OPINION

 

Bon débarras !!

Baba M. Sayed

Une remarque importante. M. Taoujni, avant d’aborder le vif du sujet que vous venez de relancer (voir le texte), vous n’avez pas, vous le supposé « bien élevé » et « bien éduqué », à me tutoyer. A ce que je sache, nous n’avons pas gardé les vaches ensemble à Doukkala pour que vous vous permettiez une telle familiarité avec moi.

Venons-en maintenant, monsieur le petit flic mythomane, à l’objet qui nous intéresse, la marche que vous aviez l’intention d’organiser, avant que vous vous dégonfliez comme une baudruche,  sur Tfarity. Vous affirmez, avec le ton de l’oracle, sûr de son fait et de son bon droit, que vous serez bientôt à Tfarity. Mais, sachant que ce n’est là qu’une énième des divagations auxquelles vous nous aviez jusque là habituées, vous prenez le soin, en même temps, de n’avancer aucune date précise ni de risquer aucun timing déterminé pour nous rendre un peu crédible votre fanfaronnade menace.

Est-ce une omission, un oubli volontaire ou la marque de la lâcheté pitoyable et coutumière des agents du Makhzen quand ils se trouvent, subitement, le dos au mur ?

Vous écrivez, et je vous cite, « Si hier s'était feu Hassan II qui avait organisé la marche verte pour récupérer le sahara marocain, aujourd'hui c'est le peuple marocain à sa propre initiative qui marchera vers Tifarity, Aghouinit, Bir Lahlou et Mijek ... »

Voulez-vous nous suggérer par là que si l’autocrate, feu Hassan II, a pu organiser « tout seul », en 1976, la marche verte sur l’Aâiun (capitale du Sahara Occidental), il n’y a pas de raison à ce que vous qui « incarnez », dans « la nouvelle ère », la volonté du peuple marocain unanime, vous ne marchiez pas, de nos jours, sur Tifarity, Aghouinit, Bir Lahlou et Mijek … ?

Si ce n’est pas de la pure mégalomanie doublée d’une mythomanie avérée, je ne sais pas comment caractériser ce genre de raisonnement défaillant…

En parcourant ces lignes, je ne peux qu’avoir une pensée triste pour le peuple marocain frère et m’apitoyer lamentablement sur son sort. Ce peuple, jadis fier et digne, et qui, après Hassan II et ses tortionnaires, ne trouve, désormais, que le petit et minable flic de Doukkala pour lui confier son avenir et le charger de concrétiser ses supposés rêves !!

Ailleurs, vous affirmez, M. Taoujni, contrairement à tout bon sens et à toute logique, que contrairement aux Sahraouis qui, selon vous prennent leurs ordres des Algériens, vous, les Marocains, vous n’avez pas « besoin d'instructions ou de direction de n'importe quel service de sécurité marocain ou même du Roi en personne pour prendre des initiatives citoyennes. »

Ce discours fallacieux et surréaliste, ces mensonges caractérisés et éhontés n’ont pas besoin d’être réfutés ou démentis. La réalité quotidienne vécue par les Marocains et les Marocaines en atteste sûrement la nature abusive, démagogique et mensongère.

En effet, depuis la publication du livre de Gilles Perrault, notre ami le roi, et les nombreux travaux de Jean-Pierre Tuquoi et de bien d’autres auteurs journalistes et historiens, l’image d’Épinal que les thuriféraires de la monarchie marocaine ont réussi à donner du Maroc s’est avérée n’être qu’une pitoyable imposture.

Depuis lors, la terre entière est au fait que le pays du Makhzen n’est qu’une horrible et sinistre jungle où les citoyens et les citoyennes, rabaissés au rang de simples sujets, n’ont qu’un seul et unique droit, celui de se mettre à genou devant les agents du Makhzen et d’exécuter, le doigt sur la couture, leurs quatre volonté, sans débat ni discussion.

Vous écrivez, plus loin, sans, apparemment, vous apercevoir de la flagrante et insoutenable contradiction dans ce que vous avancez, que  « L'expédition de Tifarity est une initiative propre à l'Association le Sahara Marocain, nous avons été souverain dans toutes les étapes de préparation de ce voyage ainsi que dans notre décision de reporter la date du voyage et ce à la demande des autorités américaines. »

Qui êtes-vous M. Taoujni et que représentez-vous pour que l’État centralisateur et totalitaire marocain puisse vous accorder, dans un moment, il est vrai, d’inconscience coupable, les autorisations nécessaires pour vous encourager à défier, pendant quelques semaines et au grand jour, le peuple sahraoui et sa direction, et au-delà, vous inciter à narguer toute la communauté internationale, au risque de replonger toute la région du Maghreb dans une guerre aux conséquences imprévisibles ?

Par ailleurs, de quelle souveraineté parlez-vous, M. Taoujni quand vous affirmez que vous avez renoncé à votre pitoyable bravade de marcher sur Tfarity à cause de l’intervention du gouvernement des Etats-Unis d’Amérique ?

A l’opposé de ce que vous semblez penser, la souveraineté ne consiste pas, loin s’en faut, dans le fait d’écraser sans pitié, d’une part, son peuple et de le mépriser, et de se plier, d’autre part, en quatre devant les oukases des puissances étrangères. Ce comportement que l’État du Makhzen semble s’être imposé, depuis son émergence, comme une règle immuable de conduite, est tout sauf, la manifestation de l’exercice d’une souveraineté quelconque.

La souveraineté, M. l’agent, est une philosophie, un mode d’être et de vie, que l’on ne vous aurait certainement pas appris et que l’on ne vous apprendra, peut-être, jamais dans les écoles et les académies du maudit Makhzen.

Vos autres affirmations gratuites sur la République sahraouie semblent, comme le reste de vos délires, relever des fantasmes de l’agent makhzénien entêté (ma’âza walaou tarat) que des constats ou des déductions de  l’analyste sain d’esprit.

Je vous signale que la République sahraouie est, depuis longtemps, une donnée et une réalité incontournable contre laquelle votre fallacieux discours pompeusement « nationaliste » et vos incartades ne peuvent rien. Elle a été proclamée en 1976. Elle a délogé, quelques mois après sa naissance, le séculaire Royaume marocain de son siège de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), et elle est reconnue, de nos jours, par plus de quatre-vingt États et entités dans le monde avec lesquels elle entretient des relations politiques et diplomatiques suivies.

Il ne me reste qu’à vous dire M. l’agent qu’en essayant de provoquer le sort, vous vous êtes pitoyablement échoué. En voulant jouer à un jeu dont vous semblez ignorer jusqu’aux règles les plus élémentaires vous avez hâté votre chute.

Tel un jeune et inexpérimenté Icare qui dans l’ivresse de sa foudroyante ascension vers le soleil a oublié que ses ailes sont en cire, vous avez M. l’agent Taoujni oublié que, en tant que simple et faible créature d’un cynique et machiavel Makhzen, vous ne pouvez jamais voler de vos propres ailes …

Avec votre pitoyable chute bien méritée, les Sahraouis qui ne vous ont pas pardonné d’avoir la prétention de vouloir déterminer, en leurs lieux et places, leur intérêt et la manière de le concrétiser, vous disent, M. l’agent mégalomane, bon débarras !!!  

14.01.07


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