Nafaa Salem
Chères sœurs et frères sahraouis :
Il s'agit pour
moi de savoir où mène ce labyrinthe
référendaire qui me paraissait irraisonnable en terme
politique. Non sur le nombre des années d'attente vécues,
ce qui en soi ne signifierait que peu de choses. Mais bien plutôt
sur l'intention préconisée par ce Plan Onusien, renvoyé aux calendres Grecques ?
La
stupidité appelée autonomie, un autre lien sans hasard
qui en ces derniers temps s'est bien vite révélé
un conte en l’air. Il est tellement logique que nous, les Sahraouis, ne
nous chauffons pas du même bois, mais Comment ? Pourquoi et sur
quelle base ? Au nom du Dieu, comment pouvons-nous, nous les Sahraouis,
négocier une autonomie avec les Alaouites de Rabat ?
Autonomie ? Le Palais de Rabat et son « repère » aux
Champs Elysée n'ont épargné aucun effort pour en
faire une solution magique. Le mal c'est que des Sahraouis s'engagent
à leur « manière » dans ce jeu si dangereux.
Cette approche s'inscrit dans une campagne ouverte par l'adoption des
tendances malignes de l'ennemi qui tendent à criminaliser le
Polisario à l'égal des organisations terroristes et
corruptrices en le diabolisant et en banalisant ses acquis au
mépris des immenses sacrifices consentis par le peuple Sahraoui
et par les braves résistants dans les zones occupées pour abattre l'horrible
monstre marocain. L´avortement criminel du Plan du Paix qui
visait la naissance d'un bébé prématuré
nommé « Autonomie » a suscité une
levée de boucliers chez les tartuffes de la prétendue
« Voie pacifique » du conflit. J´appelle
sincèrement tous les nobles Sahraouis à condamner
cette approche et à soutenir notre choix de vivre librement et
de ne pas rester inactifs face à cette mesure
scélérate dirigée contre notre histoire
tracée d'honneur et de dignité.
Quelle contradiction ! Le monde nous propose l'indépendance et
nous plaidoyons pour l'autonomie. Ce choix de mêler
deux modèles si lointains, si différents, me fait
d'emblée frissonner : parce que précisément
l'histoire m'a appris la puissance infinie du lien qui s'établit
entre honneur et bassesse et la force commune qui leur
donnait deux sens parallèles et un cheminement bien
adéquat pour l'un et pour l'autre.
Il est d’ailleurs scandaleux que quelques compatriotes, militants non
repentis qui n’ont jamais renié leurs ambitions pour
l’indépendance, se réarment à la hussarde et en
passant du blanc au noir, hurlent si fort avec les autres loups ! Il
est désolant que nos frères, pour des raisons
politico-économiques se joignent à ce concert de dite
autonomie et que d'autres, peut être par manque de patience,
brident l’âne par la queue et coupent l’arbre pour avoir le fruit.
Plus que jamais il faut rappeler que le principal ennemi du peuple
Sahraoui siège à Rabat et bénéficie du
soutien inconditionnel de la France et plus que jamais
l’intérêt du peuple Sahraoui, l’intérêt du
Maghreb, est l’indépendance du peuple Sahraoui.
La coupe a débordé et voilà, nous sommes parvenus ensemble
à une époque qui est elle-même le fond d'un
labyrinthe et c´est notre patience qui a engendré ce
statu quo, car nous sommes restés si sages dressés sous
la main des sculpteurs qui nous ont imprimé
n´importe quelle forme et nous avons vécu longtemps dans l’impuissance de nos propres faux-semblants.
À bon entendeur salut. Nous sommes les Sahraouis et notre terre
et foyer est le Sahara Occidental et il y va de la vie. Ce qui ne veut
pas dire autre
chose, quelque chose dont parle cet appel, précisément.
Quelque chose que deux ou trois des mots que j'ai laissés ici
murmurent à leur manière et l’indiquent.
Je souhaite de tout mon coeur que vous sachiez les écouter, et plus tard les entendre.
Votre frère, Nafaa Mohamed Salem.
02.11.06