La reconnaissance par l'Uruguay de la RASD, à la veille d'une réunion très attendue du comité des relations extérieures du Polisario, est un véritable exploit réalisé par M. Ould Salek, ministre des Affaires étrangères de l'entité sahraouie. La fureur des autorités marocaines et leur charge peu diplomatique contre le gouvernement uruguayen n'ont fait qu'en souligner, de manière officielle, l'importance et l'opportun timing. Ce coup de force diplomatique, après celui de l'Afrique du Sud et du Kenya, vient rappeler aux autorités du Maroc et à la communauté internationale une réalité décidément incontournable, à savoir que la question du Sahara Occidental n'est pas - n'a jamais été- close comme le laisserait croire le discours lénifiant, trompeur et indigeste des autorités marocaines. L'intifada des zones occupées et la reconnaissance par l'Uruguay de la RASD, une reconnaissance qui serat, à n'en pas douter, suivie d'autres, sont des signaux qui ne trompent que ceux et celles qui veulent bien l'être. Ils sont la preuve que le peuple sahraoui, malgré les blessures et les coups encaissés, n'a pas été vaincu et qu'il est toujours debout et fermement déterminé à arracher ses droits à la liberté et à une vie digne.
Cela dit, il nous faut quand même reconnaître et souligner, pour être objectif, qu'une hirondelle ne saurait faire le printemps. Et à cet effet, rappeler que la direction du Polisario vit, depuis les dernières années, un état de déliquescence et de décomposition tellement avancées qu'une victoire aussi importante que celle de la reconnaissance par l'Uruguay de la RASD ne saurait, d'aucune manière, nous en faire oublier, si rien n'est immédiatement entrepris pour la contenir et y remédier, les prévisibles tragiques conséquences pour le peuple sahraoui.
Pour éviter que le coup de force magistral que constitue la reconnaissance par l'Uruguay de la RASD ne soit pas, à l'avenir, un inutile coup d'épée dans l'eau, il faut que le ministère des Affaires étrangères sahraoui trouve rapidement le moyen de faire sortir la cause sahraouie de la grave et dangereuse impasse où l'a fourvoyée l'inconsciente et irresponsable équipe sahraouie chargée des rapports avec la MINURSO. En clair, il faut que Ould Salek et son staff, au lieu de perdre leur temps à interroger, comme c'est la tradition dans de ce genre de réunion, chaque représentant sur ce qu'il a fait ou n'a pas fait avant de faire « sauter », au terme de la « kermesse », quelques lampistes ou les faire changer d'affectations, se consacrent à ce qui est désormais la tâche prioritaire de salut public : la refondation du Polisario, la nécessité de le doter de nouvelles structures intelligentes et opérationnelles, et l'urgence d'élaborer comme future mission pour la diplomatie sahraouie une nouvelle stratégie claire et ambitieuse de nature à donner au mouvement sahraoui la possibilité de sortir, à brève échéance, du piège de l'autonomie où l'a enfermé le Maroc et ses amis et qui risquerait de transformer irrésistiblement, à moyen et à long terme, en poussière tous les acquis que le peuple sahraoui a pu réaliser au cours des trente dernières années. C'est seulement de cette manière que le ministère des Affaires étrangères de la RASD pourrait, croyons-nous, créer les conditions propices qui seront de nature à redonner espoir au peuple sahraoui et permettre à ses ambassadeurs et représentants de donner le meilleur d'eux-mêmes, de défendre avec détermination, conviction et dignité leur cause et se montrer efficaces et utiles, dans les efforts qu'ils seront appelés, dorénavant, à déployer pour apporter solidarité et secours à leurs compatriotes dans les zones occupées. Compatriotes qui ont plus que jamais besoin de leur aide et de leur soutien indéfectibles pour pouvoir continuer de résister face au déchaînement de l'appareil criminel et répressif du Makhzen.
Les diplomates sahraouis sauront-ils être, comme en 1975, au niveau de la grande mission que leur imposent les graves et tragiques circonstances que vit actuellement leur peuple dans les campements de réfugiés et dans les zones occupées ? Seront&endash;ils en mesure de montrer à leurs compatriotes, comme au début de l'invasion du Sahara Occidental en 1975, qu'ils pourraient compter sur eux et mériter la confiance qu'ils ont placée en eux ?
Nous jugerons sur pièces, au cours des semaines prochaines.
30.12.05