COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Observatoire des
Ressources du Sahara Occidental
Western Sahara Resource Watch (WSRW)
5 mai 2005
Des militants de 20 pays dénoncent la décision de Kerr-McGee de poursuivre l'exploration illégale de pétrole au Sahara Occidental occupé
La compagnie pétrolière américaine Kerr-McGee a annoncé ce 5 mai le renouvellement de son contrat avec le gouvernement du Maroc portant sur la recherche de pétrole en mer au large du territoire occupé du Sahara Occidental jusqu'au 29 octobre 2005, date de la prochaine discussion sur le Sahara Occidental au Conseil de sécurité de l'ONU.
Une coalition internationale d'activistes des droits de l'homme et de militants pour la justice regroupant une vingtaine d'organisations de quatre continents avait invité la compagnie US à ne pas reconduire le contrat et à cesser toutes ses activités illégales et politiquement irresponsables dans le territoire. Malgré ces avertissements d'organisations de la société civile internationale et de la population sahraouie elle-même, Kerr-McGee plonge en pleine irresponsabilité.
La coalition internationale connue sous la désignation "Observatoire des Ressources du Sahara Occidental (Western Sahara Resource Watch - WSRW)", dénonce cette décision et appelle tous les actionnaires de Kerr-McGee à se défaire immédiatement des titres de cette société américaine, qui fait passer les bénéfices avant les principes et sabote directement le processus de paix de l'ONU au Sahara Occidental. L'Observatoire des Ressources du Sahara Occidental invite également tous les bureaux-conseil en investissements éthiques à revoir leur évaluation de Kerr-McGee à la lumière de cette décision.
Le 4 mai dernier le Fonds norvégien du pétrole a annoncé sur les ondes de la radio Norwegian Broadcasting Corporation qu'il envisage de vendre ses participations à KMG. Le fonds détient des actions estimées à une valeur de plus de 31 millions de dollars. Le gestionnaire norvégien de fonds de placements Skagenfondene, un autre grand actionnaire - s'est déjà débarrassé de ses 100.000 actions, au prix d'une perte de deux millions de dollars. Il a considéré cet investissement comme trop risqué, vu l'image négative de Kerr-McGee.
Le Sahara Occidental, dernière colonie d'Afrique, est illégalement occupé par le Maroc (pour plus de détails voir les notes ci-dessous). L'Observatoire a contacté des centaines d'actionnaires de Kerr-McGee, et une trentaine de bureaux-conseil d'investissements éthiques pour leur montrer en quoi les activités de Kerr-McGee sont incompatibles avec le droit international et une gestion d'entreprise socialement responsable.
La coalition a été créée afin de poursuivre les actions antérieures de ses membres couronnées de succès, notamment en ce qui concerne les compagnies séismiques TGS-NOPEC de Norvège et Fugro de Hollande. Ces compagnies ont quitté le Sahara Occidental (pour plus d'information voir sur le site Web d'arso). En novembre dernier, la compagnie pétrolière française Total a cessé ses activités au Sahara Occidental, probablement suite à la campagne internationale menée conjointement par l'Observatoire des Ressources du Sahara Occidental et le Front Polisario. De ce fait Kerr-McGee est restée la seule compagnie étrangère à oeuvrer encore sur place.
Les militants regrettent que Kerr-McGee ait refusé de se retirer du Sahara Occidental le dimanche 1er mai. Ceci démontre que Kerr-McGee est déterminé à profiter de l'occupation illégale par Maroc et ne craint pas de bafouer le processus de paix de l'ONU et les droits des Sahraouis.
Erik Hagen coordinateur international de WSRW a déclaré: "Cette décision de Kerr-McGee de continuer ses activités dans au Sahara Occidental contrevient au principes de base du droit international et d'une gestion responsable. Nous poursuivrons nos actions aussi longtemps que nécessaire. Le pillage des hydrocarbures du Sahara Occidental par le Maroc est immoral et illégal. Le contrat a déjà contribué augmenter la tension dans ce conflit. Depuis que KMG a signé le contrat de reconnaissance avec le Maroc en 2001, le Maroc a passé de l'approbation des plans de paix élaborés par l'ONU à un refus pur et simple . Il existe des voies de droit bien précises à entreprendre et nous invitons fermement KMG à cesser ses activités dans la région. Nous sommes certains que les mesures que nous envisageons conduiront KMG à se retirer en tant que dernière compagnie pétrolière opérant encore au Sahara Occidental. La question sera seulement comment et quand."
Pour contact et plus d'information:
Erik Hagen,
Coordinnateur International de WSRW et Comité norvégien
de soutien au peuple sahraoui, téléphone (+47) 45 26 56
19,
Richard Knight
(New York), tel (+1) 212-663-5989
Raphael Fisera
(Bruxelles) ; téléphone (+32) 484714870,
Le Sahara Occidental, dernière colonie d'Afrique
Le Maroc a envahi le Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole, en novembre 1975, en violation d'un jugement de la Cour Internationale de Justice stipulant que le peuple sahraoui devrait se prononcer sur son futur. Le Maroc occupe actuellement 80% du territoire. Un processus de paix de l'ONU est actuellement bloqué par le refus du Maroc d'accepter toute solution qui ne garantirait pas sa souveraineté sur le territoire. En automne 2001, le Maroc a attribué des contrats de reconnaissance pétrolière à Kerr Mc-Gee et Total. En février 2002, le Sous-Secrétaire-Général de l'ONU pour les affaires juridiques, Hans Corell, a déclaré que l'exploitation de pétrole sans le consentement des Sahraouis serait illégale. Il a aussi relevé le statut du Sahara Occidental, territoire de non-autonome c.-à-d. une colonie, la dernière en Afrique.
Aucun pays ne reconnait la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. Le mouvement de libération sahraoui Front Polisario, qui a constitué un gouvernement en exil qui est membre de l'Union africaine et reconnu par 70 pays dont l'Afrique du sud, a sévèrement condamné le contrat avec Kerr-McGee. Malgré les risques de représailles encourus de la part des forces de sécurité marocaines, les activistes sahraouis vivant sous occupation marocaine ont également invité Kerr-McGee à se retirer. Des organisations comme Amnesty International, Freedom House, Human Rights Watch et le Département d'Etat des USA ont fortement critiqué la situation des droits de l'homme au Sahara Occidental et l'attitude des autorités marocaines en la matière.
En plus de la recherche de pétrole, le Maroc s'est fortement engagé dans l'industrie de la pêche et l'exploitation des phosphates du territoire occupé. L'Observatoire des Ressources du Sahara Occidental, coalition récemment créée par 20 organisations de 20 pays sur 4 continents, s'oppose au pillage illégal et immoral de ce territoire.