[archives arso, publication papier 1992]
Reflets l'actualité au Sahara Occidental - janvier 1992
4.1. La France officielle et Hassan II
Dans ses voeux de Nouvel-An le président français a
exprimé au roi Hassan II ses «plus vifs
remerciements» pour la libération des trois frères
Bouréquat, citoyens français libérés fin
décembre. Ceux-ci avaient été détenus au
Maroc pendant plus de dix-sept ans sans jugement.
De son côté après un séjour de deux
jours au Maroc M. Giscard d'Estaing a remercié le 6 janvier le
souverain chérifien «son grand ami, Sa Majesté
Hassan II, de sa généreuse hospitalité»
(agences).
8.1. Reportage
Une journaliste du quotidien britannique «The Daily
Telegraph» a visité les postes de la MINURSO
installés en zone contrôlée par le Front
Polisario et s'est entretenue avec quelques-uns des 230 observateurs
militaires. Elle décrit les difficiles conditions de la vie
dans le désert et aussi la colère qui grandit dans les
rangs des casques bleus en raison de la lenteur de l'évolution
politique. Ceux-ci se plaignent de l'attitude du Maroc, qui interdit
les communications codées et l'accès à ses bases
militaires. «Nous pouvons tourner avec nos véhicules
autour des positions marocaines, en essayant de nous faire une
idée de ce qui se passe à l'intérieur»,
déclare le capitaine Piper, un des 15 officiers britanniques
de la MINURSO.
9.1. Hassan II et les critères électoraux
Dans une interview le roi du Maroc déclare que le
référendum «est un référendum pour
sceller la décolonisation d'un territoire». Le rapport de
Pérez de Cuéllar, «exclusivement
réservé à cette question», «a le
mérite d'élargir l'assiette électorale, rendant
justice à une partie des Sahraouis ne figurant pas sur les
listes espagnoles. Nous n'en sommes évidemment que
partiellement satisfaits (...). Notre voeu est, en effet, qu'aucun
Sahraoui ne soit privé injustement du droit d'exprimer son
choix» (Le Figaro).
9.1. Législatives au Maroc
Le roi Hassan II recevra prochainement les responsables des partis
politiques marocains, avec lesquels il se concertera au sujet des
futures élections législatives. Celles-ci ne devraient
plus dépendre de la tenue du référendum au
Sahara occidental, comme cela avait été
décidé naguère (agences).
10.1. Réception marocaine pour M. Pérez de
Cuéllar
La mission du Maroc auprès des Nations unies à New
York organise une réception d'adieu en l'honneur de
l'ex-secrétaire général (RASD, Ministère
de l'Information).
10.1. Le point sur la participation suisse à la
MINURSO
Des responsables au sein du Département militaire
fédéral de l'Unité médicale suisse (SMU)
ont présenté un bilan des activités de cette
unité à une délégation de l'ARSO. Ils
considèrent que l'unité suisse effectue un travail
positif et réfutent les déclarations de l'ambassadeur
Jacobi, qui avait récemment affirmé que la MINURSO
était un échec (voir "reflets" du 17.12.91), sans nier
toutefois qu'ils ont eu à surmonter des difficultés
imprévues suite aux obstacles suscités par les
autorités marocaines.
La SMU est la seule unité de la MINURSO qui soit totalement
autonome et ne dépende en aucune façon des
autorités marocaines. 84 Suisses sont sur place pour s'occuper
sur le plan sanitaire de 500 membres de la MINURSO, dont la
moitié environ sont des observateurs militaires placés
de part et d'autre du mur. Ceux-ci reçoivent la visite de
l'unité sanitaire deux fois par semaine grâce aux avions
helvétiques. Deux cliniques, au lieu des trois prévues,
sont en fonction, l'une à El Ayoun, l'autre à Smara,
dans lesquelles des civils sont aussi soignés. Il n'a pas
été possible de savoir s'il s'agissait de civils
marocains ou sahraouis. L'unité dispose maintenant de
l'ensemble de son matériel, les conteneurs retenus dans le
port d'Agadir par les autorités marocaines ayant
été récupérés
récemment.
Les responsables suisses ont déclaré n'être
pour rien dans l'obligation de silence imposée par l'ONU aux
membres de la MINURSO. Ils ont obtenu que cette décision soit
allégée, sauf en ce qui concerne les aspects politiques
de la situation. Les responsables du DMF ont assuré que le
cessez-le-feu était respecté.
Ils ont démenti les nouvelles parues dans la presse selon
lesquelles le Conseil fédéral avait déjà
prolongé le mandat de la SMU. Le mandat officiel de la SMU se
termine le 6 mars 1992, le référendum étant
initialement prévu à fin janvier. Une décision
de prolongation n'interviendra que lorsque le nouveau
Secrétaire général de l'ONU aura
présenté son rapport à fin février et
fixé les modalités de la poursuite de l'action de la
MINURSO. Le gouvernement se prononcera aussi sur une réduction
des effectifs de la SMU, ceux-ci étant
disproportionnés, de l'avis des responsables du DMF, tant que
les observateurs ne sont déployés qu'en nombre
restreint.
De leur côté les membres de l'ARSO ont fait remarquer
que, si la Suisse accepte sans protester les entraves du Maroc au
déroulement des opérations de l'ONU, elle se rendra
complice d'un éventuel échec du plan de paix.
12-13.1. Réunion
Le "secrétariat national" du Front Polisario, instance
politique suprême mise en place lors du 8ème
congrès en juin 1991, s'est réuni pour la
deuxième fois. Il a réitéré son
attachement au plan de paix de l'ONU et exigé le rapatriement
des marcheurs marocains installés au Sahara occidental. Il a
mis en garde le Maroc de ne pas mettre à profit la situation
en Algérie "au détriment de la sécurité
et de la stabilité régionale" (Ministère de
l'Information de la République Sahraouie).
13.1. Mécontentement parmi les transfuges
Le Maroc a toujours fait beaucoup de bruit autour des transfuges
sahraouis, qui, bien que peu nombreux, sont présentés
comme des preuves de la décomposition du mouvement
indépendantiste et comme des victimes repentantes. Un
Sahraoui, ancien agent secret au service du Maroc
réfugié aux Canaries, a révélé
dans une interview qu'il était chargé depuis 1988 de
pousser des membres du Front Polisario à la désertion,
moyennant des promesses matérielles. Il a
déclaré que, si certains transfuges ont
été récompensés par des honneurs et des
biens matériels, la plupart font état de leur
déception et se plaignent amèrement de leur manque de
liberté (Canarias7, 13.1.92).
Mohamed Abdellahi Ahmed est à notre connaissance le
sixième transfuge du Front Polisario ayant quitté le
Maroc par la suite.
14.1. Violations du cessez-le-feu - réaction de l'ONU
Le Ministère de l'Information sahraoui signale que
l'aviation marocaine a survolé la localité
d'Aghouénit, au sud-est du Sahara occidental. Le dernier
survol date du 9.12.91. D'autre part, depuis début
décembre 91, les Marocains poursuivent le renforcement de
leurs lignes de défense, procèdent à des minages
et à des entraînement intensifs des troupes. «Tout
indique que le Maroc s'apprête à entreprendre une action
malheureuse», ajoute le communiqué, afin de «mettre
à profit la situation difficile que connaît la
région».
Dans une lettre adressée le 14 janvier aux deux parties le
Secrétaire général de l'ONU
énumère les activités considérées
par l'ONU comme des violations du cessez-le-feu: toute
amélioration d'ouvrages défensifs, tout mouvement de
troupes, toute surveillance aérienne et tout survol de
positions, etc. La partie sahraouie, dans sa réponse, s'est
engagée à respecter ces instructions et estime qu'il
est nécessaire de faire rapatrier toutes les personnes
déplacées au Sahara occidental par les autorités
marocaines. Elle demande en outre que la MINURSO se porte garante de
la sécurité des citoyens sahraouis contre les abus de
l'administration d'occupation.
15.1. Parlement européen
Les accords de coopération entre la CEE et les pays
méditerranéens, arrivés à
échéance, devaient être récemment
renouvelés en session pleinière. La ratification du
protocole d'aide économique avec le Maroc, portant sur une
somme de 438 millions d'écus, n'a pas obtenu la
majorité absolue requise. Par ce vote les parlementaires ont
sanctionné le non-respect par le Maroc des droits de l'homme
et les entraves mises par ce pays au règlement du
problème du Sahara occidental.
La délégation Maghreb du Parlement européen a
visité le Maroc à la mi-décembre 91
(agences).
15.1. Répression au Sahara occidental
Malgré la répression que le Maroc exerce dans les
zones occupées, dans la nuit du 3 au 4 janvier des drapeaux de
la République sahraouie ont été
déployés et des graffitis réclamant
l'indépendance ont couvert les murs et les voitures
officielles marocaines dans les principales localités du
Sahara occidental. Les conséquences ne se firent pas attendre.
Plus de 200 personnes, principalement des jeunes, auraient
été arrêtées le lendemain surtout à
El Ayoun. Le Ministère de l'Information sahraoui publie une
liste nominative de 24 personnes incarcérées. D'autres
arrestations auraient eu lieu en décembre déjà
à Dakhla, Smara, et même à Agadir, où 4
étudiants sahraouis auraient été
interpellés (Ministère de l'Information de la
République Sahraouie).
15.1. Prolongation de l'engagement de l'Unité
médicale suisse
Le Conseil fédéral suisse a prolongé
jusqu'à fin 1992 le mandat de l'Unité médicale
suisse (SMU). En revanche il ne s'est pas prononcé sur la
réduction de ses effectifs. Le communiqué reste
très vague sur les causes du retard du processus
référendaire et n'émet aucune critique envers le
Maroc. D'autre part, pour ne pas nommer le Front Polisario le
gouvernement suisse parle de «forces combattant pour
l'indépendance du Sahara occidental» (agences).
18.1. Chasseurs bombardiers américains pour le Maroc
Les Etats-Unis ont livré début janvier douze avions
F-16 au Maroc «en raison de la situation instable en
Algérie», selon une source anonyme citée par Le
Monde . Selon Jeune Afrique du 7.8.91 il s'agit d'un contrat d' un
montant de 250 millions US $, pour l'achat de vingt F-16 d'occasion
devant être remis en état et qui ne seront pas
opérationnels avant une année.
19.1. Encore un aller-retour
Ali Machnane (Ali ould Ahmed ould Bouihiya, né en 1936),
ex-membre du Front Polisario, qui avait fait défection en
janvier 1990 et était devenu fonctionnaire au Ministère
marocain de l'Intérieur, a décidé de
réintégrer le mouvement indépendantiste (El
País, 14.1.). Il déclare au quotidien madrilène
que «la présence de l'ONU au Sahara occidental n'a pas
mis fin aux violations, par la police marocaine, des droits
élémentaires de la population civile sahraouie dans les
territoires occupés» (El País, 19.1.).
19.1. Vague d'arrestations
Selon El País, qui se base sur des informations en
provenance du Maroc, environ 400 Sahraouis auraient été
arrêtés dernièrement au Sahara occidental, dont
des femmes, de nombreux étudiants et même des enfants de
douze ans.
20.1. Mise au point
L'Intergroupe parlementaire du Parlement européen
«Paix pour le peuple sahraoui» par sa présidente Mme
Barbara Simmons a adressé un message à M. Boutros-Ghali
«pour lui faire connaître son sentiment sur les conditions
nécessaires à la crédibilité du scrutin
qui devrait se tenir au Sahara occidental». Il demande au
Secrétaire général de «s'en tenir
rigoureusement à la plateforme dégagée entre les
deux intéressés, le Maroc et le Front Polisario».
D'autre part l'Intergroupe remarque que «le Maroc n'exerce
aucune souveraineté sur le Sahara occidental, il n'en n'est
que l'occupant de fait. (...) l'ONU et l'OUA doivent être
investies des attributs de cette souveraineté», en
attendant les résultats du référendum.
L'Intergroupe conclut :«Un référendum qui se
déroulerait dans le climat actuel serait dépourvu de
toute crédibilité».
22.1. Réduction des effectifs
Le Conseil fédéral a décidé la
réduction des effectifs de la SMU (Swiss Medical Unit) qui
passeront bientôt de 84 à 64 personnes (Basler
Zeitung).
23.1. Escalade de la violence sous le nez de l'ONU
Le Ministère sahraoui de l'Information annonce plusieurs
violations du cessez-le-feu: l'armée marocaine a
procédé à des tirs d'obus dans la nuit du 20 au
21 janvier, survolé les zones tenues par le Polisario les 18,
20 et 23 janvier, et procédé à des
aménagements de ses positions.
Dans une lettre au Secrétaire général de
l'ONU le coordinateur sahraoui avec la MINURSO, Bachir Moustapha
Sayed, a attiré son attention sur ces faits ainsi que sur les
arrestations opérées par le Maroc dans les zones
occupées (voir les Reflets du 11-18.1.92). Il a demandé
le déploiement complet de l'Unité militaire de la
MINURSO «dans tout le territoire et sur toutes les
frontières du Sahara occidental» (donc y compris la
frontière Maroc-Sahara) ainsi que de la CIVPOL, la police
civile onusienne, « afin de protéger la population civile
sahraouie».
Le Front Polisario publie une liste nominative de 22 personnes
arrêtées et torturées par la police marocaine
à El Ayoun et Smara «au vu et au su du
représentant spécial adjoint des Nations unies, M. Zia
Rizvi» (Minisitère sahraoui de l'Information, 23.1.92).
Une rencontre entre responsables sahraouis et M. Boutros-Ghali
aura lieu prochainement à New-York.
23.1. Expulsion
Un militant belge d'amnesty international a été
expulsé du Maroc. Il avait eu des contacts avec d'anciens
prisonniers politiques (Le Monde).
21-22-23.1. Reportages
Dans les reportages réalisés par la
Télévision suisse-romande en janvier 92 au Sahara
occidental on a pu entendre le chef-radio de la SMU se plaindre de ce
qu'une partie de son matériel est toujours retenu à
Agadir par les autorités marocaines, alors qu'au DMF on nous
assurait , il y a peu, que tout le matériel était
arrivé (Reflets du 10.1.92).
Le réalisateur, évoquant d'autre part le
problème de l'établissement du registre
électoral, affirmait que le Maroc demandait l'inscription de
120'000 électeurs supplémentaires et «le Front
Polisario davantage encore ». Cette deuxième affirmation
est dénuée de fondement, le Front Polisario ayant
toujours déclaré s'en tenir strictement au recensement
espagnol de 1974, comprenant 74'000 noms.
27.1. Commission des Droits de l'Homme
La Commission des Droits de l'Homme de l'ONU siègera du
27.1. au 6.3.92 à Genève. Le Sahara occidental figure
à son ordre du jour sous les points 9 (droit à
l'autodétermination) et 10 (qui traitera des
détentions, tortures et disparitions dans les zones
occupées).
25.1. Accord signé
L'Italie et le Maroc ont signé un accord de
coopération portant sur des crédits d'aide d'un montant
de 225 millions de $, sur l'achat de navires de commerce et sur un
don de 73 millions de $ au titre de la coopération technique
(agences).
26.1. Référendum
C'est le 26 janvier que le référendum aurait
dû avoir lieu au Sahara occidental. Pour marquer cette date des
référendums symboliques ont été
organisés devant les sièges de l'ONU à Bruxelles
et Madrid. La manifestation a été suivie à
Madrid de la remise d'un message au représentant du HCR et du
Secrétaire général de l'ONU. En Italie une
importante délégation de l'«Association de
solidarité avec le peuple sahraoui» a été
reçue par le représentant des Nations-unies
(agences).
26.1. Comité de vigilance
Un comité de vigilance pour un référendum
libre et régulier au Sahara occidental a été
créé en Belgique.
26.1. Violation du cessez-le-feu
M. Bachir Sayed signale par lettre à M. Boutros-Ghali une
nouvelle violation du cessez-le-feu. Un avion militaire marocain a
survolé le 25 janvier la localité de Bir Lahlou,
où se trouve un poste d'observateurs de la
MINURSO(Ministère sahraoui de l'Information).
27.1. Maroc-CE
Suite à la décision du Parlement européen de
non-ratification du protocole financier avec le Maroc (Reflets
15.1.92), Rabat a décidé de suspendre jusqu'à
nouvel ordre les négociations sur l'accord de pêche avec
la CE. Cette attitude place l'Espagne, notamment, dans une situation
difficile. Celle-ci a demandé à la CE de
reconsidérer sa position sur le protocole financier avec le
Maroc (agences).
29.1. Protestation
L'ambassadeur du Maroc en Suisse a adressé une mise au
point à la Télévision suisse-romande suite
à la diffusion du reportage de Marcel Mione (voir Reflets
Nº 20), dont il relève «l'esprit partisan», les
«jugements péremptoires» ainsi que les «
formules à l'emporte-pièce». «M. Mione semble
manifestement être sous l'emprise de la propagande du
"Polisario"» (agences).
29.2. Interventions
La Fédération internationale de terre des hommes, la
Fédération des parents de disparus en Amérique
latine, la Fédération internationale des droits de
l'homme et la Fondation France-Libertés sont intervenues lors
de la 48ème session de la Commission des Droits de l'Homme,
qui traitait au point 9 de son ordre du jour du droit à
l'autodétermination du peuple sahraoui.
30.1. Réception
Hassan II a reçu M. Boutros-Ghali dans sa résidence
à New-York (agences).
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