Premier face à face télévisé entre le Front Polisario et le Maroc |
EDITORIAL
Après s'être enlisée six années durant au Sahara Occidental, la Mission des Nations Unies pour l'organisation du référendum au Sahara Occidental (Minurso) retrouve soudain une raison d'être. Actuellement à Houston (USA) les chefs des gouvernements marocain et sahraoui se rencontrent pour la cinquième fois, sous l'égide du Représentant Spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental, James Baker.
Avant le mois de juin 1997, le Maroc et le Front Polisario, en guerre depuis 1975, ne s'étaient jamais parlés officiellement si ce n'est par tirs de roquettes interposés. Or sous l'impulsion donnée au processus de règlement de l'ONU pour le Sahara Occidental par James Baker, les chefs de gouvernement des deux parties se sont officiellement rencontrés à Londres, les 11 et 12 juin 1997, à Lisbonne, du 23 au 25 juin, à Londres, les 19 et 20 juillet, à Lisbonne, les 29 et 30 août.
Alors qu'on était sur le point de l'enterrer définitivement, le plan de paix de l'Onu et de l'Oua pour le règlement du conflit du Sahara Occidental revient ainsi à l'ordre du jour. Les belligérants ont montré leur volonté de parvenir à une solution négociée du conflit et ont finalement accepté de travailler avec James Baker à la préparation du référendum. Seulement voilà, on repart sur des bases saines: le processus ne sera pas réamorcé avant l'obtention d'un accord global.
Ainsi, depuis le mois de juin 1997, le Maroc et le Front Polisario ont-ils réussi à accepter les propositions présentées par James Baker et se sont mis d'accord sur le cantonnement des troupes, l'échange des prisonniers de guerre, la libération des prisonniers politiques, le rapatriement des réfugiés. Enfin, on est parvenu à un compromis satisfaisant en réponse à l'épineuse question de l'identification des électeurs habilités à voter dans le cadre du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. A Houston, les parties examinent dans le détail, le code de conduite à suivre durant le déroulement des opérations.
La rencontre de Houston est décisive. Il s'agit de définir les rôles et le comportement des autorités comme des électeurs pendant la durée de la phase transitoire, à partir du lancement de la campagne électorale jusqu'à la publication des scrutins. Il faut notamment aborder la question des moyens autorisés aux parties pour la conduite de leur campagne électorale, question extrêmement délicate. Sur ce point, en effet, le rapport de force est extrêmement déséquilibré: aucune comparaison n'est possible entre les moyens considérables dont dispose le Maroc et ceux du Front Polisario.
La nouvelle nature des relations entre le Maroc et le Front Polisario et les progrès fulgurants accomplis en l'espace d'un semestre nous permettent aujourd'hui d'envisager l'avenir sous un jour meilleur. Cependant, le chemin à parcourir avant de parvenir à un règlement définitif est encore long et parsemé d'embuches. Il y a encore beaucoup à faireŠ Il reste à faire la paix.
Fadel Ismaïl
AFP : « Progrès dans les négociations sur le Sahara Occidental »
les négociations entre le Maroc et le Front Polisario sur le Sahara Occidental ont permis de surmonter les divergences concernant le cantonnement des effectifs militaires des deux parties, le rapatriement des réfugiés et la libération des détenus politiques et des prisonniers de guerre, a indiqué le médiateur de l'Onu, James Baker, vendredi soir.
Une nouvelle phase des pourparlers se tiendra du 12 au 14 septembre aux Etats Unis, a confirmé l'ancien Secrétaire d'Etat américain. Ils porteront essentiellement sur les aspects liés au « code de conduite » qui s'imposera aux diverses parties impliquées dans l'organisation du référendum d'autodétermination de l'ancienne colonie espagnole, prévu par le plan de paix de l'Onu de 1991.
Ce « code de conduite » signifie en pratique, a-t-il expliqué « qui est qui et qui fait quoi ? » dans l'organisation du référendum. Celui-ci impliquera des représentants du gouvernement marocain, du Front Polisario et de la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental (MINURSO).
Les négociations de septembre, a affirmé James Baker, seront la dernière tentative pour parvenir à un accord avant l'expiration du mandat de la Minurso.
« J'espère, a-t-il dit, que tout se résoudra dans la prochaine phase des négociations et que je pourrai présenter un rapport positif au Conseil de sécurité». (AFP, 29/08/97)
Association Internationale des Juristes Démocrates (AIJD): « Phase nouvelle»
Le problème du Sahara Occidental est entré, avec l'amorce des négociations directes, le 23 juin 1997 à Lisbonne (Portugal), sous les auspices de l'ONU, dans une phase nouvelle.
En effet, après plus de vingt ans de conflit armé, le Maroc a accepté enfin de s'asseoir à la même table que le Front Polisario, pour discuter, sous l'égide du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, James Baker.
Les pourparlers, auxquels ont assisté l'Algérie et la Mauritanie en tant que parties intéressées, ont porté sur le processus de mise en oeuvre du plan de l'Onu et de l'Oua sur le Sahara Occidental, après deux années d'inertie.
L'AIJD se félicite de ce progrès et souhaite vivement que cette dynamique, fondée sur le dialogue, aboutisse à permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination et à l'indépendance, à travers un référendum juste et libre. A cet effet, l'AIJD espère que le Maroc et le Front Polisario saisissent cette occasion pour coopérer honnêtement avec l'Onu afin de régler ce problème au moyen des urnes.
L'AIJD lance un appel à toutes les forces politiques et à l'opinion publique internationale pour apporter un soutien conséquent aux efforts en cours de l'Onu, en vue du règlement juste et pacifique du problème de décolonisation du Sahara Occidental.
Association des Amis de la RASD: « L'espoir d'une solution politique»
L'Association des Amis de la RASD « se réjouit de la dynamique enclenchée par la rencontre de Londres, initiée par M. James Baker, envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies au Sahara Occidental », indique un communiqué de presse publié par l'Association.
« L'Association des Amis de la RASD, ajoute le communiqué, nourrit l'espoir que cette dynamique fondée sur les négociations directes entre le front Polisario et le Maroc, sous l'égide de l'ONU, conduise à la mise en oeuvre d'une solution politique respectueuse des termes du plan de paix et propre à lever les obstacles à la mise en place un référendum pour l'autodétermination et l'indépendance du peuple sahraoui ».
AFASPA: « Pourparlers satisfaisants»
L'Association Française
d'Amitié et de Solidarité avec les Peuples d'Afrique
(Afaspa) « note avec satisfaction qu'à la suite des
entretiens de M. James Baker, les 11 et 12 juin à Londres, le
Front Polisario et le gouvernement marocain se sont engagés
à entamer des pourparlers sous les auspices de l'Envoyé
Spécial du secrétaire Général de l'ONU
», a indiqué M°. Pierre Kaldor, président de
l'AFASPA.
« L'Afaspa, à cette occasion, souhaite plein
succès aux entretiens prévus sur le processus
d'autodétermination du peuple sahraoui.», a encore
précisé M°. Kaldor.
Nouvel Afrique Asie : «A l'écoute du Polisario»
En acceptant la mission que lui confiait le Ghanéen Kofi Annan dés sa désignation au secrétariat général de l'ONU, l'ancien secrétaire- d'Etat James Baker se rendait à peine compte qu'il posait les pieds sur un terrain miné. Avec la complicité avérée ou passive de deux secrétaires généraux successifs de l'Onu, Javier Perez de Cuellar et Boutros Boutros-Ghali, Rabat avait réussi à brouiller les pistes et à multiplier les manoeuvres dilatoires, à seule fin de gagner encore plus de temps pour faire oublier un conflit qui traîne sans issue depuis 1975. Mais adepte d'une diplomatie de la fermeté, James Baker a rapidement compris qu'il devait aller à l'essentiel et abandonner le maquis des procédures pour aborder le fond. Objectif : renouer au plus vite les contacts directs entre les deux protagonistes et dégager le dossier de l'impasse (...)
La méthode Baker n'a pas tardé à porter ses fruits. Même si, à la veille d'un quatrième round de discussions, après Lisbonne et Londres, l'ancien secrétaire d'Etat, prudent, refuse toujours de parier sur un accord global avant la fin de l'année, deux points capitaux semblent acquis : il ne reviendra pas sur le plan de paix de l'Onu de 1991 et ne se laissera pas étouffer par les questions de procédure (...) (Nouvel Afrique Asie, n°96, septembre 1997)
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Sahara Occidental
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Maroc
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Déclarations des chefs de délégation à MBC (Chaîne de TV internationale) à l'issue de la dernière rencontre de Londres (29.8.97) |
Le Premier Ministre sahraoui Mahfoud ALI-BEIBA « Nous nous sommes déjà rencontrés trois fois. La prochaine rencontre (à Houston aux USA) est décisive. En effet, tout dépend d'elle, puisque nous avons convenu que « rien n'est décidé aussi longtemps qu'on a pas décidé de tout ». « Nous allons aborder la question fondamentale du « code de conduite » ; ce qui attestera de la volonté de chaque partie de progresser sur la voie de la solution politique, fondée sur un référendum libre, juste et transparent, par le biais duquel le peuple sahraoui exercera son droit à l'autodétermination».
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Le Premier Ministre marocain Abdellatif FILALI « Nous avons entamés ces rencontres avec un esprit d'optimisme et nous considérons que la solution appropriée est la solution fondée sur un dialogue constructif. En effet, nous avons abouti à un accord en 1988 sur le plan de paix, mais jusqu'au commencement de ces nouvelles discussions, nous n'avions pu parvenir à aucun progrès en ce qui concerne les questions essentielles de ce plan » |
. Sommaire
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Une importante mission du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a séjourné durant le mois d'août dernier dans les campements des réfugiés sahraouis.
Les représentants du HCR ont pu, en toute liberté, rencontrer et interviewer les personnes de leur choix, notamment à propos de leur rapatriement. Ils étaient très satisfaits des conditions de travail qui leur ont permis notamment d'entreprendre des entretiens privés et confidentiels avec les réfugiés.
Les résultats de cette mission devait être communiquée, fin août, à Lisbonne, au Représentant Spécial du Secrétaire Général de l'ONU.
Environ 7 000 écoliers sahraouis, venant des camps des réfugiés sahraouis, ont passé leurs vacances d'été en Europe. La plus grande part d'entre eux étaient en Espagne ( près de 5 000). Les autres étaient en Italie (plus de 1000), en France (une centaine), en Belgique (une cinquantaine), etc.
Ces petits ambassadeurs, âgés de 7 à 14 ans, « toujours prêts à danser et à chanter pour parler de leur histoire et de leur peuple «, étaient accueillis et pris en charge par des organisations de solidarité, des collectivités locales, des municipalités, des villes jumelées avec des localités sahraouies et par des familles d'accueil.
En France, un groupe d'une vingtaine d'enfants sahraouis participent, pendant le mois de septembre courant, à un camps international des jeunes, à côté d'enfants de même âge venus du Viet-Nam, de Bosnie, de Cuba et du Liban.
Certains partis européens membres de l'Internationale Socialiste sont entrain de livrer une véritable bataille en Afrique en vue d'amener l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) à renier ses principes en échange du retour du Maroc à l'OUA.
Ces partis, qui étaient à l'origine d'un « appel » lancé récemment de Dakar (Sénégal) en faveur du Maroc, n'ignorent pas pourtant la nature de la crise entre l'Afrique et le Maroc. Ils savent très bien que Rabat a violé la charte de l'OUA en envahissant militairement, illégalement, le Sahara Occidental. Ils savent très bien que c'est le roi du Maroc qui a claqué la porte de l'OUA après avoir considéré ses réunions comme étant des rites «tam-tam » !
Qu'est-ce qui a donc changé aujourd'hui qui puisse justifier ce lobbing mené au prix même des principes et des valeurs défendus par les Socialistes ? En échange de quoi, l'Internationale Socialiste a-t-elle donc accepté de faire l'avocat du roi du Maroc auprès de l'Afrique ? Comment peut-on convaincre les Africains de la « nécessité » de la réintégration du Maroc au sein de l'OUA sans exiger de lui, au préalable, le renoncement à sa politique d'occupation au Sahara Occidental et le respect de ses engagements contractés dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de paix des Nations Unies sur le Sahara Occidental ? Pourquoi cherche-t-on à tout prix, dans ces milieux socialistes convertis à la « cause royale », donner une prime à l'agresseur, légitimer son recours à la force et ouvrir ainsi la porte du continent à l'aventure expansionniste ?...
Est-ce cela le sens de la philosophie de justice et de liberté, traditionnellement défendue par l'Internationale Socialiste d'Olof Palme, Willy Brandt, Phelipe Gonzales, Kreisky ou Mitterrand ?!...
Le général de brigade autrichien Brend LUBENIK a pris le 1er août le commandement de la Mission de l'Onu au Sahara Occidental. Il succède au général de division portugais Jorge BARROSOS DE MOURA.
Mobutu, le dictateur déchu de l'ex-Zaïre, est décédé au Maroc le 8 septembre 1997. Il avait trouvé asile chez le roi Hassan II après la défaite de ses troupes devant les forces de M. Laurent Désiré Kabila, actuel président de la nouvelle République Démocra-tique du Congo (ex-Zaïre).
Il est désormais établi que chaque fois qu'un dictateur est chassé de chez lui, celui-ci trouve dans
« l'hospitalité royale » au Maroc un peu de réconfort. Ainsi, il en était du Chah d'Iran et du Maréchal Mobutu notamment.
De nombreux observateurs ont relevé surtout le fait que Mobutu est mort à la suite d'un cancer de prostate et constatent que le roi du Maroc, très malade depuis son voyage aux Etats Unis en 1995, souffre d'un asthme cardiaque... et d'un cancer de prostate.
Certains observateurs sont même allés plus loin et spéculent déjà sur les pays d'accueil où Notre Ami le Roi ira chercher asile à son tour quand son heure sonnera...
Dans un discours « très attendu par la classe politique» de son pays, prononcé le 20 août 1997, le roi du Maroc a déclaré que « La bataille actuelle n'est plus celle des frontières et de la souveraineté, pour le règlement desquelles il y des lois internationales ; elle se centre maintenant sur l'économie de laquelle dépend notre avenir ». (El-Pais, 22/08/97)
Premier face à face télévisé entre le Front Polisario et le Maroc
Pour la première fois dans l'histoire du conflit du Sahara Occidental, un représentant du Front Polisario et un représentant du Maroc ont animé un débat direct et public sur la question du Sahara Occidental. C'était le 19 août 1997, à la télévision satellitaire arabe de Qatar, al- Jazira.
L'AFP en a rendu compte le 20 août de Dubai dans ces termes :
Le représentant du Polisario à Paris et un journaliste marocain pro-gouvernemental ont défendu avec véhémence mardi des thèses diamétralement opposées sur le conflit du Sahara Occidental.
Lors d'un débat particulièrement houleux à la télévision satellitaire qatariote al-Jazira, le représentant du Polisario, Fadel Ismail a soutenu que « la résistance du peuple sahraoui ne prendra fin qu'après la libération du Sahara Occidental de l'occupation marocaine ».
« La Cour Internationale de Justice de la Haye juge qu'il n'y a aucune souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental et que rien ne s'oppose à l'autodétermination et l'indépendance du peuple sahraoui », a souligné M.Ismail.
« Vous êtes un ramassis de mercenaires, manipulés par des Etats étrangers. Vous conspirez contre votre nation, le Maroc, vous complotez contre l'unité du Maghreb, contre la nation arabe et islamique. Les habitants du Sahara ont des liens d'allégeance avec les rois du Maroc », a rétorqué M. Mohamed Lachhab.
« Je m'étonne de l'obstination du Maroc à réclamer le territoire du sahara Occidental, alors qu'il ne se soucie pas de Ceuta et Mellila (ports marocains sous occupation espagnole) qui renferment aussi des richesses », a ironisé M. Ismail.
« Laissons le peuple sahraoui se prononcer dans le cadre d'un référendum organisé sous l'égide des nations Unies », a-t-il ajouté.
« C'est le soi-disant Front Polisario qui entrave le plan onusien au sahara marocain », a répondu M. Lachhab qui a également accusé le Front Polisario d'avoir « transformé les camps sahraouis en véritable géhenne pour des milliers de nos frères sahraouis, pris en otage ».
« Les entraves sont crées par les attaques militaires marocaines après les cessez-le-feu et par les marches (vertes) répétées », a rétorqué M. Ismail, en accusant pour sa part le Maroc d'avoir « transformé les territoires sahraouis occupés en une véritable prison où s'exercent la répression et la terreur ».
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