[archives arso, publication papier 1994]
Reflets de l'actualité au Sahara Occidental - septembre 1994
ONU: 46ème session de la Sous-commission des Droits de
l'Homme (Genève, août 1994)
Plusieurs ONG sont intervenues sur la question de la violation des
droits de l'homme au Sahara occidental occupé. Pour la
première fois ces ONG ont remis des communications
écrites. Elles demandent la libération de tous les
détenus-disparus sahraouis et la levée du blocus
imposé par le Maroc à la presse internationale et aux
ONG au Sahara occidental. Le CETIM demande en outre que le Haut
Commissaire pour les droits de l'homme se rende dans les zones
occupées du Sahara occidental.
La Fondation France-Libertés a pris la parole sur les droits des détenus en évoquant la situation des six jeunes Sahraouis actuellement en détention à Agadir pour avoir manifesté pacifiquement en octobre 1992 à Smara. Grâce à Pax Christi un Sahraoui a pu témoigner sur les conditions de sa détention au Maroc pendant 15 ans (voir aussi sous "Nouvelles parutions" et "El Karama").
1.9. La crise algéro-marocaine
Pour Jeune Afrique (qui reprend la thèse du gouvernement
marocain) l'Algérie est derrière les actes
"terroristes" perpétrés en août au Maroc.
Explications de l'hebdomadaire français: «Le raidissement
de l'Algérie sur le Sahara» a pour but
d'«arrêter le processus référendaire»,
car celui-ci «entérinera le rattachement du territoire au
royaume». La crise algéro-marocaine «risque de
contrecarrer un règlement rapide de l'affaire
saharienne».
La préparation du référendum: identification
- première phase
Une première phase d'identification a eu lieu du 28 au 31
août simultanément dans les zones occupées et
dans les camps de réfugiés. Chaque commission
d'identification était accompagnée d'un observateur de
l'OUA, de deux représentants de chaque partie ainsi que de
deux chioukh (pluriel de cheikh). Bachir Moustapha Sayed, responsable
sahraoui pour le référendum, a déclaré
que, si l'identification se limite aux personnes recensées en
1974, elle pourra se faire rapidement. «Mais si
l'opération inclut la masse humaine que le Maroc veut faire
passer comme Sahraouis, seul Dieu sait quand elle se
terminera».
et deuxième phase
La deuxième phase de l'identification n'a
débuté que le 21.9. à cause de l'absence pendant
un mois des observateurs de l'OUA, retenus (selon l'ONU) par d'autres
obligations. Elle a été de nouveau suspendue les 24 et
25 septembre pour «des raisons techniques» mais a repris le
26. Les interruptions sont en fait la conséquence de
l'opposition marocaine à la présence des observateurs
de l'OUA.
Premier bilan
Dans une lettre adressée le 7.9. au président de la
commission d'identification Bachir Moustapha Sayed formule des
«observations officielles» dans le but «de voir un
travail propre accompli»:
Il signale que la demande d'admissibilité à voter ne
mentionne pas clairement le critère d'identification
invoqué par le candidat, comme c'est le cas pour les
formulaires distribués à El-Ayoun occupée.
D'autre part Bachir dénonce les autorités marocaines,
qui se sont appropriées des documents espagnols
délivrés à des Sahraouis pour les remettre
à des Marocains.
Les observateurs du Front Polisario ont aussi constaté que
toutes les personnes entendues par la commission d'identification
à El Ayoun occupée présentaient des documents
établis par les autorités marocaines. Ils soulignent
aussi que le questionnaire élaboré par la Commission
pour établir l'admissibilité à voter est
insuffisant. Il doit être exhaustif, la charge de la preuve
incombant à l'intéressé.
Ils ont remarqué qu'un nombre important de Sahraouis
résidents au Sahara occidental occupé n'ont pas pu se
présenter devant la commission parce qu'elles n'étaient
pas averties de sa présence.
Bachir rend attentif aux difficultés de traduction du hassaniyya (dialecte arabe parlé au Sahara occidental) par les traducteurs arabes de l'ONU. Il dénonce encore l'activité suspecte d'un "accompagnateur" de la délégation marocaine dans les camps sahraouis, qui a pu prendre connaissance de dossiers confidentiels. Il qualifie d'«injustifiable» le fait que les observateurs de l'OUA étaient déguisés en observateurs de l'ONU (!) lors des opérations d'identification. Il ajoute que l'ONU, en se soumettant au Maroc sur ce point, «ne fait que mettre de sérieux doutes sur son autorité». Finalement, Bachir mentionne que le Sahara occidental est interdit à la presse internationale et que les opérations d'identification s'y déroulent dans le secret total. Il demande que l'ONU prenne les mesures nécessaires pour mettre fin à cette situation.
Toujours en faisant un premier bilan, le coordinateur sahraoui pour le référendum déclare dans une conférence de presse le 25.9. que l'opération d'identification au Sahara occidental occupé présente aussi «des aspects positifs» malgré les observations formulées précédemment et malgré les pressions exercées par le Maroc sur les Sahraouis qui se présentent devant la commission d'identification. Selon Bachir, sur les 80'000 formulaires distribués par la MINURSO, seuls 18'000 ont été remplis par de véritables Sahraouis (selon l'ONU début juillet 76'000 formulaires avaient été recueillis, dont 18'000 à Tindouf, 55'000 à El Ayoun occupée et 3'000 à Zoueratt) (agences).
21.9. Le président sahraoui à Washington
M. Mohammed Abdelaziz a eu des entretiens avec des parlementaires
des deux chambres ainsi qu'avec des universitaires.
26.9. 49è session de l'Assemblée
générale des Nations unies
Evoquant la question du Sahara occidental le Secrétaire
général estime que «les problèmes
concernant les critères d'admissibilité à voter
ont été réglés. L'examen des questions
relatives à leur interprétation et à leur
application a beaucoup progressé. (...) Si les parties
coopèrent pleinement (...) le référendum
pourrait avoir lieu au début de 1995».
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