Une précision, tout d'abord: le Maroc est encore une fois pris en flagrant délit de mensonge: le "mémorandum" adressé par le Maroc à l'ONU n'est pas à "considérer comme un document officiel" émanant de cet organisme, il n'en porte tout simplement pas les codes. Mais le Maroc n'est plus à un mensonge près!

En revanche, si la lettre du président algérien, adressée au Secrétaire Général des Nations Unies, et désignant le Maroc comme " puissance occupante ", a été adoptée comme document officiel par l'A.G. (A-58-873) et par le Conseil de Sécurité (S-20O4-65 1), c'est que ces deux organismes, éminemment compétents, ont jugé que le texte était non seulement recevable mais encore pertinent. Le "mémorandum" marocain n'est ni plus ni moins qu'une expression de dépit, rabâchant des concepts éculés depuis des lustres. Dans son autisme politique et sa paranoïa, le Maroc n'irait-il pas jusqu'à suggérer que l'A.G. et le C. S. des Nations Unies puissent être à la solde d'Alger! Risible et pitoyable!

Aujourd'hui, le constat est simple et implacable pour le Maroc, qui ne semble plus recourir qu'à ces moyens inutiles, vains et dilatoires pour tenter encore de se faire entendre: il n'existe de par le monde aucun organisme international, aucune assemblée nationale, aucun sénat, aucun mouvement ou parti politique, de quelque bord que ce soit, aucun organisme non gouvernemental ou caritatif, qui reconnaît la légitimité et la légalité de la présence marocaine au Sahara Occidental, même au sein des pays " amis ". Au contraire, la gifle diplomatique que l'Afrique du Sud vient de lui infliger en reconnaissant la RASD enfonce encore un peu plus le pays dans son intransigeance et son isolement. Le Maroc a annexé un territoire qui ne lui appartenait pas, qui ne lui a jamais appartenu. Le Sahara Occidental figurait, avant même que le Maroc ait commencé de comploter avec l'Espagne de Franco, sur la liste des territoires à décoloniser et il fallait comprendre par là: libérer le territoire de l'occupant espagnol et offrir aux populations le choix de s'exprimer librement et non passer sous un joug différent, non nécessairement souhaité, quoi qu'en dise le Maroc, et surtout en violation flagrante des décisions onusiennes.

Le Maroc feint d'ignorer les parties des résolutions qui ne lui conviennent pas. Le "mémorandum" fait ainsi l'impasse sur les dernières propositions du S.G. des Nations Unies, acceptées par le Polisario et par l'Algérie, propositions de vote référendaire pourtant loin d'être exclusivement favorable aux nationalistes saharaouis ! Et puisqu'il est de nouveau fait mention, dans le " mémorandum" marocain, de la Cour de Justice de La Haye, le Maroc semble oublier que cette même respectable assemblée avait dénié au Maroc tout droit juridique ou administratif sur le territoire du Sahara Occidental. Le Maroc est donc, depuis son invasion militaire et le non-respect de toutes les décisions subséquentes, en parfaite illégalité internationale.

Le " mémorandum" passe aussi sous silence que le Maroc n'hésite pas, pendant trois ans, conséquence du complot de Madrid de 1975, à se séparer du sud de son "territoire spolié", pour reprendre la logomachie délirante des nationalistes du Grand Maroc. Qui a fait preuve d'hypocrisie, dans ce marché de dupes? Ce n'était donc que cette incohérence-là, ce mépris des Marocains eux-mêmes, ce déni de ses propres proclamations enflammées, brader quelques kilomètres carrés déshérités à son allié du moment? Le coeur des Marocains n'aurait-il donc pas dû saigner alors, de récupérer ainsi l'Alsace et de perdre la Lorraine?

Que propose le " mémorandum" marocain qui ne sente pas le réchauffé, le moisi, qui n'exprime autre chose que le mépris, l'arrogance? " Offrir à tous les habitants et les anciens habitants un transfert de certaines (c'est nous qui soulignons) responsabilités ", en gardant pour soi, comme le disait le cynique et cruel roi despote H2, " le timbre et le drapeau" ? Est--ce ainsi que le Maroc est prêt à se conformer aux normes internationales? Est-il prêt à cantonner son armée, ses polices, sa gendarmerie, ses CM!, ses " merdas", ses espions, les espions des espions... dans leur caserne? Certainement pas, car l'expression des Saharaouis serait immédiate et unanime: descendre dans la rue avec des drapeaux aux quatre couleurs.

Le Maroc est bien une puissance occupante, car de 1976 à 1991, il s'est opposé militairement à un Etat constitué, libre et souverain, reconnu alors par plusieurs dizaines de pays. Pour ce faire, le Maroc n'a pas hésité à commettre un crime contre l'humanité, massacrer des dizaines de Saharaouis innocents qu'il jugeait probablement pas assez convaincus de leur " marocanité "! Est-ce là ce que le Maroc appelle "le respect du droit international et coutumier" ? De qui le Maroc se moque-t-il ? Combien de temps encore un peuple martyr va-t-il attendre pour que la communauté toute entière force le Maroc à évacuer ce territoire ? Dans ce qu'il a d'obtus, de buté, d'indigne, de violent aussi, le comportement du Maroc rappelle, à bien des égards, non seulement celui d'lsraël, réfutant la réalité palestinienne, mais aussi celui de la France en Algérie, refusant le fait national algérien, et celui des Blancs de l'Apartheid en Afrique du Sud, méprisant l'"autre".

L'an prochain à El Aiun.

Diego

18.10.04