Association des Familles de
Prisonniers et Disparus Sahraouis
AFAPREDESA
B.P.12 Tindouf Algérie
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LES EVENEMENTS D'EL AYOUN: L'INTIFADA SAHRAOUIE
Introduction:
Alors que les autorités marocaines s'efforcent de retarder la célébration du référendum tant attendu pour que le peuple sahraoui puisse exercer son droit à l'autodétermination et à l'indépendance, les forces d'occupation marocaines sont en train de massacrer impunément la population civile sahraouie des territoires occupés. Le événements sanglants survenus au cours des deux derniers mois ne sont que de nouveaux épisodes de la situation tragique à laquelle se trouve confrontée la population civile sahraouie en cette fin de millénaire. Ni la mort du génocide Hassan II, ni l'ouverture du nouveau monarque alaouite sur le thème des droits humains au Maroc n'ont changé la position du régime marocain envers le conflit du Sahara Occidental. Quelques jours après la mort de Hassan II, les autorités coloniales et ses colons ont tenté de forcer les Sahraouis à se joindre aux manifestations de douleur pour la disparition du roi. Les Sahraouis qui subissent l'occupation et l'oppression marocaines dans leur chair depuis les 25 dernières années, situation dont le principal responsable est le roi, n'ont pas ressenti de regret à sa mort, et ont encore moins manifesté quelque sentiment de deuil. Les autorités marocaines ont voulu punir les Sahraouis pour leur conduite et ont organisé de véritables milices pour appuyer leur système répressif déjà si présent. Des dizaines de personnes ont été brutalement agressées pour ne pas avoir participé aux manifestations organisées par les autorités marocaines. Ces faits avaient déjà été dénoncé par notre organisation dans un communiqué publié le 4 août 1999.
Les faits:
Depuis le 10 septembre 1999 , les étudiants sahraouis, les
licenciés au chômage et les retraités de
l'entreprise Fos Boucraa ont organisé un sit-in devant le
siège provincial de El Ayoun-Boujdor, à l'avenue de La
Mecque de la ville de El Ayoun, dans les territoires occupés
du Sahara Occidental, pour revendiquer leurs droits légitimes
à une vie digne et humaine. Une Jaima (tente sahraouie) a
été montée sur le lieu du rassemblement auquel
se sont rendu des centaines de sympathisants sahraouis. Tous les
jours ont eu lieu des discussions et débats sur la situation
grave des sahraouis sous occupation marocaine.
Le 19 septembre, les travailleurs des mines de phosphates décident de s'unir au sit-in et publient un communiqué exprimant leur réprobation face à la politique de l'administration marocaine, se référant particulièrement à leurs droits comme travailleurs.
Le 22 septembre, à 2h30 GMT du matin, plusieurs unités des forces d'occupation marocaines se lancent contre les manifestants pacifiques. A l'assaut participent la Police Judiciaire, la Gendarmerie Royale, les forces des Compagnies Mobiles d'Intervention, en plus des Forces Auxiliaires supervisées par des agents du Département de Sécurité du Territoire. Lors de cette intervention sauvage, plus de 50 personnes furent blessées et plusieurs dizaines d'autres arrêtées et emprisonnées dans plusieurs centre de détention comme la Caserne de la Police Judiciaire, la caserne des Compagnies Mobiles d'Intervention, un magasin de la rue Smara. Les blessés furent refoulés des hôpitaux et les médecins reçurent l'ordre des autorités d'occupation de ne délivrer aucun certificat médical. Certains blessés furent amenés à l'extérieur de la ville où ils furent abandonnés à leur sort. Depuis le matin du 22 septembre, la ville de El Ayoun est sous couvre-feu. Les commerces ont fermé et la police marocaine a commencé la chasse et la recherche de toutes les personnes qu'elle soupçonne d'avoir participé aux sit-ins.
Du 23 au 26 septembre 1999 , malgré cette situation, les citoyens sahraouis de la ville de El Ayoun ont continué leur action de protestation contre la répression marocaine. Les familles des personnes arrêtées ont organisé des sit-in devant les bâtiments des autorités coloniales, exigeant la libération de tous les prisonniers sahraouis et le jugement des responsables des actions criminelles commises par les forces d'occupation.
Le 27 septembre, les victimes de la répression avec les étudiants universitaires, les travailleurs de l'entreprise Fos Boucraa ainsi que les femmes employées et les familles de prisonniers se sont rassemblés devant le siège de la région Ayoun-Boujdor, Le sit-in commencé à 4 h s'est longuement prolongé. Les manifestants y ont dénoncé la répression et la violence marocaine. Bien que toute la zone était entouré par un impressionnant arsenal policier, il n'y a pas eu d'incidents au cours de la manifestation. Mais une surprise attendait les manifestants au moment du retour dans leurs foyers, particulièrement sur les avenues Smara, Skeikima et Bou Craa. En effet, des bandes de colons organisés en véritables milices appuyées par une partie des forces de sécurité attaquèrent à l'aide de couteaux, de bâtons, d'outils les manifestants qui furent poursuivis jusque chez eux. Les colons blessèrent des dizaines de personnes et saccagèrent des magasins et des habitations. Plusieurs voitures sahraouies furent également incendiées. La police marocaine n'a rien fait pour empêcher que ces actes barbares ne se produisent sous son nez, au contraire, elle a soutenu les agresseurs dans leurs actions.
Face la détérioration de la situation et à l'incapacité des corps répressifs marocains à contrôler cette situation, les autorités amenèrent des renforts de l'armée marocaine. Il faut rappeler que depuis le début des troubles, chaque jour arrivaient des camions de transport de troupes de soutien. Un bataillon de l'infanterie qui se trouvait basé à Agadir fut transféré également à El Ayoun.
A partir du 28, la ville se transforma en véritable caserne militaire. Dans le but de calmer la situation, les autorités ont tenté de faire croire à la population et au monde que les Forces Armées marocaines étaient là pour protéger les citoyens sahraouis des colons et des corps de police. Mais le 7 octobre, le corps sans vie de Mohamed Cheikh Aliat fut retrouvé à l'avenue Smara. Objectivement, il s'agit d'un assassinat destiné à terroriser la population sahraouie.
Du 15 au 29 octobre, les actions de protestation se sont poursuivies sans incidents graves. Mais ce calme ne dura que peu de temps et les jours suivants le danger de la situation déjà si alarmante augmenta.
Ainsi, les 30 et 31 octobre, et les 1,2 et 3 novembre ont connu des affrontements entre la population civile et les forces d'occupation. Le mouvement de protestation, que les citoyens eux-mêmes appellent INTIFADA, s'est généralisé à tous les endroits où se trouvent des Sahraouis. Les étudiants sahraouis organisent des sit-in dans les principales villes marocaines. Le 3 novembre, plusieurs actions furent menées à El Ayoun, Tan-Tan , Agadir, Marrakech et même dans la capitale marocaine Rabat. Dans les villes de El Ayoun et Tan-Tan eurent lieu de dures affrontements entre les forces marocaines et les manifestants. Des centaines de personnes ont été arrêtées et des dizaines blessées. Dans les villes marocaines, les manifestations furent tolérées et jusqu'à présent nous n'avons pas connaissance d'arrestations ou d'incidents graves.
Bilan provisoire des événements depuis le début de l'Intifada jusqu'au 3 novembre 1999:
A. Victimes de la répression:
Liste des personnes blessées grièvement ou avec fractures.
Ahmed Salem ould
Bayaaha
Moulay Ahmed Bahaha
H'Maidouch Salma
Lekhdaira Sidi Mohamend
Abdelhadi
Mounina H'Moudi
Cheikh
Abdelfatah Caramelo
Mohamed ould Laaroussi
Haimouda
Slaima ould
Abdeslam
Ali Salem Slaima Ahmed
Baba
Rachid ould Athmane ould
Ahmed Baba
Moulay ould Nouf
M'Barka ment El
Hassan
Boudda Mohamed
Lehbib
Fadli Maalainine
Abderrahman ould Mohamed
ould Ahmed Baba
Personnes torturées
Lamina ment Mohamed
Legag
Aza Daoudi
Bachir Salem Barka
Day
Personnes victimes de matraquages
Lahcen ould Said
Abdelfatah Laaroussi
Yahdih
Alaoui Mohamed El
Bachir
Brahim Salem ould
Sahel
Falla ment Brahim
Sidi ould Ahmed ould
M'Lad
Baba Ahmed ould Hmoudi
ould Mohamed Yaddih
Aatmar ould El Kouri et sa
fille
Mohamed Lakhdar
Lembarqui Ali
Salama
N'Dour Mohamed Ali
infirmière
El Hairech Darifa
Lefquir Salama
Dah Gala
Moulay El Mousaoui
Bouzian Mohamed
El Hairech Fatma
Boughadaba Brahim
Boulehya M'Barka
Hala Mohamed
M'Barek
R'Gueibi
Yéya
Mahjoub Legzal
Lefairess Mohamed
Lamin
Femmes violées ou qui ont avorté à cause d'actes violents
Gajmoula ment Khatri ould
Bouchalga (violée)
Lalla ment Mohamed Abdou
(avortée)
B. Saccage de commerces sahraouisÝ:
Avenue de Skaikima:
Ahl ould Cherif
Salek ould Said
Mohamed Zraiguinat
Avenue de Bou-Craa:
Ahl Kintaoui
Sidi ould Nafaa
Mohamed Salek ould
Did
Avenue de Smara:
Brahim ould Hammad
Hamma ould Baiba
Abl Joumani
C. Maisons saccagées et familles agressées par les forces d'occupation et les milices de colons marocains:
Ahl Ahmed ould
Blail
Ahl Masoud ould
Blail
Ghalia Boulehya
Ahl Brahim Mohamed
Ahl Laaroussi ould
Baya
Gajmoula ment Najem ould
M'barek
Ahl Abdesalam ould
Mohamed
Brahim Bouzeid
Mohamed
Ahl Mohamed Mouloud
Aa
Ahl Mohamed Salem
Aimar
Ghouilia ment Sid
Hamoud
Fadli ould Boukhari
Ahl Hamma ould
Rachid
Ahl Mustapha ould
Mailed
Ahl Ahmed Taleb
Ahl El Khair ould Ahmed
Taleb
Ahl Bouchalga
Ahl Haj Bouzeid
Ahl Bazid ould El
Ghaouth
Ahl Bilal ould el
Bachir
Laila ment Labdi
El Kouri Bousalem
Lehbib ould Zeidan
Oudadi ould Abazid
Mohamed Salem ould
Bachir
Raguia Laassiri
Ahl Mouloud a Hay
Rahma
Ahl Hamdi ould
Maatallah
Ahl El Amria
Ahl Lemin Mohamed
Fadel
Ahl El Kotb Yaddih
Ahl Hamma ould
Zaidan
Ahl Edaighach
Ahl Slaima ould
Habadi
Ahl Slaiman Dah
Ahl Alayat
Ahl Mohamed Yaagoub ould
Kaka
Ahl Mohamed Fadel ould
Lehbib
Ahl Bachri
Ahl Sid Brahim
Ahl Snaiba
Ahl El Balaoui
Ahl Sidi Yahya
Ahl Mohamed ould Mohamed
Abdellah
Ahl Mohamed Lamin ould
Lehbib
Ahl Bouamoud
Ahl Daoud Mohamed
Ahl Saidah ould
Mayara
Ahl Bhaya
D. Arrestations récentesÝ: 1,2, et 3 novembre 1999
El Arbi Salek Mohamed
Salem
Brahim El Mahjoub
Mouloud
Abdellah Daoud
Hsaina Abdelouhab
Daoud Lehbib
El Arbi Moussaoui
Filali Hammoudi
N.B. ce bilan prend en compte uniquement les cas qui ont
été présentés par les familles ou les
témoins.
Campements de réfugiés sahraouis, 4 novembre 1999