Bruxelles, le 19 décembre 2002.

 

Monsieur le Ministre FLAHAUX
Ministre de la Défense Nationale
Rue Lambermont 8
1000 Bruxelles

 

Monsieur le Ministre,

Un communiqué Belga-AFP du 18 décembre 2002 fait état de la signature d'un accord de coopération militaire belgo-marocain portant sur la formation d'élèves officiers belges dans le camp militaire marocain de Ouarzazate. Le communiqué rappelle les termes de l'accord existant relatif aux vols à très basse altitude effectués par les pilotes belges au Maroc, à partir de la base aérienne de Meknès, vols interdits sur le territoire belge.

Je vous rappelle à ce sujet ma lettre du 7 mars 2002 à laquelle vous avez opposé un démenti formel.

Le séjour d'élèves officiers belges dans un camp militaire marocain soulève un double problème. Le Maroc occupe le Sahara Occidental et y déploie actuellement 120.000 hommes de troupe et près de 60.000 gendarmes et autres forces de police. Le plan de paix de l'ONU (MINURSO) est bloqué par la partie marocaine, ce qui empêche la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental.

D'autre part, le camp de Ouarzazate est situé au Sud-Est, non loin de la frontière algérienne et de la ville de Bechar, elle aussi base militaire côté algérien. Vous n'ignorez pas que la frontière algéro-marocaine est fermée. En outre, un peu plus au Sud, le Maroc continue de contester le tracé de la frontière entre les deux pays et ce dans une région où sont réfugiés 180.000 Sahraouis chassés de leur pays lors de la Marche Verte.

Agissant de la sorte, la Belgique se comporte-t-elle vraiment en conformité avec les règles qu'elle s'est fixée en matière de prévention des conflits et en soutenant le plan de paix des Nations Unies pour le Sahara Occidental ?

Au sien de l'armée marocaine, et notamment parmi les officiers qui sont casernés dans le territoire occupé du Sahara Occidental, s'est développé un large mouvement qui dénonce à la fois les violations des droits de l'homme par l'armée marocaine et les exactions et enrichissement personnel des hauts cadres de l'armée d'occupation.

Est-il particulièrement judicieux, en ces circonstances, de relancer ou de renforcer la coopération militaire belgo-marocaine ?

Vous remerciant de l'attention que vous réserverez à la présente, veuillez croire, Monsieur le Ministre, en l'assurance de ma haute considération.

Pierre GALAND,
Président EUCOCO


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