Le Maroc, engagé
militairement au Sahara Occidental avant l'accord de Madrid,
intensifie la lutte et envahit la zone septentrionale. Profitant du
vide laissé par le retrait progressif des Espagnols le Front
prend le contrôle de l'ensemble du pays sauf des villes
principales, où il est toutefois présent, et où
la passation de pouvoir s'effectue entre Espagnols et Marocains.
Smara par exemple est remise à l'armée royale le 27
novembre. La relève marocaine rencontre immédiatement
la résistance du Front et les quelques centres qui tombent aux
mains des Marocains sont abandonnés par leur population qui
craint la répression et gagne les zones libres.
Le 10 décembre la Mauritanie entre en guerre aux
côtés du Maroc en essayant immédiatement de
prendre le contrôle de la Guera; il lui faut 10 jours de
bombardements aveugles pour briser la formidable résistance
des Sahraouis.
Cette occupation maroco-mauritanienne suscite de nombreuses
déclarations d'opposition. De nombreux pays africains et
partis progressistes européens se déclarent en faveur
de l'autodétermination. Toutefois, l'O.N.U., saisie de la
question, n'est capable que de voter le même jour, le 10
décembre 1975, deux résolutions contradictoires, lors
de la XXXème session de l'Assemblée
Générale. La première résolution
réclame l'organisation d'un référendum et
demande aux parties intéressées de s'abstenir de toute
action unilatérale. La deuxième demande elle aussi le
droit à l'autodétermination mais à l'initiative
de l'administration intérimaire tripartite, donc,
pratiquement, sous le contrôle du Maroc et de la Mauritanie,
puisque l'Espagne a déjà clairement affirmé son
intention de quitter le territoire.
Le 28 novembre 1975 à Guelta se réunissent plus de la
moitié des membres de la Djemaa. A cette rencontre est
prononcée la dissolution de la Djemaa, dont les membres
présents affirment leur soutien au Front Polisario en tant que
représentant du peuple sahraoui, et proclament leur
volonté de poursuivre la lutte pour acquérir
l'indépendance totale. La déclaration approuve aussi la
création d'un Conseil National Provisoire Sahraoui
présidé par Mohamed Ould Ziou.
Les derniers effectifs de l'armée espagnole quittent le
territoire sahraoui le 12 janvier 1976. Le retrait officiel de l'
administration est prévu pour le 26 février, deux jours
avant la date fixée par l'accord de Madrid pour ne pas
cautionner l'issue du vote des rescapés de la Djemaa
organisé par le Maroc et la Mauritanie, que l'O.N.U. refusera
d'admettre. La dernière tentative de l'O.N.U. pour
régler le problème, la mission de l'envoyé
spécial du secrétaire général, Olaf
Rydbeck, en Espagne, au Maroc et au Sahara, à partir du 2
février, se solde par un échec. L'envoyé
spécial constate l'impossibilité d'une consultation
libre de la population. Le 27 février 1976, à Bir
Lahlou, le secrétaire général du Front Polisario
proclame l'indépendance de la République Arabe
Sahraouie Démocratique.
Le premier gouvernement de la R.A.S.D. est aussitôt
formé, le 4 mars 1976, sous la présidence de Mohammed
Lamine.
Simultanément, pour les Sahraouis, lutte armée et
combat diplomatique se poursuivent. Après avoir
décrété unilatéralement un cessez-le-feu
sur le front Sud, le Front Polisario entame des négociations
avec les autorités mauritaniennes. Elles aboutissent à
un accord le 5 août 1979 : la Mauritanie renonce à ses
prétentions sur le Sahara Occidental . Sur le front Nord, par
contre, les combats continuent. Le Maroc adopte la technique des
"murs" de sable pour contenir les combattants sahraouis.
Le 22 févriers 1982, la R.A.S.D. est admise officiellement
comme membre de l'Organisation de l'Unité Africaine.
Progressivement, 73 Etats de par le monde reconnaissent la
République Arabe Sahraouie Démocratique. Ce sera
ensuite et jusqu'en 1990, la longue succession des résolutions
diverses au sein de toutes les instances internationales : O.N.U.,
O.U.A., Parlement européen... Toutes rappellent le droit du
peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'
indépendance... Mais, sur le terrain, rien ne change : le
Maroc, insensible aux appels de la communauté internationale,
poursuit dans une indifférence complète sa politique
d'occupation et de répression.
SUITE: 9. Plan de paix