OPINION

 

Le pouvoir à tout prix !!

Par Baba Sayed

Ce titre nous a été inspiré par deux événements, apparemment, distincts mais qui participent, en réalité, selon nous, de la même logique et de la même stratégie, celles mises de l'avant par des dirigeants affaiblis et décrédibilisés, qui, sensés en principe servir leurs peuples et leurs intérêts, ne font, dans les faits, que s'en servir pour préserver leur pouvoir et les privilèges qui en découlent.

Le premier des événements en question, ce sont les importantes révélations rapportées par le journal marocain, Assahifa sur la nature des tractations qui ont permis, en 1975, la conclusion de ce que l'on appelle les accords tripartites sur le Sahara Occidental, signés entre l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie. Les révélations de l'hebdomadaire marocain qui viennent confirmer ce que tous les Sahraouis savent depuis des décennies déjà, à savoir que « la marche verte » loin d'être, ce que certains milieux et certains médias, nous ont présenté, tout au long des trois dernières décennies, comme un acte intelligent et courageux qui a permis la libération d'un territoire et donné la liberté à un peuple, n'était en vérité qu'une grotesque manoeuvre de la part d'un roi, affaibli et en désarroi, qui a failli perdre sa vie et son pouvoir. Ce voulant de la part de Hassan II, l'ultime moyen de conjurer le sort, la marche était, nous apprend Assahifa, le fruit et la concrétisation d'un sordide marchandage entre un trio de brigands ( Hassan II du Maroc, l'espagnol Arias Navaro et le mauritanien, Mokhtar Ould Daddah) qui, à l'image des étranges personnages du film, mort sur le Nil, avait chacun ses propres raisons qui le pousse à communier dans le même désir que les autres de commettre le même forfait.

Limitons-nous au volet strictement marocain et intéressons-nous aux conséquences (heureuses) possibles que de telles révélations peuvent provoquer. A ce sujet, nous devons souligner qu'il nous paraît que les révélations de Assahifa, constituent incontestablement, croyons-nous, une nouvelle donnée majeure dont il faut mesurer à sa juste valeur l'importance. Elles devraient, croyons-nous, permettre, dans les mois, voire les années à venir, sinon de réconcilier les démocrates marocains avec leurs frères sahraouis, du moins les rapprocher sensiblement. C'est du moins, ce que veut la logique et ce que nous espérons sincèrement. Car, après tout, si pendant les trois dernières décennies, une importante frange de l'opposition marocaine a semblé justifier son soutien inconditionnel au régime marocain sur la question du Sahara Occidental par le fait que les Rois (l'ancien comme le nouveau) n'ont fait que répondre à un appel pressant que le peuple sahraoui leur aurait lancé de l'aider à se libérer du joug espagnol, les révélations de Assahifa doivent nécessairement l'amener, si elle est sincère et conséquente avec elle-même, à se rendre rapidement à l'évidence et réviser en conséquence cette politique qui, en plus d'avoir compromis sérieusement les chances de la démocratisation au Maroc, meurtri le peuple sahraoui, a semé les germes de la discorde entre toutes les composantes de la région du Maghreb. En d'autres termes, les démocrates marocains qui avaient soutenu le Makhzen dans sa guerre injuste contre les Sahraouis parce que le roi les a trompés et abusés, devraient comprendre, désormais, à la lumières des incontestables et crédibles informations révélées par Assahifa, que non seulement le combat du peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination est légitime, mais qu'il requiert surtout, dans leur intérêt et l'intérêt de leur pays, tout leur soutien et assistance. Car après tout, devrions-nous oublier qu'un peuple qui opprime un autre ne peut jamais être libre, donc ne peut pas connaître la démocratie ?

Le deuxième événement qui est intervenu au cours de la semaine écoulée et qui me paraît aussi revêtir une certaine importance, est la dispersion brutale par les autorités mauritaniennes d'une manifestation pacifique des défenseurs des droits de l'homme à Nouakchott. Si au cours des derniers mois, la junte militaire mauritanienne, composée, faut-il le rappeler, d'anciens responsables de la police, des services de renseignement et de hauts gradés des différentes unités de l'armée, a laissé croire au peuple mauritanien et à la communauté internationale qu'elle n'a renversé l'ancien régime que pour permettre au peuple mauritanien de retrouver les chemins de la liberté, les derniers incidents de Nouakchott viennent, à côté d'autres éléments, soulever des doutes sur la sincérité de ses intentions. En effet, la brutalité avec laquelle les policiers ont chargé les foules de manifestants des droits de l'homme, leur refus répété de permettre aux islamistes de constituer leur parti politique, le maintien de rapports privilégiés avec l'État d'Israël, la politique des axes que le premier responsable de la junte est en train de mettre en œuvre, avec l'aide et le soutien du régime marocain, pour déstabiliser le Maghreb, sont entre autres facteurs, des raisons qui nous confortent dans notre certitude que l'armée, la police et les services de renseignements ne sont jamais - n'ont jamais été - les meilleurs alliés de la démocratie, ni ses véritables appuis, et encore moins ses sincères et désintéressés promoteurs.

13.12.05

AS-SAHIFA AL-OUSBOUIYA [18/11/2005]

Extrait/Résumé tiré de la Revue de presse de l'ambassade de France au Maroc

Accord confidentiel entre Franco et Hassan II.
Le régime espagnol n'avait d'autre choix que de déclarer la guerre au Maroc. Or, face aux pressions françaises et américaines, le régime espagnol a dû conclure un accord confidentiel avec Hassan II, dans lequel le Maroc s'était engagé à garder le silence concernant le dossier des enclaves de Ceuta et Melilla, contre le recouvrement du Sahara. Par ailleurs, cet accord a garanti les intérêts de l'Espagne dans le domaine de la pêche dans les eaux territoriales marocaines et sahraouies. L'accord prévoyait également de concéder à l'Espagne 35% des projets de prospection du phosphate ().


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