L'Intifada des zones occupées du Sahara occidental peut se sentir fière d'avoir réussi l'extraordinaire pari d'adapter le combat du peuple sahraoui qui paraissait, il y a peu, à certains « anachronique » aux incontournables exigences de l'après 11 septembre 2001. En en faisant un combat démocratique et pacifique, l'Intifada sahraouie a inscrit, au grand bonheur du peuple sahraoui, la confrontation « occupant marocain- occupé sahraoui » dans un nouveau cadre de légitimité qui a, en plus d'avoir projeté la question sahraouie au devant de la scène internationale, redonné opportunément espoir et confiance en soi à un peuple qui en avait un grand besoin.
Après deux décennies d'une âpre et difficile lutte livrée par le peuple sahraoui contre un occupant roué et déterminé, une lutte qui en affaiblissant sa direction a entamé, en grande partie, son courage et sa détermination, l'Intifada est venue, à point nommé, bouleverser, de manière inattendue, les données d'une situation que l'on croyait, jusqu'à il y a quelques mois encore, être irrémédiablement en faveur de l'occupant et propice à la mise en uvre de ses diaboliques desseins.
A l'image de celle entamée, il y a quelques années et dans des conditions historiques presque semblables, par les populations palestiniennes dans les zones occupées par Israël, l'Intifada sahraouie est venue montrer à l'ennemi marocain et à la communauté internationale que les peuples tant et aussi longtemps qu'ils sont convaincus de la justice de leurs combats et déterminés à y consentir les sacrifices nécessaires, ne peuvent être vaincus, et ce, quelque soient la supériorité et les moyens dont pourraient disposent leurs ennemis du moment.
Comme celle des Palestiniens, il y a quelques années, l'Intifada sahraouie est venue, avant tout suppléer, d'une part, l'impuissance congénitale de la direction politique qui avait « officiellement » en charge l'organisation de la lutte nationale (dans le cas palestinien l'OLP, dans le cas sahraoui, le Polisario), et d'autre part, rappeler aux complices de l'occupant que les semblants de solutions arrachés par la force et le chantage à des directions peu représentatives (dans le cas palestinien, les accords d'Oslo, dans le cas sahraoui, le plan Baker d'autonomie) ne peuvent être imposées et acceptées par les peuples qui demeurent les seuls détenteurs (après Dieu) de la souveraineté. Ces semblants de solutions ne peuvent, tout au plus et dans les meilleurs des cas, que compliquer les possibilités et les chances de solutions adéquates et appropriées.
Comme dans le cas palestinien, l'Intifada sahraouie a été appréciée par l'ensemble du peuple sahraoui à son juste titre, comme une véritable bouée de sauvetage inespérée au moment précis où le bateau sahraoui, qui a pris de l'eau de toutes parts, commence à tanguer.
Aux blasés et cyniques apparatchiks, corrompus et usés jusqu'à la corde par le pouvoir, qui ont occupé, de manière ininterrompue, les devants de la scène et se sont appropriés le pouvoir et monopolisé la parole et les ressources, l'Intifada sahraouie, comme dans le cas palestinien, est venue annoncer l'arrivée sur les marches du pouvoir d'une combative et généreuse génération proche du peuple et résolue à en être la fidèle et déterminée interprète. Une génération qui annonce, après un interminable et rigoureux hiver, le printemps tant attendu et espéré. Et avec lui le goût et la fraîcheur du combat solidaire et fraternel qui transcende dans son essence et ses buts les divisions de tribus et de clans tout comme les intérêts égoïstes et mesquins d'une caste ou d'une classe.
Comme dans le cas palestinien où l'Intifada est venue rappeler à l'occupant sioniste que la résistance populaire est plus que jamais résolue à lui arracher les droits du peuple palestinien qu'il a injustement spoliés, l'Intifada sahraouie a montré à l'occupant marocain, qui, croyait, pendant un certain temps, avoir réussi, de manière irréversible, face à la direction sclérosée et dégénérée du Polisario, à imposer son implacable loi de vainqueur, que le véritable combat populaire vient juste de commencer
Grâce soit rendue à Celui qui fait sortir le vivant du mort et le mort du vivant
20.01.06
Je voudrais, ici, m'associer à la joie des enfants, parents et proches d'Aminattou Haidar, qui, vient après de longs mois de détention, de retrouver sa liberté et lui témoigner mon amitié et ma solidarité. Je formule en même temps l'espoir que les frères sahraouis, qui sont toujours en détention puissent rapidement, à leur tour, bénéficier de leur liberté.