[archives arso, publication papier 1991*]
Reflets de la semaine du 14 au 21 septembre 1991 au Sahara Occidental
14.9.91
L'Unité médicale suisse en attente
Les membres de la SMU (Swiss Medical Unit) qui ne sont pas encore
partis pour le Sahara occidental - environ 80 personnes - ont
été engagés dans quatre homes pour personnes
âgées de Zürich. «Pour l'instant, il n'a pas
été question de renoncer à l'envoi des
bérets bleus suisses sur le terrain» a expliqué le
chef du projet.
15.9.91
Journaliste indésirable au Sahara occidental
Les autorités marocaines ont indiqué à
l'envoyé spécial du «Monde» qu'elles ne
souhaitaient pas qu'il se rende au Sahara occidental. Cette
décision intervient après que les journalistes
espagnols, présents à El Ayoun pour le cessez-le-feu,
aient fait l'objet de nombreuses tracasseries pour les empêcher
de travailler.
15/16.9.91
Echec du Maroc lors du sommet de l'UMA
L'UMA, l'Union du Maghreb Arabe, a tenu son sommet à
Casablanca, en présence des chefs d'état du Maroc, de
l'Algérie, de la Tunisie et de la Mauritanie, en l'abscence du
colonel Kadhafi . Hassan II aurait souhaité, que la question
du Sahara occidental soit inscrite à l'ordre du jour et que
ses pairs se montrent solidaires de la cause marocaine. Peine perdue:
les pays maghrébins se sont rangés derrière le
plan de l'ONU, réaffirmant leur soutien au processus devant
mener à un véritable référendum
d'autodétermination. (Le Monde, 18.9.91).
16.9.91
L'Unité médicale suisse en route pour le Sahara
Un convoi de dix poids lourds affectés à la SMU (Swiss
Medical Unit) a quitté Thoune à destination de
Marseille. Les camions transporteront dans les zones
concernées le matériel médical actuellement
entreposé à Agadir (Maroc). Ils sont accompagnés
de treize personnes.
17.9.91
Rupture du cessez-le-feu par le Maroc
L'aviation marocaine a entrepris, selon un communiqué de la
RASD, des vols de reconnaissance dans la région
d'Agouénit (territoires libérés, sud-est du
Sahara occidental) en date du 15 septembre (10ème jour du
cessez-le-feu).
Selon l'article 14 du plan de paix (document S/21360) « les
parties au conflit cesseront toutes leurs opérations
militaires immédiatement après la proclamation du
cessez-le-feu, y compris les mouvements de troupes (...)».
L'article 51 répète cette injonction.
18.9.91
Nouvelle rupture du cessez-le-feu
Deux avions de l'armée marocaine ont survolé les
environs de Zoug (territoires libérés, sud-est du
Sahara occidental) le 17 septembre. La RASD a exprimé à
nouveau ses craintes sur les dangers qui planent sur le cessez-le-feu
et estimé qu'il est du devoir de la communauté
internationale de réagir pour amener le Maroc à
respecter l'esprit et la lettre du plan de paix.
18.9.91
Régime policier dans les territoires occupés
Les autorités marocaines mettent en place une surveillance
digne d'un état de siège, afin d'éviter tout
contact entre la population sahraouie et le personnel de l'ONU.
La population sahraouie a été avertie de ne pas prendre
contact avec «les étrangers», c'est-à-dire
avec les membres de la MINURSO ni avec les journalistes, sous peine
de poursuites et de châtiments sévères.
Les rassemblements sont interdits, même à l'occasion de
mariages, de baptêmes ou d'autres manifestations sociales. Ces
derniers jours différentes personnes ont été
convoquées par la police pour avoir été
aperçues dans les quartiers où se trouvent des
«étrangers». De même les familles des
«disparus» sahraouis récemment
«libérés» ont été averties de
ne pas prendre contact avec des journalistes étrangers.
Plusieurs de ces familles ont même été
déplacées hors des centres urbains.
Des milliers de gendarmes marocains en civil, déguisés
en colons, sont arrivés dans les villes . La majorité
des chauffeurs de taxi d'El Ayoun a été
remplacée par des policiers, cependant qu'une véritable
armée d'indicateurs a été infiltrée dans
la population.
Ce sont des policiers qui fonctionnent actuellement comme
téléphonistes à la centrale d' El Ayoun, ce qui
permet de surveiller chaque conversation mais aussi de l'interrompre
immédiatement en cas de nécessité.Les
patrouilles militaires, qui se sont multipliées dans les
villes, font régner dès 21 heures un couvre-feu non
déclaré.
Le journaliste suisse Didier Schmutz qui a séjourné 2
jours à El Ayoun en compagnie du photographe Hughes de
Würstemberger, a pu, dans des conditions extrêmement
difficiles, entrer en contact avec 8 ex-prisonniers sahraouis et
recueillir leur témoignage.Tous deux confirment la rigueur des
mesures policières.
18.9.91 J.
Manz chez Hassan II
Le roi du Maroc a reçu M. Johannes Manz, l'ambassadeur suisse
nommé chef de la MINURSO et représentant spécial
du secrétaire général pour le Sahara
occidental.
18.9.91 L'ONU
envoie de nouveaux observateurs militaires
M. Perez de Cuellar a décidé de déployer 100
observateurs militaires supplémentaires au Sahara occidental,
ce qui porte leur nombre actuel à 200.
18.9.91 Ruse
électorale marocaine
Le ministère marocain de l'Intérieur a donné
l'ordre à plus de 170'000 personnes originaires des provinces
du Sud-Maroc (Marrakech, Goulimine, Tantan, Ifni, Assa, Sidi Slimane)
de se rendre vers les villes sahraouies occupées de Smara, El
Ayoun, Dakhla et Boujdour où l'on s'active actuellement pour
accueillir ces colons d'un nouveau genre, les «colons du
référendum». Par cette nouvelle manoeuvre le Maroc
essaie d'imposer aux Nations Unies un élargissement du corps
électoral. Si toutes ces personnes prétendent
s'inscrire sur les listes de votants, le travail de la commission
d'identification sera considérablement retardé et le
cadre du scrutin risque d'être faussé.
19.9.91
Identification des électeurs entravée
Comme le signale le ministère de l'information de la RASD, la
République sahraouie, le Maroc n'a pas autorisé la
commission d'identification à se rendre dans le territoire,
malgré plusieurs demandes. Son matériel reste
d'ailleurs bloqué au port d'Agadir.
La commission d'identification n'a donc pas encore pu publier dans le
territoire la liste révisée des électeurs selon
le recensement de 1974.
Cette phase du plan de règlement (art. 21 du document S/22464
des Nations Unies) prévoit que «la commission fera
publier la liste révisée, tant à
l'intérieur qu'en dehors du territoire, là où
des Sahraouis vivent en nombre». Cette publication aurait
dû avoir lieu vers J-12 semaines, soit trois mois environ avant
le cessez-le-feu.
La publication de cette liste doit permettre aux Sahraouis, qui n'ont
pas été dénombrés lors du recensement de
1974, de «demander individuellement par écrit, à
être inscrit sur la liste». Les demandes auraient dû
parvenir à la commission jusqu'à J-8
semaines.
21.9.91
Tazmamart rasé
Le bagne de Tazmamart aurait été détruit et ses
détenus transférés vers d'autres centres de
détention selon des sources diplomatiques bien
informées à Rabat.
Annexe:
Texte intégral de la résolution commune PE 154.644 adoptée par le Parlement européen le 12.9.91 par 166 voix pour, 35 contre et 14 abstentions. [PDF] english [PDF]