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Mohamed ABDELAZIZ : "Je suis prêt à rencontrer personnellement le roi du Maroc avant le référendum, si les Nations Unies considèrent que cela peut accélérer les préparatifs de la consultation". (El Mundo, Madrid, 13.6.1998)
Le CICR visite des prisonniers marocains
Une délégation du Comité International de la
Croix Rouge (CICR) a visité, entre le 26 avril et le 2 mai
1998, 649 prisonniers marocains sur les 1800 détenus par le
Front Polisario, en territoires libérés et dans les
camps des réfugiés.
Les cinq délégués du CICR, dont un est
médecin, ont aussi visité les 84 prisonniers
libérés en avril 1997 lors de la visite de James Baker,
et qui attendent toujours leur rapatriement au Maroc.
Toutes les personnes visitées qui le souhaitaient ont pu envoyer des messages Croix-Rouge et des photos à leurs familles. Le Front Polisario s'est engagé à autoriser le CICR à rapatrier les prisonniers dont l'état de santé serait jugé particulièrement préoccupant par le médecin de l'institution.(Act. Hébdo. Arso)
Monsieur le président,
Messieurs les les Chefs d'État et de gouvernement,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi tout d'abord d'exprimer notre satisfaction à
l'égard du Burkina Faso pour les efforts
déployés en vue d'accueillir le 34ème sommet de
notre Organisation dans de bonnes conditions.
Je voudrais ensuite féliciter, au nom du peuple et du
gouvernement de la République Arabe Sahraouie
Démocratique, Monsieur Robert Mugabé, président
de la République de Zimbabwé, pour son action,
empreinte de sagesse, d'efficacité et de clairvoyance à
la tête de l'OUA.
Je voudrais également remercier notre Secrétaire
Général, Monsieur Salim Ahmed Salim, et ses
collaborateurs pour leur dévouement dans la gestion des
affaires de l'Organisation afin de répondre aux
préoccupations des pays et peuples de notre continent.
Cette auguste assemblée africaine est aujourd'hui
honorée de la présence du grand militant-symbole,
Nelson Mandela, dont le combat reste l'exemple qui éclaire
toutes les générations africaines dans la lutte pour la
liberté et pour la dignité. Au président
Mandela, qui nous rejoint pour la dernière fois en tant que
président de la République de l'Afrique du Sud, nous
disons, ainsi qu' à nos pères fondateurs de l'OUA, que
nous demeurons fidèles à leurs sacrifices consentis
pour l'Afrique, pour sa liberté, son unité, son
progrès et sa prospérité.
Monsieur le président,
Au moment où nous nous réunissons, il est douloureux de suivre le conflit fratricide, entre l'Ehiopie et l'Erytrée. Je formule l'espoir que ce conflit puisse être réglé rapidement. Et je voudrais m'associer à mes frères africains qui ont abordé cette question, pour appuyer les bons offices menés par les États Unis et le Rwanda en vue de mettre fin à cette crise.
Monsieur le Président,
Un aperçu, ne serait-ce que brièvement, du bilan de l'exercice écoulé est sujet d'optimisme. A en juger notamment par le retour du pouvoir légitime en Sierra-Léone, le rétablissement de la paix et de la stabilité au Libéria, la fin des hostilités et l'amorce de la reconstruction du pays en République du Congo . Parallèlement, l'Organisation a réussi à organiser avec succès de nombreuses réunions et conférences qui ont eu le mérite de consolider, auprès de nos peuples, la prise de conscience de la nécessité de l'action en commun.
Monsieur le président,
Messieurs les Chefs d'État et de gouvernement,
Mesdames et Messieurs,
A la fin de l'année dernière, une série
d'événements relatifs à la question du Sahara
Occidental, se sont succédés, alimentant l'espoir d'une
solution pacifique, juste et définitive du conflit, qui n'a
que trop duré entre le Royaume du Maroc et la
République Sahraouie.
En effet, dès son élection à la tête de
l'ONU, Monsieur Kofi Annan a nommé l'ex-Secrétaire
d'État américain, Monsieur James Baker, en tant
qu'Envoyé Personnel au Sahara Occidental. Celui-ci a
réussi à sortir le processus de paix de l'impasse
grâce à la signature des Accords de Houston, à
l'issue de négociations directes entre les deux parties,
menées à Londres, à Lisbonne et à
Houston. Nous estimons que ces accords sont d'une grande importance
car ils ont déblayé le terrain devant l'application du
plan de règlement de l'ONU et de l'OUA.
A cette occasion, permettez-moi de remercier l'Algérie et la
Mauritanie, les deux pays observateurs qui ont participé aux
négociations, pour leur attitude constructive et
encourageante, vis à vis des deux parties, afin de parvenir
à ces accords.
Monsieur le président,
Depuis le 3 décembre 1997, et conformément aux accords
de Houston, la Minurso a repris, en coopération avec l'OUA,
l'opération d'identification des électeurs sahraouis.
Cependant, malgré le progrès notable
réalisé, l'attitude obstinée d'obstruction
adoptée par l'autre partie en vue d'intégrer des
milliers de votants non sahraouis, dans le but de falsifier la
volonté du peuple sahraoui, constitue une menace
sérieuse contre le processus de paix au Sahara Occidental.
Et malgré les difficultés, la Minurso progresse, avec
détermination, dans la mise en place de ses structures au
Sahara Occidental. De son côté, le Haut Commissariat des
Nations Unies pour les Réfugiés est au pied d'oeuvre
pour engager l'opération du retour des réfugiés
qui prendront part au référendum
d'autodétermination.
L'intérêt accordé par le Secrétaire
Général des Nations Unies, par son Envoyé
Personnel, James Baker, par le Conseil de sécurité, par
toute la communauté internationale au règlement du
conflit maroco-sahraoui est source d'espoir et d'optimisme pour le
parachèvement de la décolonisation de notre
continent.
Pour réaliser ce noble effort et concrétiser cet espoir
sur le terrain, votre soutien aux accords de Houston est
indispensable, ainsi qu'aux efforts communs de l'ONU et de l'OUA en
vue de la tenue d'un référendum libre, juste,
démocratique et transparent, qui permettra au peuple sahraoui,
et à lui seul, de décider de son sort, loin de toute
fraude ou falsification, loin de toute contrainte militaire ou
administrative. C'est ce que d'ailleurs a recommandé la
résolution 104 de l'OUA , adoptée à
l'unanimité par le sommet des chefs d'État et de
gouvernement africains à Addis-abéba en 1983 et qui
est, depuis, considérée comme étant la
Référence, en ce qui concerne le plan de paix au Sahara
Occidental.
Monsieur le président,
Nous souhaitons vivement que le Maroc suive résolument la voie
de la paix et que les volontés sincères puissent
converger pour que triomphe le processus pacifique de
règlement juste du conflit du Sahara Occidental, en respectant
l'aspiration légitime du peuple sahraoui à la
liberté et à l'autodétermination ; ce qui aura
des conséquences heureuses sur la région et sur
l'Afrique toute entière. Je vous
remercie.
Bilan de l'opération d'identification au 15 juin 1998
Personnes entendues par la Commission d'identification depuis août 1994: 127 472
Personnes entendues depuis décembre 1997: 67 360
Personnes convoquées depuis décembre 1997: 96 252.
Blocage marocain
Le déploiement de 15 démineurs suédois du
contingent de la MINURSO a été retardé, car le
Maroc exige le contrôle des armes des soldats de l'ONU, a
annoncé le Ministère suédois de la
défense .
"Nous n'avons jamais eu à faire à de telles exigences
(...) Nos armes sont des explosifs destinés à
neutraliser des terrains remplis de mines, ainsi que des revolvers
destinés à la protection des soldats travaillant au
déminage", a précisé un officier
suédois.(Act. Hébdo. Arso. le 5.6.1998)
La stratégie marocaine de saper les efforts de paix
Nous avons appris, à travers les médias, que le
Maroc a pratiquement empêché l'unité
suédoise de déminage de se rendre, munie de son
matériel, au Sahara Occidental. Cette unité a pour
charge, avec celles d'autres pays, de procéder au
déminage dans le Territoire, afin de permettre le retour des
populations réfugiées sahraouies, appelées
à voter au référendum d'autodétermination
que doit organiser et contrôler l'ONU en coopération
avec l'OUA.
Le Front Polisario, l'autre partie au conflit, voudrait en cette
circonstance, réitérer son souhait de bienvenue
à l'unité suédoise et à tous ceux qui
oeuvrent pour la paix au Sahara Occidental.
Le Front Polisario dénonce cet acte inadmissible du Maroc, qui
s'inscrit dans le cadre d'une stratégie qui vise à
saper les efforts de paix en cours. En effet, il s'agit là
d'une attitude d'affront et de défi à l'oeuvre de paix
que la communauté internationale se doit de condamner
vigoureusement.
Le Conseil de sécurité est interpellé d'intervenir, et de façon diligente, pour mettre un terme aux agissements du Maroc dont la poursuite est préjudiciable au processus de paix.
Amnesty International au Maroc
Une délégation d'amnesty international, conduite par
M. Pierre Sané, Secrétaire général, a
rencontré les autorités marocaines à tous les
niveaux. A cette occasion Amnesty International a remis au
gouvernement marocain un mémorandum sur les droits de l'homme
auMaroc.
Tout en saluant les progrès accomplis dans les années
1991 à 1994 avec la libération de "disparus"
enfermés pendant plus de 18 ans dans des bagnes secrets, le
rapport émet de sérieuses inquiétudes quant aux
violations encore constatées. Sont cités en particulier
les quelque 500 "disparus", en majorité sahraouis,
arrêtés entre 1964 et 1987, la pratique habituelle de la
torture et des mauvais traitements des détenus et
l'impunité dont jouissent les forces de
sécurité.
L'organisation de défense des droits humains relève
aussi que les familles des quelques 40 "disparus"
décédés dans les bagnes de Agzd, Kaalat Mgouna
et El Ayoun n'ont pas reçu de certificats de
décès ni aucune compensation matérielle. Elle
ajoute que les personnes libérées en 1991 n'ont pas
été indemnisées et sont maintenues pratiquement
en résidence surveillée, isolées du monde,
sujettes à des intimidations, des arrestations arbitraires ou
assassinées dans des circonstances suspectes.(Act.
Hébdo. 23. Arso. le 31.5.1998)
Réaction marocaine
Dans une interview, accordée le 13 juin 1998 à la BBC, le Ministre de l'intérieur marocain, Driss Basri, a déclaré que "L'appréciation d'Amnesty International des droits de l'Homme au Maroc n'est pas objective". "Il n'y a pas de détenus politiques au Maroc", a-t-il ajouté.
Paris - Au cours de son séjour en France,
entamé le 10 Mai dernier, le président Abdelaziz a pu
rencontrer des représentants des formations politiques, aussi
bien de la majorité (PS, PC, MDC, PRS et Verts) que de
l'opposition (RPR et UDF). Les entretiens ont eu lieu tantôt au
sénat, tantôt à l'Assemblée Nationale,
mais également aux sièges des partis ou ailleurs.
A l'Assemblée Nationale, il a procédé à
un échange de vue avec le groupe d'Etudes sur le Sahara
Occidental. Il a rencontré Mme Danielle Mitterrand,
Présidente de la Fondation France-Libertés et intervenu
devant un nombre important d'ONG et d'Associations venues à sa
rencontre au siège de la Fondation.
Auparavant, le Président de la RASD a honoré de sa
présence, le 10 Mai 1998, un important rassemblement aux
Mureaux (en Ile de France) de la communauté sahraouie vivant
en France, à l'occasion du 25ème anniversaire du F.
Polisario.
Le Secrétaire Général du Front Polisario a par
ailleurs rencontré de nombreux hommes politiques et des
intellectuels français au cours de plusieurs dîners
à Paris. Il a d'autre part consacré la journée
du mardi 12 Mai 1998 au parlement européen où il a
rencontré des groupes, des personnalités parlementaires
de différents pays et de diverses sensibilités
politiques.
Jeudi 14 Mai 1998, le Président sahraoui était
l'invité d'honneur de la réception donnée par le
représentant du F. Polisario en France, à l'occasion du
25ème anniversaire de la lutte de libération nationale,
menée par le peuple sahraoui sous la conduite du F.
Polisario.
De nombreux hommes politiques, des hommes de culture, tels que le
naturaliste Théodor MONOD, des maires, des ambassadeurs,
notamment du Nigéria, de l'Algérie, de l'Angola et de
l'Afrique du Sud, de très nombreux représentants de la
société civile française ont été
au rendez-vous.
Strasbourg - Dans le cadre de sa visite en France, Le
président de la République Sahraouie (RASD) et
Secrétaire Général du Front Polisario, Son
Excellence Monsieur Mohamed ABDELAZIZ a séjourné mardi
12 Mai 1998 à Strasbourg, où, à l'invitation de
"l'Inter-groupe Paix pour le Peuple Sahraoui" du parlement
européen, il a visité ce dernier.
Au cours de cette visite, le président sahraoui s'est
entretenu avec de nombreuses personnaliés et plusieurs groupes
parlementaires.
Le Secrétaire Général du Front Polisario a fait
une importante déclaration, devant l'inter-groupe sur le
Sahara Occidental, rèuni sous la présidence de Monsieur
Meachel McGOWN. La déclaration du président Abdelaziz a
été très suivie par une nombreuse assistance,
composée de députés des différentes
sensibilités du parlement européen et des divers pays
représentés dans ce dernier.
Le président Abdelaziz a remercié le parlement
européen pour la résolution que celui-ci avait
adoptée à l'unanimité, le 10 Mars 1998, sur le
Sahara Occidental et a exprimé la disponibilité totale
du Front Polisario pour en faciliter la mise en oeuvre.
Gonfreville L'Orcher - Le président de la
République Sahraouie (RASD), Secrétaire
Général du F. Polisario, Monsieur Mohamed Abdelaziz a
achève, vendredi 16 Mai 1998, son séjour en France, en
visitant la ville de Gonfreville L'Orcher, à l'invitation de
son maire, Monsieur Jean Paul LECOQ.
Dans cette ville, jumelée à J'reifia - une daïra
sahraouie -, Monsieur Mohamed Abdelaziz a rencontré les
élus, des députés des maires de la
région, et a effectué une visite aérienne de la
région, avant d'être l'invité d'honneur d'une
soirée de solidarité avec le peuple sahraoui. (Lire
dans la rubrique "presse" l'article du journal "Gonfreville
L'Orcher").
25ème anniversaire du F. Polisario : Réception à Paris
A l'occasion du 25 ème anniversaire du front Polisario, la
Mission sahraouie en France a dorganisé une réception
à Paris, jeudi 14 Mai 1998. Le président sahraoui
Mohamed Abderlaziz, Secrétaire général du F.
Polisario, qui effectuait une visite en France, a honoré de sa
présence cette réception.
Le délégué sahraoui pour la France, Fadel
Ismail, a exprimé "la très bienvenue" aux nombreux
hôtes de la fête sahraouie et à tenu à les
"remercier pour avoir accepté de répondre à
(mon) invitation", avant de poursuivre :
"Les Sahraouis célèbrent aujourd'hui l'An 25 de leur
lutte de libération nationale, menée sous la conduite
du Front Polisario.
"Un quart de siècle de combats, où les souffarnces,
mêlées aux espérances, aux déceptions,
mais aussi à d'importants succès, ont permis au peuple
sahraoui de se forger, de se fortifier sans perdre son âme, au
point de conduire le Conseil de sécurité des Nations
Unies à prendre ses responsabilités, en organisant dans
les prochains mois, le référendum
d'autodétermination, permettant ainsi au processus de paix au
Sahara Occidental de retrouver enfin son cours normal.
"Le Front Polisario, expression authentique et unique de ce peuple, a
accompagné cette transformation sociale majeure, qui a vu la
mutation des bédouins d'hier, en citoyens de leur temps,
solidement formés et préparés à
l'exercice de la démocratie, fiers de pouvoir exprimer enfin,
devant la communauté internationale, les raisons de leur
résistance.
"C'est dans un climat de satisfacion à l'égard du
chemin parcourru, mais aussi de farouche détermination
à parachever le chantier ouvert le 20 Mai 1973 que le peuple
sahraoui célèbre aujourd'hui le 25ème
anniversaire de sa lutte de libération nationale".
Dans son discours, le président Abdelaziz a dressé le
bilan de la situation au Sahara Occidental, l'évolution du
processus d'application du plan de paix, les obstacles, les
manoeuvres marocaines. Il a longuement évoqué la
position de la France et insisté sur le souhait des Sahraouis
que cette dernière adopte une position de neutralité
constructive.
A son tour, le président de la Plate-forme Solidarité
pour le Peuple sahraoui, le maire socialiste d'Hérouville
Saint-Clair, François Geindre, a abordé l'attitide de
la France et a renouvelé l'engagement des Amis du peuple
sahraoui pour continuer de se battre pour le respect du droit du
peuple sahraoui à la liberté et à
l'autodétermination et leur soutien à un
réferendum juste, régulier et transparent.
Assemblée Nationale
Question au gouvernement - Monsieur Daniel PAUL,
député de la seine Maritime, a adressé le 20
Mai 1998, à l'Assemblée nationale, la question suivante
au gouvernement :
"Aujourd'hui, en Afrique, existe encore un peuple, le dernier, le
peuple Sahraoui, qui n'a toujours pas pu exercer son droit à
l'autodétermination.
Depuis que l'Espagne, en 1976, s'est retirée de son ancienne
colonie, le Sahara Occidental est occupé par le Maroc et
subit, de fait, une deuxième colonisation.
En 1991, un premier cessez-le-feu fut accepté par les deux
parties, Maroc et Front Polisario. Le référendum
d'autodétermination prévu en 1992 ne put pourtant pas
se tenir.
En 1997, l'ONU relançait le processus de paix; sous
l'égide de James Baker, les accords de Houston étaient
signés en septembre dernier prévoyant un
référendum d'autodétermination en
décembre 1998.
L'identification des votants est en cours. C'est une opération
qui revêt une importance capitale pour la
régularité du référendum. Dans ce pays
occupé par des dizaines de milliers de soldats Marocains, la
situation est fragile.
Le parlement européen, le 10 mars dernier, a adopté une
résolution confirmant son soutien au processus de paix et
d'autodétermination en cours, afin qu'il se déroule de
façon libre et démocratique.
La France est membre du conseil de sécurité de l'ONU,
à l'initiative du plan de paix.
Plus que d'autres, du fait de son histoire, de ses liens avec cette
partie de l'Afrique, elle se doit de prendre des initiatives afin que
rien devienne contrecarrer le processus de paix.
Nos voisins se sont positionnés positivement à ce sujet
et la France semble en retrait.
C'est pourquoi, Monsieur le Ministre, je vous demande quelles
initiatives le gouvernement français entend prendre pour
participer activement, auprès de la Communauté
internationale, au succès du plan de l'ONU, à
l'expression libre des Sahraouis sur leur avenir, à la
coopération à mettre en place permettant le
développement du Sahara Occidental ?
Réponse de Monsieur Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères
"Depuis 1981, la France a souscrit au principe d'un
référendum sous l'égide des Nations Unies au
Sahara Occidental. Elle a toujours fait preuve de neutralité
et d'impartialité dans cette question délicate et elle
a soutenu le efforts du secrétaire général de
l'ONU pour organiser ce référendum.
L'action de M. James Baker et les accords de Houston ont permis de
relancer un processus de paix qui butait sur la question de
l'identification des électeurs. Cela reste le point clé
à résoudre en raison du cantonnement des forces
marocaines et du problème des réfugiés à
rapatrier.
Il y a environ 215 000 électeurs potentiels, dont 70 000
membres de tribus contestés. Environ 100 000 cas ont
été clarifiés.
La position de la France reste de soutenir l'action du
secrétaire général pour faire appliquer les
accords signés.
Plate-forme Solidarité avec le Peuple Sahraoui
Réunion du 23 Mai - La plate-forme Solidarité
avec le peuple Sahraoui s'est réunie, le 23 mai 1998, à
Paris, en présence de Monsieur Mohamed SIDATI, Ministre
Conseiller de la RASD, de Monsieur Pierre GALAND, Président de
la Coordination Européenne, de Madame Michèle
LAUWEREINS chargée de mission à la Fondation France
Libertés, association leader du Comité de Vigilance du
réferendum au Sahara Occidental, de Monsieur DESHAIS,
Maire-adjoint d'Hérouville Saint Clair - représentant
Monsieur GEINDRE, Président de la Plate-forme - et de
représentants de villes et d'associations.
A l'issue de cette réunion, les participants ont pris acte et
se sont félicités de l'engagement de l'ONU à
mener à son terme le processus d'identification des futurs
électeurs sahraouis; cependant ils ont constaté avec
regret les tentatives d'obstructions marocaines visant à
retarder et à compliquer les opérarions
d'identification.
Prenant acte des progrès de l'application du plan de paix, ils
se sont engagés à mettre dès à
présent tout en oeuvre pour organiser un corps d'observateurs
français veillant à la transparence et à la
régularité de l'organisation et la tenue du
référendum.
A cette occasion, les présents ont salué la
célébration du 25ième anniversaire de la
création du Front Polisario et lancé un appel pressant
aux autorités françaises afin que la France observe une
position de neutralité constructive en aidant de
manière significative l'application du plan de paix et la
garantie du droit à l'autodétermination du Peuple
Sahraoui. (Communiqué de la Plate forme)
Conférence nationale annuelle de L'ASF
L'Association des Sahraouis en France (ASF) a tenue, samedi 13
juin 1998 aux Mureaux sa conférence nationale annuelle. Les
débats ont porté sur la situation au Sahara Occidental,
les développements du processus de paix, les
préparatifs du réferendum et la situation de la
communauté sahraouie en France.
Les participants ont procédé, avant la clôture de
la conférence, à l'élection de la nouvelle
direction de l'ASF.
L'Association des Jeunes Sahraouis en France
Rouen - L'Association des Jeunes Sahraouis en France (AJSF) a participé, du 13 au 14 juin 1998, au parc des Chartreux (Petit Quevilly - Rouen), à la fête de l'Humanité, organisée par le parti communiste dans la région. Le stand et l'exposition sur le Sahara Occidental, tenus par les jeunes sahraouis, ont été très visités.
Saint-Denis - L'AJSF participera du 20 au 27 juin 1998,
à Saint-Denis (région parisienne), à la Coupe du
Monde de la Solidarité, organisée par le
ministère français de la jeunesse et des sports. Des
jeunes de quartiers de France rencontreront des équipes de
jeunes de pays tels que le Mexique, le Sahara Occidental, le Japan,
la Palestine, l'Algérie, le Danémark, Burkina-Faso,
etc...
Les activités sportives seront accompagnées de
réunions et de rencontres culturelles, de débats et de
concerts.
Association "Un Camion Citerne pour les Sahraouis"
1000 signatures - L'association havraise "un camion citerne pour les Sahraouis", célébrant à sa manière le 50ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, a lancé, en Mai 1998, une campagne pour réunir "1000 signatures pour la paix au Sahara Occidental".
6ème vide-greniers - L'association "Un camion citerne pour les Sahraouis" a organisé, dimanche 17 Mai 1998, son 6ème vide-greniers dans l'enceinte de la salle François 1er, au Havre.
Exposition - L'association "Un Camion citerne pour les Sahraouis", a présenté, du 8 au 12 juin 1998 à l'Espace Citoyen, au Havre, une exposition intitulée : "Sahara Occidental, souffrance et espoir...". (Havre Libre, du 8 juin 1998).
Le président de la RASD au Royaume Uni
Le president dela RASD, M.Mohamed Abdelaziz, secretaire general du
Front Polisario, a effectué, au cours de la première
semaine de juin 1998, une visite au Royaume Uni, à
l'invitation de l'intergroupe parlementaire sur le Sahara occidental
et de Western Sahara Campaign, (comite de solidarite avec le peuple
sahraoui en Grande Bretagne).
Le President sahraoui a eu des entretiens avec les differentes
formations politiques ainsi qu'avec des institutions du pays. Les
discussions ont porté sur les récents
développements du conflit du Sahara occidental et sur les
efforts en cours de la Communaute internationale pour la mise en
oeuvre du Plan de Règlement de l'ONU et de l'OUA et des
Accords de Houston.
Réponse du Secrétaire d'état au Foreign Office, Derek Fatchett, à une question d'une députée travailliste à la Chambre des Communes :
Mr Fatchett regrettait le refus du Maroc de coopérer au
processus de l'identification d'électeurs potentiels figurant
dans le recensement espagnol de 1974 qui sert de base à l'ONU
pour dresser la liste des votants. Il a annoncé qu'il avait
l'intention de rencontrer le leader du Polisario.
La Grande-Bretagne ne prend le parti d'aucun belligérant,
a-t-il ajouté, mais soutient les efforts des Nations unies
pour organiser un référendum d'autodétermination
honnête, libre et régulier. En guise d'illustration M.
Fatchett a résumé, lors de son intervention, l'ensemble
des démarches diplomatiques britanniques entreprises dans ce
sens. (Act. Hébdo. 23 - Arso. le 3.6.1998)
RFA: Le président de la RASD en Allemagne
Le président Abdelaziz a effectué du 15 au 22 juin 1998 une visite en Allemagne. Il s'est rendu à Bremen où il a été reçu par le président du gouvernement de la région, Mr hennig scherf. A Berlin, le chef de l'Etat sahraoui s'est entretenu avec des membres du gouvernement local et du parlement régional, et a intervenu devant l'istitut des relations internationales.
A Bonn, le président sahraoui a rencontré la commission des relations extérieures du parlement national (Bundestag), le groupe socialiste (SPD) au bundestag, le groupe parlementaire libéral, le groupe parlementaire des Verts, le groupe parlementaire du parti social-démocrate.
La délégation sahraouie a été reçue également par de nombreux instituts et plusieurs ONG's. Il a été particulièrement invité, le 20 juin, au congrès de Terre des Hommes et s'est adressé aux participants pour les informer des différentes étapes du processus de paix au Sahara Occidental. La délégation présidentielle sahraouies'est rendue également à Wiesbaden - capitale de la région Hessen - et à Hannover - capitale de la région Niedersachsen, 0ù il a rencontré les dirigeants du gouvernements locaux et des parlements régionaux des deux régions.
Au cours de son séjour en RFA, le président Abdelaziz a rencontré la presse nationale et internationale (Voir interview accordée au quotidien Die Tageszeitung).
La visite du président de la RASD en allemagne a été l'occasion pour les milieux politiques allemands de réitérer leur soutien au plan de paix et leur attachement à la tenue d'un référendum libre et crédible, dans les meilleurs délais, au Sahara Occidental. C'est ce qui est exprimé notamment dans la résolution du bundestag, adoptée à l'occasion de la visite du chef de l'Etat sahraoui (Voir texte ci-après).
Résolution du Bundestag sur le Sahara Occidental
Le Bundestag (parlement allemand) a adopté le 19 juin 1998 la résolution suivante, à l'issue d'un débat, au moment même où le président de la RASD, M. Mohamed Abdelaziz poursuivait sa visite en Allemagne :
Le Bundestag salue les accords conclus entre le Front Polisario et
le Royaume du Maroc en vue de la tenue du référendum
prévu par les nations Unies. Le parlement exprime son grand
espoir de voir enfin les populations concernées trancher, le 7
décembre 1998, par la voie d'une consultation libre, sans
contrainte militaire, ni administrative ou autre, entre
l'indépendance ou l'intégration au Maroc.
Le Bundestag attend des deux parties au conflit qu'elles agissent de
manière constructive pour la mise en oeuvre de ces accords,
afin que les engagements pris soient pleinement honorés dans
les délais fixés. Les parties sont également
appelées à reconnaître, sans réserve, le
résultat du référendum qui sera proclamé
par l'ONU.
Le Maroc et le Front Polisario sont invités à prendre
toutes les mesures nécessaires pour créer un climat de
confiance de nature à faciliter l'acceptation du
résultat du référendum par la partie
perdante.
Le Bundestag demande aux deux parties, et cela avant même
l'entrée en vigueur de la période transitoire, de
procéder à l'échange des prisonniers de guerre
remis en liberté au CICR, en tant que cas humanitaire
urgent.
La disponibilité des parties au conflit pour le nettoyage des
territoires qui sont sous leur contrôle des mines
anti-personnelles est un geste de pacification de la région
qui sera salué en tant que tel.
Le Bundestag réaffirme le soutien financier, humain et
politique octroyé depuis longtemps par la République
Fédérale Allemande au processus de paix onusien et
demande au gouvernement fédéral allemand de continuer
de soutenir par tous les moyens nécessaires les Nations Unies
dans leur efforts pour l'application du plan de paix.
Communiqué du groupe parlementaire du parti libéral allemand (rendu public le 19 juin 1998)
"A l'issue d'un entretien avec le Président et
Secrétaire général du Front Polisario, Monsieur
Mohamed Abdelaziz, en visite en Allemagne, le député
Irmgard Schwaetzer a fait la déclaration suivante:
L'initiative de paix au Sahara Occidental, conclue sous les auspices
de l'ancien Secrétaire d'État américain, Mr
James Baker, est irremplaçable.
Le Secrétaire général de l ONU, Mr Kofi Annan, a
mis l'accent, clairement, dans son dernier rapport, sur les
difficultés rencontrées dans le processus de
préparation du référendum et a appelé
particulièrement le Maroc à coopérer d' une
manière constructive dans la mise en application des accords
conclus entre les deux parties.
Maintenant, il s'agit de parachever, le plus rapidement possible, le
processus d'identification des électeurs sahraouis, sans
aucune manoeuvre de retardement, pour permettre ainsi l'organisation,
le 7 Décembre 1998, d'un référendum libre,
général, sans aucunes contraintes, sur
l'indépendance du Sahara Occidental. Les deux parties sont
aussi appelées à coopérer efficacement avec le
H.C.R. pour préparer l'échange des prisonniers de
guerre.
Tous ensemble, avec nos partenaires à l'Union
Européenne, nous allons soutenir les efforts du
Secrétaire Général des Nations Unies dans le
cadre de la mise en applications du plan de paix."
Autriche
Questions à Kofi Annan
Le groupe d'amitié austro-sahraoui, dans une lettre transmise, le 10 juin 1998, au Secrétaire général de l'ONU par le président du parlement autrichien, a posé un certain nombre de questions concrètes au sujet des observateurs autorisés à suivre le processus référendaire au Sahara Occidental.
Internationale Socialiste
Au cours de sa réunion, tenue les 18 et 19 mai à
Oslo, le Conseil de l'Internationale Socialiste a réaffirme sa
résolution sur le Sahara Occidental, adoptée à
Cape Town les 10-11 juillet 1995, ((considérant les efforts
visant à trouver une solution juste, pacifique et
définitive au conflit du Sahara Occidental).
L'I.S a salué " les accords de Houston, obtenus grâce
à la médiation réussie de l'ancien
secrétaire d'État James Baker", et a appelé "le
Maroc et le Front Polisario à les respecter dans la lettre
comme dans l'esprit". L'I.S a exprimé " son accord avec l'ONU
et l'OUA pour l'organisation d'un référendum
d'autodétermination libre, régulier et transparent
conformément aux dispositions du Plan de Paix et des accords
de Houston, tel qu'ils avaient été acceptés par
le Maroc et le Front Polisario".
L'I.S a appelé "les autorités de la Minurso à
assurer la participation des observateurs et de la presse
Internationale tout au long des différentes phases de la mise
en oeuvre du processus de paix et durant le référendum"
et a demandé " au Maroc et Front Polisario de coopérer
pleinement avec la Minurso en vue de l'organisation d'un
référendum libre, régulier et
démocratique pour le Peuple du Sahara Occidental ".
Mouvement des Pays Non-Alignés
Dans une résolution adoptée, le 22 Mai 1998, le
Mouvement des Pays Non-alignés a apporté son soutien
aux efforts en cours des Nations Unies et de l'Organisation de
l'Unité Africaine pour la tenue du référendum au
Sahara Occidental.
"Les Ministres des Affaires étrangéres et chefs de
délégations des pays du Mouvement des Pays
Non-Alignés, notant le dernier progrés
enregistré dans la résolution du probléme du
Sahara Occidental, réitèrent leur soutien aux efforts
entrepris par les Nations Unies pour l'organisation et la supervision
d'un référendum impartial, libre et juste,
conformément au plan de Réglement ONU-OUA, aux accords
de Houston et aux divers résolutions pertinentes du Conseil de
Sécurité et des Nations Unies."
|
I. Rapport intérimaire du Secrétaire général de l'ONU sur le Sahara Occidental (S/1998/534, 18juin 1998)
II. Après Houston: La gauche marocaine et le Sahara Occidental par Abraham Serfaty ( le 29.9.1997)
Au Maroc, d'après les informations dont je dispose à ce jour, il apparaît que la gauche marocaine après Houston, mis à part par les courants fondés par d'anciens militants de Ilal Amam, est désemparée ou, à tout le moins, encore neutralisée par les vieilles démarches du chauvinisme marocain qui lui ont fait tant de mal ces dernières décennies. Or, les enjeux, régional et international, sont à la fois trop importants et trop urgents pour qu'elle soit passive, ou pire encore, sujette, en ce débat décisif, aux séquelles du chauvinisme.
A) L'ENJEU DIRECT
L'analyse débouche sur une conclusion claire: ou le Maroc joue honnêtement et jusqu'au bout le jeu du "timbre et du drapeau"(*), ou il perd tout et nous allons vers une période d'affrontements militaires dont seuls les Etats-Unis sortiront gagnants au détriment des peuples de la région et de l'Europe.
Mais aller jusqu'au bout de l'offre du "timbre et du drapeau"
implique:
1°et en tout premier lieu) : ne pas faire
d'éléctions législatives marocaines en novembre
là-bas, et adopter la solution d'attente de
"députés honorifiques". La dernière phrase de
l'article de Hamid Berrada dans Jeune Afrique (n°1916) ne tient
pas compte du rapport des forces actuel, non pas local mais
international, rapport de forces établi non seulement en fait
mais, depuis Houston, en droit.
La phrase de Baker mentionnée: "that is nothing that was
agreed until everything was agreed" s'applique aux
négociations avant Houston, mais depuis Houston, dans les
termes mêmes de Baker, "all the prior agreements are now
formally agreed".
Or, que résulte-t-il de Houston? Principalement deux données "formally agreed":
--Les Nations Unies sont maîtres du processus référendaire;
--L'éléctorat se situe aux alentours de 80.000 votants (une dépêche de l'A.F.P du 26-9 fait préciser par M. Baker qu'il ne s'agit pas d'un chiffre limite et même qu'il pourrait être "nettement plus élevé", mais les critéres rappelés par J.Baker vont à l'encontre des manoeuvres marocaines de ces années passées).
Sur de telles bases, et sans autre accord secret formellement
acquis, le Polisario est maître du résultat, à
savoir l'indépendance. Une solution de "sacrifices mutuels",
selon l'expression de Bachir Mustapha Said, est-elle
déjà dégagée en secret ou reste-t-elle
ouverte? Souhaitons-le. Mais organiser en novembre au Sahara des
élections législatives marocaines serait une violation
des accords "formally agreed" à Houston, un défi que
les Nations Unies, et, à l'arrière-plan, les
Etats-Unis, ne pourront laisser passer, et qui permettrait au
Polisario de revenir sur tout compromis secret, écrit ou
implicite, s'il existe.
Le Maroc perdrait tout s'il s'engage dans un tel défi.
2°) Il n'y a d'alternative à l'indépendance que dans une formule confédérale ou d'"Etat Associé", à peine de tout perdre.
La formule "le timbre et le drapeau" est assez souple pour
permettre une telle solution, qui, seule, pourrait si elle est
clairement élaborée et située en
parallèle à une évolution réellement
démocratique du Maroc --ce qui n'est pas le cas de la frime
actuelle--, offrir à la majorité des 80.000 votants une
alternative plus attractive que l'indépendance. N'oublions pas
qu'une large partie, sinon la majorité, de ces votants,
viendra des camps de Tindouf, que tous ont en mémoire, dans
leur chair, l'"Opération Ecouvillon" dont le régime
marocain fut partie prenante( et qui est la source du conflit, et non
telle élucubration de Franco).
Ramener "l'autonomie" à la "régionalisation" actuelle
du Maroc sous l'égide du makhzen et de ses proconsulaires
Gouverneurs serait prendre les électeurs sahraouis pour des
imbéciles et confirmer la mise en garde de Mustapha Said El
Ouali, s'adressant fin 1971 au Comité de Rédaction de
"Anfass", contre (je cite):
"L'intervention continuelle, tout au long de la période passée, de la rédaction entourant les territoires sahraouis, la réaction marocaine en particulier, pour encercler et disperser les initiatives libératrices au Sahara et pour leur imposer sa tutelle" (Anfass,n°7-8, janvier 1972, cité par moi in "Dans les Prisons du Roi", Paris 1992, p.182)
B) L'ENJEU INTERNATIONAL
François Soudan ( dans le même n° de Jeune
Afrique) indique que l'évolution américano-onusienne en
faveur du Polisario "serait, dit-on à Washington,
cohérente avec les analyses du Département d'Etat selon
qui la stabilité en Méditerranée passe par un
tryptique Alger-Le Caire-Ankarra".
Je ne dispose pas de telles sources, mais la politique
américaine affirmée depuis la nomination de Madeleine
Albright est claire: s'affirmer partout comme les maîtres du
monde, imposer partout le règlement stable des conflits en
cours ( sauf au Proche-Orient pour des raisons qui ne tiennenet pas
qu'au fameux "lobby juif", mais aussi aux intérêts
pétroliers américains dans le Golfe qui impliquent
d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien souverain),
supplanter les vieilles puissances coloniales à la politique
conservatrice (notamment la France), empêcher la formation
d'une Europe rebelle à l'accord mondial américain.
La percée américaine en cours au Maghreb, notamment via
la médiation de Baker, se situe dans ce cadre. Un Etat
sahraoui indépendant créé sous cette
égide en serait une première base, et un premier pont
vers l'alliance avec un Etat algérien fondé sur
l'arrangement militaro-A.I.S. en gestation, contournant tant l'actuel
régime marocain que les actuelles "autorités
algériennes" appuyés l'un et l'autre par la vieille
France coloniale et chiraquienne.
De plus, sous-jacent à tout cela se trouve le pétrole
du Sahara, comme je l'avais écrit en avril 1973 (article
publié cette même année à Paris dans la
revue militante marocaine "Souffles"). Non seulement la solution de
l'indépendance sahraouie permettrait aujourd'hui (**) aux
pétroliers américains d'avoir un accès
privilégié à ces ressources qu'ils convoitent
depuis trente ans, mais par là même empêcherait
l'Europe, et en premier lieu la France et l'Espagne, d'y avoir
accès et d'échapper ainsi à leur
dépendance actuelle des pétroliers américains,
tout en ruinant tout projet d'un maghreb libre et
démocratique.
Une telle percée ne peut être contrecarrée que
par une politique marocaine qui tienne compte de ces
réalités, renonce résolument à la
politique suivie depuis 1958, et même depuis juillet 1956, au
sud du Maroc et au Sahara, pour aller vers un projet de constuction
fraternelle et démocratique de l'Ouest du Maghreb, et du
Maghreb dans son ensemble, à l'opposé des mythes
makhzéniens qui mariaient habilement le rêve du Grand
Maroc de Tanger au fleuve Sénégal à la
candidature de gendarme de l'impérialisme français pour
toute cette région.
Aujourd'hui, la voie, la seule voie de paix et de progrès est
dans la construction d'un Maghreb démocratique et fraternel
allié aux forces de l'Europe sociale en gestation. Elle
implique l'élaboration pour le Sahara Occidental de la
solution confédérale Maroc-Sahara ou d'Etat Sahraoui
associé au Maroc, sous garantie internationale,
évoquée plus haut.
Elle implique aussi l'abondon de tous ces rêves
d'expansionnisme chauvin qui ont empoisonné et aveuglé
depuis plusieurs décennies en premier lieu les principaux
dirigeants de l'opposition marocaine officielle, les amenant ainsi
à s'effacer devant la tyrannie makhzen --à
l'opposé de l'exemple donné par le Fqih Basri et par
Mehdi Ben Barka-- comme leur persistance les amènerait demain
à s'effacer devant tout pouvoir militaire qui surgirait des
frustrations provoquées par le total échec marocain
auquel un tel chauvinisme aveugle ne peut que conduire.
On voit le risque de chaos qui en résulterait pour toute la
région, que seule la pax americana pourrait alors, comme
à Dayton pour la Bosnie, "résoudre".
Au contraire, si la gauche marocaine prend la tête d'un
mouvement au Maroc s'inspirant des leçons de Mehdi et du Fqih,
et s'appuyant sur les forces les plus conscientes de la gauche
française et européenne, elle peut ouvrir la voie
à la solution de paix et de progrès proposée
plus haut, solution que la "communauté internationale" ne
pourrait qu'appuyer, au delà même des
intérêts américains les plus
hégémonistes.
(*) Hassan II avait, au début des années 80, fait l'avance suivante, restée sans suite à l'époque: "Qu'on me laisse le timbre et le drapeau, et tout le reste est négociable".
(**) Qu'on ne me fasse pas dire qu'il y a ici reniement de mes positions positions antérieures: j'ai toujours été pour le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, et je le reste sans réserve, tout en préconisant, comme je l'ai toujours fait, et avec moi l'Organisation Ila Al Amam, une solution d' "unité des deux peuples marocain et sahraoui" (formulation de mon 3° Vivat au Procès de Casablanca de janvier-février 1977).
-- Article mis en circulation dans la gauche marocaine et publié en arabe le 13 mars 1998 par le journal An-Nahar.
APS , 11.5.1998
Le Président de la République Arabe Sahraouie
Démocratique (RASD), M. Mohamed ABDELAZIZ, a demandé,
lundi,11 Mai 1998, à la France de jouer un "rôle de
neutralité" sur la question du Sahara Occidental et d'user de
"tout son poids" pour faire aboutir le plan de règlement des
Nations Unies. Le chef de l'État Sahraoui s'exprimait,
à Paris, devant une trentaine de journalistes français
et étrangers, au premier jour de sa visite en France à
l'invitation du Groupe d'études sur le Sahara Occidental
à l'assemblée nationale française et
d'associations de soutien au Peuple Sahraoui.
La France, en tant que puissance impliquée dans la recherche
de "la paix partout dans le monde, doit soutenir cette occasion
très importante qui s'offre à la paix", a dit M.
ABDELAZIZ qui, s'agissant de l'attitude de Paris, "ne veut pas
revenir sur le passé, ni insulter l'avenir".
Des entretiens avec des responsables et des acteurs du paysage
politique français sont prévus au menu de sa visite. Le
Président Sahraoui s'est gardé de préciser si
des rencontres étaient déjà programmées.
"Toute la classe politique française a un rôle à
jouer pour la résolution de ce problème. Nous comptons
toucher tout le monde pour souligner l'importance d'un
règlement pacifique pour la stabilité dans toute la
région.
Selon des informations obtenues par l'APS auprès du
représentant du Front Polisario à Paris, Fadel ISMAIL,
des rencontres sont déjà programmées avec des
députés, des sénateurs, des partis politiques et
des animateurs d'organisations non gouvernementales pleinement
impliquées dans le soutien à la cause Sahraouie. Une
intervention de M. ABDELAZIZ est, en outre, programmée
mercredi dans le groupe d'études sur le Sahara Occidental
à l'Assemblée Nationale. La Direction Sahraouie,
précise son premier responsable, attend de la "France
Officielle" qu'elle lui "permette de donner son point de vue" sur la
question et sur ce qu'elle attend du gouvernement dans le contexte du
processus référendaire. Nous ne sommes pas contre les
intérêts de la France au Maroc" et ses liens
privilégiés avec ce pays. Nous demandons seulement
à Paris de faire en sorte que son attitude à
l'égard du Maroc ne se fasse pas au détriment des
intérêts du Peuple Sahraoui", a précisé le
chef de l'État Sahraoui en appelant à nouveau la
"France officielle" à soutenir le plan de paix Onusien.
Cette visite en France, ajoutée à d'autres
effectuées par les Responsables Sahraouis dans les pays de
l'Union Européenne Espagne, Belgique..., visent à
sensibiliser les opinions publiques sur l'importance du Plan de Paix
et la nécessité de ne pas rater l'occasion en or qu'il
offre pour parvenir à une "solution pacifique". Selon M.
ABDELAZIZ, une rencontre avec la présidence britannique de
l'U.E pourrait avoir lieu en juin prochain à l'occasion de sa
visite à Londres.
Interrogé sur l'attitude du gouvernement Américain, le
Président de la RASD l'a trouvée "positive et
constructive" dès lors qu'elle manifeste un "appui clair et
concret" au plan de paix de l'ONU. De l'aveu même de ses
responsables, Washington, a expliqué M. ABDELAZIZ s'inscrit
dans une logique qui consiste à ne soutenir la
souveraineté ni du Maroc ni du Polisario tant qu'un
référendum n'aura pas été
organisé. Ils soutiennent une solution née d'une
expression libre et démocratique des Sahraouis.
A une question relative à l'attitude de l'Algérie
à l'égard du processus en cours, le chef de
l'État Sahraoui a affirmé que, depuis
l'éclatement de la crise en 1975, ce pays a adopté une
position de "soutien réaliste" qui, avec le temps, s'est
trouvée "confortée par les évolutions de la
communauté internationale et la nature du Plan de Paix".
Alger, a toujours, plaidé pour une solution basée sur
un référendum d'autodétermination et au moyen
des négociations directes entre les deux parties au conflit
sous les auspices des Nations Unies.
S'agissant du processus référendaire en cours, le chef
de l'Etat Sahraoui n'a pas exclu que la date du
référendum, fixée au 7 décembre prochain,
soit retardée de quelques trois mois en raison des
problèmes qui ont émaillé l'opération
d'identification du corps éléctoral . Sur cette
question, le Front Polisario a réaffirmé son
attachement à la procédure arrêtée par les
accords de Houston et les critéres d'identification qui
avaient été fixés pour la circonstance. M.
ABDELAZIZ n'a pas manqué, en cette matière, de revenir
sur le comportement de Rabat pendant l'opération
d'identification pour intégrer des marocains à la place
de sahraouis et se donner, ainsi, un éléctorat de
favorable.
Il a, cependant, fait remarqué que, malgré ces
obstacles et pressions, l'ensemble des acteurs sont parvenus à
faire en sorte que "le processus avance". Tout en demandant à
la partie Marocaine de respecter les engagements paraphés
à Houston, le Président Sahraoui, répondant
à une question de "Maroc-Hebdo" sur une troisième
solution, a confirmé l'attachement du Polisario à la
solution prévue par le plan Onusien "indépendance ou
intégration". L'unique voie pour y parvenir est le
référendum d'autodétermination. Je m'interroge
sur le pourquoi d'un retour en arrière vers une autre formule.
C'est une question dépassée par le plan de
règlement dans le cadre duquel personne n'a parlé de
cette troisième voie.
Tout en faisant remarquer que, aux yeux de la Direction Sahraouie,
seul le Roi Hassan II exprime la position officielle du Maroc
affirmée à Houston, le chef de l'Etat Sahraoui
s'interroge sur le motif des prises de positions
périodiquement affichées par des hommes politiques
marocains et l'offensive médiatique au sujet de
l'identification et de prétendues défections des
sahraouis et une désaffection à l'égard du
projet d'indépendance puisqu'on prétend cela, pourquoi
ne pas accepter finalement d'aller, dans la
sérénité, au référendum et d'en
accepter le verdict, se demande le Président Sahraoui. Et de
livrer, en guise de réponse et de conclusion à sa
conférence de presse, sa propre conviction:"l'Etat Sahraoui
indépendant est une réalité
irréversible". (APS, le 11.5.1998)
REUTERS, 11 Mai 1998
Le Chef du Front Polisario confirme le report du
référendum d'autodétermination au Sahara
Occidental qui n'aurait probablement pas lieu cette année,
comme l'espéraient les Nations Unies, mais au début de
l'an prochain.
Cette consultation, qui doit permettre à la population de
l'ex-colonie espagnole de choisir entre l'indépendance ou
l'intégration au royaume marocain, était prévue
initialement en janvier 1992 dans la foulée du cessez-le-feu
conclu l'été précédent par le Maroc et le
Polisario sous l'égide de l'ONU. Mais les divergences entre
les deux camps sur les conditions d'organisation du vote avaient
amené les Nations Unies à différer à
plusieurs reprises la tenue du référendum,
jusqu'à ce que Kofi Annan décide, a son entrée
en fonction, il y a un an, de revoir tout le dossier.
Peu après, en septembre 1977, à Houston, son
représentant personnel pour le Sahara Occidental,
l'ex-secrétaire d'État américain James Baker,
obtenait des garanties des parties permettant au secrétaire
général et au conseil de sécurité de
l'ONU de fixer le référendum au 7 décembre
prochain. Mais, le mois dernier, Kofi Annan a repoussé de la
fin mai à la fin juillet la fin des délicates
opérations d'identification des électeurs sahraouis que
mène sur le terrain la mission des Nations Unies pour le
référendum au Sahara Occidental(MINURSO). Cette
décision "se répercutera sur la date du
référendum" et celui-ci ne pourra avoir lieu avant "les
trois premiers mois de l'an prochain", a déclaré
à la presse Mohamed ABDELAZIZ, actuellement en visite
privée à Paris. Il a imputé ce retard aux
"problèmes créés par le Maroc" dans les
opérations d'identification, mais s'est néanmoins
déclaré optimiste en soulignant que, "malgré ces
problèmes, nous avons réussi à faire avancer le
processus", et que "le référendum aura quand même
lieu".
"Pour la première fois depuis 1975", a-t-il estimé, "on
peut parler de progrès concrets et encourageants" vers une
solution du conflit entre le Maroc et les Sahraouis. "L'heure de
vérité a sonné. Notre conviction est que
l'avènement d'un État sahraoui indépendant est
irréversible", a ajouté ABDELAZIZ en assurant que "le
temps joue plus aujourd'hui en faveur du Front Polisario qu'en faveur
du Maroc".
La Minurso a entendu jusqu'à présent quelque 120.000
personnes prétendant à pouvoir voter au
référendum en dépit des querelles entre le Maroc
et le Polisario. Ce dernier affirme que le Maroc cherche à
gonfler l'électorat pour en modeler la majorité et
Rabat accuse le mouvement indépendantiste de récuser
des Sahraouis qui lui seraient défavorables.
Mohamed ABDELAZIZ s'est refusé à prédire le
nombre des électeurs que retiendra la Minurso mais il a
estimé crédible le chiffre de 80.000 avancé par
James Baker après les accords de Houston. La Minurso en
publiera la liste au terme de ses opérations d'identification.
(Reuters, le 11 Mai 1998)
Politis (23 Avril 1998)
Les pièges du roi Hassan II par A. Diouri
A la fin de l'année écoulée, le malaise
économique et social au Maroc s'était aggravé.
Hassan II avait perçu le danger et, craignant d'être
dépassé par la colère populaire, il s'est
efforcé de reprendre l'initiative.
C'est ainsi qu'il en est venu à désigner Abderahman
Youssoufi, leader de l'USFP, pour former un gouvernement
d'alternance. Cette nomination n'a pas le mérite de la
clarté, Bien qu'Abderahman Youssoufi force incontestablement
le respect en raison de son passé de combattant et de son
honnêteté intellectuelle, réussira-t-il à
déjouer les pièges qui lui sont ainsi tendus ? Cette
nomination suffira-t-elle à calmer les revendications qui
s'expriment ici et là ? On peut raisonnablement en douter.
Hassan II est habile à contourner les problèmes. En
mandatant un Premier ministre de gauche, il donne l'illusion de se
décharger des problèmes à venir. Dans les faits,
les risques sont calculés. Il faut rappeler que ce
gouvernement ne comprend pas moins de cinq ministres qui ont
été imposés, dont le "vice-roi" Driss Basri.
Abderahman Youssoufi, contraint de respecter de savants
équilibres, aimerait pouvoir s'appuyer sur un arbitrage
populaire.
Mais le peuple n'est pas dupe; dans les milieux politiques,
économiques et culturels, l'on constate que le nouveau
gouvernement ne dispose pas des moyens qui lui donneraient un minimum
d'autonomie. Le pouvoir de décision reste concentré
entre les mains du roi. Personne n'ignore non plus qu'il fut dans le
passé, avec un gouvernement de gauche présidé
par Abdallah Ibrahim, leader de l'UFP en 1958, privé de toute
initiative pouvant améliorer le sort des masses
populaires.
Face à la contestation montante de la base, le nouveau
gouvernement se doit par conséquent de réagir
très vite. Il vient d'entrer dans une phase active :
l'évaluation des dégâts causés par les
précédents gouvernements lui a permis de
découvrir des sommes énormes, soustraites sans
justificatifs aux finances publiques . Le temps presse et la partie
est serrée. Pour aller au succés, Abderahman Youssoufi
doit marquer des points et ne pas lâcher prise. En
répondant au plus urgent, à savoir, créer des
emplois, tranquilliser les investisseurs et restructurer une
administration lourde et incompétente, il doit en même
temps échapper aux chausse-trappes d'une partie de son
équipe.
Ainsi, le ministre de l'Intérieur prépare
déjà une riposte musclée à la
montée spectaculaire de la mouvance islamique. Le moment sera
bien choisi pour jeter la responsabilité sur le gouvernement,
des violations bien préparées.
L'histoire se répéte . En 1959, Hassan II attaqua les
populations du Rif, faisant des milliers de morts tués par
balles et gazés au napalm. Le président su Conseil,
Abdallah Ibrahim, leader de la gauche, fut tout simplement
limogé, endossant, à cette époque la
responsabilité du génocide. Une autre chausse-trappe
viendra du référendum sur le Sahara Occidental. La date
du 7 décembre a été arrêtée par le
Conseil de Sécurité des Nations Unies.
A l'évidence, l'évolution sur cette affaire se
caractérise, dans les casernes du Maroc, par
l'émergence de critiques acerbes envers le roi et d'un courant
unanime pour la défense de l'identité nationale. Les
responsables militaires dans leur totale majorité ne cachent
plus leur désarroi. Il résulte non seulement d'une
analyse objective, mais aussi du sentiment général au
sein de la population marocaine. Une seule question revient dans
toutes les bouches : pourquoi avoir sacrifié des milliers de
fils du peuple, et gaspillé des milliards de dollars pour
arriver au référendum ?
L'Autre Afrique (17-23.6.1998)
Ouagadougou : un sommet perturbé
(...) la question qui a déchîné les passions
est celle de la présence à l'OUA de la
République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD). Avant
le sommet, les bruits avaient couru sur un retour en force du Maroc
au sein de l'OUA. La diplomatie burkinabè avait tout mis en
oeuvre pour ramener Rabat dans le giron africain. certains ont
même dit que le royaume chérifien aurait financé,
pour un montant de 200 millions de dollars, l'organisation du sommet
de Ouagadougou. Ce qui est apparent, c'est la présence de
Marocains au Burkina pour une mission bien précise : faire
tomber la pluie de manière artificielle. Plus
sérieusement, Blaise Compaoré avait tenté de
convaincre, avant la conférence, un certain nombre de chefs
d'Etat de l'absurdité de la présence de la RASD
à l'OUA alors qu'elle "ne dispose pas d'un territoire".
Pourtant les Sahraouis, leur "président" en tête, ont
été invités, commes toutes les autres
délégations, au sommet.
Le calcul de Compaoré était simple : vu que la RASD
n'est reconnu que par un petit nombre de pays, son exclusion serait
aisée. Or, et c'est encore l'une des incohérences de la
charte de l'OUA, aucun article ne prévoit l'exclusion d'un
Etat membre. La tentative de Compaoré a donc
échoué, contré qu'il a été par la
majorité des chefs d'Etat anglophones. Omar Bongo a
essayé de venir à sa rescousse en demandant de
procéder à un vote sur la validité de la
qualité de membre de la RASD. En vain. Les chefs d'Etat ont
finalement décidé de renvoyer la question, "pour une
réflexion plus approfondie", à la réunion des
ministres des Affaires étrangères, en février
1999. Ironisant sur le revers subi par la diplomatie
burkinabè, un proche du président du Polisario a dit .
"Les Marocains font la pluie et le beau temps au Burkina faso."(...)
Gonfreville- L'Orcher. (Le 17 Mai 1998)
Mohamed ABDELAZIZ, PRESIDENT DE LA RASD, HOTE DE LA VILLE
UNE VISITE AMICALE ET CHALEUREUSE
Dernière étape d'un séjour de près d'une semaine sur le sol français, la ville recevait, vendredi, la visite du Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique, Mohamed ABDELAZIZ. Pour tous les Gonfrevillais comme pour la délégation l'accompagnant, la soirée revêtait un caractère exceptionnel.
Accueil à la descente de l'avion, à l'aéroport d'Octeville, en fin de matinée, par le premier magistrat de la cité de Gonfreville-l'Orcher, Jean-Paul Lecoq, le président Abdelaziz, accompagné de Mohamed Sidati, Ministre-conseiller de la RASD, Fadel Ismael, représentant officiel du Front Polisario en France, et de Mme S'Diga Settif, représentante à la Haye, a ensuite survolé en hélicoptère pendant quelques heures, la pointe de Caux, découvrant du ciel, l'agglomération havraise, les falaises d'Etretat et la zone industrielle de l'estuaire.
Signature du Livre d'Or et dépôt de gerbe
La visite prenait son caractère officiel, vers 18 h 30, à l'arrivée des personnalités sur la place du Colombier, précédée quelques miniutes auparavant, d'une halte au nouveau cimetière où repose l'ancien maire de la ville, Marcel Le Mignot.
En présence d'une foule importante d'élus et de représentants d'associations solidaires avec le peuple sahraoui, sur les rythmes musicaux de la batterie-Fanfare de l'Amicale de Gonfreville et de Montivilliers, les personnalités faisaient une courte halte dans la grande salle du Conseil de la Mairie, avant de se rafraîchir et signer le Livre d'Or. Un dépôt de gerbe au pied du monument aux morts clôturait la première étape de cette visite exceptionnelle. Elle donnait l'occasion à Jean-Paul Lecoq de présenter diverses personnalités présentes, au président Abdelaziz qui, avant de rejoindre le complexe sportif Maurice Baquet, en profita pour remercier le maire et tous les habitants, pour leur accueil, rappelant les actions solidaires de la municipalité avec le peuple sahraoui, évoquant également les premières initiatives de Marcel Le Mignot à l'origine du jumelage de la ville avec celle J'Refia, au Sahara Occidental, pays occupé par le Maroc, depuis 25 ans.
Sous le soleil resplendissant, un long cortège parmi lequel on reconnaissait, le maire de Gainneville, M. Leriche , Mireille Garcia, conseillère municipale du Havre, colette Privat, maire de Maromme, traversait les rues de la ville en direction du Complexe Sportif où une soirée de solidarité avec le Peuple Sahraoui était organisée, peu après.
Die Tageszeitung , Berlin (20-21 juin 1998)
Le Maroc perdra le référendum
Le secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, estime que les chances du succès du plan de paix au Sahara Occidental sont grandes, même si la date du référendum sur l'indépendance a été reportée.
Question : A nouveau la date du référendum sur l'indépendance du Sahara Occidental a été reportée à Avril 1999 au lieu de Décembre 1998, à cause de la divergence des points de vue du Front Polisario et du Maroc sur l'établissement des listes électorales. Cela voudrait-il dire que la détermination de qui est sahraoui et qui est marocain menacera le plan de paix, comme il s'est produit en 1995 ?
M. Abdelaziz : Un report de quelques mois ne peut être un désastre. je ne pense pas que la situation est aussi grave qu'en 1995, car le Conseil de sécurité et la communauté internationale assument leur responsabilités eu égard au plan de paix au Sahara Occidental avec plus de sérieux qu'auparavant. J'en voudrais pour preuve notamment la nomination de James Baker, l'ex-Secrétaire d'Etat américain, homme de grande qualité, en tant que médiateur entre les deux parties. Et je pense qu'au cas où la communauté internationale échoue cette fois-ci, cela aura des conséquences graves sur la crédibilité de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité de l'ONU.
Question : Quelle est la baguette magique qui a permis à Baker de relancer le processus ?
Réponse : Baker a mis, de façon franche et claire les deux parties devant le choix suivant : Souhaitent-elles ou non l'application du plan de paix ? La réponse des deux parties était positive. Il a aussitgôt engagé les deux parties, dans un face à face, pour entreprendre des négociationa directes, sous ses auspices, afin de régler tous les différents qui empêchent l'application du plan de paix de l'ONU. Le résultat est ce qui est aujourd'hui connu sous le nom des Accords de Houston, au moyen desquels nous nous smmes mis d'accord sur un plan d'action, de plusieurs étapes, pour l'application du plan de règlement. Ces accords :
- La reprise de l'opération d'idetification
- Le retour des réfugiés, qui vivent dans les camps installés à la frontière algéro-sahraouie , au Sahara Occidental
- L'échange des prisonniers de guerre
-La libération des détenus politiques sahraouis
-Le retrait d'une partie de l'armée marocaine et cantonnement de l'autre partie dans des points déterminés
-L'organisation du référendum.
Q : Est-ce qu'il est aujourd'hui possible de distinguer les Marocains des Sahraouis qui ont émigré au Maroc durant la colonisation espagnole et qui souhaitent aujourd'hui retourner à leur pays ?
R : A Houston, nous avons convenus de cinq critères pour identifier les votants et chaque requérant doit prouver qu'il répond à l'un de ces critères. Ces derniers sont :
-Etre inscrit parmi les 74 000 personnes du recensement espagnol de 1974,
-Etre en mesure de prouver qu'on était dans le territoire pendant l'organisation du recensement de 1974,
-Les membres de la famille proche des personnes auxquelles s'appliquent les deux critères sus-mentionnés,
-Avoir résidé dans le territoire six ans consécutifs, ou douuze ans pat intermittence, durant la colonisation espagnole,
-Etre de père né au Sahara Occidental et appartenant à une sous-fraction sahraouie.
Q : Si l'opération est aussi simple pourquoi les choses ne vont-elles pas bien ?
R : Depuis décembre dernier, la Commission d'identification de l'ONU a repris son travail, et dix centres d'identification sont actuellement à l'oeuvre. A ce jour, 130 000 requérants environ ont été entendus par la Commission. Certes, le gouvernement marocain tente en vain d'imposer l'identification de 65 000 personnes, dont moins de deux mille seulement sont inscrits dans le recensement espagnol. Mais il a déjà échoué dans une tentative similaire en 1995.
Q : Le Maroc veut imposer l'enregistrement de personnes contestées sur les listes électorales pour agir sur le résultat du référendum en sa faveur. Quelle est votre réaction si le Maroc réaliserait son objectif ?
R : L'opération d'identification des votants ne constitue pas un sujet de divergence entre le Maroc et Nous, mais bien entre le Maroc et l'ONU. Le gouvernement marocain a accepté et signé officiellement et publiquement les accords de Houston. Aujourd'hui l'Onu est tenue de démontrer concrétement sa volonté d'appliquer ces accords. Cela veut dire est-ce qu'elle est prête à exercer les pressions necessaires sur le gouvernement marocain pour le sommer de respecter l'application des accords qu'ils a signés ?
Q : Que se passera-t-il si le résultat du référendum serait en faveur du Maroc ?
R : Si le gouvernement marocain pensait avoir la moindre chance de gagner, il n'aurait pas multiplié les obstacles, particuliérement devant l'opération d'identification des votants. Rabat est convaincu qu'il va perdre dans un référendum libre et démocratique, et c'est la raison pour laquelle il cherche à tout prix à reporter indéfiniment la tenue du référendum faute de pouvoir l'empêcher carrément d'avoir lieu. De toutes les façons, le F. Polisario respectera le résultat du référendum pourvu que celui-ci soit libre, démocratique et transparent, et si, à ce moment-là, le peuple sahraoui choisira l'intégration au Maroc, nous procéderions à la dissolution du F. Polisario. Et nous serions heureux si le gouvernement marocain proclame, officiellement, sa position dans le même sens. (Propos reccuillis par Reiner Wandler)
-Le Monde, 11 Mai 1998
-L'Autre Afrique, du 20 au 26 mai 1998
-Jeune Afrique n° 1949, du 19 au 25 mai 1998
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