DECLARATION MOHAMED SIDATI

6 JUILLET 2000

A la suite de la réunion du groupe de parlementaires européens "Paix pour le Peuple Sahraoui", tenu le mercredi 5 juillet 2000, Mohamed Sidati, Ministre conseiller à la Présidence de la RASD, et membre du Secrétariat National du Front Polisario, a fait la déclaration suivante.

«Une nouvelle rencontre entre le Front POLISARIO et le Royaume du Maroc a été organisée le 28 juin 2000 à Londres sous l'égide de Monsieur James Baker III, Représentant personnel du Secrétaire Général des Nations Unies.

Elle portait sur les obstacles qui continuent d'entraver la mise en application du Plan de Paix de l'ONU, donc la tenue du référendum d'autodétermination destiné à mettre un point final à la dernière affaire de décolonisation non encore réglée, en l'an 2000.

Ces "obstacles" ne sont un mystère pour personne: Il s'agit des efforts déployés par les autorités marocaines pour empêcher la tenue d'une consultation libre et transparente.

Le Front POLISARIO a présenté un mémorandum dans lequel il réaffirme clairement son attachement au "Plan de Paix" de l'ONU et son engagement à respecter la légalité internationale quel que soit le résultat du referendum. Il a en même temps présenté des propositions concrètes pour dépasser les blocages et les "obstacles" placés sur le chemin du Plan de Paix. Malheureusement, la position présentée par la délégation marocaine est restée empreinte d'ambiguïtés et de contradictions traduisant une volonté manifeste de se soustraire aux engagements contractés à New York et à Houston.

Il a été décidé au terme de cette rencontre, d'organiser des réunions à caractère technique en juillet - août qui seront couronnées par une nouvelle rencontre de haut niveau en septembre probablement à Houston.

Mais il est évident que les efforts de Nations Unies n'aboutiront que si la communauté internationale et en particulier ses composantes les plus influentes mettent tout leur poids dans la balance pour amener les protagonistes à respecter leurs engagements et à coopérer loyalement à l'organisation d'un référendum d'autodétermination démocratique.

L'Union européenne est l'une de ses composantes majeures, dont l'influence est déterminante. N'est-elle pas le principal partenaire du Maghreb? N'a-t-elle pas un intérêt évident et légitime à voir la paix régner et le développement s'amorcer chez les voisins méditerranéens avec lesquels elle a tant des liens humains, économiques, culturels?

Nous ne contestons nullement la légitimité de l'intérêt porté par les membres de l'UE, et plus particulièrement par certains d'entre eux, au Royaume du Maroc. Nous pensons au contraire que cet intérêt constitue une raison supplémentaire d'aider Rabat à se dégager de ce problème.

Un problème qui constitue par lui une charge très lourde, une occupation coûteuse, qui deviendrait hors de prix si l'échec d'une solution pacifique rendait inévitable la reprise de la guerre; un problème qui constitue aussi un handicap politique et moral (blocage de toute ouverture réelle vers un Etat de droit, des réformes modernes, etc) et aussi un handicap diplomatique.

Nous exprimons l'espoir de voir la France, à la faveur de sa Présidence de l'Union européenne, adopter une attitude moins partisane des thèses marocaines sur le Sahara occidental, donc une politique en somme plus neutre, plus équilibrée et donc plus conforme au droit international, et propice à l'avènement d'un véritable partenariat euro-maghrébin.

Le temps est peut-être venu pour la France d'appliquer dans le traitement de ce problème des méthodes inspirées de celles des Nations unies dans leurs rapports avec les protagonistes du conflit. Le Front POLISARIO a démontré qu'il est un interlocuteur fiable et qui de toute évidence incontournable pour la recherche d'une paix juste et durable, seule solution à ce douloureux problème de décolonisation qui n'a que trop duré.»


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