[archives arso, publication papier 1994]
Reflets de l'actualité au Sahara
Occidental - janvier - février - mars 1994
01.01.94 Rallye Paris-Dakar-Paris
Le rallye passe par le Sahara occidental occupé lors des
étapes du 1.1. Tan-Tan-Dakhla, du 2.1. Dakhla-Nouadhibou, et
les10-11.01. lors de l'étape de retour Nouadhibou-Bir
Nzaran-Tan-Tan. Le Front Polisario avait mis en garde les
organisateurs (8.12.93) contre le passage à travers le Sahara
occidental occupé, «espace de guerre dangereux,
truffé de mines». «En parcourant ce
territoire», ajoutait la lettre ouverte, «vous devenez les
complices d'une injustice».
07.01.94 Visite de Charles Pasqua à El Ayoun
Le ministre français de l'Intérieur a passé
cinq heures dans la capitale du Sahara occidental occupé, en
même temps que le prince Naïef ben Abdelaziz, son
homologue saoudien. C'est la première fois depuis 1975 qu'un
ministre de l'Union européenne se rend au Sahara occidental.
Le F. Polisario a exprimé sa «surprise et sa
consternation» devant ce fait, mais un porte-parole du Quai
d'Orsay a affirmé que cette visite «ne change en rien la
position» de la France (agences).
09.01.94 Yakoub Khan à Nouakchott
Le représentant spécial pour le Sahara occidental
rencontre le président mauritanien, après avoir
été reçu par Hassan II et visité El
Ayoun. A l'issue de son audience il a qualifié de «phase
critique» la situation actuelle. Il s'est ensuite rendu à
Tindouf pour terminer sa tournée à Alger.
12.01.94 La journée de bagne marocain remboursée 1'500 FF
Les frères Bourequat, libérés en janvier 1993 après avoir pasé 18 ans dans les prisons de Hassan II, ont reçu chacun 10 millions de FF en échange du retrait de leur plainte pour «crimes contre l'humanité» contre le souverain marocain. La France a profité de ces versements pour supprimer l'assistance qu'elle apportait aux Bourequat (Le Canard enchaîné).
15.01.94 Rencontre Abdelaziz-Boutros-Ghali
Dans le cadre de la préparation de son rapport au Conseil
de sécurité le Secrétaire Général
a reçu le président de la RASD pendant deux heures
à Genève. L'entretien s'est déroulé en
tête à tête.
9.2. Parlement européen et droits de la personne
Le Parlement européen adopte une résolution
condamnant les violations des droits de l'homme au Maroc et au Sahara
Occidental. La résolution demande la libération de tous
les prisonniers politiques marocains et sahraouis, la levée
par le Maroc de l'état de siège au Sahara occidental,
la garantie de l'accès à ce territoire aux observateurs
indépendants et l'application par les Nations unies du plan de
paix au Sahara occidental.
9.2. On enregistre au Maroc
La radio marocaine annonce que, suite à un accord avec
l'ONU, les bureaux d'enregistrement «pour tous les descendants
de Sahraouis où qu'ils se trouvent et pour toutes les
personnes concernées par le référendum»
sont ouverts dans tout le royaume ainsi que dans les ambassades et
consulats. La veille "EI Watan" écrivait que sur les dix
locaux d'enregistrement prévus à Laayoune seuls trois
étaient ouverts mais interdits aux observateurs onusiens
11.2. Séjour du président sahraoui aux USA
Il y rencontre une nouvelle fois (après Genève le
15.1.) le Secrétaire général de l'ONU. A son
retour il déclare, dans un entretien avec "EI Watan", que
«le gouvernement marocain refuse l'organisation d'un
référendum. (...) Nous sommes prêts à
reprendre les combats. (...) Les Sahraouis sont beaucoup plus
puissants qu'en 1975».
11.2. Commission des droits de l'homme de l'ONU,
cinquantième session
Adoption d'une résolution sur le point 9 (droit des peuples
à l'autodétermination) qui, comme l'année
dernière, réaffirme ~ son appui aux efforts de l'ONU en
vue de l'organisation d'un référendum au Sahara
occidental.
21.2. Les USA s'opposent à la publication du rapport de Boutros-Ghali qui prévoit le référendum sans la participation du Front Polisario.
25.2. Lettre du Front Polisario à Yaqub Khan
Le représentant spécial avait, début
février, tenté de dissiper les craintes du Front
Polisario sur la question des critères
d'éligibilité (le fait, pour une personne
recensée en 1974, d'appartenir à une tribu permet
à l'ensemble de la tribu de voter, même si celle-ci n'a
aucun lien avec le Sahara occidental). Dans sa réponse le
Front Polisario critique vertement l'ensemble des activités du
représentant spécial, responsable des retards pris par
le processus et dont la médiation «n'a malheureusement
conduit qu'à l'élaboration d'une proposition de
compromis» reflet de la position marocaine.
27.2. Célébration du 18ème anniversaire de la
République sahraouie.
A cette occasion le ministre des affaires étrangères
sahraoui appelle le Maroc à la négociation directe,
«seule voie efficace et réaliste» pour surmonter les
obstacles (El Watan).
10.3. Rapport Boutros-Ghali (S/1994/283)
Le secrétaire général fait tout d'abord le
point sur le travail de la commission d'identification: les
formulaires d'enregistrement sont distribués depuis
décembre 1993 dans les zones occupées et dans les camps
de réfugiés. Le gouvernement marocain s'engage à
accélérer l'enregistrement en ouvrant des bureaux
supplémentaires (voir 9.2.). Le -- gouvernement mauritanien
souscrit à la proposition d'établir des bureaux dans
les régions de Nouadhibou et Zouerate. Fin février tous
les réfugiés compris dans le recensement de 1974
avaient fournis les renseignements nécessaires, mais ceux-ci
n'ont pas été transférés sur les
formulaires ad hoc, le Front Polisario faisant valoir que le Conseil
de sécurité avait demandé de commencer
l'enregistrement par les listes du recensement de 1974. Le Front
Polisario assure que cela sera fait dès qu'une décision
aura été prise sur l'interprétation des
critères. Devant cet état des choses Boutros-Ghali
propose au Conseil de sécurité trois options: L'option
A: l'ONU organise le référendum fin 1994 sans la
collaboration de l'une des parties (la partie sahraouie,
sous-entendu) selon le calendrier défini sous B. L'option B
prévoit que la Commission d'identification poursuive ses
travaux. Elle identifie les personnes habilitées à
participer au référendum sur la base du compromis du
secrétaire général En juillet le Conseil de
sécurité «examine les progrès accomplis
dans la coopération des deux parties sur les critères
jusqu'au 30 juin 1994» et décide de la marche à
suivre. Le 1er août 1994 est déclaré JOUR J (voir
l'organigramme du plan de paix). Le vote est prévu le 7
décembre 1994. L'option C prévoit soit de mettre
progressivement [m à l'opération de la MINURSO,
soit de suspendre le processus d'identification tout en conservant
une présence militaire sur place.
12.3. Le Front Polisario rejette les options A et C du rapport et demande que l'option B soit «révisée et reformulée» (agences).
17.3. Yaqub Khan mis sur la touche?
Erik Jensen est nommé représentant spécial adjoint pour le Sahara occidental avec effet immédiat. M. Jensen préside la commission d'identification depuis mai 1993. Il aura pleins pouvoirs sur la MINURSO au Sahara occidental et, en l'absence de Yaqub Khan, il coordonnera toutes les activités en rapport au référendum. Pour le Front Polisario, qui accueille favorablement ce changement et qui n'a jamais caché son hostilité au représentant spécial, cette nomination équivaut à sa mise sur la touche.
18.3. Commentaires sahraouis au rapport Boutros-Ghali
Dans une longue interview à la radio algérienne M. Habiballah Mohamed, ambassadeur sahraoui en Algérie, affirme que «la première option ne fait que légitimer l'occupation du Sahara occidental par le Maroc. L'option B donne trois mois aux deux parties pour trouver un terrain d'entente sur les critères, sur la base du compromis élaboré par Boutros-Ghali, compromis qui n'est que le reflet de la position marocaine. Ce n'est donc pas une proposition de compromis. L'option C demande le retrait de l'ONU du territoire, ce qui me semble déraisonnable et consacrerait l'échec des Nations unies». «Plusieurs centaines de personnes d'origine marocaine sont comprises dans le recensement de 1974. Le Maroc essaie de faire voter dans le référendum les tribus auxquelles ces personnes appartiennent, c'est-à-dire environ 170'000 personnes». «Pour que nous acceptions la deuxième option du rapport Boutros-Ghali, il faudrait la modifier. Il faut supprimer les références au compromis élaboré par Boutros-Ghali et exiger un dialogue sérieux entre les parties pour résoudre le problème des critères».
22.3. La première pierre d'un nouveau port à Dakhla incluant une zone franche d'une surface de 1'300 hectares vient d'être posée.
29.3. Conseil de Sécurité: Résolution
907
Après 20 jours de négociations et de contacts avec
les deux parties le Conseil de sécurité «accueille
avec satisfaction le rapport du Secrétaire
général du 10 mars 1994 et sa proposition de
compromis» sur les critères «comme un bon
cadre». Il donne son accord à l'option B. L'analyse des
candidatures reçues doit se terminer le 30 juin 1994. Le
Conseil de sécurité apporte son soutien au
Secrétaire général pour poursuivre ses efforts
afin d'obtenir la coopération des deux ---- parties
jusqu'à cette date. Boutros-Ghali ferait son rapport pour le
15 juillet «afin de décider de la prochaine action
nécessaire pour la mise en oeuvre de la MINURSO, dans la
perspective de la tenue du référendum d'ici à la
fin de 1994».
29.3. Réaction du Front Polisario Selon le ministère de l'information sahraoui le Conseil de sécurité, dans sa dernière résolution, réaffirme son engagement pour une solution juste et définitive de la question du Sahara occidental sur la base d'un référendum libre et impartial. Il n'a pas approuvé le compromis sur les critères proposé par Boutros-Ghali, compromis sur lequel la partie sahraouie maintient toujours des réserves.
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