OPINION

 

Les méthodes du gouvernement Sharon inspirent-elles les autorités marocaines dans leur politique d'occupation du Sahara Occidental ?

Pierre GALAND

Depuis peu, le gouvernement marocain, en violation de toutes les règles internationales, entre autres les conventions de Genève, les résolutions de l'Assemblée Générale 1514 (Xv) &endash; 1541 (XV) et celle du Conseil de Sécurité créant la MINURSO, mais également en reniant ses propres engagements, notamment les accords de Huston signés en 1997, tente de faire croire que la question du Sahara est réglée de facto par son occupation territoriale du Sahara Occidental.

Puissance occupante, le Maroc déplace les populations autochtones et peuple le territoire du Sahara de populations marocaines qu'il y attire par divers avantages : déductions fiscales, logements avantageux, emplois, etc.

Dans le même temps, il réprime toute expression libre de la population sahraouie dès que celle-ci tente d'exprimer sous quelque forme que ce soit, une volonté d'autonomie, de respect de sa culture, ou pire, de soutien à l'autodétermination.

Cela s'accompagne sur le plan international d'une campagne intense et soutenue visant à rejeter les résolutions pertinentes des Nations Unies et à imposer, avec l'appui marqué de la France, une troisième voie faisant du Sahara Occidental une province du Maroc avec de vagues promesses d'une certaine autonomie.

Tous les reproches aujourd'hui faits au gouvernement Sharon : guerre, occupation militaire, colonisation du territoire, politique discriminatoire s'apparentant à l'Apartheid, violation des conventions de Genève et non respect des résolutions pertinentes des Nations Unies, peuvent être faits au gouvernement marocain vis-à-vis du Sahara Occidental.

Il n'existe pas deux droits internationaux : l'un lorsqu'il s'agit des droits inaliénables du peuple palestinien à un Etat souverain, au droit au retour des réfugiés, à la fin de la colonisation et de la guerre ; l'autre lorsqu'il s'agit des droits tout aussi inaliénables pour le peuple sahraoui dont l'Etat a déjà été reconnu par l'Organisation de l'Unité africaine, l'OUA. Dans le cas du Sahara, les résolutions 648 et 690 du Conseil de Sécurité ont tracé les règles, les accords de Houston en ont précisé l'aboutissement référendaire.

Le Maroc ne peut, d'une part se faire le champion des droits du Peuple palestinien à un Etat et, dans le même temps, imposer sa loi d'occupation et d'annexion au Sahara Occidental.

Aujourd'hui, tant pour la Palestine que pour le Sahara Occidental, l'exemple du Timor Occidental, qui vient d'accéder à l'indépendance ce 20 mai 2002 sous les hospices des Nations Unies est le seule voie à suivre.

Le Maroc serait bien inspiré d'autoriser l'ONU à se déployer et à administrer le Sahara Occidental comme le prévoit le plan de paix de la Minurso afin de permettre la consultation populaire des Sahraouis sur leur avenir.

Ce faisant, le gouvernement du Maroc démontrerait que, dans le monde arabe, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes constitue la règle. Non seulement c'est la leçon et l'exemple qu'il donnerait au gouvernement israélien mais, en outre, le Maroc ouvrirait ainsi la voie de la co-existence pacifique et de la coopération entre les pays du Maghreb dont les populations ont, par ailleurs, un urgent besoin.

25 mai 2002.


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