[archives arso, publication papier 1991*]
Reflets de la semaine du 12 au 19 octobre 1991 au Sahara Occidental
11 et 13.10. Septième et huitième violation du cessez-le-feu
Des avions de reconnaissance marocains ont survolé à plusieurs reprises les localités de Méharise et de Tifariti ainsi que le sud de la RASD (Ministère d'Information de la RASD, 13. et 14.10.).
14.10. Retour au bercail
Un ancien membre du Front Polisario, Abdi, qui avait fait défection en 1989 à la suite d'un désaccord politique et rejoint le Maroc, a réussi à s'enfuir de Rabat et à rejoindre les Iles Canaries (Diario de Las Palmas, 14.10.). Dans une interview accordée à ce quotidien il indique que 60 à 70 Sahraouis ont rejoint le Maroc depuis 1975, et qu'ils sont tous soumis à un contrôle policier d'une rigueur extrême. Leur statut est pratiquement celui de prisonniers, affirme-t-il.
14.10. Résolution au Congrès américain
Des représentants démocrates et républicains ont élaboré une résolution demandant à Georges Bush de "prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que le Conseil de Sécurité réagira fermement en cas de mise en danger du plan de paix au Sahara occidental" (El Paìs, 14.10.).
17.10. Menaces de boycott
Alors que les
deux parties avaient accepté comme base du cercle
électoral le recensement espagnol de 1974, le Maroc tente
(à nouveau) de contourner cette décision. En effet,
selon W. Herzog (Basler Zeitung, 17.10.) le Maroc empêchera le
référendum si l'ONU persiste à imposer les
critères d'identification qu'elle envisageait
antérieurement. Rappelons que l'ONU recherche actuellement un
compromis sur la question des critères servant de base
à l'identification des votants, et qu'une décision est
attendue pour la fin du mois.
Dans ce même contexte le gouverneur marocain du Sahara
occidental, Zemrag Salah, a déclaré à l'agence
EFE à El Ayoun que "personne n'avait le droit de
décider qui est sahraoui ou ne l'est pas". Il a averti que
"certains pourraient boycotter le référendum si leurs
parents n'étaient pas admis comme votants", et que "le boycott
était toujours une possibilité à
considérer". Le gouverneur a confirmé l'intention du
Maroc d'installer 170'000 Marocains "nés au Sahara occidental"
dans 4 camps aux alentours des villes de Dakhla, Smara, El Ayoun et
Boujdour (Diario de Las Palmas, 17.10.).
Rapatriement
C'est le HCR (Haut Commissariat pour les Réfugiés) qui est chargé de l'organisation du rapatriement libre et volontaire des Sahraouis vivant hors du territoire du Sahara occidental. Le HCR devra donc évaluer leur désir de retour, organiser et exécuter le rapatriement, et enfin administrer des centres d'accueil jusqu'au référendum. Le nombre effectif des personnes à rapatrier dépendra des critères que la Commission d'identification est en train d'élaborer. Le rapatriement devrait commencer vers le 19.11. et se terminer début janvier 92. Le HCR prévoit l'organisation d'un pont aérien massif et l'aide de 140 fonctionnaires.
Dans un mémorandum adressé au HCR le Front Polisario propose la mise en place de quatre centres d'accueil à l'intérieur du territoire et de onze autres situés dans les territoires libérés. La voie aérienne devrait être utilisée aussi bien pour les personnes que pour leurs biens en ce qui concerne les populations désirant rejoindre El Ayoun, Smara, Dakhla et La Gouera, celles désirant rejoindre Boujdour pouvant s'y rendre par voie terrestre depuis El Ayoun. Les centres situés dans les territoires libérés peuvent être atteints facilement depuis les camps de réfugiés de Tindouf par voie terrestre. Il ne serait pas logique ni pratique, ajoute le mémorandum, que des personnes soient transportés par avion à El Ayoun pour ensuite rejoindre l'endroit de leur choix par voie terrestre, alors que celui-ci se trouve près des camps actuels.
La façon dont se fera le rapatriement n'a pas encore été tranchée par l'ONU. De toute façon 9'000 personnes devront être transportées par avions (groupes vulnérables).
En plus des Sahraouis réfugiés près de Tindouf il existe d'autres concentrations sahraouies à l'étranger: environ 5'000 en Mauritanie, et quelques centaines aux Iles Canaries.
Financement: le coût de l'opération a été estimé à 34,5 millions de $. Elle devrait être financée par des contributions volontaires. Il manque aujourd'hui encore 4 millions de $, mais l'Allemagne et la France n'ont pas encore contribué, malgré leurs promesses. Rappelons que la Suisse a versé 4 millions de $, et que la contribution algérienne sous forme d'une aide au transport devrait s'élever à plus de 10 millions de $.
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* [les documents d'archives antérieures à 1995, création du site web, sont publiées au fur et à mesure de nos possibilités]