OPINION

 

Mauritanie-Sahara Occidental : bonnes vérités à dire entre « cousins »

Baba Sayed

En 1975, à un moment où le peuple sahraoui s'apprêtait à goûter, enfin, le fruit de longues et éprouvantes années de résistance contre le colonialisme espagnol, donc à un moment névralgique de son histoire où il était en droit de s'attendre de la part de tous ses voisins et particulièrement de la part de la Mauritanie, pays avec lequel il était lié, en plus de la langue, de la religion, d'une histoire commune, par une infinité de liens culturels et affectifs, ce pays cher aux cœurs et aux esprits des baidans sahraouis, n'a pas hésité à s'allier, dans le cadre d'une entreprise de brigandage sans précédent dans l'histoire de l'humanité, avec leur ennemi, le Maroc pour partager avec lui leur peuple, leur territoire et ses richesses.

Trente ans plus tard, la Mauritanie, et au moment où le Royaume du Maroc est mis au banc des nations par une communauté internationale qui refuse systématiquement de se prêter au jeu des autorités marocaines consistant à banaliser leur occupation du Sahara Occidental, la Mauritanie semble ne plus s'imposer de limite dans sa politique de complaisance à l'égard de l'expansionnisme marocain. La visite qu'entreprend, depuis les derniers jours au Maroc, le chef de la junte militaire au pouvoir à Nouakchott et les accords auxquels elle a donné lieu en sont parfaitement la preuve et l'illustration manifestes.

Tout a été fait ou presque de la part des nouveaux dirigeants de Nouakchott pour rendre l'occupation du Sahara Occidental irréversible : accords de pêche avec l'État marocain incluant les côtes sahraouies, accords portant sur des entreprises mixtes de forage incluant des localités sahraouies, accords favorisant des échanges culturels incluant les zones occupées du Sahara Occidental, j'en passe et des meilleures…

La junte militaire qui est venue au pouvoir dans l'intention de faire grand cas de la volonté du peuple mauritanien voudrait-elle par sa complicité affichée avec le régime marocain nous faire regretter le despote "éclairé" que fut Ould Taya' ? Voudrait-elle ressusciter, dans un Maghreb relativement pacifié -et pour quelles raisons ? - les anciennes politiques des axes ? Croit-elle comme en 1975 que le sort du peuple sahraoui est définitivement scellé et qu'il faut, par pur opportunisme, préparer, avant terme, les funérailles pour mériter une part de l'héritage ?

Dans tous les cas et quelle que soit la nature de ses calculs, l'État mauritanien et ses dirigeants doivent savoir, avant qu'ils n'en subissent comme en 1975 les graves et irrémédiables conséquences, que le lion sahraoui ne dort que d'un seul œil et que quelle que soit l'importance des blessures qu'il a subies, il finira toujours, comme après 1975, par les panser, les guérir et faire payer aux traîtres le prix fort de leur traîtrise !!

23.11.05


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