Les signataires de cette lettre, membres de l'"Intergroupe parlementaire Paix pour le peuple sahraoui" du Parlement européen, parlementaires espagnols, membres de parlements autonomes d'Espagne, membres d'institutions jumelées et solidaires avec le peuple sahraoui (conseils municipaux, mairies, députations), membres d'Associations d'amis du peuple sahraoui en Europe et représentants de l'Association internationale des Juristes pour le Sahara, tous nous formons partie du grand mouvement de solidarité avec le peuple sahraoui, qui s'étend à l'Europe, à l'Afrique et aux Etats-Unis.
Nous félicitons M. James Baker III pour sa nomination, par le secrétaire général des Nations unies, comme envoyé spécial pour le plan de paix au Sahara Occidental.
Nous exprimons notre profonde inquiétude devant la stagnation du plan de paix, conséquence de la volonté du Maroc qui cherche à imposer des milliers de votants qui n'ont rien à voir avec le Sahara Occidental.
Nous sommes conscients de la nécessité de trouver une solution définitive au problème du Sahara Occidental, conforme à l'esprit de la Charte, aux résolutions reconnaissant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et au plan de paix, accepté par le Maroc et le Front Polisario et approuvé par le Conseil de sécurité.
Nous sommes préoccupés par les conséquences dramatiques qu'aurait pour la région du nord-ouest africain un échec du plan de paix de l'ONU, en particulier la déstabilisation du Maroc et du Sahara Occidental, alors qu'on assiste à la montée du fondamentalisme, à une crise économique et que se pose le problème de la succession au Maroc.
Tenant compte des conditions dans lesquelles a lieu votre nomination, nous exprimons à la fois de l'espoir en raison des qualités qui vous distinguent, de votre expérience et de votre crédibilité, et de l'inquiétude en prévision d'un éventuel échec, puisque votre mission représente la dernière chance pour la paix.
Nous basant sur l'inéluctable responsabilité des Nations unies de défendre et préserver le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, conformément à la Déclaration 1514 (XV), et afin d'éviter que ce conflit ne dégénère, ce qui conduirait à une grave violation du droit international, nous vous demandons:
1. de faire tout votre possible pour sauver le plan de paix, en usant de toute votre influence pour en faire respecter l'esprit et la lettre par les parties concernées.
2. d'amener les deux parties au conflit à une négociation sérieuse et responsable en présence et sous la responsabilité de pays influents, des pays observateurs, de l'OUA et de l'UE.
3. de faire en sorte que le Maroc respecte les droits de l'homme dans les zones occupées et libère les 600 disparus, ainsi que l'ont demandé les organisations internationales de défense des droits de l'homme.
4. de proposer le renforcement de la MINURSO et d'assurer que le Maroc respecte ses prérogatives dans le cadre du plan de paix.
5. d'éviter que le Maroc ne procède aux élections dans les territoires occupés et ne poursuive sa politique de régionalisation dans cette zone, puisqu'il s'agit d'une violation du plan de paix et d'une provocation des Sahraouis, à un moment où les Nations unies sont sur place.
Sur la base de tout ce que nous avons exposé nous vous demandons de nous
accorder une entrevue, à l'endroit que vous estimerez opportun, afin
que nous puissions vous faire connaître d'autres éléments et établir des
modalités de coopération pour la paix et le respect de la légalité
internationale.
Nous vous remercions pour votre intérêt et réitérons notre disponibilité
à coopérer au bon résultat de votre mission, le déblocage du plan de
paix pour le Sahara Occidental.
Tindouf, le 26 avril 1997
Pour la délégation: