[archives arso, publication papier 1992]
Reflets de l'actualité au Sahara Occidental - septembre 19923.9. Relations Algérie-Front Polisario
Le doute plane sur les relations entre Alger et le mouvement sahraoui.
Selon le transfuge Brahim Hakim, cité par "Jeune Afrique du
3.9., le noyau dur des "historiques" du Front Polisario espère
une reprise de l'aide algérienne, aide qui aurait
considérablement diminué sous Boudiaf. Pour l'instant
aucun geste concret ne serait encore venu d'Alger.
La visite dans la capitale algérienne de deux ministres
marocains le 19.8. traduit une certaine inquiétude de la part du
Maroc. L'officialité algérienne, s'exprimant par la voix
du ministre des affaires étrangères, estime que la tenue
des élections «va à l'encontre du plan de paix
onusien et risque d'accroître la tension» entre les deux
parties au conflit», et qu'il faut revenir «à
l'accord qu'elles avaient avalisé et que l'Algérie
soutient totalement» (agences).
4.9. Référendum au Maroc
Le projet de révision constitutionnelle a
été accepté par 99,98% des votants avec la
participation de 97,25% des inscrits !!! Ce résultat suscite de
nombreuses interrogations et le mécontentement dans les rangs de
l'opposition marocaine. L'Istiqlal et l'USFP avaient
décidés la "non-participation" au scrutin. Le "Bloc
démocratique", qui groupe les cinq principaux partis
d'opposition, n'avait pas réussi à adopter une position
commune (agences).
4.9. Référendum marocain
La participation au référendum dans 3 des 4 provinces du
Sahara occidental s’est montée à 100%, dans la province
d’El Ayoun elle n’a atteint «que» 99,99% , et on y a
même dénombré 6 non !!! (agences).
5.9. Bachir Moustapha Sayed, qui dirige les tractations avec
l’ONU du côté sahraoui, déclare dans une
conférence de presse à Madrid, à l’occasion du
premier anniversaire de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu
(6.9.91), que le Front Polisario est opposé à des
négociations entre les deux parties au conflit «sur un
projet de province sahraouie dans le cadre du Maroc» en lieu et
place du référendum d’autodétermination (agences).
6.9. Protestation
La société des journalistes d’Antenne 2, la chaîne
française télévisée officielle,
déplore que «l’interview fleuve» de Hassan II
diffusée le 3.9., ait «été
décidée, réalisée et programmée en
dehors de toutes les procédures habituelles en la
matière» et sans donner la parole «à
l’opposition politique marocaine» (agences).
8.9. Régionalisation au Maroc ?
Le roi Hassan II annonce la mise en oeuvre d’une politique de
régionalisation qui débutera en priorité au Sahara
occidental.
11.9. Yakoub Khan, représentant spécial de l’ONU
pour le Sahara occidental, rencontre le président en
exercice de l’OUA, M. Abdou Diouf, dans le cadre des discussions sur le
processus de paix au Sahara occidental (agences).
11.9. Le Front Polisario condamne énergiquement le plan
marocain de régionalisation, qui devrait débuter en
priorité par le Sahara occidental (agences).
12.9. La coordination européenne de soutien au peuple
sahraoui se réunit à Genève pour examiner
l’évolution de la situation. Elle condamne dans un
communqué la politique marocaine de régionalisation,
«nouvelle manoeuvre coloniale et fuite en avant afin de
légitimer l’annexion» du Sahara occidental.
14.-18.9. Deux journalistes de la Radio suisse-romande visitent
les membres du Swiss Medical Unit au Sahara occidental. Après
une émission en direct par satellite d’El Ayoun ils se rendent
à Smara, Tifariti, Agouenit et Dakhla. Le chef de la SMU
révèle lors d’un interview le démantèlement
en cours des cliniques de Smara et de Dakhla, qui s’avèrent
inutiles, la MINURSO n’étant pas déployée sur le
territoire conformément au plan de paix.
Pendant ce temps la police marocaine procède à de
nouvelles arrestations de Sahraouis, dont «au moins» deux
ex-détenus du bagne de Kalaât M’Gouna (AFAPREDESA).
15.9. Le Front Polisario proteste auprès du Conseil de
sécurité contre la décision marocaine de
réorganisation du territoire marocain en y incluant le Sahara
occidental. Cette décision «préjuge des
résultats du référendum»
d’autodétermination, estime le Front (agences).
16.9. La délégation sahraouie aux
négociations de New York s’entretient avec le secrétaire
général de l’ONU. Elle s’engage à
«poursuivre les pourparlers engagés et à
persévérer dans la coopération» (agences).
16.9. L’Intergroupe parlementaire du Parlement européen
«Paix pour le peuple sahraoui» considère que la
décision de Hassan II d’appliquer le système de
régionalisation au Sahara occidental est contraire aux
dispositions du Plan de paix de l’ONU.
D’autre part, la sous-commission des droits de l’homme du même
parlement s’est réunie pour débattre de la situation au
Maghreb. Plusieurs orateurs, dont Moumen Diouri, ont
«dénoncé la répression qui s’abat sur les
peuples marocain et sahraoui». Ils ont exigé la
libération des 847 disparus sahraouis (RASD, ministère de
l’information).
16.9. Brahim Hakim, transfuge du Front Polisario, est
nommé «ambassadeur itinérant par le roi Hassan
II». Il aura probablement à défendre la nouvelle
politique de régionalisation, dernière trouvaille
marocaine pour saper le plan de paix (agences).
17.9. Réponse du Conseil fédéral suisse
Dans sa réponse à une interpellation parlementaire
demandant des précisions sur le rôle de l’unité
médicale suisse au Sahara occidental et sur la politique suisse
dans cette crise, le gouvernement a déclaré vouloir
attendre le rapport du secrétaire général de l’ONU
avant de réexaminer la situation de l’unité
médicale. Il a rappelé que les Suisses se trouvant sur
place sont tenus à la discrétion et à la
neutralité.
Le 28.9. le Conseil fédéral a annoncé sa
décision de prolonger le mandat de l’unité
médicale à fin 1993 si l’ONU en exprime le besoin. Un
crédit de 18 millions de francs suisses est prévu
(agences).
17.9.92 Grâce royale
L’aspirant Mohamed Raiss, l’un des deux derniers rescapés du
bagne de Tazmamart, a été gracié par Hassan II.
L’autre rescapé, Ghani Achour, transféré en
octobre 1991 à la prison de Kénitra et dont la
détention à perpétuité avait
été réduite à trente ans
d’emprisonnement, a lancé un appel aux organisations
humanitaires pour recevoir les soins que nécessite son
état de santé (agences).
18.9. Genève: Salem ould Salek, ministre sahraoui des
Affaires étrangères, fait le bilan d’une année
d’application du plan de paix. Il énumère les obstacles
marocains, culminant dans l’acceptation de la nouvelle constitution
avec des taux «digne des plus belles heures de gloire de
Ceaucescu». Selon Ould Salek «le jour où des mesures
concrètes [de régionalisation] entreront en vigueur, les
armes vont parler» (Tribune de Genève).
19.9. et 28.9. Des Sahraouis rejoignent le Front Polisario
Quatre jeunes Sahraouis ont regagné les territoires sahraouis
libérés à partir de leurs lieux de
déportation au Maroc. L’un des quatre, dit Sindbad, a
été emprisonné sans jugement pendant deux ans et
torturé pendant plusieurs semaines, comme d’autres Sahraouis
dont il dépeint la situation dramatique. Il donne aussi des
détails sur la répression anti-sahraouie dans les
territoires occupés et les demandes d’asile adressées
à la MINURSO.
Deux autres jeunes Sahraouis, qui ont fui récemment les
territoires occupés, ont affirmé lors d’une
conférence de presse à Alger le 28 septembre que 18’000
Saharouis ont été déportés au nord du
Maroc. Ils ont aussi évoqué la répression dans les
territoires occupés et les tentatives de la police marocaine
d’empêcher tout contact entre Sahraouis et MINURSO.
«Malgré la répression la population sahraouie est
acquise au Front Polisario. Quatre Sahraouis ont été
récemment arrêtés», ont-ils ajoutés,
«avec en leur possession 75 drapeaux et une soixantaine de
banderolles en faveur de l’autodétermination de notre
pays» (APS).
24.9. et 30.9. Troubles à Assa
La population de cette oasis marocaine, située à 80 km au
sud-est de Goulimine et à 100 km de la frontière de la
RASD, a manifesté à deux reprises pour revendiquer l’
amélioration de ses conditions de vie ainsi que l’arrêt
immédiat de la guerre contre le peuple sahraoui. Brandissant des
drapeaux de la République sahraouie, les manifestants scandaient
des slogans demandant la libération des territoires sahraouis
occupés par le Maroc et l’application du plan de paix des
Nations unies. Les autorités marocaines ont réagi
violemment, les forces de police ont tiré sur la foule. On
dénombre selon le Front Polisario quinze morts et des dizaines
de blessés, dont 14 évacués sur Goulimine,
Bouzakaran et Agadir. L’AFAPREDESA publie les noms de six personnes
évacuées sur Agadir. Des arrestations ont
été opérées, la ville coupée de tout
contact avec l’extérieur et des renforts de police
dépêchés sur place. Le Front Polisario lance un
appel aux médias et demande que des commissions d’enquête
soient envoyées sur place.
Le transfuge sahraoui Omar Hadrami, dont la mère est originaire
d’Assa et qui est gouverneur au ministère marocain de
l’intérieur, a démenti l’existence de morts et de
blessés graves. Les autorités officielles marocaines ont,
toujours selon AFP, fait état de quatre blessés lors de
la première manifestation.
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