OPINION


2 mois de liberté pour des enfants exilés

Tayab Bougraimez


[english translation on
Western Sahara Info blog]

Au nom d’un sahraoui qui a grandi dans les zones occupées du Sahara Occidental et qui vit à présent en France. Un sahraoui qui, avant de passer chaque été avec les éclaireuses et éclaireurs de France du groupe Paul Emile Victor de Loon-Plage, n’avait jamais eu de contacts avec ses compatriotes des campements de réfugiés de Tindouf.

Les moments passés, chaque année, avec mes petits frères sahraouis et mes camarades ; les éclaireurs, sont uniques et inoubliables. Ce sont des moments de liberté et de joie.

Aujourd’hui et comme chaque année, en voyant les sourires sur le visage des petits sahraouis ça me procure un bonheur inouï et une grande fierté. Ces petits réfugiés ont l’occasion de connaître, de découvrir et pratiquer beaucoup d’activités nouvelles comme la piscine, la plage, la rivière, beaucoup d’activités nautiques telles que le canoë, la barque, le pédalo et de passer des journées sympathiques dans de belles régions de France. On pique-nique convivialement avec nos copains et copines françaises. Sans oublier, le roller et l’impressionnante journée, pleine d‘aventure, pour tous, au parc de Bagatelle…

Moi, en temps qu’interprète et accompagnateur, mais aussi comme frère et ami de ces petits enfants, je sens l’innocence dans leurs paroles et l’amour dans leur cœur.

Cette expérience unique n’est pas sans importance comme il me le rappelle souvent. Comme quand Taoufa compare la France aux campements et qu’elle me dit, avec un regard malheureux « la différence entre ces 2 pays, c’est comme si je mettais ma main gauche dans l’eau et la main droite dans le feu ». Ou encore quand Badabada, âgé de 9 ans, qui ne cache pas sa joie et son bonheur d’avoir reçu son 2ème cadeau en 9 ans de  vie  dit « Mon 1er cadeau c’est mon voyage en France et mon 2ème cadeau c’est mon beau VTT que j’ai reçu, sans parler de tous les cadeaux que notre père Christian et toute la grande famille des éclaireurs ne cessent de nous offrir chaque jour ».

Je suis fier de ces petits enfants qui arrivent déjà à dire quelques phrases en français comme : bonjour, ça va, merci, je t’aime, comment tu t’appelles et connaissent tous les prénoms des membres du groupe. Ils ont une soif d’apprendre, de découvrir. Ces enfants privés de bonheur et de leur enfance aimeraient découvrir notre mode de vie, un monde de liberté.

Beaucoup d’enfants qui vivent en paix et connaissent la liberté, rêvent d’avoir un château, une belle voiture, beaucoup de jouets, une piscine…alors que les enfants sahraouis ne rêvent que d’une chose c’est de grandir pleinement sur leur territoire (le Sahara occidental) libre et indépendant.

Tout cela me blesse, me touche parce que je vois l’enfance de mes frères sahraoui, gâchée, perdue avec un avenir sombre. Je souffre surtout lorsque je regarde leurs dessins où l’on ne voit que des tentes, des chameaux, du sable et un drapeau, celui que leurs familles espèrent depuis plus de 30 ans.

Un jour j’ai posé, une même question à un petit sahraoui et a un éclé, « qu’est ce que tu veux faire comme métier plus tard ? »,  Thibault m’a répondu qu’il voulait devenir ingénieur pour construire des parcs de jeux et des stades de foot alors que Bachir, lui, voulait devenir soldat pour libérer et protéger son pays. Je n’ai rien pu répondre, nul ne peut et ne doit rester insensible à des paroles comme celle la, sorties de la bouche d’un enfant de 8 ans.

Il y a 30 ans, les combats commençaient, déjà 30 ans que mon peuple souffre et est divisé et tout cela sans que le monde réagisse. On connaît le problème, on le voit mais rien n’est fait.

Actuellement, des manifestations et des violences ont lieu dans les zones occupées, qui livrent à leur tour un combat. Le monde peut alors voir le vrai visage du gouvernement marocain qui lynchent des étudiants sahraouis, emprisonnent des journalistes et intellectuels parce qu’ils osent prendre parti ou parler du problème sahraoui à haute voix Ils osent dire et revendiquer la paix, leur volonté d'être libre et indépendant sur leur territoire.

Donnons nous la main,

Tendez-nous la main,

Pour de meilleurs lendemains

Pour chacun !!!

TAYEB BOUGRAIMEZ                                                                                                                                          

02.09.07


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