[archives arso, publication papier 1991*]
Reflets de la semaine du 28 septembre au 5 octobre 1991 au Sahara Occidental
25.9. Le Représentant spécial de l'ONU à Tindouf
Après
s'être entretenu avec le président mauritanien Ould
Taya, M. Johannes Manz, représentant spécial du
secrétaire général de l'ONU pour le Sahara
occidental, est arrivé dans les camps de
réfugiés sahraouis au sud de Tindouf
(Algérie).
M. Manz était accompagné e.a. de son conseiller
juridique M. Benachour, de M. Pédanou, président de la
Commission d'identification, du général Roy, chef des
observateurs militaires.
La visite de M. Manz avait pour buts de discuter des critères
d'identification, des lieux de cantonnement des troupes sahraouies,
et du calendrier du plan de paix.
Identification: le Front Polisario refuse le critère tribal
avancé par le Maroc pour l'identification des votants,
critère qui est contraire à l'esprit et à la
lettre du plan. Le Maroc «veut réunifier les tribus
sahraouies dispersées dans toute la région à la
suite des diverses migrations du siècle passé, et
particulièrement à cause de la répression
exercée par les Espagnols. La plupart des personnes
dispersées figurent dans les listes de 120'000 personnes
remises à l'ONU comme complément au recensement
espagnol de 1974».
Cantonnement des troupes: le Front Polisario exige que ses troupes
soientt cantonnées sur le territoire sahraoui, selon le
principe d'équité.
Calendrier du plan de paix: le Front Polisario tient au respect du
calendrier du plan. Il désire que le Représentant
spécial s'installe rapidement à El Ayoun comme
prévu.
26.9. Reportages
Deux journalistes allemands ont publié les récits de leurs visites récentes dans les territoires libérés de la République sahraouie. «Die vergessene Kolonie» par Barbara Debus,«Die Zeit», Hambourg, 26.9.91, et "Heim in die Wüste", article non signé paru dans "Der Spiegel", 30.9.91.
30.9. Evolution inquiétante
La
«Commission sahraouie pour le référendum»
annonce que «35'000 Marocains au moins ont
pénétré au Sahara occidental afin d'imposer leur
"droit" de vote lors du prochain référendum». La
commission sahraouie indique que «les autorités
marocaines ont commencé la distribution de formulaires
d'identité afin que ces nouveaux arrivants puissent
"réclamer leur droit" de vote». Tous les jours des bus
amènent de nouveaux colons ce qui risque de provoquer des
troubles et de créer une ambiance de confusion et
d'intimidation parmi la population sahraouie des territoires
occupés, continuellement soumise à des pressions
physiques et psychologiques.
Ces Marocains, qui proviennent en partie des bidonvilles de
Tétouan, de Taza et d'autres endroits reculés de
l'extrême nord du Maroc, sont rassemblés par groupe de
cinq personnes, et reçoivent par semaine une chèvre, un
sac de farine et de riz. Il y aurait des Marocains même dans
des localités aussi éloignées qu'Aoussert,
Tichla (extrême sud du Sahara occidental) ou Echderia (est du
territoire). Avec ces nouvelles vagues de "marcheurs" la situation
sanitaire commence à se détériorer, des
pénuries d'eau sont signalées à El Ayoun et
Smara, sans parler des problèmes de logements et de nourriture
qu'entraîne la venue d'un nombreaussi grand de colons.
Selon le plan de paix, le rapatriement des votants doit se faire sous
les auspices du HCR et de la Commission d'identification. La
commission sahraouie demande donc le départ de ces nouveaux
arrivantset l'application de la procédure prévue,
c'est-à-dire des demandes individuelles au lieu
d'habitation.
Pour la petite histoire: Des Sahraouis s'adressent à de
nouveaux arrivants qui sont en train de s'installer près d'El
Ayoun : «De quelle tribu êtes-vous?» -
Réponse:« On ne nous l'a pas encore
dit...»
30.9. Cinquième violation du cessez-le-feu
L'aviation marocaine a violé pour la cinquième fois le cessez-le-feu, en survolant la localité de Zoug, à l'extrême sud du territoire, dans une zone contrôlée par le FP et où se trouve un poste d'observation de la MINURSO.
30.9. Prudence et retenue suisses
Le Conseil fédéral a répondu à une question du Conseiller national Pierre Aguet, qui demandait si le gouvernement suisse était prêt à intervenir pour que des observateurs internationnaux, des parlements et ONG puissent suivre le processus référendaire sur place, à l'instar de ce que demande la résolution du Parlement européen.Le chef du DFAE a répondu que «la condition indispensable à de telles actions est l'accord des parties»; qu'en l'occurence le Maroc ne donne pas son accord, en argumentant que ce serait porter atteinte à la crédibilité et à la capacité de la MINURSO de remplir son mandat;que le plan de l'ONU ne prévoit pas, comme d'ailleurs le plan namibien, la participation d'observateurs, alors qu'ils ont finalement été nombreux en Namibie, et que, selon M.Felber, «la Suisse doit s'abstenir de toute action pouvant servir de prétexte aux parties en conflit de retirer leur soutien au processus référendaire,... une initiative suisse dans le sens souhaité risquerait», ajoute M.Felber, «de ne pas produire les résultats escomptés».
30.9. Prisonniers
Selon le Diario de Las Palmas l'échange de prisonniers de guerre entre le FP et le Maroc pourrait ne pas avoir lieu. Le Maroc ne reconnaît pas la notion de prisonniers de guerreappliquée aux membres du FP faits prisonniers lors de combats, et affirme qu'il n'y a pas de prisonniers politiques au Maroc.
1.10. Sixième violation du cessez-le-feu
L'aviation militaire marocaine a violé le cessez-le-feu en survolant la zone de Ternit, dans la région libérée de Emhatris.
2.10. Défection
Un haut fonctionnaire sahraoui, Boulahi Halifa, ex-directeur général de l'Information de la RASD,s'est rallié au Maroc. Il a des liens de parenté avec Omar Hadrami,cet ancien membre de la direction du FP, qui a rejoint le Maroc en 1989, et qui occupe actuellement des fonctions importantes au Sahara occidental.
2.10. Déplacements forcés et intimidation des électeurs
Selon le
ministère sahraoui de l'Information le gouvernement marocain
est en train d'obliger des Sahraouis figurant sur la liste du
recensement espagnol de 1974 à se rendre au Maroc, sous
prétexte de recevoir des cours de formation technique. Les
premiers concernés sont les Sahraouis qui travaillent dans les
domaines de la santé et de l'éducation.
Parallèlement des fonctionnaires du ministère de
l'intérieur marocain convoquent des Sahraouis figurant sur la
liste du recensement espagnol et tentent de les convaincre, souvent
par intimidation, de déclarer devant la commission
d'identification (qui devra leur distribuer la carte
d'électeur après les avoir identifiés) qu'ils
ont "des liens de parenté" avec les Marocains introduits ces
dernières semaines au Sahara occidental. C'est ainsi que le
gouvernement marocain espère obtenir l'inscription de milliers
de Marocains sur la liste définitive des votants.
2.10. Maroc-Mauritanie: grincements
Le secrétaire général de l'ONU a demandé au président mauritanien d'accorder à la MINURSO de larges facilités de passage. Celle-ci souhaite en effet faire de la Mauritanie une base arrière de son déploiement au Sahara afin de se soustraire quelque peu à l'emprise marocaine. Selon Jeune Afrique du 2.10.91 la réponse mauritanienne a été positive, ce qui aurait «quelque peu agacé Rabat».
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Copies des articles cités
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