Je choisirais mon peuple,
Je choisirais les membres de mon peuple,
Je vous choisirais un par un,
Descendants de ma mère et adeptes de ma doctrine.
(...)
Je vous donnerais tous les droits,
Je vous donnerais le droit de me servir,
Et d'accrocher mes portraits sur vos murs,
Et ça c'est un droit qui vous appartient ! (…)

Le discours du Dictateur Arabe.

Mahmoud Derouiche

Dans l'introduction de ce long poème Mahmoud Derouiche précise : « c'est le Dictateur Arabe qui m'a chargé de prononcer ce discours par intérim à son nom ». Cette précision peut apparaître inutile pour tous ceux qui ont déjà lu Derouiche, cependant, ce dernier insiste. Ce n'est pas lui qui va choisir son peuple mais c'est bel et bien le Dictateur Arabe.

En lisant l'opinion de Monsieur Pseudo Najem Moh A. Ahmed « Permítanme que lo dude », des souvenirs très lointains se sont réveillés en moi, un mélange de joie et de douleurs qui tissait les jours et les nuits d'un militantisme irréprochable dont les poèmes de Derouiche représentaient un espace de refuge, d'évasion et de liberté.

A ma connaissance, jamais les poèmes de Derouiche n'ont été utilisés hors d'un contexte similaire à celui dont ils ont été initiés. Essayer de mettre le chariot devant le cheval est une tromperie démasquée depuis des siècles !

Loin d'être le porte parole des auteurs du communiqué adressé aux Nationalistes Sahraouis et du communiqué explicatif qui l'avait suivi, et loin de prendre la défense ni de leur action ni de leur programme encore inconnu, en tant que simple nationaliste sahraoui, qui a beaucoup hésité avant de réagir, j'aimerais remercier M. Pseudo Najem Moh. A Ahmed, c'est grâce à son discours que la décision est tombée : clarifier la situation.

1. Nul ne peut nier que le Front Polisario est le représentant légitime du Peuple Sahraoui, néanmoins il ne faut pas que le destin de ce peuple soit lié à des individus qui pensent devenus intouchables et inchangés.

2. Quelques membres de la direction actuelle du F. Polisario ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, il s'agit des exactions à l'encontre et des prisonniers de guerre marocains et des citoyens sahraouis des campements. Ces exactions varient entre la disparition la torture et les exécutions sommaires.

3. Accuser toutes initiatives de changement pacifique de complicité avec la Maroc est un mensonge que personne ne pourrait croire. C'est d'ailleurs par ce mensonge que des centaines de citoyens sahraouis des campements ont été incarcéré au secret, et torturés pendant plusieurs années, les survivants d'entre eux sont actuellement dispersé entre le Maroc, les campements et l'étranger.

4. Malgré les appels répétitifs des organisations internationales de défense des droits de l'homme, notamment Amnesty International, les responsables des violations des droits de l'homme ainsi que les tortionnaires jouissent de toute impunité. Plus grave encore, ils occupent des postes de responsabilité au sein du F. Polisario et au gouvernement de la RASD.

5. La légitimité de la direction actuelle est un vieux jeux orchestré par celle-ci qui choisit minutieusement ses électeurs parmi les fidèles des fidèles. Le dernier congrès n'est qu'un exemple flagrant de cette mauvaise habitude qui ne tiendra pas le coup pour longtemps. En plus du gaspillage des ressources (moyens de transport, logements, nourritures ...) qui appartiennent au peuple, ce dernier était éloigné et des discussions et des décisions. Résultat, les mêmes têtes portants des chapeaux de couleurs différentes !!!

6. L'ampleur de la crise interne a bouleversé complètement les intentions et les intérêts de la population des campements d'une telle manière qu'elle a perdu toute confiance dans la direction actuelle, son seul et unique souci, face à l'impuissance et à la corruption, est de se battre par tous les moyens afin de garantir dignement un minimum vital. Les nombreuses protestations manifestées récemment par des grèves de travail n'ont abouti à aucun résultat, pire l'incitation de tous les opposants présumés à rejoindre le Maroc.

7. L'actuelle direction est responsable des multiples concessions qui symbolisent la déperdition des acquis du peuple sahraoui, sans que celui-ci ait la possibilité d'en discuter. Conséquence, le Maroc se trouve, plus que jamais, dans une situation confortable à un tel point qu'il avait osé résoudre le conflit du Sahara Occidental hors du cadre onusien et à l'absence du représentant légitime du peuple sahraoui. Cependant, le régime marocain n'avait pas pris en considération la volonté et la détermination du peuple sahraoui d'acquérir son droit à l'indépendance indépendamment de la direction actuelle et de tous ses engagements.

8. S'accrocher au plan Backer II comme initiative idéale pour la résolution du problème du Sahara Occidental est une illusion qui éloigne notre retour à notre pays indépendant plus qu'elle ne l'approche. L'acceptation de ce plan par la direction actuelle fut la grave erreur politique à ne pas commettre. Réduire notre Etat Sahraoui à une soit disant Autorité du Sahara Occidental et attendre cinq ans pour qu'un référendum, dont nous ignorons les votants et les résultats, soit organisé est une destruction diplomatique qui vise le noyau de l'entité nationale sahraouie.

Pour conclure, et puisque les cordes du mensonge sont très courtes, laissons les préjugés à part, ne soyons pas des juges et des accusés à la fois, l'histoire est notre seul arbitre.

A. Sid Brahim
Réfugié Sahraoui

08.08.04