J'ai passé quatre jours dans les camps de réfugiés sahraouis « au large » de Tindouf. Je suis revenu révolté et rassuré à la fois.
Révolté par leurs [les Sahraouis] conditions d'existence dans ce désert surchauffé, si beau peut-être, mais cruel à la fois. Voilà 25 ans qu'ils mijotent à grand feu sur cette plaque brûlante! L'eau est rare et on les arrose parcimonieusement ! La malnutrition affaiblit leurs enfants et engendre des séquelles parfois dramatiques. Les cellules familiales éclatent. L'un se bat sur le front, l'autre va étudier à l'étranger. Les mères assument seules l'éducation et la santé des enfants.
Mais rassuré aussi, voici pourquoi : ils vivent sous perfusion, certes, mais ce ne sont pas des malades passifs et abattus. Ils se lèvent et marchent avec assurance vers leur destin, bien décidés à l'accomplir. Je crois que ce qui les transcende, c'est ce sentiment profond d'appartenir à une nation à part entière. Ils ne sont pas Marocains, Algériens, ni Mauritaniens. Ils sont Sahraouis.
Je termine : Coup de chapeau aux organismes tels que ERM (Enfants Réfugiés du Monde) qui ont mis en place des centres d'animation (les enfants y jouent un rôle prépondérant), à leur école de formation d'infirmiers ; à nos amis Espagnols et Italiens qui se dépensent sans compter, et enfin coup de chapeau au Comité algérien pour la défense des Sahraouis, sans oublier toutes les associations algériennes de toutes tendances confondues- je dis bien de toutes tendances confondues.
Un peuple aussi courageux, aussi déterminé, aussi digne, ne peut pas avoir tort.
Juillet 2001
I have spent four days in the Saharawi refugee camps scattered "near" Tindouf. I came back feeling both revolted and reassured: revolted from the conditions of existence in this overheated desert, maybe so beautiful at times, but also quite cruel. There, on this smouldering land, they [note translator: the Saharawis] have been stewing for the past 25 years! Water is scarce, and the rations, quite parsimonious! Malnutrition weakens the children and at times has dramatic consequences. Families are split up- one is fighting on the front-line, the other goes and studies abroad. The mothers are alone to handle the education and the health of the children.
Nevertheless, I am also reassured, and here are the reasons why: they may be living under humanitarian perfusion, yet they are neither depressed nor down-trodden patients. They also stand up and walk with confidence towards their destiny, well determined to accomplish it. I think that what helps them transcend the difficulties is the deeply rooted awareness to belong to a whole and real nation. They are neither Moroccans, Algerians, nor Mauritanians: they are Saharawis.
Last but not least: I want to pay a tribute to all the organisations such as ERM (Enfants Réfugiés du Monde, Refugee Children of the World) which have set up animation centres (the children play a key role), and to their nursing training school. I want to pay the same tribute to our Spanish and Italian friends who give without limits. And in the end, I want to say Bravo to the Algerian Committee for the defence of Saharawi People, and acknowledge all the Algerian associations of all nuances and persuasions- I insist, Algerian associations from all sides of the spectrum.
A people so full of dignity, courage, and determination, cannot be wrong.
Pierre Richard
July 2001