OPINION

 

Quand les tortionnaires se mobilisent pour réhabiliter leur traître de patron

Baba M. Sayed

 

Quand le pouvoir est « diffus », non structuré, non « matériellement » identifié, qu'il n'est pas encadré par des lois et des règles connues, vigoureuses et strictes, et quand les institutions devant permettre, en toute transparence et équité, aux citoyens et aux citoyennes d'exercer leurs imprescriptibles droits de contrôle sur leurs commettants et représentants, sont inefficaces ou inexistantes, les organismes sécuritaires, c'est connu, occupent le terrain, s'imposent et imposent leurs lois, c'est-à-dire la terreur et l'arbitraire.

Et c'est cette douloureuse et dramatique expérience que le peuple sahraoui a vécue dans la période qui a suivi immédiatement la disparition tragique d'EL Ouali en 1976.

Soumis à un régime de terreur implacable imposé, par les deux successifs directeurs-tortionnaires de la sécurité, Sida'hmed Batat, le traître Omar Hadrami, alias Mohamed Ali ould Al-Wali et leurs sbires, les campements de réfugiés et les zones libérées, d'un vaste et réel espace de liberté, sont devenus progressivement une caserne militaire où le citoyen sahraoui qui ne dispose plus que d'un seul droit, celui d'obéir au doigt et à l'œil des officiers de la sécurité militaire, est étroitement surveillé, épié à longueur de journée, torturé à mort ou liquidé quand il a la malchance d'être mis en cause, souvent sans preuves, par l'un ou l'autre des omnipotents officiers de la sécurité militaire.

Cette expérience tragique et dramatique, les Sahraouis l'ont chèrement payée par des dizaines, voire des centaines de morts et des dizaines de mutilés… Et ils continuent, malheureusement, de nos jours, de la payer chèrement dans la mesure où elle a, en grande partie, affecté sérieusement et durablement, sur le plan international, l'image et la crédibilité de leur organisation.

Quand à la faveur d'un dégel pour le moins inattendu, la nature et l'étendue du « sale boulot » accompli par les directeurs-tortionnaires de la sécurité militaires et leurs sbires sont découvertes, étalées au grand et dénoncées, quelques années plus tard, les tortionnaires ne trouvent d'autres formes d'excuses, pour justifier l'injustifiable et tenter de faire oublier leur responsabilité dans les horribles crimes recensés, que d'invoquer, dans le cadre d'un F.Polisario que la sécurité militaire a littéralement phagocytée, une fictive et inexistante « chaîne de commandement » politique.

Et le cynisme et la lâcheté de ces tortionnaires ne s'arrêtent, semble-t-il, pas là. Tout comme, par ailleurs, leur mesquine et révoltante prétention de se faire, à la fois, juge et partie, sujets et auteurs de l'histoire…

Certains d'entre eux qui ont été plus que d'autres psychologiquement atteints par le syndrome du métier, la mégalomanie, ont appris, à l'image de leur père spirituel, le traître Hadrami à n'admettre comme vérité que celle qui les fait passer pour les chevaliers blancs de l'épopée sahraouie.

Sans foi ni loi, ces tortionnaires n'hésitent pas -encouragés certainement par l'impunité dont ils semblent bénéficier dans leurs lieux de résidence- chaque fois qu'ils sont mis en face de leurs crimes et de leurs méfaits, de s'improviser, question d'avoir l'illusion de toujours continuer d'occuper les devants de la scène, des historiens attitrés qui détiennent, à l'exclusion de tout(e) autre sahraoui (e), le monopole de la vérité et le sens exclusif d'interpréter l'histoire.

Même si leur patron, le traître Omar Hadrami, est devenu, depuis plus de deux lustres, l'ennemi juré et déclaré du peuple sahraoui, ces tortionnaires ne semblent éprouver aucune gêne à se porter à son secours et à continuer de lui témoigner, servilité, allégeance et fidélité. Ces tortionnaires croient-ils que leurs petites manœuvres seraient susceptibles de réhabiliter, dans la mémoire des Sahraouis, un traître notoire ? Ou croient-ils pouvoir ainsi éviter à ce traître, et par la même occasion à eux-mêmes, la probabilité d'un procès équitable devant un tribunal international que le Comité International de la Croix Rouge [1] semble appeler dorénavant de ses vœux ? Ou tout simplement forger au tortionnaire-traître Omar Hadrami, une nouvelle image dans l'espoir de le faire bénéficier d'avantages précis dans le cadre de ce qui apparaît comme une redistribution des cartes dans le jeu sahraoui par le Makhzen ?

Quelles que soient les intentions, les calculs ou les visées déclarés ou secrets de ces tortionnaires infréquentables -et de leur porte-parole, notre concierge suisse- nous ne pouvons que dire avec les Sahraouis que al-far may ikhalli mahou al-haffar !

18.06.06

[1] Les Sahraouis de Sa Majesté le roi du Maroc, par La princesse enchantée, Bakchich, le journal des dessous de table, vendredi 16 juin 2006.


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