[archives arso, publication papier 1993]
Reflets de l'actualité au Sahara Occidental - février 1993
1.2.
Comité sur le Sahara occidental
Un
«groupe de travail et d'information» sur le Sahara
occidental réunissant plusieurs personnalités
françaises sous les présidences de Martine de
Froberville, journaliste, et de Georges Montaron, directeur de
"Témoignage Chrétien", a été formé
à Paris. Son but est «de compenser une information qui
n'est pas équilibrée» en ce qui concerne le Sahara
occidental (à qui le dites-vous ! réd.). «Le
peuple sahraoui a choisi la voie du dialogue politique et non pas du
terrorisme. Or, on sait que les opinions publiques ne sont
intéressées que lorsqu'il y a violence» a
déclaré G. Montaron, en ajoutant qu'il s'agissait
«de faire en sorte que les droits du peuple sahraoui à
l'autodétermination soient reconnus».
1er
février - 12 mars : 49ème session de la Commission des
Droits de l'Homme des Nations unies à Genève
53 pays sont
représentés à la Commission. Les ONG ont la
possibilité d'intervenir. C'est ainsi qu'au point 9 (droit des
peuples à l'autodétermination) des représentants
de nombreuses organisations ont pris la parole en faveur du droit du
peuple sahraoui à l'autodétermination (terre des
hommes, pax christi, Association américaine de juristes,
France Libertés, SOS-Torture, Fédération
syndicale mondiale, Cetim, Lidlip, etc.). Une résolution a
été approuvée par consensus appuyant les efforts
du Secrétaire général et du Conseil de
sécurité pour assurer l'organisation d'un
référendum d'autodétermination au Sahara
occidental.
Au point 10
(détention, tortures et disparitions) différents
intervenants ont condamné les pratiques du gouvernement
marocain aussi bien au Sahara occidental qu'au Maroc même (le
MRAP, le Service Justice et Paix en Amérique latine, la
Fédération syndicale mondiale, la FEDEFAM, le Cetim,
etc.). Cette dernière organisation a permis à trois
ex-bagnards de Kalaât M'Gouna, l'un Marocain, les deux autres
Sahraouis, de s'exprimer. Brahim, étudiant à Smara, a
été enlevé par les forces de police marocaines
alors qu'il voulait, début 1981, se rendre chez des parents
à Tan-Tan. Kenti, employé de la ville d'El Ayoun, s'est
fait arrêter alors qu'il tentait en 1987 de se rendre dans les
camps de réfugiés de Tindouf en Algérie. Aucun
n'a été jugé. Libérés en 1991 ils
ont rejoint leurs compatriotes près de Tindouf.
L'étudiant marocain a été enlevé en 1976
et maintenu en détention sans jugement jusqu'en 1984. Il
était emprisonné dans la cellule contiguë à
celle de Brahim à Kalaât Mgouna. Les frères
Boureqat, trois Français emprisonnés à
Tazmamart, ont aussi apporté leur témoignage. D'autres
interventions ont eu lieu au point 12 (violation des droits de
l'homme).
2.2. Visite
du prince héritier du Maroc en France
Le prince Sidi
Mohamed, fils aîné du roi, a rencontré le
président Mitterrand et le ministre de la défense Joxe.
Le Front Polisario, par la voix de son représentant en France,
se demande si cette visite est « une simple coïncidence,
alors que la presse vient d'annoncer la possibilité de la
conclusion d'un marché de dizaines de Mirage 2000 entre la
France et le royaume du Maroc ?» Une telle vente «ne
pourrait être interprétée que comme une
criminelle et coupable incitation au crime et une prime à
l'aventure», conclut le communiqué.
3.2. Lettre
de Yakoub Khan au Parlement européen
A la suite de
la résolution du Parlement européen du 28.10.92
condamnant «les actions violentes de la police et de
l'armée marocaines contre la population civile au Sahara
occidental» (Reflets II/7-8) le Représentant
spécial pour le Sahara occidental communique qu'il a
«chargé l'Unité militaire de la Minurso de
vérifier la situation à Laayoune et à Smara,
où des manifestations avaient eu lieu. Dans leur rapport, les
observateurs militaires n'ont pu ni confirmer ni infirmer les cas de
brutalisation et d'arrestation par la police marocaine de civils
sahraouis.»
5.2. La
préparation des législatives marocaines
Les 4 partis
d'opposition formant le «bloc démocratique» se
retirent de la commission nationale mise en place par Hassan II pour
superviser les élections législatives prévues
pour le 30 avril, afin de protester contre les délais mis
à développer les mesures garantissant des
élections libres et honnêtes (agences).
5.2.
Interview Pérez de Cuéllar
L'ex-secrétaire
général de l'ONU a démenti dans un interview au
journal El País avoir accepté un poste dans le conseil
d'administration d'Optorg. Il affirme d'autre part avoir beaucoup de
sympathie pour les militants du Polisario. A son avis les Sahraouis
devraient jouir d'une autonomie interne comme les Basques ou les
Catalans en Espagne. «Peut-être que le
référendum aurait pu proposer trois options:
l'indépendance, l'intégration au Maroc et une
intégration avec autonomie». Il maintient sa position sur
la question des critères d'identification des votants,
affirmant que les personnes absentes du territoire en 1974, au moment
du recensement espagnol, et leurs enfants, doivent être
considérées comme Sahraouis et participer au vote.
Filali, gendre du roi et président de l'ONA, le premier groupe
industriel privé du Maroc qui a récemment
racheté Optorg, a annoncé que Pérez de
Cuéllar ne fera plus partie du conseil d'administration
d'Optorg, car il «n'a pas réalisé l'étendue
de son implication dans le conseil d'administration» de cette
société de négoce... (agences).
5.2. Rapport
sur les droits humains au Maroc
Le
Département d'Etat américain a rendu public son rapport
annuel. Selon celui-ci la situation des droits de l'homme au Maroc a
régressé en 1992. Les grèves de la faim pour
protester contre les conditions de détention se sont
poursuivies, ainsi que les disparitions, les enlèvements, les
emprisonnements dans des centres de détention secrets, les
tortures et les abus policiers, etc. La presse est toujours
censurée. Le bagne secret de Tazmamart, rasé en 1992
selon les Marocains, serait toujours en fonction. Interrogé
à ce sujet par un organisme américain de défense
des droits humains, l'ambassadeur marocain à Washington n'a
fourni aucune réponse.
9.2. Economie
marocaine 1992
La
récolte céréalière a baissé des
deux tiers en 1992, ce qui a provoqué une baisse de 3% de
l'activité économique globale. Les recettes provenant
du tourisme ont augmenté de 40%, les transferts
effectués par les Marocains émigrés de 8%. Les
investissements étrangers ont aussi sensiblement
progressé (Le Monde).
12.2. Le
Maroc s'équipe en avions de combat
Selon des
sources gouvernementales françaises le Maroc négocie
actuellement avec la France l'achat de 15 à 20 Mirage 2000,
tractations qui se heurtent à un problème de
financement. On parle d'une avance importante de la part des Emirats
arabes unis en reconnaissance de l'attitude marocaine lors du conflit
du Golfe. La partie française a jugé cette somme
insuffisante. Taiwan, qui a récemment acheté le
même avion, a payé chaque appareil environ 50 millions
de $ (agences).
16.2. Le
président de la RASD en Espagne
Une
manifestation de solidarité avec le peuple sahraoui a eu lieu
à Madrid en présence de Mohamed Abdelaziz. Elle avait
été organisée par des représentants de
municipalités et des parlementaires. Devant la presse le
président sahraoui a déclaré que «si les
droits et les libertés du peuple sahraoui ne sont pas garantis
[lors du référendum], cela équivaudra
à une aggression à laquelle nous devrions
répondre par les armes» (agences).
17.2. La
paralysie de l'UMA
Le ministre
des Affaires étrangères marocain, Filali, a
déclaré que l'Union du Maghreb Arabe devait faire une
«pause» afin de «clarifier les choses», car les
relations algéro-marocaines «traversent un moment
extrêmement difficile» (agences).
22-23.2.
Réchauffement ?
Le nouveau
ministre des affaires étrangères algérien Redha
Malek s'est rendu au Maroc. Après ses entretiens avec Hassan
II, il a déclaré que «le dialogue va se poursuivre
pour améliorer le climat des relations».
23.2. Rapport
d'amnesty international sur le Maroc (MDE 29/03/93)
Amnesty
s'inquiète de la poursuite des violations des droits humains
au Sahara occidental et de l'absence de garanties de la part des
autorités actuelles que des personnes ne seront pas
arrêtées pour avoir exercé leurs droits de parole
et de mouvement. L'organisation déplore que des centaines de
Sahraouis ont été soit arrêtés soit
inquiétés à cause de leurs prises de position en
faveur de l'indépendance ou pour avoir participé
à des manifestations pacifiques. Des centaines de Sahraouis
arrêtés entre 1976 et 1988 sont toujours portés
"disparus".
A.I.
dénonce aussi les atteintes aux droits humains
perpétrés par le F. Polisario entre 1976 et 1991.
D'après amnesty certaines personnes arrêtées
alors seraient toujours détenues.
A.I. demande
au gouvernement marocain de faire en sorte que tous les Sahraouis
puissent jouir de leurs droits à la liberté
d'expression et de mouvement; d'informer la Minurso sur tous les
lieux où des Sahraouis sont détenus; de lui permettre
de les visiter; de libérer ceux qui sont détenus
illégalement; de permettre à la Minurso et aux
organisations humanitaires locales et internationales de visiter tous
les Sahraouis, en particulier ceux qui ont été
libérés après avoir "disparus"; et enfin de
permettre à la population sahraouie de contacter les membres
de la Minurso sans crainte de représailles.
A.I. demande
aux Nations unies d'élargir le mandat de la Minurso afin de
permettre à son personnel de dénoncer les violations
des droits humains, de déployer la police civile onusienne, la
CIVPOL et d'assurer que la Minurso ait accès à
l'ensemble du Sahara occidental et à tous ses habitants. A.I.
demande aussi à l'ONU que la Minurso et des organisations
humanitaires internationales aient accès à tous les
lieux où des Sahraouis sont détenus ou l'on
soupçonne qu'ils sont détenus.
A.I. demande
au F. Polisario de libérer tous les prisonniers politiques et
de permettre à la Minurso de visiter tous les centres de
détention.
23.2.
Réactions
Le
représentant en France du F. Polisario déclare que son
organisation demande depuis longtemps une enquête
internationale sur les atteintes aux droits humains dans la
région, mais a.i. selon lui n'a pas répondu à
cette démarche et a manqué de sérieux dans la
vérification des informations.
De son
côté le Comité sur le Sahara occidental exprime
son «étonnement» devant les «allégations
contestables» d'amnesty mettant en cause le F. Polisario. Le
comité remarque qu'«a.i., par ses supputations, contribue
à dénaturer la vérité et de ce fait
minimise les violations marocaines». L'Association
française des Amis de la RASD «se déclare
très alarmée de l'attitude d'amnesty qui, pour
travailler au Maroc, se sent obligée de donner des gages au
roi en dénonçant le F. Polisario.»
24.2. Projet
de résolution au Conseil de sécurité
Les cinq
membres permanents du Conseil de sécurité sont parvenus
à un accord sur un projet de résolution qui fixe un
nouveau délai de trois mois aux négociations entre le
Maroc et le Front Polisario, afin d'organiser un
référendum avant la fin de l'année.
25.2. Ben Bella interrogé par Jeune Afrique sur les causes de l'assassinat de Boudiaf répond que «l'armée (algérienne) a été étonnée de voir tomber du ciel la ratification officielle par le Maroc du traité sur la frontière commune. (...) L'armée s'est aussitôt demandée en échange de quoi le Maroc lui avait fait ce cadeau.» «Le Sahara ?» « Je ne dirai jamais du mal d'un mort», répond l'ancien président (voir Reflets I/43).
26.2 Lettre
de protestation
L'Assemblée
paritaire ACP-CEE (qui regroupe les représentants de 69 pays
du tiers monde et 69 membres du Parlement européen) avait
décidé d'envoyer au Sahara occidental une
délégation afin d'observer la mise en application du
plan de paix des Nations unies. La co-présidente vient
d'adresser une lettre de protestation à l'ambassadeur du Maroc
à Bruxelles. Dans celle-ci Mme Cassannagnago s'insurge contre
le fait que le Maroc n'a pas répondu à la demande de la
délégation de bénéficier de l'appui du
gouvernement marocain pour l'organisation de la mission. De plus les
Marocains ont fait savoir que Mme Barbara Simons, première
vice-présidente de l'Assemblée et qui devait faire
partie de la délégation, n'était pas la
bienvenue au Maroc (Mme Simons est présidente de l'Intergroupe
parlementaire du Parlement européen «Paix pour le peuple
sahraoui»). Cette attitude «laisse mal augurer des futures
relations du Maroc avec le Parlement européen», conclut
la lettre.
27.2. A l'occasion de la journée internationale en faveur des disparus sahraouis le comité suisse de soutien au peuple sahraoui a organisé à Genève une manifestation dans la rue ainsi qu'une conférence qui a présenté, sous le titre «Les bagnes secrets du Maroc», les témoignages de plusieurs anciens détenus politiques.
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