La mentalité marrakchie érigée en politique
d’État, au cours des dernières décennies, par le
cercle restreint et fermé qui détient la
réalité du pouvoir au sein du Front Polisario a
entraîne au sein de la société et des élites
sahraouies, d’une manière rapide et surprenante, ce que
Friedrich Nietsche appelle une profonde « transmutation des
valeurs ».
En transformant
l’espace public sahraoui (dans les campements de réfugiés
et les zones libérées de la RASD) en place jama’â
Lafna où tout se vend et s’achète y compris la
dignité humaine, elle a eu des répercussions très
négatives sur l’esprit et la manière de penser d’un
peuple bédouin, d’habitude, profondément, franc,
sincère et généreux.
Les stigmates sur le corps et l’âme sahraouie sont devenues depuis lors frappantes et manifestes.
En plus de façonner un discours officiel dont la marque est
décidément l’hypocrisie et le manque flagrant de
sincérité, la volonté d’ « avoir l’autre
», le tromper et s’en servir, de manière provisoire, dans
le cadre de ses plans de carrière avant de le jeter comme un
citron pressé, la mentalité marrakchie s’est clairement
manifestée dans les politiques de clientélisme, de
tribalisme, d’exclusion et de marginalisation systématique des
cadres et des élites jugés « gênantes »
pratiquées par l’actuelle direction du F. Polisario.
Cette
mentalité marrakchie et ces politiques makhzeniennes ont fait,
faut-il y insister, les plus grands torts au Front Polisario, à
ses élites, et à ses militants et militantes. Elles ont
eu les plus graves et lourdes conséquences sur
l’évolution du F. Polisario, sur le moral, la motivation et le
degré d’engagement du peuple. Elles ont engendré les
graves préjudiciables crises et dérives dont le mouvement
sahraoui a eu à pâtir au cours des dernières
décennies.
A l’heure où le Maroc et les pions sahraouis à sa merci
préparent de « majestueuses » funérailles au
Front Polisario,
A l’heure où la nécessité d’un sursaut national se
fait de plus en plus urgente et pressante pour barrer, encore qu’il est
temps, la route à l’occupant marocain et contrer ses
machiavéliques desseins,
Il est urgent de souligner que cela serait de l’ordre de l’impossible
tant et aussi longtemps que l’actuelle équipe dirigeante du
Polisario, ou du moins ceux d’entre ses membres qui détiennent
la réalité du pouvoir, n’aurait pas rompu
définitivement avec sa mentalité marrakchie et
montré au peuple sahraouie, preuves à l’appui, que le F.
Polisario n’est plus et ne sera plus un petit makhzen, comme l’autre,
dont la raison d’être est de servir, sans état
d’âme, un petit roi dont la volonté de s’accaparer,
advitam aeternam, du pouvoir pour continuer de jouir des
privilèges qu’il procure, n’est plus à démontrer.
18.03.07