Villaya de Smara (territoire concédépar l'Algérie)
Ils l'ont attendu avec ferveur pendant des heures, sous le soleil
blanc du désert, avec le vent de sable qui piquait les yeux
des enfants aagitant des colombes de la paix en papier, près
des militaires stoiques et des chameaux surchargés. Il l'ont
attendu en chantant et en dansant, sous les tentes, au son des
tambours, dans ce qui pouvait passer pour une fête un peu
disproportionnée. Ils lauraient attendu sans doute encore
davantage si cela avait été nécessaire, tant il
est vrai que, pour les Sahraouis réfugiés dans les
camps près de Tindouf, dans ce territoire
concédé par l'Algérie, qui les soutient sur les
plsns diplomatique et militaire, la venue de l'ancien
secrétaire d'Etat américain, James Baker, nommé
envoyé spécial du secrétaire
général des Nations unies, était un
événement presque historique. Peut-être enfin une
nouvelle chance, pour le Sahara occidental, cette ancienne colonie
espagnole revendiquée par le Front Polisario, mais sous
contrôle militaire marocain depuis plus de 20 ans, dans
laquelle un cessez-le-feu a été instauré en 1996
( exactement 1991), même si aucune paix durable n'a encore
été signée.
Pourtant en venant visiter ce camp de réfugiés,
où s'entassent quelque 30 000 personnes, dimanche 27 avril, et
rencontrer les autorités de la République arabe
sahraouie démocratique (RASD), M. Baker n'avait à
priori pour tâche que d' "écouter, évaluer,
rendre compte". Dans la même intention, il s'était
rendu, les jours précédents, au Maroc, en
Algérie et en Mauritanie. Son but, a-t-il expliqué au
cours d'une brève déclaration était double: il
devait s'informer, pour juger si le plan de paix de 1988,
accepté par les deux parties mais jamais entré en
vigueur, est encore applicable tel quel ou, dans le cas contraire,
envisager de nouvelles initiatives. M. Baker devra remettre un
rapport à l'ONU avant le 31 mai, date de la fin de la mission
de la Minurso, la force de l'ONU qui a cherché sans
succès à organiser pendant plus de cinq ans un
référendum d'autodétermination pour les
Sahraouis.
Etait-ce assez pour répondre à l'attente des
réfugiés? ces derniers las de vingt ans d'exil et de
lutte, et six ans d'immobilisme diplomatique, se sentent
oubliés. certains parlent de reprendre les armes, mais tous,
malgrétout, comptent sur la personalité de M. Baker,
ses appuis à Washington, et surtout l'intérêt
nouveau des américains pour la région pour redonner une
impulsion à un processus de paix enlisé. Très
prudent M. Baker n'a pas fermé la porte à l'optimisme.
"Les entretiens ont été très productifs",
devait-il souligner, en annoçant que, dans un geste de
"soutiewn à sa mission", le Front Polisario va libérer
85 prisonniers de guerre marocains (200 ont déjà
été relâchés).Et il ajoutait: "le
problème est très difficile à résoudre,
mais il n'est pas sans espoir, sans quoi je ne serais pas ici."