[archives arso, publication papier 1992]
Reflets de l'actualité au Sahara Occidental - juin 1992
9.6. Législatives marocaines
Le roi Hasssan II a annoncé la création d’une “commission
centrale” chargée de préparer et de superviser les
prochaines élections. Il donne ainsi partiellement satisfaction
à l’opposition, qui demandait la création d’une
commission indépendante. La “commission centrale” prévue
sera présidée par le roi lui-même !!!
(agences)
10.6. «Charter pour la paix et le référendum»
Un avion charter affrété par la coordination espagnole
des communes jumelées avec des communes sahraouies a
tenté de se rendre de Madrid à El Ayoun avec 209
personnes à son bord. Le but du voyage était de braver le
blocus que le Maroc fait règner sur le Sahara occidental, pour
entrer en contact avec la population sahraouie et la MINURSO sur place.
Les autorités marocaines n’ont pas permis l’atterrissage
à El Ayoun et l’avion a fait route vers Las Palmas de Gran
Canaria.
11 et 12.6. Un nouveau départ ?
Après les entrevues du secrétaire général
de l’ONU avec les chefs d’état concernés (février
92), après le voyage dans la région du nouveau
représentant spécial (fin avril 1992), les efforts pour
tenter de trouver une issue se poursuivent et semblent prendre une
tournure plus concrète.
A Genève, les 11 et 12 juin, le représentant
spécial pour le Sahara occidental, M. Yakoub Khan, s’est
entretenu à deux reprises avec une
délégation du Front Polisario. La
délégation sahraouie était dirigée par M.
Bachir Moustapha Sayed et comprenait M. ould Jaddad, responsable de
l’identification.
Le 13.6. M. Yakoub Khan se trouve à Rabat pour rencontrer le roi
Hassan II. Il se rendra lundi 15.6. dans les camps de
réfugiés au sud de Tindouf, où il conférera
avec le président sahraoui Abdelaziz. Les discussions se
poursuivront le 21.6. à New-York.
Tout en restant prudent, on peut espérer qu’une nouvelle
dynamique s’installe. Les Sahraouis ont annoncé leur ouverture
à des compromis tout en restant attachés au principe du
référendum. Selon M. Ould Jaddad, même le
problème crucial de l’électorat peut être
surmonté.
On ne sait encore rien d’un changement d’attitude du Maroc.
L’ONU semble, sous la pression du Conseil de sécurité,
décidée à faire avancer les choses. Elle pourrait
tenter d’imposer une solution de compromis sous forme d’un accord entre
les deux parties, sanctionnée par un référendum.
Les discussions ont aussi porté sur l’attitude des deux parties
après le référendum. Elles devaient
présenter à l’ONU par écrit leur position dans le
cas des deux issues possibles du référendum,
l’indépendance ou l’intégration. En cas de victoire de
l’indépendance le Front Polisario donne au Maroc des garanties
de sécurité et l’assure de sa volonté d’instaurer
des relations privilégiées. Il indique aussi son
intention de mettre en place au Sahara occidental
indépendant un régime pluripartiste démocratique.
Dans le cas où la population sahraouie choisirait
l’intégration au Maroc le Front Polisario demande que la
minorité sahraouie soit respectée et qu’elle jouisse
d’une protection particulière.
14-17.6. Relance du plan de paix: la réponse marocaine reste inconnue
Après sa rencontre avec la délégation sahraouie
à Genève M. Yakoub Khan s’est rendu à Rabat
pour s’entretenir avec le roi Hassan II. Le 16.6. il a
rencontré le président sahraoui Abdelaziz dans la
région de Tindouf, et sur le chemin du retour à New York
il a fait escale une nouvelle fois à Rabat.
Une première phase de pourparlers indirects s’est donc
achevée. En premier lieu on constate l’importante
différence dans l’attitude des deux parties face à l’ONU.
Les Sahraouis, ouverts à la discussion, sont prêts
à négocier, y compris sur la question cruciale du corps
électoral. Ils ont remis à M. Yakoub Khan leur
réponse écrite quant à leurs intentions pour
l’après-référendum. Le Maroc pour sa part n’a pas
encore jugé bon de répondre par écrit aux
questions de l’ONU. Il aurait fait savoir qu’il n’entrait en
matière que sur l’option “intégration”. Le Maroc
refuserait également de discuter du corps électoral,
exigeant l’application des directives du rapport Perez de Cuellar de
décembre 1991. Les pourparlers indirects reprendront le 22 juin
à New York (agences)
18.6. OUA
Lors d’un entretien avec le chef d’état du Nigéria M.
Babangida, président de l’OUA, M. Mohamed Abdelaziz a
demandé à l’OUA de l’aider à
«persuader» le Maroc de se conformer aux
résolutions de l’ONU sur le Sahara occidental. Le
président nigérian l’a assuré que «l’Afrique
s’identifie pleinement à la lutte de son pays et travaille
à un règlement amiable du conflit» (agences)
Selon des témoignages concordants on sait que l’arrivée
de la MINURSO n’a pas entraîné au Sahara occidental la
moindre liberté. La présence de l’ONU a pu être
occultée aux yeux de la plupart des habitants et les contacts
avec celle-ci sont empêchés, les transgressions punies.
Malgré la surveillance et la répression, par
ailleurs fort mal appréciées par les membres de la
MINURSO, l’obligation de silence imposée par l’ONU
elle-mème pèse lourd. Ré-cemment on nous a
transmis des messages, manuscrits et enregistrés, que des
Sahraouis ont remis à un membre de la mission de l’ONU sur
place. Voici la transcription littérale de l’un des messages
écrits en français:
* APPEL urgent au MONERSO, à l’ONU, OUA, au conseil du
sécurité, aux amis du peuple Sahraouis et aux
comités du soutien de notre peuple *
Le peuple Sahraoui qui a une grande confiance en la victoire et qui
lutte pour obtenir son indépendance vous lance son appel urgent
pour bien assurer vos responsabilités afin de le permettre
d’exprimer librement et ouvertement ses aspirations pour
l’indépendance dans un climat où règne la
liberté totale. Pour instaurer une paix juste et durable nous
vous prions de mettre fin à toutes sortes de falsifications, des
répressions d’oppressions d’agressivité et des pressions
militaires, administratives et celles des colons Marocains qui
pourraient représenter une grande influence sur les votes et la
volonté Sahraouie.
A ce propos nous portons à vos connaissances que:
- En 1975 l’Espagne donna au Maroc des cartes vierges pour les remplir par les colons Marocains.
- Le Maroc a crée un nouveau resencement des colons 120 000.
- En 1990 les colons Marocains représentent un pourcentage de 95% des habitants au Sahra.
- En septembre 1991, le Maroc a ajouté d’autres colons au Sahra occidental 170 000 colons.
- Le Maroc a publié aux colons marocains les listes des tribus,
des fractions et des familles sahraouies pour les apprendre.
- Le Maroc a désigné des gents qui les oblige à apprendre le dialect sahraoui (HASSANIYA) aux colons.
- Les colons Marocains menacent les sahraouis en leur disant que d’ici
à un mois ils vont mettre fin à la race sahraouie.
- Les autorités marocaines ont préparé les habits
traditionnels Sahraouis pour les donner aux colons pendant le
référendum.
- Les autorités Marocaines ont multiplié le nombre des
policiers, des administrateurs marocains pendant ces derniers mois.
- Ils les ont multiplié aussi leurs actes de repressions
d’oppressions d’agressivités, des menaces des pressions et les
poursuites contre les Sahraouis pour les empêcher à entrer
en contacte avec les membres de MONERSO et les journalistes.
Le peuple Sahraoui vous lance son appel pour mettre fin de toutes ces
falsifications et ses pressions qui pourraient contribuer à
faire tourner le référendum au profit des colonisateurs.
Nous vous prions aussi d’imposer des sanctions économiques
contre le Maroc en cas où il refusera le processus de paix et en
particulier le resencement de 1974. Nous vous prions d’imposer les
sanctions économiques contre le Maroc pourque vos efforts soient
en mesure de l’obliger à accepter le retrait de l’armée,
l’administration et les colons Marocains.
Le peuple Sahraoui qui a une grande confiance en vos efforts vous
affirme que le referendum n’est pas un referendum pour
l’auto-détermination du peuple Marocains ou pour determiner
l’avenir du Maroc, mais c’est un referendum pour
l’auto-détermination du peuple sahraoui et pour
déterminer l’avenir du Sahra occidental. Notre peuple espere que
l’ONU, l’OUA reste fidels à leur rôle de liquider la
colonisation et à réaliser les aspirations des peuples
pour aboutir à leur indépendance. Notre peuple
espère aussi que ces organisations ne deviennent pas des
organisations pour le renforcement de la colonisation qui est la
cause essentielle de la guerre et qui menaçe la paix.
18.6. Prise de position américaine
Le “Committee on Appropriations” du Congrès américain,
chargé d’élaborer les budgets pour des opérations
à l’étranger, a publié un rapport concernant la
situation au Maroc. Il soutient pleinement le plan de paix des
Nations-unies et estime que le problème de la
détermination des votants doit être résolu
rapidement. Il exhorte le Maroc et le Front Polisario à
coopérer avec l’ONU et à respecter le cessez-le-feu. Le
comité demande finalement de tenir compte du respect du
plan de paix lors de futures demandes d’assistance
financière (de la part du Maroc).
20.6. Elections au Maroc
M. Driss Basri, ministre de l’intérieur, s’exprimant
“anonymenent”, a déclaré que les élections
législatives devraient être organisées
«à partir du mois de septembre, y compris au Sahara
occidental». Le scrutin sera précédé d’un
référendum portant sur la réforme de la
constitution (agences).
22.6. Relance du plan de paix
Les pourparlers indirects ont eu lieu comme prévu à
New-York, où le représentant spécial a reçu
à tour de rôle les représentants sahraouis et
marocains. Rien n’a filtré sur le contenu des discussions.
Celles-ci reprendront mardi 30.6., toujours à New-York.
22.6. Conseil des ministres de l’OUA
La 56è session ordinaire du conseil des ministres de l’OUA s’est
ouverte à Dakar. Elle est chargée de préparer le
“sommet” de l’organisation africaine, qui se tiendra les 29 et 30 juin.
Une délégation sahraouie participe aux travaux, et le
président Mohamed Abdelaziz sera présent au sommet. Lors
de sa conférence de presse, le secrétaire
général de l’OUA a déclaré,
répondant à une question de l’agence de presse marocaine
MAP, qui évoquait le prétexte du référendum
pour exclure la RASD de la réunion: «Il y a plus de six
ans que nous entendons parler de ce référendum».
Dans son rapport annuel le secrétaire général a
déploré que la mise en oeuvre du plan de paix se heurte
toujours à des obstacles. Il a ajouté, parlant des
discussions en cours à New York: «Nous avons
été encouragé par les mesures qui ont
été prises en vue de relancer le processus de mise en
oeuvre du plan de paix».
23.6. Prisonniers politiques au Maroc
Selon l’OMDH, l’Organisation marocaine des droits de l’homme, il reste
cinq cent trente-deux prisonniers politiques au Maroc. La
dépêche ne précise pas si les
«disparus» sahraouis figurent dans ce nombre (agences).
26.6. Résolution du parlement allemand
Une résolution concernant l’application du plan de paix des
Nations unies au Sahara occidental a été adoptée
à l’unanimité par le Bundestag. Elle constate que
l’unique chance de mettre fin à cette guerre réside dans
la réalisation rapide d’une solution légale
internationale conforme au plan de paix. Le Bundestag demande au
gouvernement allemand d’entreprendre des démarches
appropriées pour faire aboutir le plan de paix onusien, en
concertation avec ses partenaires européens, et d’insister
auprès des parties au conflit pour qu’elles déclarent
clairement accepter tout résultat possible du
référendum.
Visite officielle suisse au Sahara occidental
Une mission helvétique, dirigée par le chef de la
Direction des organisations internationales au Département
fédéral des affaires étrangères, se rendra
la semaine prochaine en visite au Sahara occidental occupé.
L’ambassadeur François Nordmann rencontrera l’unité
médicale suisse, qui assure l’assistance sanitaire des membres
de la MINURSO, et visitera aussi les postes onusiens dans les zones
libérées du Sahara occidental. La mission suisse sera de
retour le 7 juillet.
24.6. Ratification
Le Maroc, neuf ans après l'Algérie, a ratifié la
convention algéro-marocaine relative au tracé des
frontières. Cette ratification clôt enfin ce dossier
litigieux entre les deux pays, et met un terme à un contentieux
qui a culminé lors du conflit de 1963, lorsque les troupes
marocaines avaient envahi la région de Tindouf,
considérée comme faisant partie du Maroc.
26.6. Témoignage
Un membre de la SMU (Swiss Medical Unit), fonctionnant comme chauffeur
de camion et mécanicien pendant 7 mois au Sahara occidental, a
déclaré que le matériel destiné à
l'unité médicale suisse avait été retenu
à Agadir et libéré ensuite goutte à goutte
par les autorités marocaines, entre fin septembre et
décembre 1991. «Le comportement du gouvernement marocain
m'a très souvent désagréablement surpris. Par
exemple nous étions surveillés jour et nuit. La garde
marocaine contrôlait même les casques bleus qui se
rendaient chez nous. Les autochtones n'eurent pas la possibilité
de se faire soigner par nous. Ils furent repoussés par des
"soldats des services secrets". Le gouvernement marocain à
l'époque a trop peu collaboré avec les Nations
unies» (Urner Zeitung).
26.6. Lettres au roi Une délégation de parlementaires
belges et de membres d'ONG s'est rendue à l'ambassade du Maroc
à Bruxelles, où elle a remis une lettre ouverte au roi du
Maroc. Elle a également fait parvenir à l'ambassadeur une
lettre des 200 prisonniers de guerre marocains libérés en
mai 1989 par le Front Polisario et qui se trouvent toujours dans les
camps de réfugiés sahraouis el1 raison du refus du roi de
les rapatrier. Ils demandent instamment à leur souverain de
pouvoir rentrer dans leurs foyers.
28.6. Rectifications démographiques D'anciens hauts responsables
de l'administration espagnole au Sahara occidental ont tenu à
préciser, à propos de l'introduction dans le corps
électoral de 170'000 sujets marocains, que la population n'a
jamais atteint un tel nombre au Sahara occidental. Les chiffres
disponibles indiquent 33'256 habitants pour 1950, 35'000 pour 1954 ,
46'558 pour 1967, 68'697 pour 1972, et finalement le recensement de
1974 donne une population de 73'497 habitants. D'après ces
spécialistes, il n'y a pas eu de courant migratoire du Sahara
occidental vers les pays limitrophes, mais plutôt l'inverse. Ils
qualifient la proposition marocaine de tentative de falsification (El
Watan, Alger).
30.6. Pourparlers à New York Les deux rencontres du
représentant spécial M. Yakoub Khan avec les
délégations marocaine et sahraouie se sont
terminées sans résultat concret. La question des
critères d'identification a été discutée.
Le Maroc a transmis sa réponse écrite sur les garanties
qu'il accorderait aux Sahraouis en cas d'intégration du Sahara
occidental. En ce qui -- concerne le cas d'une victoire de l'option
indépendantiste le Maroc s'est contenté de donner des
garanties orales. Il semble qu'il n'y aura plus d'autres discussions
avant la fin août, date du prochain rapport du secrétaire
général.
24.6. Ratification
Le Maroc, neuf ans après l'Algérie, a ratifié la
convention algéro-marocaine relative au tracé des
frontières. Cette ratification clôt enfin ce dossier
litigieux entre les deux pays, et met un terme à un contentieux
qui a culminé lors du conflit de 1963, lorsque les troupes
marocaines avaient envahi la région de Tindouf,
considérée comme faisant partie du Maroc.
26.6. Témoignage
Un membre de la SMU (Swiss Medical Unit), fonctionnant comme chauffeur
de camion et mécanicien pendant 7 mois au Sahara occidental, a
déclaré que le matériel destiné à
l'unité médicale suisse avait été retenu
à Agadir et libéré ensuite goutte à goutte
par les autorités marocaines, entre fin septembre et
décembre 1991. «Le comportement du gouvernement marocain
m'a très souvent désagréablement surpris. Par
exemple nous étions surveillés jour et nuit. La garde
marocaine contrôlait même les casques bleus qui se
rendaient chez nous. Les autochtones n'eurent pas la possibilité
de se faire soigner par nous. Ils furent repoussés par des
"soldats des services secrets". Le gouvernement marocain à
l'époque a trop peu collaboré avec les Nations
unies» (Urner Zeitung).
26.6. Lettres au roi Une délégation de parlementaires
belges et de membres d'ONG s'est rendue à l'ambassade du Maroc
à Bruxelles, où elle a remis une lettre ouverte au roi du
Maroc. Elle a également fait parvenir à l'ambassadeur une
lettre des 200 prisonniers de guerre marocains libérés en
mai 1989 par le Front Polisario et qui se trouvent toujours dans les
camps de réfugiés sahraouis el1 raison du refus du roi de
les rapatrier. Ils demandent instamment à leur souverain de
pouvoir rentrer dans leurs foyers.
28.6. Rectifications démographiques D'anciens hauts responsables
de l'administration espagnole au Sahara occidental ont tenu à
préciser, à propos de l'introduction dans le corps
électoral de 170'000 sujets marocains, que la population n'a
jamais atteint un tel nombre au Sahara occidental. Les chiffres
disponibles indiquent 33'256 habitants pour 1950, 35'000 pour 1954 ,
46'558 pour 1967, 68'697 pour 1972, et finalement le recensement de
1974 donne une population de 73'497 habitants. D'après ces
spécialistes, il n'y a pas eu de courant migratoire du Sahara
occidental vers les pays limitrophes, mais plutôt l'inverse. Ils
qualifient la proposition marocaine de tentative de falsification (El
Watan, Alger).
30.6. Pourparlers à New York Les deux rencontres du
représentant spécial M. Yakoub Khan avec les
délégations marocaine et sahraouie se sont
terminées sans résultat concret. La question des
critères d'identification a été discutée.
Le Maroc a transmis sa réponse écrite sur les garanties
qu'il accorderait aux Sahraouis en cas d'intégration du Sahara
occidental. En ce qui -- concerne le cas d'une victoire de l'option
indépendantiste le Maroc s'est contenté de donner des
garanties orales. Il semble qu'il n'y aura plus d'autres discussions
avant la fin août, date du prochain rapport du secrétaire
général.
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