Après dix ans de règne ininterrompu à la
tête de l’organisation des Nations unies, Kofi Annan tire sa
révérence. Il le fait aujourd’hui sans laisser, faut-il y
insister, de souvenirs impérissables chez ceux et celles,
nombreux à travers le monde, qui ont fondé beaucoup
d’espoir sur ce « digne fils » de l’Afrique qui avait au
départ, il est vrai, toutes les possibilités de
réussir.
Convaincu que
les Nations unies sont indispensables pour un monde unipolaire et en
recomposition constante et perpétuelle, un monde auquel elles peuvent
beaucoup offrir, le « digne fils de l’Afrique », s’est,
apparemment, lourdement trompé sur son propre compte.
Surestimant, semble-t-il, ses capacités réelles,
politiques morales, Kofi Annan a, il est vrai, placé la barre,
dès son investiture à la tête des Nations unies, la
barre très haute.
Décidé d’éteindre tous les brasiers, ou du moins la majorité d’entre eux, qui consument la planète, et d’être la « voix morale » et le réformateur résolu d’une organisation largement sinistrée et discréditée par des décennies de gestion catastrophique sous le corrompu, Perez de Cuellar et le pharaon, Boutros Ghali, l’ancien secrétaire général des Nations unies semble avoir échoué, pitoyablement, à concrétiser ne serait-ce qu’une infime partie de son ambition.
Ébloui
par le pouvoir et ses multiples, petits et grands, privilèges,
le « digne fils de l’Afrique » s’est rapidement converti
à la real politique. Ne concevant le monde que comme un champ de
bataille où les petits, les faibles et les sans grades ne
peuvent espérer échapper à leur « sort fatal
», Kofi Annan, le diplomate chevronné et
expérimenté, est progressivement devenu l’instrument
docile des États-Unis et de la France, celui qui, sans
états d’âmes, n’hésite pas à
exécuter, servilement, leurs politiques coloniales en Palestine,
en Iraq, en Afghanistan, au Sahara Occidental et dans bien d’autres
régions du monde.
L’implication de
son propre fils dans des affaires de corruption constatées dans
la gestion du programme, « pétrole contre la nourriture
» ont, à coup sûr, porté un coup
décisif à la réputation de «
secrétaire général propre » que le «
digne fils de l’Afrique » a voulu forger.
A l’heure du bilan, il faut bien reconnaître que Kofi Annan
quitte l’organisation des Nations unies dans un pire état qu’il
ne l’a trouvé, il y a une décennie.
Comme beaucoup
de ses prédécesseurs que le pouvoir et ses fastes ont
éblouis, il a fini par renier ses nobles et grands principes de
justice et de paix. Il a accepté de se contenter du rôle,
peu digne, de l’« entremetteur » entre les principaux
membres occidentaux du Conseil de Sécurité (Les
États-Unis et la France) pour les aider à se partager,
comme au bon vieux temps des Empires, les zones d’influences et les
butins de leurs incessantes guerres coloniales «
préventives ».
C’est certainement là l’une des raisons qui expliquerait l’indifférence souveraine des Sahraouis, des Palestiniens, des Irakiens, des Afghans, des Libanais, et de bien d’autres peuples en lutte pour leur dignité, au départ de l’inconsistant Annan; celui sur lequel ils ont eu, l’impardonnable naïveté de fonder d’injustifiables espoirs pour les aider à triompher de leurs oppresseurs.
31.12.06