Alamine Alamine
Baba est une personnalité énigmatique et complexe qui me
rappelle - sans savoir le pourquoi - le titre du célèbre
roman de l'écrivain marocain Taher Ben Jelloun « Moha
le fou, Moha le sage ».
En juillet 1998, Baba dérape, quitte le Polisario et confie à Jeune Afrique (N° 1955) sa version des faits : « Pourquoi je quitte le Polisario ». Aucun sahraoui n'est contraint de militer au sein du F. Polisario, chacun est libre de ses choix politiques, c'est au moins ce que le Polisario essaye de nous faire comprendre ces dernières années. Faut-il rappelé - peut être - que la majorité absolue des membres de la direction actuelle du Polisario ont soit un frère, soit un proche qui défend coeur et âme la marocanité du Sahara et qui occupe un poste important dans la hiérarchie Alawite. Pis encore, l'officiel F. Polisario avait accepté la solution du référendum et donc le libre choix des sahraouis ! Et pour compléter le scénario cette liberté de choix, le Polisario négocie sans complexe, aucun, la solution du conflit du Sahara Occidental avec des sahraouis qui explicitent leur soutien à la thèse marocaine. Sur la base de cet enchaînement logique, Baba a donc toute la légitimité de déclarer sa rupture avec le Polisario, jusque là aucun dérapage à déplorer.
Baba a argumenté sa décision par cette phrase clé : « Les limites de l'inacceptables ont été atteintes. » [1] (J.A N° 1955). Cependant, dans sa longue déclaration de guerre contre le Polisario Baba commence à déraper - sans qu'il se rende compte - en évoquant l'existence de « plusieurs centaines de détenus (...) je le savais depuis longtemps, mais je me suis tu (...) Hier, c'étaient Batel Sid Ahmed et Omar Hadrami (...) Aujourd‚hui, c'est Abdelaziz lui-même. »[2] Or, à cette époque aucun détenu politique n'est resté dans les geôles du Polisario, et une telle déclaration n'est qu'un appui mensonger à sa demande d'exile politique au Canada.
Depuis son exil à Ottawa, Baba nous bombarde avec ses textes - publiés dans cette rubrique - très critique et sans réserve aucune à l'égard de l'actuelle direction du F. Polisario et plus précisément à l'égard de son SG Mohamed Abdelaziz. Il a réussi à gagner la sympathie de plusieurs lecteurs, mais sa trahison était grandiose !
« Je ne reviendrai dans mon pays qu'à deux conditions : qu'il soit indépendant et qu'il ne soit pas gouverné par l'actuelle direction du Polisario »[3]. Ni l'une ni l'autre de ces conditions n'est concrétisée, et pourtant Baba a décidé de rejoindre la caserne du Polisario et de se mettre à quatre devant son chef suprême Abdelaziz. L'allégeance est renouvelée et la générosité du président n'a pas tardé : Baba est membre du comité préparatoire du 12ème congrès du Polisario, Baba a une 4x4 flambant neuve avec chauffeur, Baba émissaire du président auprès de la Libye et de l'Algérie, Baba est ... Baba a... !!! Et le redérapage commence. N'a t-il pas déclaré que la direction du Polisario est « médiocre, sans projet politique collectif et corrompue par l'exercice d'un pouvoir sans partage, ne considère plus la lutte légitime du peuple sahraoui pour ses droits imprescriptibles à l'autodétermination et à l'indépendance que comme un fonds de commerce qui lui génère profits et privilèges personnels » [4]. Qu'a t-il donc changé depuis ces déclarations pour que ce virage à 180° soit justifiable ?
J'espère que Baba aura le courage de s'expliquer - par respect - aux milliers de lecteurs fidèles à cette rubrique.
Alamine Alamine
04.09.07
-----------------------
[1] Jeune Afrique N° 1955,
« Pourquoi
je quitte le Polisario »
[2] Idem
[3] Idem
[4] Idem