Accueil par Femmes Solidaires de la
Sarthe d'une délégation de l'Union des Femmes
Sahraouies le lundi 23 novembre 1998
Allocution de Mme Maryse Berger, Maire-Adjoint
du Mans
Mesdames, Messieurs,
C'est avec un immense plaisir, mais aussi
beaucoup d'émotion, que nous accueillons ce soir
à l'Hôtel de Ville, deux femmes sahraouies:
Mama (Responsable Nationale des Femmes Sahraouies) et
Suelma, qui viennent de participer activement aux travaux du
congrès mondial des femmes. Ce congrès s'est
tenu à Bobigny durant 3 jours, à l'initiative
de la Fédération Démocratique
Internationale des Femmes. Mondialiser la solidarité
des femmes, les encourager à défendre leurs
libertés et leurs droits, demeure un objectif auquel
nous ne pouvons que souscrire. L'une des originalités
de ce congrès est d'avoir permis, à l'issue de
ses travaux, une rencontre de déléguées
avec la population de régions
françaises.
Cette particularité,
relayée ici en Sarthe par l'Association Femmes
Solidaires, que je salue chaleureusement, nous donne
l'occasion de faire connaissance avec Mama et Suelma. C'est
en effet tout naturellement que les groupes locaux du Mans
accueillent des femmes sahraouies, et au nom de la
Municipalité, et en particulier de son maire Robert
JARRY qui malheureusement ne peut être présent,
quelles en soient remerciées.
Pourquoi tout naturellement? Et bien
parce que LE MANS, il est souvent nécessaire de le
rappeler, est la première ville à s'être
jumelée avec une cité du Sahara Occidental,
Haouza.
Pour nos amies sahraouies, qui l'ignorent
peut-être, je rappelle comment tout cela s'est
passé. En février 1981, Jeannine HAUDEBOURG,
Première Adjointe, a séjourné à
Haouza à l'occasion de la célébration
du 5 ème anniversaire de la R.A.S.D. Deux femmes
sahraouies ont ensuite été accueillies au Mans
et à l'issue de leur venue, Monsieur le Maire et
Jeannine ROUXIN ont proposé le jumelage avec Haouza,
ratifié par une délibération du Conseil
Municipal en décembre 1981. Comme vous le voyez,
à l'origine beaucoup de femmes se sont
impliquées et engagées, avec leur coeur et
leur raison dans cette affaire. Nous savons bien que dans
toute lutte de libération nationale, comme à
tous niveaux d'ailleurs dans le monde entier, le rôle
des femmes est essentiel et souvent peu reconnu. Au Sahara
Occidental, dans les campements, elles assurent avec
détermination et courage, malgré les
énormes difficultés liées au manque de
tout,non seulement la gestion du quotidien, mais aussi la
gestion administrative.
Tous ceux qui, dans cette salle,
connaissent la réalité, le vécu des
campements, savent à quel point il est tout
simplement difficile d'y survivre,et à quel point la
solidarité des villes jumelées est
nécessaire. D'ailleurs, le jumelage s'est très
rapidement concrétisé par le séjour
annuel d'enfants sahraouis, par l'envoi régulier de
containers, le dernier parti contenant des
médicaments, du matériel scolaire, du mobilier
hospitalier, entre autres, est arrivé au printemps
1998. Le mois dernier, notre solidarité toujours en
éveil s'est manifestée par l'envoi d'une
délégation mancelle importante au
congrès européen de Manchester sur le Sahara
Occidental.
Au-delà de cette expérience
de solidarité essentielle, à savoir le
jumelage qui a permis de nouer des liens amicaux avec de
nombreux Sahraouis, et de faire mieux connaître ce
peuple le plus souvent ignoré des médias, il
me paraît indispensable d'évoquer la situation
politique actuelle et les perspectives réelles de
sortir enfin de ce conflit vieux de plus de 20 ans.
Depuis la nomination de M. Kofi ANNAN au
Secrétariat de l'ONU et la rapide désignation
de M. James BAKER, ancien secrétaire d'Etat
américain au titre de son envoyé personnel au
Sahara Occidental, tout ceux intéressés par
l'application juste du plan de paix de l'ONU ont repris
confiance et espoir, d'autant que M. Kofi ANNAN, qui sera
demain à Paris au congrès africain, se rendra
immédiatement après dans les campements.
Aujourdhui, la question la plus urgente reste donc
l'application du plan de paix de l'ONU avec la mise en
oeuvre du processus référendaire
d'autodétermination au Sahara Occidental. Il est
important pour nous d'affirmer notre soutien aux Nations
Unies et de demander au gouvernement français de
prendre plus nettement position en ce sens. L'identification
des électeurs sahraouis est presque achevée,
sauf la question des tribus contestées. Une fois ce
problème résolu, les Nations Unies pourront
publier les listes d'électeurs sahraouis participant
au vote.
C'est dans cette perspective
encourageante qu'en France, à l'initiative
d'élus des villes jumelées, de parlementaires
et d'associations comme celle des Amis de la RASD, (je
profite pour remercier tout particulièrement
Régine VILLEMONT pour son action efficace et pugnace)
a été créé tout récemment
l'"Association Française de l'Observatoire
International au Sahara Occidental" dont le projet est de
proposer à l'accréditation des Nations Unie un
corps d'observateurs indépendants chargé de
suivre le déroulement du processus
référendaire. Robert JARRY, Maire du Mans,
s'est immédiatement porté candidat à la
mission d'observation qui mobiliserait des observateurs
nombreux, avertis, impartiaux et attentifs à la
stricte application du droit international dans cette
région. Chacun aura compris que la présence
d'observateurs internationaux revêt la plus grande
signification pour les parties concernées par le
processus, leur seule présence pouvant être
perçue comme une légitimation de
celui-ci.
Je terminerai donc par un message
d'espoir, celui que tout se déroule comme l'ONU la
prévu et qu'enfin le Peuple Sahraoui puisse disposer
de son avenir dans les meilleures conditions
possibles.
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