[archives arso, publication papier 1992]
Reflets de l'actualité au Sahara Occidental - novembre 1992
1.11. Prisonniers de guerre
Le président de la RASD, dans une lettre au CICR, a
annoncé qu’il était prêt à autoriser la
reprise des visites aux prisonniers de guerre marocains entre les mains
du Polisario.
2.11. Solidarité japonaise
Une association de soutien et de solidarité avec le peuple
sahraoui a été créée à Tokyo. Elle
est formée d’universitaires et se nomme “West Sahara student
network” (ministère sahraoui de l’information).
2-3.11. Visite française au Maroc
Lors de sa visite au Maroc le premier ministre français M.
Pierre Bérégovoy a jugé «positive» la
récente évolution politique de ce pays. Il a
confirmé au souverain marocain que M. Mitterrand l’invitait
à Paris. M. Bérégovoy a promis l’appui de la
France au Maroc pour obtenir de la CEE la création d’une zone de
libre-échange (agences).
3.11. Tassement économique
Le recul de l’activité économique au Maghreb sur
l’ensemble de l’année risque d’être assez sensible, selon
un expert du «Monde». En ce qui concerne le Maroc,
l’ensemble de la production intérieure pourrait diminuer de 3%
par rapport aux prévisions faites en début
d’année.
D’autre part les investissements étrangers au Maroc ont
augmenté de 70% au cours du premier semestre 1992. Les
Espagnols, avec 28% du total, sont passés devant les
Français (agences).
13-15.11. XVIIIè conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui
Réunis à Vienne, plus de 120
délégués, responsables politiques, parlementaires,
représentants d’oeuvres d’entraides et des comités de
soutien ont étudié la situation actuelle sur les plans
politique et humanitaire. La conférence a été
inaugurée par le président du parlement autrichien H.
Fischer. L’ancien ministre Erwin Lanc, président de la
Association d’amitié austro-sahraouie, a invité les
participants «à s’adresser clairement à la
communauté internationale, afin que celle-ci n’admette plus que
le droit international soit foulé aux pieds». Dans son
message le ministre des affaires étrangères Mock
demandait avec insistance aux parties en conflit de se soumettre au
plan de paix onusien.
Dans sa résolution finale la conférence a constaté
la lourde responsabilité de la communauté internationale
dans la situation actuelle, puisque celle-ci ne remplit pas son
rôle de garantir au peuple sahraoui son droit à
l’indépendance, en tolérant les manoeuvres dilatoires du
Maroc par rapport au plan de paix de l’ONU. La conférence a
condamné la politique onusienne de «deux poids deux
mesures», et dénoncé la complaisance à
l’égard du Maroc du secrétariat général de
l’ONU, de la MINURSO et des principaux gouvernements occidentaux,
responsables des répressions exercées par le Maroc contre
la population sahraouie. La conférence a décidé
d’une série d’activités «en vue d’amener la
communauté internationale à assumer pleinement ses
responsabilités pour la mise en oeuvre du plan de paix de
l’ONU».
15.11. Visite au Maroc de M. Strauss-Kahn, ministre
français de l’industrie et du commerce extérieur. La
livraison d’électricité par la France au Maroc via
l’Espagne ainsi que celle de lignes téléphoniques, entre
autres questions, sera abordée (agences).
17.11. Déclarations de Bachir Moustapha Sayed
Interviewé à Vienne lors de la XVIIIè
conférence de coordination du soutien au peuple sahraoui, le
responsable sahraoui déclare que le blocage du plan de paix au
Sahara occidental par le Maroc s’inscrit dans «la logique de la
guerre froide» qui sous-tend la politique maghrébine de la
France. Ce pays est, parmi les cinq membres permanents du Conseil de
Sécurité, «le plus attaché» à
la modification apportée au plan de paix par Perez de Cuellar
(introduction de nouveaux critères d’identification). Le parti
pris de la France «obéit à sa stratégie, qui
veut faire du Maghreb sa chasse gardée». En agitant
constamment «l’épouvantail» de l’extrémisme
religieux dans cette région, qu’elle «contribue à
alimenter», la France tente de présenter le Maroc comme un
«rempart solide» contre l’extrémisme religieux pour
canaliser toute la coopération internationale vers le Maroc et
«affaiblir» l’Algérie. Le règlement de la
question du Sahara occidental «dépend dans une large
mesure de la stabilité de l’Algérie». Avec une
Algérie «stable» la capacité de
négociation des Sahraouis sera «plus grande» (El
Watan, Alger).
19.11. Tazmamart
Ghani Achour, le dernier ex-détenu du bagne de Tazmamart, a
été libéré au bénéfice d’une
grâce royale. Condamné à perpétuité
après la tentative de coup d’état de 1971, il avait vu sa
peine commuée récemment en 30 années de prison. Le
bagne de Tazmamart avait été fermé en octobre 1991
et 25 des 30 survivants libérés. Les trois frères
Boureqat, citoyens français arrêtés en 1973 et
détenus à Tazmamart depuis 1981, n’ont été
libérés que le 31.12.1991. Un autre ex-détenu de
Tazmamart, Mohamed Raïss, a été gracié le
17.9.92.
La plainte des frères Boureqat contre le roi du Maroc a
été déclarée «irrecevable» par
un tribunal parisien le 13.11.92. Les frères Boureqat
poursuivaient en justice Hassan II à la suite de la publication
d’une interview de ce dernier imputant aux frères Boureqat des
crimes qu’ils n’ont pas commis. «Les souverains étrangers
bénéficient d’une immunité de juridiction, qui
trouve sa source dans la tradition de courtoisie qui régit les
rapports entre Etats», a estimé le tribunal. Les deux
journalistes qui avaient publié l’interview du roi seront
jugés à une date ultérieure (agences).
20.11. Droits de la personne humaine
Dans une lettre adressée le 20.11. au président de la
Commission des droits de l’homme de l’ONU, M. Pal Solt, le
Front Polisario demande qu’une commission spéciale enquête
sur les violations des droits de l’homme aussi bien au Maroc, dans les
zones occupées par le Maroc au Sahara occidental, que dans les
zones libérées sous contrôle du Polisario. Le Front
Polisario s’engage à coopérer pleinement avec la
commission en lui assurant «complète liberté
d’accès à toute personne ou tout lieu suspecté
d’abriter des personnes détenues arbitrairement» et
demande la réciprocité du côté marocain
(représentation du F. Polisario à Genève).
Cette démarche constitue une réponse à la campagne
récente du Maroc dénonçant par la voix de Brahim
Hakim, transfuge du Front Polisario et ambassadeur itinérant du
Maroc, des «violations des droits de l’homme» par le
Polisario. Un document sur ces mauvais traitements a été
remis au Conseil de sécurité et au Haut Commissaire pour
les Réfugiés Mme Ogata (agences).
22-28.11. Visite de Mohamed Abdelaziz en Grande-Bretagne
Le président sahraoui a rencontré des responsables
politiques et des parlementaires et s’est exprimé devant
la commission des relations extérieures du parlement. Dans ses
déclarations nous relevons les passages suivants:«Tout le
monde est en faveur du droit à l’autodétermination du
peuple sahraoui, mais personne n’a fait de ce droit une de ses
priorités». A propos de la réunion des notables
prévue à Genève:«Les problèmes
posés par le Maroc ne sont pas techniques, mais
politiques». «Le Maroc est-il disposé à
revenir sur sa décision (d’imposer 120 à 170’000
Marocains comme électeurs) qui constitue un obstacle de taille
au plan de paix ? Dans le cas contraire il revient aux Nations unies de
faire comprendre au Maroc qu’il doit respecter le plan de paix»
(agences).
30.11-1.12. Echec de la réunion des notables sahraouis à Genève
38 notables et chefs de tribus sahraouis, provenant pour moitié
des territoires sous contrôle marocain, pour moitié des
zones libérées, devaient se retrouver à
Genève sous la présidence du représentant
spécial pour le Sahara, M. Yakoub Khan, pour le
«conseiller sur les questions relatives aux critères
d’identification des personnes habilitées» à
participer au référendum. La délégation
marocaine comprenait sept personnes qui ne figurent pas sur la liste
officielle des notables, dont Biadillah ould Cheikh, longtemps
député au parlement marocain et actuel gouverneur de
Salé près de Rabat. Cette liste, établie par
l’Espagne avant l’annexion du territoire par le Maroc, contient 226
noms et a été adoptée par l’ONU en 1990.
Le compromis proposé par le F. Polisario de ne réunir que
12 chefs de tribu de chaque partie figurant sur la liste, a
été refusé par le Maroc et la réunion
annulée. Dans son communiqué étonnamment partisan
l’ONU parle de «divergences sur les pouvoirs de certains
participants» et, au lieu de désigner clairement le Maroc,
met implicitement la responsabilité de l’échec sur le
compte du F. Polisario.
Le comité suisse de soutien au peuple sahraoui avait
organisé un rassemblement de solidarité avec la
population sahraouie des zones occupées le 30.11. à midi.
Le même soir une réunion d’information a permis à
de nombreuses personnes de rencontrer les chioukhs
indépendantistes.
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