Témoignage de la maman de Abdessalam Loumadi
Nom : Fatima Meskour
Date de naissance : 1958
Loumadi Abdessalam un ex-prisonnier politique Sahraoui qui vient
de purger sa peine de 15 mois de prison ferme le : 18/10/2007. Au
moment de sa libération il a été tabassé
devant le portail de la prison noire à ma présence.
Il y avait une voiture de la police. Abdessalam, à sa sortie,
avait fait signe de victoire, et pour cette raison il a
été tabassé et maltraité devant nos yeux.
Depuis ce moment notre maison est toujours surveillée et lui
aussi dès qu’il sorte de la maison il est suivi, où il
part et avec qui il se rencontre.
Après une dizaine de jours de sa libération il a
été arrêté en pleine rue par une
voiture de la police, et il est conduit à un endroit inconnu.
Dès qu’on a appris la nouvelle j’ai cherché partout dans
les locaux de la police mais la police niait son arrestation.
Après 4 jours il est rentré à la maison dans un
état lamentable, et il nous a raconté qu’il a
été arrêté à la rue Boucraa à
Laayoune, et conduit vers la direction de la sûreté
nationale où il a été interrogé et
torturé, sans qu’il soit présenté au juge
d’instruction, ni au procureur du roi.
En mi-septembre, 3 voitures de la police viennent violer notre maison
et fouiller nos chambres en cherchant Abdessalam. Je leur ai
répondu qu’il n’est pas présent. Ils m’ont demandé
s’il a passé la nuit à la maison ? je leur ai
répondu que oui. Après, l'un d'eux m’a donné son
numéro de mobile et m’a dit que je devrais les contacter
à sa rentrée, ce que je n’ai pas fait.
Le 10/10/2007, notre maison a été violée de
nouveau par une vingtaine de policiers en civil. Tous les enfants
étaient effrayés par le scandale causé par ces
policiers. Quand ils n’ont pas trouvé Abdessalam ils ont pris
son frère Charif LOUMADI, j’ai essayé moi et mes filles
d’interdire aux policiers d’arrêter mon fils à la place de
son frère car il n’était pas un détenu et ils sont
ici pour chercher Abdessalam et non pas Charif et ils sont partis en
nous menaçant de toutes sorte d’intimidations.
Après un certain temps Abdessalam et son père sont
rentrés à la maison, je leur ai raconté toute
l’histoire. Mon mari a écrit une plainte à ce sujet et
s’est dirigé avec Abdessalam chez le procureur du roi pour lui
présenter la plainte. Après la déposition de cette
dernière le 10/10/2007, et dans la cour du tribunal des
policiers en civil ont arrêté Abdessalam et son
père devant les yeux des avocats et des citoyens, parmi ses
avocats il y avait maître Benman.
Ici, les paroles du père :
Loumadi Mohamed . date de naissance :1954
Dans la cour du tribunal ils nous ont arrêté par force et
nous ont conduit vers la direction de la sûreté nationale.
Ils nous ont fait entrer dans une cave où il y avait des salles
d’enquêtes et de torture. Ils nous ont séparé moi
et mon fils. Quand à moi ils m’ont maltraité durant
presque 2 heures et ils m’ont menacé de me tuer, de me violer et
de me licencier de mon travail malgré que je leur ai dit que je
n’ai rien à avoir avec le sujet d’Abdessalam. Ce sont ses
convictions et il en est responsable ; ce qui me regarde c’est la
violation de ma maison en mon absence et vous pouvez m’interroger
à ce propos et je leur ai demandé : « qui vous a
donné l’ordre de nous arrêter à l’intérieur
du tribunal ? », ils m’ont répondu que c’était le
divisionnaire Elbahri Hamid.
Dès qu’ils m’ont libéré vers 15 :00 je me suis
dirigé vers le procureur pour l’informer de ce qui nous est
arrivé, je l’ai trouvé déjà informé.
Je suis allé plusieurs fois chercher les nouvelles d’Abdessalam
à la direction de la sûreté nationale mais sans
jamais recevoir de réponse et je suis chassé de la
direction par des policiers qui me disaient : « ici c’est la
direction des marocains, vous vous êtes des Polisario, et vous
n’avez rien à faire ici, allez chez le polisario ».
Je suis resté chez moi sans aucune nouvelle de mon fils depuis
le jour de notre arrestation ensemble le 10/10/2007, jusqu’à la
nuit du 13-14/10/2007 à minuit quand j’ai reçu une
communication téléphonique à travers laquelle la
personne qui m’appelait s’était présenté comme un
agent de la police et me demandait de venir chez eux à leur
direction. J’ai informé ma femme et mes enfants et je leur ai
demandé de réagir si jamais du mal m’arrive. Je suis
allé à la direction de la sûreté nationale
où j’ai trouvé des responsables qui m’ont parlé
sur un ton normal sans agression en me disant que c’est l’occasion de
l’aid (la fête de la fin du Ramdan) , et nous voulons que tu
voies ton fils. Ils ont amené Abdessalam dans la salle où
je me trouvais. Je l’ai vu pâle, faible et marchait avec
difficulté mais je n’ai rien remarqué sur lui comme trace
de torture et il n’a pas osé m’en parler devant les policiers.
Je leur ai dit pourquoi vous ne le libérez pas ? ils m’ont
répondu que c’est lui qui est responsable de la distribution des
tracts qui sont en faveur de l’autodétermination et c’est lui
qui a brûlé la voiture de la police. Je suis revenu chez
moi.
Le 15/10/2007 à 11h du matin, des prisonniers m’ont
téléphoné de la prison noire pour m’informer que
Abdessalam est incarcéré à cette prison avec deux
autres qui sont : - Dah Hassan et – Mohamed Bachiri. L’après
midi vers 5h sa maman lui a rendu visite et elle raconte :
« Je suis entrée chez Abdessalam qui était
sauvagement torturé. Il m’a dit qu’il faut dire à son
père de venir lui rendre visite demain. Je lui ai dit que je
suis sa maman et que son père ne peut pas venir le voir vu ses
conditions de travail. Il m’a dit de dire à son père
qu’il doit venir pour voir le directeur de la prison et de demander aux
avocats de lui rendre visite aussi pour demander une expertise
médicale. Je lui ai demandé la raison de cette expertise
et il m’a répondu avec peine qu’il a été
violé avec une bouteille à plusieurs reprises pour le
porter à dire que c’est lui le responsables des tracts , de la
voiture brûlée et de signer un rapport sans le lire. Et
qu’il se sent déprimé et qu’il a fortement mal
à l’anus. »
Loumadi et ses deux camarade sont en grève de la faim, depuis
leur incarcération à la prison noire le lundi 15/10/2007.
[ARSO HOME]