Le Dr Salim Ahmed Salim, Secrétaire Général de l'OUA a présenté le 26 février 1996, à l'issue de la 63me Session ministérielle, son rapport sur les activités de l'Organisation. Concernant le Sahara Occidental, le Secrétaire Général a exprimé sa conviction de la nécessité du dialogue entre les deux parties au conflit, tout en informant le Conseil de la situation au Sahara Occidental en ces termes:
"Au cours de la période considérée, le processus
d'identification des électeurs au Sahara Occidental a
continué d'être entravé par d'énormes
difficultés, notamment la question des 100'000 demandes
présentées par le Maroc, demandes émanant des
électeurs résidant au Maroc, ainsi que la question des
électeurs appartenant à certaines tribus
spécifiques qui, selon le POLISARIO, ne sont pas
représentées par une sous-fraction dans le recensement
effectué par les espagnols en 1974.
Au début de décembre de l'année dernire, j'ai
reçu un message du président de la RASD, M. Mohamed
Abdelaziz qui a exprimé la profonde préoccupation de
son gouvernement sur les consultations en cours à
l'époque au sujet des modalités d'identification des
électeurs faisant l'objet de litige.
Le Président sahraoui a mis en garde contre toute
récidive qui pourrait entraîner une modification
éventuelle de la liste des électeurs, ce qui serait
contraire au plan de rglement des Nations Unies. Celui-ci stipule
clairement que le recensement effectué par les espagnols en
1974 constitue l'unique base pour l'identification des Sahraouis
devant participer au Référendum.
J'ai également reçu un message du Ministre
algérien des Affaires Etrangres qui a exprimé des
préoccupations similaires de la part de l'Algérie en sa
qualité d'observateur officiel du processus de mise en oeuvre
du plan de paix.
Compte tenu de la crise qui subsistait, j'ai consulté le
Président en exercice. Au regard de la gravité de la
situation et en particulier les dangers qu'elle posait au Plan des
Nations Unies, le Président en exercice et moi-même
avons décidé de demander au Représentant
permanent de l'Ethiopie auprs des Nations Unies et au
secrétaire exécutif de l'OUA à New York de faire
part de nos préoccupations au Président du Conseil de
Sécurité des Nations Unies. Ils ont été
chargés de le convaincre de la nécessité pour le
Conseil d'examiner sérieusement les conséquences d'un
possible rejet par l'une des parties des dispositions du projet de
résolution dont le Conseil est saisi.
Nous avons par ailleurs encouragé, le Conseil de
sécurité à aborder la question avec prudence et
à s'efforcer de trouver une solution qui pouvait faire avancer
la mise en oeuvre du plan de rglement et éviter, ainsi toute
action dont les retombées seraient néfastes. Nous avons
également saisi l'occasion pour réitérer qu'il
était dans l'intérêt de l'OUA de veiller à
ce que le plan des Nations Unies soit mis en oeuvre au moyen d'un
véritable référendum qui garantirait la paix
pour le peuple sahraoui et, partant contribuera à restaurer la
paix, la sécurité et la stabilité dans la
région. Nous avons aussi estimé qu'il est d'une
importance vitale que toute proposition reçoive de
préférence l'aval des deux parties, où au moins
ne soit pas rejetée par l'une des parties.
Compte tenu des difficultés rencontrées dans la mise en
oeuvre du plan de paix, le Secrétaire Général de
l'ONU a décidé de dépêcher un
envoyé spécial dans la région en la personne de
M. Gharekhan et ce, au début de janvier pour des consultations
avec les parties ainsi qu'avec l'Algérie et la Mauritanie afin
de parvenir à une plate-forme commune sur les questions en
suspens dans le but de faire avancer le processus.
Depuis lors, le Conseil de sécurité des Nations Unies a
adopté le 29 janvier 1996 une résolution prorogeant le
mandat de la MINURSO jusqu'au 31 mai prochain. Le Conseil a
exprimé sa profonde préoccupation quant à
l'impasse dans laquelle se trouve le plan de paix. En outre, il a
demandé aux deux parties de coopérer avec le
Secrétaire Général de l'ONU et la MINURSO.
Tour en oeuvrant à la réactivation du processus
d'identification, et afin de surmonter les obstacles entravant la
réalisation du Référendum, le Conseil a,
à travers sa dernire résolution, encouragé les
deux parties pour chercher les voies et les moyens à
même de créer une atmosphre de confiance mutuelle qui
puisse permettre l'aboutissement du plan de paix tel
qu'accepté par les deux parties.
La situation au Sahara Occidental demeure toujours une source de
graves préoccupations puisqu'aucun progrs tangible n'a
été accompli pour surmonter les difficultés
actuelles auxquelles se trouve confronté le processus
d'identification. Il faudrait examiner toutes les possibilités
et déployer beaucoup d'efforts en vue d'aplanir les
différents entre les deux parties. A cet égard, je
crois qu'il est important d'instaurer le dialogue entre elles pour
parvenir à une plate-forme commune sur les questions
litigieuses et sur toutes les autres questions, ce qui permettrait de
trouver une solution durable et pacifique au conflit.
Pour sa part l'OUA continuera à apporter son soutien total aux
Nations Unies dans la mise en oeuvre du plan de paix pour le Sahara
Occidental.