Monsieur le Président,
En sa qualité d'observateur officiel du processus de rglement
du conflit du Sahara occidental, et au titre de ses contributions
multiformes à la MINURSO, et de son souci de voir une solution
pacifique, juste et définitive à la question du Sahara
occidental, l'Algérie souhaiterait vous faire part de ses
appréciations et observations sur le contenu du rapport du
Secrétaire général de l'ONU sur la situation
concernant le Sahara occidental, en date du 24 novembre 1995
(S/1995/986).
Les membres du Conseil de sécurité savent que
l'Algérie avait fortement appuyé le plan de rglement
élaboré conjointement par l'ONU et l'OUA, et
s'était félicité de son acceptation par les deux
parties au conflit et par son adoption par le Conseil de
sécurité et l'ensemble de la communauté
internationale.
Depuis lors l'Algérie, au travers de son soutien aux efforts
de l'ONU et de l'OUA, a toujours agi avec responsabilité et
confiance, en ayant à l'esprit d'assurer pour sa part, les
meilleures conditions au succs de la mission des Nations unies en
vue de l'organisation d'un référendum
d'autodétermination juste, impartial et crédible.
C'est précisément le souci de crédibilité
et d'effectivité du référendum qui motive
l'engagement et l'appui de la communauté internationale pour
que, notamment, grâce à l'application rigoureuse et
scrupuleuse du plan de rglement, l'opération des Nations
unies ne soit pas contestée dans sa probité en
étant détournée vers l'organisation d'un
référendum dont l'issue serait
prédéterminée.
Les suggestions contenues dans le rapport du Secrétaire
général introduisent une régression grave dans
les engagements et les assurances trs explicites qui nous ont
été données par le Secrétaire
général et son Représentant spécial par
intérim, et constituent un revirement flagrant par rapport
à la correspondance qui vous a été
adressée le 27 octobre 1995 (S/1995/924). Il avait
été souligné alors que l'opération
d'identification ne saurait se soustraire aux documents
établis par l'administration espagnole, puissance coloniale de
l'époque, comme seuls garants des généalogies
des ressortissants sahraouis.
La voie qui pourrait être ouverte à la modification de
la base électorale, par l'introduction de dizaines de milliers
d'électeurs nouveaux, ne peut que satisfaire la partie au
conflit qui défend la thse du référendum
confirmatif.
En sa qualité d'observateur officiel du processus de
rglement, l'Algérie tient à vous faire part de son
inquiétude devant de telles perspectives qui comportent des
risques sérieux pour l'avenir du processus de rglement et sur
l'avenir de paix et de stabilité auxquels le Conseil de
sécurité ne saurait demeurer insensible.
En vous priant de bien vouloir faire porter la teneur de cette lettre
à la connaissance des Etats membres du Conseil de
sécurité, je vous prie de croire, Monsieur le
Président, à l'assurance de ma haute
considération.
Signé: Mohamed Salah Dembri