Le combat de la femme sahraouie dans l’exil
Keltoum IRBAH
Sociologue
Le conflit qui perdure au Sahara Occidental a modifié les
habitudes et la place de la femme sahraouie, et, dans cette phase
celle-ci joue un rôle important tant au sein de la cellule
familiale, l’appareil de production économique que dans les
structures politico-administratives.
Les femmes occupent une place prépondérante, elles
constituent dans une large mesure le pilier de la société
et perpétuent les traditions du peuple sahraoui. Ce sont elles
qui ont mis sur pied les premiers camps de réfugiés en
1976 et qui les administrent depuis lors ; elles gèrent plus de
80% de la vie administrative dans les campements et sont responsables
de leur fonctionnement et de leur défense (1).
Les femmes
sahraouies sont présentes à tous les niveaux de la
société, on les retrouve dans différents secteurs
et champ d’activité: l’enseignement ; la santé ; la
distribution des vivres ; la construction et l’agriculture. Par
ailleurs, Elles sont représentées dans plusieurs
sphères de la vie politique, aussi bien l’exécutif, le
législatif que les relations extérieures. Ainsi, des
femmes occupent des fonctions dans le corps diplomatique et
représentent le Front Polisario à l’étranger,
comme en Libye, au Danemark, en Allemagne, en Italie, et il y a peu de
temps en Suisse.
Dépositaires des valeurs traditionnelles, elles attachent
également une attention particulière à la question
genre et veillent à ce que la parité soit
intégrée dans des programmes politiques, et que la femme
ne soit pas discriminée dans ses droits fondamentaux. Dans cette
perspective, l’Union nationale des femmes sahraouies fut
créée en 1974 afin d’encourager et développer la
contribution des femmes aux différents projets
d’édification nationale. L’idée principale est que la
lutte de libération nationale ne peut être menée
qu’avec toutes les composantes de la société sahraouie.
Cette organisation a pour essence une revendication populaire, elle
organise des conférences, des rassemblements, coordonne
différentes activités culturelles et sociales ; depuis
1985, elle tient régulièrement des Congrès et
publie des bulletins d’information mensuels (Ambition ; Etudes ;
Recherches ; 8 mars).
Plus spécifiquement, ce mouvement a pour ambition la
réalisation des objectifs suivants : sensibiliser les femmes sur
leurs droits sociaux et politiques ; l’aider à améliorer
ses connaissances sur le plan professionnel ; approfondir le rôle
de la famille sur le plan éducatif en inculquant une
éducation équitable entre les garçons et les
filles. En outre, l’Union nationale des femmes sahraouies met en
exergue l’importance de la solidarité internationale des femmes,
en renforçant notamment des contacts avec des organisations
féminines à travers le monde. Sur ce point, l’axe majeur
consiste à créer des relations dans le domaine de la
solidarité, l’échange d’expériences de
manière à surmonter les difficultés qui portent
préjudice à la liberté et à
l’émancipation de la femme. Ces différentes initiatives
ont eu un impact et cette organisation a participé à
plusieurs manifestations internationales (2).
Si le Congrès est l’occasion pour la femme sahraouie de
s’exprimer, il remplit aussi la fonction de cohésion sociale
dans la mesure où il réunit de façon ponctuelle
l’ensemble de la population réfugiée pour débattre
de problèmes de société. À ce propos,
Khadidja Hamdi, épouse du Président de la RASD
(3), est
très active dans le domaine associatif, elle milite pour la
condition de la femme et travaille au ministère de la Culture.
Le respect du principe de l’émancipation de la femme a toujours
été présent dans le programme d’action nationale
du Front Polisario, ce dernier s’étant dès le
début engagé à établir les droits
politiques et sociaux de la femme. Il s’agit d’instaurer des droits qui
prévalaient dans la période précoloniale,
époque durant laquelle la femme sahraouie
bénéficiait d’une grande liberté. En effet, dans
la société pastorale nomade, les hommes étaient
contraints de s’absenter durant de longues périodes pour assurer
la transhumance des troupeaux et acheminer les marchandises à
travers le désert. Dès lors, les femmes devaient faire
face à toutes les tâches de la vie quotidienne et se
trouvaient investies de responsabilités. Sous la tente, la femme
sahraouie est aujourd’hui toujours souveraine de son espace, elle
gère celui-ci de manière très autonome sans subir
aucune contrainte de l’extérieur. Des relations
d’égalité prévalent entre hommes et femmes,
tout repose sur un sentiment de confiance. Elles
bénéficient de nombreux droits, par exemple lorsqu’elle
se marie la femme sahraouie ne prend pas le nom de son mari ; d’autre
part, selon le code de la famille une femme peut demander le divorce,
une fois divorcée elle peut se remarier sans difficulté.
Trois mois après que le divorce ait été
prononcé, la femme sahraouie organise généralement
une fête avec sa famille et ses amis pour inaugurer le
début d’une nouvelle vie. Il faut souligner, par ailleurs, que
la femme sahraouie a toujours conservé une grande
féminité, autant en période de guerre que lors des
travaux les plus laborieux dans les campements de
réfugiés. C’est le vêtement traditionnel de la
femme sahraouie, le malfa, qui témoigne de son appartenance
à la gent féminine, le port du malfa est obligatoire, les
femmes sahraouies sont tenues de le porter à la puberté,
comme le souligne une jeune femme sahraouie : « Le malfa ce n’est
pas la religion c’est l’habitude. » (4)
De manière générale, dès 1978,
période du conflit, les femmes ont été
amenées à occuper de nombreuses foncti ons et
responsabilités au sein des daïra (5). Elles
ont pris en
charge l’organisation de la vie quotidienne mais également
l’orientation politique et culturelle à travers des instances
telles que : l’Union des femmes, le Conseil national, l’Union des
jeunes, l’Union des travailleurs. Les femmes sahraouies ont pu de cette
manière acquérir une grande expérience tant au
niveau politique, social et culturel. Enfin, il convient
également de mentionner que le taux d’instruction chez les
femmes sahraouies est élevé et avoisine les 95% : l’enjeu
une fois l’indépendance acquise sera donc de maintenir et
d’améliorer les droits acquis. En effet, le nombre de
parlementaires et de ministres femmes est assez faible par rapport au
rôle que ces dernières jouent dans la
société et à l’opiniâtreté dont elles
font preuve face aux vicissitudes de l’exil ; aussi
mériteraient-elles une plus grande participation sur la
scène politique. Des progrès restent par
conséquent à accomplir dans ce domaine pour que la femme
sahraouie obtienne une plus grande reconnaissance de ses droits, elle
pourrait dès lors faire figure d’exception dans le monde arabe.
Septembre 2008
Notes
- L’annexion du territoire en 1975 a contraint une grande partie de
la population sahraouie à s’exiler.
- À titre d’exemples, nous pouvons citer la
Conférence des Nations Unies sur la femme à Copenhague en
1980 ; la Conférence mondiale à Pékin en 1995 ; la
Conférence des ONG féminines africaines sur la
communication au Kenya en 1996 ; le colloque mondial de la femme et
l’édification de la paix en novembre 2000 ; le sommet africain
sur la femme à Alger en 2001.
- République Arabe Sahraouie Démocratique.
- Propos recueillis auprès d‘une jeune femme sahraouie au
campement d’Aousserd.
- Unité administrative correspondant à une commune.
EL COMBATE DE LA MUJER SAHARAUI EN EL EXILIO
Por Keltoum Irbah, socióloga.
El conflicto que perdura en el Sáhara Occidental ha modificado
las costumbres y el sitio de la mujer saharaui; y, en esta fase,
ésta juega un rol importante tanto en el seno de la
célula familiar, como en el aparato productivo económico
y en las estructuras político-administrativas.
Las mujeres ocupan un lugar preponderante. Constituyen, en gran medida,
el pilar de la sociedad y perpetúan las tradiciones del pueblo
saharaui. Son quienes pudieron en pié los primeros campamentos
de refugiados en 1976, y quienes los han administrado desde entonces;
ellas gestionan también mas del 80% de la vida administrativa en
los campamentos y son responsables de su funcionamiento y de su
defensa. Las mujeres saharauis están presentes en todos los
niveles de la sociedad. Se les encuentra en diferentes sectores y
campos de actividad: la enseñanza, la salud, la
distribución de víveres, la construcción y la
agricultura. Por cierto, ellas están representadas en varias
esferas de la vida política, tanto en los poderes ejecutivo y
legislativo, como en las relaciones exteriores. Así, las mujeres
ocupan funciones en el cuerpo diplomático y representan al
Frente Polisario en el extranjero, como, por ejemplo, en Libia,
Dinamarca, Alemania, Italia y, desde hace poco tiempo, en Suiza.
Depositarias de los valores tradicionales, prestan una atención
particular a las cuestiones de género y verifican que la paridad
sea integrada en los programas políticos, y que la mujer no sea
discriminada en sus derechos fundamentales. En esta perspectiva, la
Unión Nacional de Mujeres Saharauis fue creada en 1974 con el
fin de animar y desarrollar la contribución de las mujeres a los
diferentes proyectos de edificación nacional. La idea principal
es que la lucha de liberación nacional no puede ser realizada
mas que con el total de los frentes de la sociedad saharaui. Esta
organización tiene, esencialmente, una reivindicación
popular; aunque también organiza conferencias, reuniones,
coordina diversas actividades culturales y sociales. Desde 1985, pone
en marcha con regularidad Congresos y publica boletines de
información mensuales (Ambición, Estudios,
Investigaciones, 8 de marzo).
Mas específicamente, este movimiento busca la realización
de los objetivos siguientes: sensibilizar a las mujeres sobre sus
derechos sociales y políticos, ayudarlas a mejorar sus
conocimientos en el plano profesional; profundizar el rol de la familia
en el plan educativo al inculcar una educación equitativa entre
jóvenes y señoritas. Además, la Unión
Nacional de Mujeres Saharauis pone de relieve la importancia de la
solidaridad internacional entre las mujeres, reforzando especialmente
los contactos con organizaciones femeninas a través del mundo.
Sobre este punto, el eje mayor consiste en crear relaciones en el
dominio de la solidaridad, el intercambio de experiencias, de manera
que se sobrepasen las dificultades que causan perjuicios a la libertad
y a la emancipación de la mujer. Estas diferentes iniciativas
tienen gran impacto y esta organización ha participado ya en
varias manifestaciones internacionales. (1)
Si el Congreso es la ocasión que permite a las mujeres saharauis
expresarse, el cumple también la función de
cohesión social en la medida en que reúne al conjunto de
la población refugiada para debatir los problemas de la
sociedad. A este respecto, Khadija Hamdi, esposa del Presidente de la
República Arabe Saharahui Democrática, es muy activa en
el plano asociativo; ella milita en favor de la condición
femenina y trabaja en el ministerio de la cultura.
El respeto del principio de la emancipación de la mujer siempre
estuvo presente en el programa de acción nacional del Frente
Polisario. Este último se comprometió, desde el comienzo
de su lucha, a establecer los derechos políticos y y sociales de
la mujer. Se trata de instaurar derechos que prevalecían en la
era pre-colonial, época en la que la mujer saharaui se
beneficiaba de una gran libertad. En realidad, en la sociedad pastoral
nómada, los hombres eran obligados a ausentarse durante largos
períodos de tiempo para asegurar la transhumancia de las
rebaños y transportar las mercancías a través del
desierto. Desde entonces, las mujeres deben hacer frente a todas las
tareas de la vida cotidiana y se encuentran cargadas de muchas
responsabilidades. Bajo la tienda, la mujer saharaui, hoy en
día, es soberana de su espacio, ella lo administra de una manera
muy autónoma, sin sufrir ninguna presión desde el
exterior. En las relaciones de igualdad que prevalecen entre hombres y
mujeres, todo reposa sobre un sentimiento de confianza. Ellas se
benefician de numerosos derechos, por ejemplo, cuando la mujer saharaui
se casa, no toma el apellido de su marido; por otro lado, según
el código de la familia, une mujer puede solicitar el divorcio
y, una vez pronunciado, se puede volver a casar sin dificultad. Tres
meses después de pronunciado el divorcio, la mujer saharaui
organiza generalmente una fiesta con su familia y sus amigos para
inaugurar el comienzo de una nueva vida. Hay que señalar, por
cierto, que la mujer saharaui siempre conservó una gran
feminidad, tanto en período de guerra como durante sus trabajos
mas laboriosos en los campamentos de refugiados. Es el vestido
tradicional de la mujer saharaui, el "malfa", que atesta su pertenencia
al género femenino. El porte del "malfa" es obligatorio, las
mujeres saharauis son obligadas de llevarlo desde la pubertad, como lo
señala una mujer saharaui del campamento de Aousserd: "El malfa
no es la religión, es la costumbre".
De manera general, desde 1978, período del conflicto, las
mujeres fueron orilladas a ocupar numerosas funciones y
responsabilidades en el seno de los "daïra" (unidades
administrativas que corresponden a la comuna o municipio). Ellas
asumieron las tareas de organización de la vida cotidiana,
así como la orientación política y cultural
gracias a instancias como la Unión de Mujeres, el Consejo
Nacional, la Unión de Jóvenes, la Unión de
Trabajadores. De esta manera, las mujeres saharauis pudieron adquirir
una gran experiencia tanto a nivel político como social y
cultural. Conviene igualmente mencionar que la tasa de
instrucción de estas mujeres es elevada y se avecina al 95%; la
apuesta, una vez adquirida la independencia, sera de mantener y mejorar
los derechos ya adquiridos. En realidad, el numero de parlamentarias y
ministras mujeres es muy débil con respecto al rol que estas
últimas desempeñan en la sociedad y a la tenacidad que
han manifestado frente a las visicitudes del exilio. Por eso, meritan
una mayor participación en el escenario político. Sin
embargo, quedan progresos por realizar en este campo para que la mujer
saharaui obtenga un mayor reconocimiento de sus derechos y, en
consecuencia, se convierta en una figura de excepción en el
mundo árabe.
Septiembre 2008
NOTA
1. A título de ejemplo, podemos citar la Conferencia de Naciones
Unidas sobre la Mujer, en Coopenhague, 1980; la Conferencia Mundial de
Pekin, de 1995; la Conferencia de las ONG's femeninas africanas sobre
la comunicación, que tuvo lugar en Kenia, en 1996; el Coloquio
Mundial sobre la Mujer y la Edificación de la Paz en noviembre
de 2000; la Cumbre Africana sobre la Mujer, en Argelia, en 2001.
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