Les raisons d'une fiévreuse agitation
Baba M. Sayed
Le Royaume du Maroc ne cesse de multiplier, au cours des dernières semaines, et sur tous les fronts, les signes manifestes d'une vive inquiétude et d'un sérieux et réel énervement. Les attaques frontales, souvent mesquines et d'une violence inouïe, contre l'Algérie, à côté de la litanie de lettres adressées aux organisations internationales par de supposées organisations de la société civile marocaines, qui, ne sont, généralement, que des façades à peine déguisées des services du ministère de l'intérieur marocain, pour les alerter sur de prétendues violations des droits de l'homme dans les campements de réfugiés sahraouis, n'en sont que les manifestations les plus perceptibles et évidentes.
Alors qu'elles sont les raisons de cette fiévreuse agitation ?
En fait, elles sont multiples et nombreuses. Nous nous contenterons, dans le cadre de cette tribune, d'en recenser quelques-unes qui nous paraissent, plus que d'autres, plus significatives.
Pendant les trente dernières années, le Royaume du Maroc a été considéré comme l'allié stratégique exclusif de l'Occident dans la région du Maghreb et, à ce titre, porté à bout de bras par la France et les Etats-Unis d'Amérique pour ne parler que de ces deux puissances. Sa sécurité et sa stabilité étaient jugées vitales pour la sécurité et la stabilité du camp occidental dans son ensemble.
Cette alliance avec les pays occidentaux reposait, et comme le précise Gilles Perrault [1], sur un contrat dont les clauses sont d'une simplicité désarmante : le roi du Maroc pourrait faire ce qu'il veut « chez lui », mais sur le plan international, il doit suivre et appliquer à la lettre la politique que lui dictent ses « alliés » occidentaux.
Avec la fin de la guerre froide, les calculs des puissances occidentales ne sont plus, c'est l'évidence même, dictées par les mêmes considérations de leadership et de lutte idéologiques qui étaient de mise pendant la période de lutte contre le communisme.
Désormais la guerre que les puissances occidentales ont décidé de livrer est d'un autre ordre. Elle est essentiellement à caractère économique. Elle a pour objectif fondamental de leur permettre de réaliser sinon une main basse sur les richesses énergétiques du monde du moins un approvisionnement facile et non problématique de ces mêmes richesses.
Le Royaume du Maroc, surendetté, miné de l'intérieur par de multiples et inextricables problèmes internes et dépourvu de richesses énergétiques, sait désormais qu'il ne pourrait plus et ce, quoi qu'il fasse, conserver son statut d'allié exclusif des puissances occidentales dans la région du Maghreb.
Face à une Algérie aguerrie, qui, a retrouvé, sous le président Abdelaziz Bouteflika, sa santé économique, sa stabilité intérieure et son rang sur le plan international, le Royaume de sa « Majesté » sait décidément que « la partie » s'annonce particulièrement difficile. Il sait désormais, et à moins d'un miracle inattendu et inespéré, que sa marginalisation et sa perte d'influence sont, dorénavant, inscrites dans la nature d'une évolution internationale et régionale inexorables.
Pour conjurer le sort et éviter de succomber à une situation qui risque de lui être fatale, le régime marocain semble parier sur ce qui lui paraît, dans les circonstances actuelles, le plus urgent : Tout faire pour « consacrer », au cours des prochains mois, dans le cadre des Nations unies, « la marocanité » du Sahara Occidental.
Dans l'esprit des dirigeants marocains, cela devrait leur permettre, d'une part, de maintenir éloigné du palais l'essentiel des effectifs de l'armée royale marocaine, l'ennemie irréductible de la monarchie et de la famille royale, et d'autre part, espérer pouvoir un jour trouver dans le sous-sol de l'ancienne colonie espagnole des quantités suffisantes d'or noir susceptibles de leur donner la possibilité et la « chance » de reprendre, comme par le passé, leur guerre contre l'Algérie.
04.06.06
[1] Perrault, Gilles, Notre ami, le roi, Gallimard, 1990
Las razones de una fiebrosa agitación
El Reino de Marruecos no deja de multiplicarse, durante las últimas semanas, y sobre todos los frentes, las señales manifiestas de una viva inquietud y una seriedad y verdadero énervement. Los ataques frontales, a menudo pequeños y de una violencia inaudita, contra Argelia, junto a la letanía de cartas dirigidas a las organizaciones internacionales por supuestas organizaciones de la sociedad civil marroquíes, que, so'lo están, general, de las fachadas apenas disfrazadas de los servicios del Ministerio de Interior marroquí, para alertarlos sobre supuestas violaciones de los derechos humanos en los campamentos de refugiados sahraouis, so'lo es las manifestaciones más perceptibles y más evidentes.
¿Mientras que son las razones de esta fiebrosa agitación?
En realidad, son múltiples y numerosas. Nos limitaremos, en el marco de esta tribuna, a contabilizar algunos que nos parecen, más que otros, más significativos.
Durante los treinta últimos años, el Reino de Marruecos fue considerado como el aliado estratégico exclusivo del Occidente en la región del Magreb y, a este respecto, elevado a final de brazo por Francia y Estados Unidos de América no hablar más que de estas dos potencias. Su seguridad y su estabilidad se juzgaban vitales para la seguridad y la estabilidad del campo occidental en su conjunto.
Esta alianza con los países occidentales descansaba, y como lo precisa Gilles Perrault [1], sobre un contrato cuyas cláusulas son de una simplicidad que desarma: el rey de Marruecos podría hacer lo que quiere "en él", pero a nivel internacional, debe seguir y aplicar a la carta la política que le dictan sus "aliados" occidentales.
Con el final de la guerra fría, los cálculos de las potencias occidentales no son ya, es la evidencia misma, dictado por las mismas consideraciones de liderazgo y lucha ideológicas que eran de puesta durante el período de lucha contra el comunismo.
En adelante la guerra que las potencias occidentales decidieron suministrar es de otro orden. Es esencialmente de carácter económico. Tiene por objetivo fundamental de permitirles realizar si no una mano baja sobre las riquezas energéticas del mundo al menos un suministro fácil y no problemático de estas mismas riquezas.
El Reino del Marruecos, surendetté, minado del interior por múltiplos e inextricables problemas internos y desprovisto de riquezas energéticas, sabe en adelante que no podría ya y esto, que que haga, conservar su estatuto de aliado exclusivo de las potencias occidentales en la región del Magreb.
Ante una Argelia ague, que, encontró, bajo el Presidente Abdelaziz Bouteflika, su salud económica, su estabilidad interior y su fila a nivel internacional, el Reino de su "Majestad" sabe definitivamente que "la parte" se anuncia especialmente difícil. Sabe menos en adelante, y a de un milagro inesperado e inesperado, que su marginalización y su pérdida de influencia, en adelante, se inscriben en la naturaleza de una evolución internacional y regional inexorables.
Para conjurar la suerte y evitar sucumbir a una situación que arriesga él ser inevitable, el régimen marroquí parece apostar sobre lo que le parece, en las circunstancias actuales, el más urgente: Hacerlo todo "para consagrar", durante los próximos meses, en el marco de las Naciones Unidas, "el marocanité" del Sahara Occidental.
En el espíritu de los dirigentes marroquíes, eso debería permitirles, por una parte, mantener distante del palacio la parte fundamental del personal del ejército real marroquí, el enemigo irreducible de la monarquía y la familia real, y por otra parte, esperar poder un día encontrar en el sótano de la antigua colonia española cantidades suficientes de oro negro susceptibles de darles la posibilidad y la "oportunidad" de reanudar, como en el pasado, su guerra contra Argelia.
04.06.06
[ 1 ] Perrault, Gilles, Nuestro amigo, el rey, Gallimard, 1990