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Les Sahraouis ulcérés par l'attitude du Maroc
C'est par un véritable affront à l'ONU, un
défi à la communauté internationale, que le
Maroc a, par la voix de son Premier Ministre, répondu au
Conseil de sécurité, qui a laissé clairement
entendre dans sa résolution 1215/1998, adoptée jeudi 17
décembre 1998, par les 15 membres du Conseil, que Rabat est le
seul obstacle à l'application du plan de paix et à la
tenue du référendum au Sahara Occidental. "Que ce
référendum ait lieu ou non, les provinces du Sud
resteront partie intégrante de l'unité territoriale du
Maroc", a répliqué M. Abderrahmane Youssoufi, ce
même jeudi à El Aïun, capitale occupée du
Sahara Occidental, réaffirmant ainsi son allégeance au
roi.
Le Conseil de sécurité a, dans ladite
résolution, félicité le Front Polisario pour sa
coopération et stigmatisé les atermoiements du Maroc
à propos de l'acceptation des dernières propositions du
Secrétaire Général de l'ONU, de
l'officialisation de la présence du H.C.R. dans le territoire
et de la signature de l'accord sur les statuts des forces. Le Conseil
de sécurité a ainsi voulu montrer que c'est bien le
gouvernement marocain qui bloque le processus d'application du plan
de paix et empêche la tenue du référendum.
Aujourd'hui que la liste des votants est connue dans sa
quasi-totalité, ne s'éloignant pas trop du recensement
espagnol de 1974, et donc une liste correcte, le Maroc cache de plus
en plus difficilement son refus d'un référendum qu'il
sait pertinemment condamné à perdre et joue la seule
carte du statu quo. Nous dénonçons cette attitude et
nous exhortons la communauté internationale à faire
pression sur Rabat pour qu'il accepte de jouer sincèrement et
loyalement le jeu du référendum, qui, au demeurant
reste la voie démocratique la plus indiquée pour
trouver une solution juste et pacifique au problème de
décolonisation du Sahara Occidental.
Il est inacceptable que le gouvernement marocain rejette tout - le
référendum, le dialogue avec le Front Polisario, la
reconnaissance de la RASD - et ne propose autre chose que le statu
quo et la politique de pourrissement. Le Front Polisario, ne
ménageant aucun effort pour continuer à accorder
à l'ONU la coopération souhaitée par celle-ci,
risque de se trouver un jour amené à ne plus pouvoir
résister à la pression d'un peuple et de ses
combattants lassés et ulcérés par l'attitude
impunie de tergiversation du Maroc.
Déclaration de Mohamed Salem Ould Salek , ministre des affaires étrangères et de la coopération:
Le Conseil de sécurité ne cache pas son irritation vis à vis du Maroc.
En réaction à l'adoption de la résolution
1215/1998 sur le Sahara Occidental par le Conseil de
sécurité, jeudi 17 décembre 1998, le ministre
des affaires étrangères et de la coopération,
Mohamed-Salem Ould-Salek a déclaré, vendredi 18
décembre 1998 que le Conseil de sécurité "a
félicité le Front Polisario pour sa position
constructive en acceptant les propositions du Secrétaire
général" et qu'il "a rejeté diverses tentatives
directes ou indirectes du Maroc, destinées à justifier
sa position vis à vis des propositions du Secrétaire
général".
"Le Conseil de sécurité a clairement laissé voir
son irritation face à l'attitude marocaine d'obstruction du
plan de paix et lui a demandé de signer immédiatement
les accords sur le statut des forces de l'ONU ainsi que l'ouverture
immédiate du bureau du H.C.R. à El
Aâïun".
"Le Conseil de sécurité considère que les
propositions du Secrétaire général de l'ONU sont
un tout dont l'intégralité ni les
éléments essentiels ne doivent être remis en
cause", a déclaré M. Ould Salek. Le ministre sahraoui a
ajouté que "le Front Polisario considère qu'aussi bien
le rapport du Secrétaire général que les
résultats de délibérations et
négociations du Conseil de sécurité ont
laissé parfaitement clair que le véritable et unique
obstacle devant le processus de paix est la position ouvertement
provocatrice, exprimée de manière publique, du Maroc".
"La lecture sélective qu'il fait des propositions du
secrétaire général pour les convertir en une
espèce de menu dans lequel il choisit et écarte ce
qu'il désire est un exercice qui reflète l'absence de
sérieux et une mauvaise foi qui le mettent en totale
contradiction avec lui-même et avec la communauté
internationale", a-t-il précisé.
"Le F. Polisario a donné des preuves concrètes et de
grande signification de sa coopération avec le
Secrétaire général et les efforts du Conseil de
sécurité et réitère que si au 31 janvier
1999, date à laquelle le Conseil reprendra l'examen de la
situation du processus de paix, le Maroc n'aura pas répondu
aux demandes du Secrétaire général et de la
résolution du Conseil de sécurité, il doit
assumer la responsabilité de l'obstruction de la mission des
Nations Unies et toutes les conséquences qui en
découleront", a conclut M. Ould Salek.
Déclaration de Mansour Omar, représentant du Front Polisario à Madrid:
Le plan de paix et les accords de Houston sont la seule voie de règlement juste et démocratique.
Le Front Polisario a, par la voix de son représentant à Madrid, Mansour Omar, démenti "catégoriquement" les informations publiées, le 22.12.1998, dans le quotidien espagnol, El-Pais. Signées du correspondant de celui-ci à Rabat, ces informations concernent une prétendue proposition du Secrétaire général de l'ONU (lors de sa dernière visite dans la région) de division du Sahara Occidental entre deux parties, suivant le partage de l'accord de Madrid de 1975 : la partie nord au Maroc et la partie sud au Front Polisario (pour y établir son État, la RASD). Le représentant sahraoui en Espagne a donné, dans un communiqué rendu public le même jour à Madrid les précisions suivantes : "Au cours de la récente visite du secrétaire général des Nations Unies dans la région du nord-ouest de l'Afrique, il n'a été question que des propositions suivantes présentées aux deux parties :
1. Identification des 65.000 personnes présentées par le Maroc,
2. publication des listes des votants acceptés par la Commission d'identification et commencement de l'opération du recours que pourront présenter ceux qui n'ont pas été acceptés,
3. installation du H.C.R. dans le territoire pour mener l'opération de rapatriement des votants et de leurs familles, et
4. une nouvelle proposition de calendrier pour organiser le référendum en 1999.
"Le contenu des conversations avec les deux parties a
été par ailleurs reflété
fidèlement par le Secrétaire général des
Nations Unies dans son dernier rapport au Conseil de
sécurité du 11 décembre 1998, donnant lieu
à la résolution 1215 du Conseil de
sécurité, dans laquelle il est demandé au Maroc
de donner une réponse définitive pour débloquer
le processus d'identification des votants.
"Par conséquent, les informations publiées par El-Pais
sont des informations tendancieuses que le Maroc a lancées
pour semer la confusion dans l'esprit de l'opinion publique et
détourner l'attention de son isolement dû à son
attitude injustifiée de non acceptation des propositions du
Secrétaire général et du Conseil de
sécurité de l'ONU.
"Le Front Polisario met en garde le Maroc contre toute tentative de
sortir du plan de paix et des accords de H Houston est une aventure
aux conséquences imprévisibles. Ces accords,
signés après 17 ans de guerre et de négociations
difficiles sont l'unique voie pour un règlement juste et
démocratique, et constituent la raison de la présence
de la MINURSO au Sahara Occidental", conclut le communiqué.
Zones occupées
Témoignage d'un journaliste suisse
A l'occasion de la visite du secrétaire général de l'ONU un journaliste suisse s'est rendu dans les zones occupées du Sahara Occidental. Il révèle que les journalistes, lors de leurs déplacements dans El Ayoun, étaient accompagnés, plus ou moins discrètement, par "des hommes habillés sportivement, comme autrefois dans les pays de l'Est". Impossible d'entrer en contact avec la population. Lorsqu'enfin un jeune homme parlant anglais s'est mis à parler avec un journaliste, un autre jeune est intervenu en déclarant "que l'on ne désirait pas qu'il s'entretienne avec un étranger". Dans un autre quartier une courte discussion sans témoin a pu avoir lieu. Quatre personnes, qui ont déclaré être des Sahraouis, ont dit que leur situation était mauvaise. Les indigènes sont défavorisés par rapport aux colons marocains amenés par le gouvernement dans la région. Les appartements de qualité et les places de travail sont réservés aux Marocains. L'enseignement est dispensé séparément aux enfants marocains et sahraouis. Aucune opposition n'est tolérée. Cinq prisons secrètes existent toujours au Sahara Occidental à l'intention de ceux qui tenteraient une quelconque résistance ( ARSO).
L'année 1999 sera-t-elle en France celle du Maroc ?
Prévue en 1998 et reportée (pour je ne sais quelles
raisons obscures) à 1999, la fameuse "Année du Maroc"
se tiendra-t-elle enfin ? Toujours est-il que l'on sait, de sources
bien informées, que les organisateurs ont beaucoup de peine
à ramasser les fonds nécessaires au Maroc, car ils
n'arrivent pas à convaincre leurs interlocuteurs (chefs
d'entreprise, propriétaire terriens,etc) du succès de
cette affaire.
Au 50ème anniversaire de la déclaration universelle des
droits de l'homme, les Français accepteraient-ils que l'on
chante, sur leur terre, les gloires (douteuses) d'un régime de
dictature, dont le numéro 1 risque de connaître le
même destin que le général Pinochet...!?
Lisons plutôt ce que rapporte Droits Pluriels ( bulletin du
CMCDH) dans sa livraison n°10 de décembre 1998 :
"L'année 1999 sera, en France, celle du Maroc. De quel Maroc ?
La liste est longue de toutes les exactions commises depuis
l'indépendance. Les luttes et sacrifices ont, certes, permis
certains acquis, mais la nature même du régime reste la
même et ne permet pas d'avancées réelles. C'est
de cet autre Maroc dont il faudra parler. Même si certains
croient qu'une autre étape a été franchie, c'est
cette Mémoire vivante des victimes de l'injustice, de la
répression, de l'exil et du non droit dont on devra se
souvenir. Les principes d'Universalité et de solidarité
devraient imposer à toute démocratie de se prononcer
sur ces situations".
Déclarations marocaines sur le Sahara Occidental
1. Abderrahmane Youssoufi, Premier ministre, à El Aâiun: "Que ce référendum ait lieu ou non, les provinces du sud resteront partie intégrante de l'unité territoriale du Maroc". (Reuters, 18/12/98)
2. Driss Basri, Ministre de l'intérieur : "Il n'y a pas de troisième voie sur l'avenir du Sahara Occidental". (RFI, le 10/11/98).
Appel de la Section française de l'Observatoire international du référendum au Sahara Occidental (SFO)
Sous le titre de "Le référendum au Sahara Occidental doit avoir lieu", la Section française de l'(SFO) a fait publier dans le monde du 6-7 décembre 1998 l'appel suivant :
"Le 7 décembre 1998 devait se tenir au Sahara Occidental le
référendum d'autodétermination, donnant enfin
aux populations sahraouies, aux termes du plan de paix des Nations
Unies et de l'OUA initié en 1991, la possibilité de
choisir entre l'indépendance ou l'intégration au Maroc.
En dépit des efforts des Nations Unies, la date prévue
est à nouveau reportée, prolongeant d'une nouvelle
année l'exil d'un peuple qui vit cette situation depuis 23
ans.
Les signataires de cet appel prennent acte du fait que le Conseil de
sécurité a, le 30 octobre dernier,
réaffirmé sa volonté de voir se dérouler
"un référendum libre, régulier et impartial en
vue de l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental"
conformément aux accords de Houston signés en 1997 par
les représentants du Front Polisario et du Maroc
(Résolution 1204).
Pour soutenir le processus démocratique
d'autodétermination, un ensemble de responsables associatifs,
d'associations, d'élus, d'universitaires et de citoyens, a
créé "la section française de l'observatoire
international du Référendum au Sahara Occidental",
"SFO".
Cette instance indépendante se donne pour but de suivre le
déroulement du processus référendaire au Sahara
Occidental et de constituer un corps d'observateurs français
répondant au cadre défini par les Nations Unies. Ces
observateurs, par leur présence active sur le terrain et via
le site internet pourront rendre compte de la situation et informer
au jour le jour l'opinion française.
Cette initiative est soutenue par un comité d'honneur
composé de :
Jean Chesneaux, Professeur émérite à
l'Université Paris VII, Anouk Grinberg, comédienne,
Stéphane Hessel, Ambassadeur de France, Henri Leclerc,
Président de la Ligue des droits de l'homme, Jean Malaurie,
Directeur d'Etudes à l'EHESS, Alexandre Minkowski, Professeur
émérite à l'Université René
Descartes, Danielle Mitterrand, Présidente de la fondation
France Libertés,Théodore Monod, membre de l'Institut,
Pierre Richard, comédien, Jean Pierre Vernant, professeur
honoraire au collège de France
Le droit à l'autodétermination doit être
respecté, la confiance que le peuple sahraoui a placé
dans la communauté internationale ne doit pas être
vaine, il y va de l'avenir de ce peuple et de la paix au
Maghreb".
La SFO a vu le jour à l'issue de la réunion, mardi 10
novembre 1998 à Paris, de son assemblée
générale constitutive. Après
délibérations, l'Assemblée a adopté les
statuts de l'association constituée pour une durée
limitée à la mise en place et au déroulement du
référendum d'autodétermination au Sahara
Occidental jusqu'à la vérification de la
régularité du référendum dans le cadre de
la mission définie par les Nations Unies.
Le Grand-Quevilly
Le 1er octobre 1998, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées mercredi 1er octobre 1998 devant l'hôtel de ville du Grand-Quevilly (région du Havre, France) pour exprimer leur solidarité avec le peuple sahraoui. Elles ont souhaité tout particulièrement attirer l'attention de Laurent Fabius sur le problème des Sahraouis, au moment où le président de l'Assemblée Nationale s'apprêtait à recevoir au palais Bourbon, le Premier Ministre marocain, Abderrahim Youssoufi. Les manifestants ont déposé une lettre dans laquelle ils demandent à la France "d'intervenir afin de contraindre le pouvoir marocain à respecter le processus de paix en cours".
Limoges
En présence de Mamma Sidi, Secrétaire
générale de l'Union Nationale de Femmes Sahraouies
(UNFS), le Comité limousin de solidarité avec le peuple
sahraoui a organisé le 27 novembre 1998 à Limoges sa
première conférence-débat, quelques jours
seulement après sa constitution.
Présidé par M. Alain Dauger, professeur
d'université, et "fruit du travail d'explication et de
conviction effectué par Sdiga Brahim-Dauger", le Comité
de solidarité limousin s'est assigné comme objectif de
rompre le silence sur la cause du peuple sahraoui et a
élaboré à cet effet un programme d'action, dont,
notamment, la publication d'un bulletin intitulé
"Sahraouis".
Mamma s'est rendue à Limoges, à l'invitation du
Comité de solidarité limousin, après avoir
conduit, du 19 au 21 novembre 1998, une délégation de
son organisation (l'UNFS) au 12ème congrès de la
Fédération mondiale des femmes démocratiques
(FDIF).
Internationale socialiste : Résolution sur le Sahara Occidental
A l'issue de sa réunion à Genève, les 23 et
24 novembre 1998, le Conseil de l'Internationale socialiste a
adopté la résolution suivante sur le Sahara Occidental
:"L'Internationale socialiste condamnant la situation au Sahara
Occidental, réaffirme ses résolutions, y compris celle
adoptée lors de son conseil à Oslo, et soutient une
solution juste, pacifique et durable du conflit au Sahara occidental
accueille et encourage les efforts en cours déployés
par le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi
Annan, pour tenter d'obtenir un règlement pacifique au Sahara
Occidental et la pleine application des résolutions de l'ONU
et des Accords de Houston, et appelle toutes les parties
concernées, en particulier le Maroc et le Front Polisario,
à coopérer pleinement avec l'ONU pour la tenue d'un
référendum libre, juste et démocratique au
Sahara Occidental" .
Rappelons que la délégation marocaine (USFP) a eu
recours, soutenue par les délégués
français et sénégalais, à toute sorte de
manoeuvre pour empêcher, mais en vain, l'adoption de cette
résolution.
FINANCIAL TIMES
Sahara Occidental : Le point de vue mauritanien
Par Peter John et Mark Huband
L'hebdomadaire mauritanien Challenge n°4, du 13 au 20
décembre 1998, a publié des extraits d'articles parus
récemment dans le journal londonien, le Financial Times. Nous
avons, à notre tour, choisi pour nos lecteurs, l'extrait
suivant sur le Sahara Occidental : "Un référendum sur
l'avenir du Sahara ne donnera aucune solution s'il n'est
précédé d'un accord politique. Depuis que la
Mauritanie a renoncé à ses revendications sur le
Sahara, elle essaie de garder la neutralité dans un conflit
qui déchire l'Afrique du Nord-Ouest depuis près d'un
quart de siècle. La Mauritanie et le Maroc s'étaient
partagé le Sahara suite au retrait de l'Espagne en 1975. Par
la suite, la Mauritanie avait dû faire face à la
résistance du Front Polisario avant de signer en 78 un cessez
le feu avec le mouvement soutenu par l'Algérie.
Le conflit maroco-sahraoui a tissé dans la région une
toile politique très compliquée. Le projet des Nations
Unies de tenir un référendum sur le Sahara est
considéré par la Mauritanie comme peu susceptible de
mettre un terme au conflit sauf s'il était
précédé d'un accord politique préalable.
Nous pensons qu'il est nécessaire que toutes les parties
parviennent à un accord politique pour préparer le
terrain au référendum, dit Mohamed Yehdi ould Moctar El
Hacen, le secrétaire général du parti au pouvoir
, le PRDS, avant d'ajouter : Un référendum sans une
solution politique (à l'avance) ne réussira pas. Il est
impératif de tenir compte des besoins du peuple sahraoui.
C'est la stabilité de l'Union du Maghreb Arabe qui est en jeu
(…).
Ni le Maroc, ni la Mauritanie ne parlent de La Guera, une bande de
terre dans la cote extrême sud du Sahara appartenant
moitié à la Mauritanie, moitié au territoire
disputé. Toute la bande a été occupée par
la Mauritanie après le cessez le feu avec le Polisario mais le
Maroc la réclame toujours théoriquement. Pour la
Mauritanie, la perte de La Guera constituerait une menace permanente
sur la capitale économique Nouadhibou.
Si la question du Sahara trouvait une solution, un formidable
développement de l'exploitation d'hydrocarbures suivrait selon
le représentant de l'UE à Nouakchott, Marco
Mazzochi-Alemanni.
En effet, des recherches
pétrolières se poursuivent dans la région mais
pour le moment, des campagnies étrangères
hésiteraient à investir dans une zone à la
stabilité politique incertaine".
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Notre critique principale à M. Youssoufi
par Omar Seghrouchni
(La vie Économique, vendredi 2 janvier 1998)
L'éventuelle participation de l'USFP à un
gouvernement au lendemain des dernières
échéances électorales est au centre d'une
réflexion que beaucoup s'imposent aujourd'hui.
Parler de ce parti en appartenant à son organisation de
jeunesse est d'autant plus difficile que plusieurs clichés
circulent sur cette dernière. Certains sont fondés,
d'autres le sont moins.
Souvent perçue comme une organisation trouble-fête
balançant entre populisme et sirènes des années
60, quelle peut être l'analyse d'une frange de cette jeunesse
dont M. Youssoufi, tel un bon grand-père conservateur, tarde
à lui reconnaître sa maturité, voire sa
majorité politique ?
Nous voyons aujourd'hui en M. Youssoufi un courtisan du Makhzen du
XXIème siècle alors que nous aurions aimé garder
de lui l'image du cofondateur de la société civile de
demain. Depuis le renvoi du gouvernement Abdallah Ibrahim le 20 mai
1960, le débat politique semble s'être
cristallisé dans notre pays. L'opposition souhaite aller au
gouvernement sur la base du résultat des urnes, alors que le
pouvoir souhaite l'intégrer (publiquement, devrait-on
préciser...) sur la base d'une démarche d'acceptation
volontaire et déférente.
Le conflit, que certains qualifient de quiproquo, se situe au niveau
de l'essence de la légitimité. L'opposition revendique
une définition constitutionnelle de la souveraineté du
peuple, alors que le pouvoir préfère maintenir celle-ci
au niveau de la contingence électorale. Contingence, par
ailleurs, maîtrisable et influençable sans
difficulté majeure.
Ayant échoué dans sa démarche conciliante
après le référendum constitutionnel de 1992, M.
Youssoufi a pu profiter du regain d'autorité morale qu'il
avait pu s'octroyer, grâce à sa démission
théâtrale de septembre 1993, pour revenir à la
charge en 1996 et effectuer ce que les observateurs avaient
appelé alors le "signal fort". La véritable
sémantique de ce "signal fort" est, en fait, l'acceptation
trente cinq années plus tard, du fait accompli du 20 mai 1960.
Mais la contrepartie attendue, la victoire électorale, n'a pas
été au rendez-vous.
Aujourd'hui, tout en permettant à notre premier
secrétaire de maquiller l'échec de sa stratégie
(de camoufler le camouflet), la participation gouvernementale
permettrait, nous répète-t-on, de débloquer la
situation. Soyons raisonnables, nous dit-on. L'impératif,
aujourd'hui, est le "déblocage" !
Dans sa stratégie, M. Youssoufi se limite, dans les faits,
à ne prendre en considération que le déblocage
du Makhzen. Celui-ci est un passage obligé, chuchotent
certains patrons et certains amis à l'étranger. "Il ne
faut pas aborder les problèmes d'aujourd'hui avec des lunettes
d'hier quand la réalité bouge", s'est laissé
déclarer dernièrement M. Jospin.
Pour notre part, nous ne pouvons nous contenter de constater
l'évolution. Nous avons le devoir de nous intéresser
avec sérieux sens et à la qualification de cette
évolution. Nous devons veiller à ce que cette
étape ne soit pas une fin en soi, mais réellement une
étape. La constitution du Bloc démocratique avait
été difficilement tolérée. Ce Bloc a
dû subir plusieurs tentatives de déstabilisation :
pressions en tout genre, scission et menaces de scission de certaines
de ses composantes, alimentation de jalousies anachroniques entre ses
deux forces principales, l'USFP et l'Istiqlal. Il est à
espérer que par débloquer, certains ne pensent pas, de
facto, à "casser" le Bloc... démocratique.
Le Makhzen de demain a besoin, pour se rénover, de tirer un
trait sur ce qu'il considère comme avoir été un
accident historique, le Mouvement national, conséquence d'un
autre accident historique, le protectorat. Il a besoin de faire
émerger une nouvelle composante, pour l'équilibre
interne, il lui semble nécessaire de faire jouer un rôle
particulier à la Chaouia, avec sa facette sécuritaire
incarnée par Driss Basri et une vitrine politico-syndicale
rénovée par un Noubir Amaoui. Pour ce faire, le parti
de l'Istiqlal, qui ne dérange pourtant pas sur le plan
politique, doit être maintenu à distance en tant que
composante sociologique pendant la phase de gestation. Celle-ci devra
tirer partie de la légitimité d'une personnalité
sans grande attache sociale : M. Youssoufi.
Construire ainsi le Maroc de demain est, à notre sens,
dangereux. Nous préférons tenter de le bâtir sur
la base du concept de citoyenneté, loin de tout dosage
féodal.
Notre critique principale à M. Youssoufi, et à
d'autres, est qu'ils ne sont plus maîtres de leur
stratégie, elle n'est plus suffisamment englobante et motrice
pour pour ne faire du déblocage du Makhzen qu'une
étape. Ils se sont laissés prendre dans les rouages et
semblent avoir perdu leur ultime vertu de grain de sable. Dans ce
cadre, le déblocage est mal appréhendé. Aller au
gouvernement ou rester à l'opposition n'est que figure de
style. Quand au reste, en l'occurrence suivre une politique pour
laquelle on n'a pas été mandaté, à chacun
son intégrité morale.
Janvier :
Mars :
Avril :
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