OPINION

 

Entre une monarchie, corrompue et incivique, et une Algérie digne et fière…

Baba M. Sayed

 

Depuis l'accession d'Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême, l'Algérie qui a retrouvé sa santé et sa vigueur, est en train de reconquérir les terrains perdus au cours des dernières années. C'est désormais l'évidence qui s'impose à tous les spécialistes du Maghreb.

Après une décennie qualifiée de noire qui a meurtri le pays en le transformant, au grand bonheur de son voisin rancunier marocain [1], en laboratoire de toutes les recettes de la violence meurtrière et aveugle, l'Algérie a, semble-t-il, trouvé en son nouveau président, Abdelaziz Bouteflika son homme de salut.

En sa qualité de jeune et brillant ministre des affaires étrangères dans les années soixante, Abdelaziz Bouteflika est arrivé à faire de l'Algérie « un pays porte-parole du tiers monde et l'interlocuteur privilégié dans les rapports entre le Nord et le Sud » [2]. Président de la République de nos jours, Abdelaziz Bouteflika, semble décidé à consacrer l'essentiel de ses énergies et de ses efforts à la tâche, pour lui prioritaire, de réconcilier les algériens avec eux-mêmes [3], de moderniser les structures du pays et d'insuffler une nouvelle dynamique à son économie .[4]

Sur la scène internationale, en fin stratège et diplomate de carrière, le président se montre déterminé à faire retrouver à l'Algérie son prestige et son rang d'antan : [Une fois devenu président, Abdelaziz Bouteflika] se donne la gageure de réhabiliter l'image de l'Algérie dans le concert des nations. Ayant acquis l'intime conviction que l'Algérie constitue l'un des quatre points cardinaux de l'Afrique, il s'intéresse beaucoup aux problèmes de ce continent, et initie à cet effet l'idée du NEPAD, qui est adoptée et suivie par la majorité de ses pairs africains. Il procède aussi à une médiation entre l'Érythrée et l'Éthiopie (en guerre depuis 1997) qui est couronnée par la signature de l'accord de paix d'Alger en 2000. » [5]

Sur la question du Sahara Occidental, le président n'a eu de cesse depuis son accession à la magistrature suprême de réaffirmer la position de principe de l'Algérie, à savoir l'appui ferme et résolu au droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination

Ceux qui s'attendaient (et ils étaient nombreux) à voir le président Bouteflika courber l'échine devant les nombreuses et fortes pressions conjuguées du Maroc, de la France et de l'Espagne, et sacrifier le petit peuple sahraoui sur l'autel de la Realpolitik à l'honneur depuis la dislocation de l'ancienne URSS, n'ont pas caché leur amertume de le voir résolu à n'épargner aucun effort pour faire triompher, sur cette question comme sur d'autres bien semblables (Palestine, Timor-Est…etc.,) la légalité internationale et le droit.

Apparemment déçu par l'absence de volonté de la part des dirigeants marocains de vouloir honorer les engagements qu'ils sont contractés dans le cadre des Nations unies et d' à accepter, enfin, une solution juste, pacifique et durable au conflit qui les oppose aux Sahraouis, le président algérien observe, dans le cadre d'une interview qu'il a accordée au directeur du Nouvel observateur [6], que l'Algérie a tout essayé, mais en vain, pour leur faire comprendre la nécessité de se conformer à la légalité internationale .[7]

En architecte d'une politique étrangère qui s'inspire pour ses grandes orientations des grands principes et valeurs de justice et de droit, le président algérien avoue, et il a parfaitement raison, ne rien comprendre à la mentalité « tordue » de « ses voisins » qui s'obstinent à croire qu'ils pourraient, un jour, lui « forcer la main » sur le dossier du Sahara Occidental et l'amener à « abandonner le peuple sahraoui » à son triste sort .[8] Insistant sur l'attitude choquante des dirigeants marocains, le président s'interroge outré : "Ils veulent me transformer en quelqu'un qui n'a pas de parole, qui lâche ses alliés ?" [9] Et le président de se demander avec indignation: "Comment peuvent-ils me demander ça à moi ? »

En quelques mots, le président algérien a tout dit ou presque. Entre l'Algérie et le Royaume marocain l'antagonisme et l'hostilité ne sont pas seulement dûs à la différence de régime, ils sont aussi et surtout le fait mentalité et d'éthique opposées.

Entre une monarchie marocaine de « droit divin », corrompue et incivile, cheval de Troie de la France dans le Maghreb, Une monarchie, où tout se vend et s'achète comme dans un souk, y compris la dignité humaine, et une Algérie jalouse de son indépendance et réfractaire à toute forme d'ingérence ou d'influence étrangère, il semble désormais que l'heure n'est plus aux « amitiés de circonstances » sitôt célébrées aussitôt reniées et dénoncées.

Du moment où les orientations politiques et philosophiques sont incompatibles et les positions et les stratégies pour les défendre inconciliables, les retrouvailles réelles espérées ne peuvent, dorénavant, se réaliser que dans le cadre d'un partage des aspirations et convictions communes ou par le moyen d'un rapport de force qui mettrait définitivement fin aux ambiguïtés des rôles et des rangs…

10.05.06


NOTES

[1] L'on se souvient de la tonitruante déclaration de Hassan II quand il se félicitait publiquement du fait que l'Algérie soit devenue un laboratoire de la violence, donc un repoussoir, ce qui permet à son Royaume de se mettre en valeur et d'apparaître comme un havre de paix.

[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelaziz_Bouteflika

[3] Gakunzi, David, Abdelaziz, Bouteflika : le choix de la paix, Paris, l'Harmattan, 2003

[4] « L'Algérie profite depuis 1999 d'un conjoncture économique très favorable due à la hausse du prix du pétrole, l'État en profite pour mener une politique de grands travaux : réalisation de grands chantiers, contruction de grandes infrastructures publiques. » http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelaziz_Bouteflika

[5] http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelaziz_Bouteflika

[6] http://www.liberte-algerie.com/edit.php?id=57298

[7] Idem

[8] Idem

[9] Idem


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