos, incluso si se compara con lo que hicieron antes los españoles. Actualmente, todo el equilibrio del ecosistema de estas costas está amenazado. De la misma manera que la ocupación ilegal de nuestro país ha sido facilitada por el apoyo encubierto de Francia y de España, la sobreexplotación de los recursos de las costas del Sáhara Occidental se ha beneficiado de la complicidad tácita de esas mismas potencias, y de los países europeos en general, ya que los desafíos económicos se han hecho cruciales para ellos. Fuera de Europa, otros países comparten la responsabilidad de este saqueo organizado, como Rusia y antes de ella la que se llamó Unión Soviética, Japón y Corea del Sur, por citar sólo los casos más flagrantes. Los métodos de pesca utilizados por algunos países agravan la situación: utilización de ciertos tipos de red que no dejan escapar a los peces más pequeños que aseguran la reproducción de la especie, exterminio de los mismos bancos de pesca localizándolos gracias al uso del radar, lo que no deja margen de error, y no permite escapar a ninguno de los animales. De golpe, numerosas especies están ahora amenazadas de extinción.
Algunas cifras para ilustrar el desastre:
de las un millón doscientas mil toneladas pescadas anualmente por los países de la Unión Europea a lo largo de las costas africanas, más de novecientas mil provienen sólo de las costas del Sáhara Occidental.
El precio de este verdadero botín de guerra:
la cifra de negocios sobrepasa los mil millones de euros, lo que contribuye a consolidar al ocupante y beneficia a todos los que pescan ilegalmente en las costas saharauis.
Esta lamentable situación se alimenta de la ambigüedad que se mantiene en torno a la ilegalidad de la presencia de Marruecos en el Sáhara Occidental y de su expoliación de las aguas territoriales correspondientes. La imprecisión apunta a un hecho crucial: los límites de las aguas territoriales de Marruecos. Es justamente esa imprecisión la que permite pasar bajo silencio los verdaderos límites geográficos y políticos de las costas marroquíes, para desbordarlos a lo largo del Sáhara Occidental, con las consecuencias que acabamos de ver.
En los documentos sucesivos de los acuerdos entre Europa y Marruecos, hay una fórmula que siempre se repite: "las aguas sobre las que ejerce su soberanía el reino de Marruecos". La única referencia mencionada en los acuerdos desde 1976 recuerda que, y cito: "firmantes de la convención de las Naciones Unidas sobre el derecho del mar, y conforme a dicha convención, Marruecos ha establecido una zona económica exclusiva que se extiende hasta 200 millas marinas de sus costas, en el interior de la cual ejerce sus derechos soberanos con fines de exploración, conservación y gestión de los recursos de dicha zona", fin de la cita.
Pero justamente, el derecho institucional y las instituciones que lo representan, es decir las Naciones Unidas y el Tribunal Internacional de Justicia en su dictamen consultivo de 1975, no han reconocido nunca soberanía alguna de Marruecos sobre el Sáhara Occidental, cosa que ningún país, incluso los amigos de Marruecos, ha hecho nunca. De igual forma que Marruecos no tiene ninguna soberanía sobre el Sáhara Occidental, y no la tiene tampoco sobre las aguas territoriales que dependen del país ilegalmente ocupado hace 25 años. A este respecto conviene referirse al dictamen pertinente de los juristas de derecho internacional emitido el 21 de abril en Bruselas.
Ello no impide a los oficiales europeos del más alto nivel acumular cinismo y menosprecio de gran altura para las nociones más fundamentales del derecho; así, en un intercambio de cartas entre Pierre Galand y el Sr. Fischler, comisario europeo responsable del expediente de pesca, este último explicaba en 1999:
El acuerdo de pesca entre la comunidad europea y Marruecos se
ha aplicado siempre a las "aguas que dependen de la soberanía y la jurisdicción del reino de Marruecos", a las que llama "zona de pesca de Marruecos", sin dar definición geográfica más precisa. La "zona de pesca de Marruecos" se define por referencia al derecho internacional y no a factores políticos.
Es lo que escribía el Sr. Fischler en 1999, concluyendo en una nota aún más lamentable que la precedente, a saber:
"La Comisión no está en disposición de tomar posiciones sobre la delimitación geográfica de esta zona, en particular por lo que respecta a las aguas frente al Sáhara Occidental".
La notoria mala fe de Europa ante el problema del Sáhara Occidental se basa pues en una pretendida ignorancia de los nexos entre derecho internacional y política, lo que ya en sí es enorme, para concluir confesando su ignorancia sobre la naturaleza de las aguas en las que se va a pescar; a fin de cuentas, esto crea grandes huecos en la competencia de personas responsables al más alto nivel del expediente de pesca de la Unión Europea.
Pero a menudo la historia es portadora de cambios de situación muy irónicos; así, la renovación de los acuerdos de pesca entre Europa y Marruecos desde 1986 siempre ha dado lugar a trapicheos chocantes, ya que Marruecos ha hecho subir sus demandas en cada ocasión un poco más con el único fin de embolsarse más dinero y hacer presión sobre sus consocios para legitimar su ocupación ilegal del Sáhara Occidental.
Como todo el mundo sabe, este año la Unión Europea no ha podido reconducir sus acuerdos con marruecos, y el mismo Sr. Fischler ha terminado la declaración de su fracaso el 5 de abril del 2001 con una nota que resumo y que todos los presentes sabemos desde siempre respecto a dicho país:
"Permitidme que concluya subrayando cuánto deploro la posición inflexible de Marruecos, que ha hecho imposible concluir un acuerdo que hubiera sido favorable a las dos partes".
Dicho de otra forma, en la ilegalidad, el ansia de ganancias de Marruecos es tal que ya no acepta consocios siquiera.
No nos queda más que subrayar y denunciar el hecho de que la Unión Europea haya sido siempre cómplice de Marruecos en esta ilegalidad, y que su actitud de principio en todo este asunto del Sáhara Occidental y de la pesca menosprecie la legalidad internacional, lo que debe ser combatido por eso mismo.
Los acuerdos de pesca de la Unión Europea con Marruecos, concluidos o no, participan de la denegación de justicia hecha al pueblo saharaui: por ello recuerdo a todos los aquí presentes que presten una atención particular a este problema, que tan claramente ilustra la violación del derecho.
Hace apenas dos días, hemos emitido un comunicado ante la ONU para salvaguardar el patrimonio del pueblo saharaui.
En efecto, la comunidad internacional tiene el deber de preservar los recursos naturales tanto como el Sáhara Occidental, y los saharauis no están en disposición de tomarlos a su cargo. Hemos recordado a las Naciones Unidas que les incumbe a ellos colocar bajo su tutela esos recursos hasta que la suerte del territorio sea fijada conforme al resultado del referéndum de autodeterminación, es decir, conforme al Plan de Paz de la ONU y a las resoluciones pertinentes.
No hay nada de utópico en pedir esto: existen precedentes en la materia; así, los ejemplos de Namibia y de Timor Oriental han demostrado en su momento que la comunidad internacional sabe, cuando quiere, imponer a los Estados recalcitrantes el respeto al derecho y al interés general.
Mientras el Sáhara Occidental permanezca privado del derecho a la autodeterminación, derecho reconocido por todas las instancias internacionales, las riquezas y los bienes de ese país constituyen el patrimonio del pueblo saharaui, y toda actividad de explotación de esos recursos constituye una violación flagrante de las normas que rigen el derecho internacional en materia de descolonización. Peor aún, toda explotación de esas riquezas naturales da un aval político a la situación de ocupación que conoce el Sáhara Occidental, y refuerza a la potencia ocupante, a saber Marruecos, en su rechazo de toda solución negociada y respetuosa del derecho.
No me resta más que desearos una jornada fecunda en ideas y debates, a fin de que con la aportación de todas vuestras reflexiones conjugadas, los derechos fundamentales a la libertad y a la independencia, y el justo respeto que se les debe, salgan enriquecidos y reforzados.