CONFERENCE INTERNATIONALE DE SOUTIEN AU PLAN DE PAIX AU SAHARA OCCIDENTAL
Chers Amis du peuple sahraoui,
J'ai le plaisir et l'honneur de présenter devant cette
Conférence Internationale un bref exposé sur la
situation des droits humains au Sahara Occidental. Mais avant tout,
je tiens à adresser mes salutations chaleureuses et mes
remerciements à tous, pour votre grande solidarité avec
le peuple sahraoui depuis l'invasion marocaine le 31 octobre
1975.
Un hommage particulier aux personnes qui ont rendu possibles quelques
succès dans le domaine des droits humains dans les territoires
occupés du Sahara Occidental ces dernières
années.
Cette Conférence a lieu à un moment crucial de
l'histoire du peuple sahraoui. D'ici quelques jours, on saura si le
Plan de Paix sera la solution du conflit. Depuis plus de deux
décennies, les autorités marocaines commettent de
graves violations des droits humains. Les exactions cruelles et
inhumaines comme les massacres perpétrés par
l'armée marocaine ont causé des milliers de victimes et
entraîné l'exode massif des survivants dans la
région de Tindouf (Algérie), à la recherche d'un
refuge pour se protéger de la barbarie marocaine.
Durant toutes ces années, le Maroc a violé, et continue
de violer les droits de l'homme et les libertés fondamentales.
Des milliers de détenus, des centaines de disparus,
déportés, et toute une population privée de tout
moyen de contact avec l'extérieur. Tout prétexte suffit
pour que n'importe quel sahraoui puisse être conduit dans les
centres de détention secrets: avoir un membre de sa famille
dans le Front POLISARIO, participer à une manifestation,
écrire à ou écouter "Sahara Libre". Personne
n'est à l'abri de ces exactions: enfants, vieillards, femmes
et hommes de tous les âges et de toutes les professions. De
l'élève à l'étudiant, de l'ouvrier au
commerçant, du marin au soldat. Tous ont été
l'objet de mauvais traitements et de la torture. La répression
a atteint une telle ampleur qu'il n'y a pas un sahraoui qui n'ait
été affecté de près ou de loin par les
arrestations arbitraires. Presque la totalité des personnes
détenues ne passent pas en jugement, la majorité
disparaissent. Jusqu'à ce jour, l'AFAPREDESA est toujours sans
nouvelles de centaines de disparus, bien que de nouveaux
éléments laissent penser que certains disparus sont
encore en vie. Durant de nombreuses années, le Maroc a
essayé de cacher ces faits, mais quand sous la pression de
quelques organisations de défense des droits de l'homme et des
comités de soutien au peuple sahraoui, il libéra en
juin 1991 près de trois cent disparus, la Communauté
internationale s'est rendu compte de la réalité. Ce
pays n'est pas seulement un petit "paradis" où l'on peut
passer d'agréables vacances sous le soleil, mais c'est aussi
le pays de l'arbitraire le plus cynique.
Ces libérations ont éveillé de grands espoirs
parmi les familles des disparus et les ONG qui défendent le
respect des droits humains. Mais la réalité fut autre.
Des 310 sahraouis remis en liberté, seuls six ont pu sortir du
Maroc clandestinement. Les autres se trouvent dans une grande prison
sans barreaux, sous surveillance constante. Ils n'ont pas reçu
d'indemnisations; ils n'ont bénéficié d'aucun
traitement médical après tant d'années de
détention infernale.
Rares sont les cas de sahraouis qui ont été
"jugés". Tous ceux-ci passèrent devant des tribunaux
sans les garanties juridiques minimales. Nombreux sont les sahraouis
qui furent assassinés. Seulement pendant la période
écoulée depuis l'installation de la MINURSO dans le
territoire, plus de vingt personnes ont été
assassinées par les forces d'occupation.
La présence de la Mission des Nations Unies pour le
référendum au Sahara Occidental (MINURSO) dans le
territoire, depuis le 6 septembre 1991, n'a en rien changé
cette situation alarmante.
Le moindre contact avec les casques bleus entraîne l'arrestation arbitraire, la torture, et même la disparition ou la liquidation physique. De surcroît, des milliers de sahraouis ont été privés de leurs droits à participer au référendum prévu. Des centaines de sahraouis ont rempli les formulaires de candidature dans les centres d'identification marocains: pourtant ils ne figuraient plus sur les listes des personnes convoquées par la Commission d'identification. D'autres figuraient sur ces listes, mais les autorités leur empêchèrent l'accès; aux centres d'identification de la MINURSO. (Rapport de l'ambassadeur américain Franck Ruddy, vice-président de la Commission d'Identification).
Chers Amis,
Devant de tels faits, face à une telle situation, nous sommes
très inquiets. Il est vrai que M. James Baker, l'envoyé
spécial de Secrétaire Général de l'ONU, a
réalisé un pas important en asseyant les deux parties
en conflit autour d'une table de négociations directes, qui se
sont terminées par la signature d'un accord pour l'application
du plan de paix. Mais comme nous le savons tous, les accords n'ont
jamais manqué, bien qu'ils furent toujours bloqués par
le Maroc. S'agit-il d'une nouvelle manoeuvre? Pour toutes ces
raisons, la population sahraouie ne pourra se rendre aux urnes alors
que dans le même temps elle est persécutée et
menacée par les agents marocains.
1. Quelles sont les garanties qui seront données aux sahraouis pour pouvoir s'exprimer, circuler et choisir par eux-mêmes leur destin en toute liberté durant et après l'opération référendaire?
2. Comment garantir que les différents appareils répressifs n'interviendront pas au cours de toute l'étape référendaire?
Eloigner les services et les organes d l'Etat marocain,
responsables de graves violations des droits humains au Sahara
Occidental est une de ces garanties. Et en particulier, concernant
l'Armée marocaine, la Direction de Sécurité du
territoire (DST), la Police Judiciaire (PJ), la gendarmerie Royale et
le Compagnies Mobiles d'Intervention (CMI), responsables à
elles seules de plus de 90% des arrestations effectuées au
Sahara Occidental.
La libération de tous les prisonniers de conscience sahraoui,
la restitution des restes mortels de ceux qui seraient
décédés durant leur détention
illégale à leurs familles et le jugement de ceux qui
sont impliqués dans les violations des droits humains en est
une autre.
Finalement le libre accès au territoire à toutes les
organisations de défense des droits de l'homme, aux
observateurs indépendants et à la presse internationale
est indispensable.
Pour toutes ces raisons, nous faisons les propositions suivantes.
1. La question des disparitions forcées doit être
résolue avant le début de la période
référendaire.
2. Il faut garantir que les restes mortels des personnes
décédées dans les geôles marocaines soient
rendus à leurs familles.
3. Il faut garantir que les victimes de la torture et de mauvais
traitements soient indemnisées et soignées comme il se
doit.
4. Il faut garantir la présence massive d'ONG de
défense des droits de l'homme, d'observateurs
indépendants et de la presse internationale, avant et pendant
toute la période référendaire. Pour cela, il
faut sensibiliser par des actions concrètes;:
5. Aide matérielle à l'AFAPREDESA, comme ONG qui se trouve sur le terrain, pour qu'elle puisse mener à bien son travail de dénonciation de toute violation des droits humains.
Ce n'est que si ces conditions sont données, loin de toute pression civile ou militaire, qu'il sera possible que se déroule un référendum juste et régulier. Je vous remercie.
[Conferencia internacional de apoyo al plan de paz] [Western Sahara Homepage]