HISTOIRE


1. AVANT LA COLONISATION

L'histoire du Sahara Occidental jusqu'au début de la colonisation espagnole, à la fin du siècle passé, ne peut pas être séparée de l'histoire de l'Afrique nord-occidentale.
En effet, se situant à la frontière entre le Maghreb et l'Afrique Noire le Sahara Occidental devenait le point stratégique des échanges entre ces deux régions. En même temps, par sa position géographique, à l'extrême pointe de l'expansion arabe, et aux limites des grandes routes sahariennes, le Sahara Occidental a pu conserver une certaine originalité tout en participant aux grands mouvements historiques de l'ensemble maghrébin.
Il est toutefois vain de rechercher dans son histoire l'intégrité territoriale d'une nation au sens moderne du mot. Du fait de la nature sociale des communautés nomades, et d'une histoire marquée par les courants ascendants et descendants, l'entité territoriale de ce pays comme celle des autres pays africains n'a pu être définie d'une façon rigide que par l'empire colonialiste. Il est aussi vain de rechercher dans cette région l'origine d'un droit historique de quelque pays voisin. Au contraire, à partir du XIVème siècle notamment, une nette distinction politique sépare cette région du reste de l'Afrique nord-occidentale. En tout état de cause, ce qui fait aujourd'hui du Sahara Occidental, comme de bien d'autres pays, africains ou non, une " nation " et aussi un peuple, ce n'est pas la référence aux frontières du passé précolonial mais d'abord et surtout la volonté de ce peuple de conquérir sa liberté.
Aux temps préhistoriques l'immense désert de l'actuel Sahara était une région relativement favorisée par un climat humide. Cette région était peuplée de négroïdes auxquels se mélangeaient des populations berbères venant de la côte méditerranéenne à travers le Maghreb.
L'assèchement du Sahara, à partir du troisième millénaire avant J.C. provoque la coupure entre les populations noires et berbères. Les premières, sédentaires, s'installent au Sud du Sahara tandis que les secondes, nomades, restent au Nord tout en assurant une liaison entre la Méditerranée et l'Afrique Noire. Cette liaison est bien mise en évidence par la route des chars (retracée suivant les gravures rupestres) qui depuis le sud-oranais et le sud marocain, arrivait à la boucle du Niger en passant par le Rio de Oro et la Mauritanie.
Vers le dernier millénaire avant J.C., les Phéniciens, installés jusqu'au nord de la côte atlantique du Maroc, contrôlent le trafic de l'or venant du Sénégal en empruntant la route du littoral atlantique. Au Vème siècle avant J.C. un Phénicien aurait fait un voyage jusqu'à cap Juby et même jusqu'au Golfe de Guinée L'arrivée des Romains, au IIIème siècle avant J.C., ne perturbe pas trop la vie des populations berbères de la région occidentale du Sahara . Au début de l'ère chrétienne, l'introduction du dromadaire permet de reprendre progressivement les contacts avec l'Afrique Noire, quasiment interrompus après la désertification. Décisive pour toute l'Afrique du Nord, l'invasion arabe s'accomplit par expéditions successives à partir de 640 après J.C. Le Maghreb est atteint dès 647 par Okba ben Nafi, qui aurait même atteint la côte atlantique vers 683. Malgré les résistances berbères à l'invasion militaire, l'islamisation se fait assez rapidement. Au VIIIème siècle la région connaît un grand essor, dû à l'impulsion donnée par la présence arabe au commerce de l'or entre la ville de Sijilmassa (dans la région du Tafilalet dans le sud marocain) et celle de Aoudaghost (dans la région de l'Aouker dans le sud mauritanien).
La partie méridionale ( sud mauritanien et Mali occidental ) vécut sous l'influence du royaume noir du Ghana puis au XIème siècle la région voit la naissance du mouvement almoravide. Le chef berbère de l'Atar, Yahia Ibn Ibrahim, après un pèlerinage à la Mecque, prend l'initiative d'appeler le savant marocain Ibn Yasin afin de prêcher le Coran aux populations de la région. Les disciples de Ibn Yasin se regroupent dans une île près de la côte mauritanienne dans un couvent fortifié ( ribat d'où le nom Al Morabitun, ceux du ribat ). Ils donnent naissance à l'expansion Almoravide qui s'étendra jusqu'à la moitié du XIIème siècle de l'Espagne au Sénégal et de la côte atlantique jusqu'à l'Algérie centrale.
C'est par la suite le tour des Almohades, originaires du Maroc, d'unifier le Maghreb, du golfe de Gabès à l'Atlantique, entre le XIIème et le XIIIème siècle.
Après la chute de la dynastie Almohade, plus aucune dynastie ne sera capable d'unifier le Maghreb. A partir du XIIIème siècle, les Maqil, nomades venant de l'Orient arabe, envahissent le Sud. Au nord, le Maroc se cantonne approximativement dans ses limites actuelles à partir du XIVème siècle. Repoussés au Sud de l'Oued Draa par le sultan marocain de la dynastie mérinide vers 1270, les Maqil occupent progressivement, entre le XVème et le XVIIème siècle surtout, le territoire s'étendant de l'Oued Draa à l'actuelle Mauritanie. Ils entrent en symbiose avec les berbères, nomades eux aussi. C'est de cette union que naît la population actuelle du Sahara Occidental .
Il est difficile de suivre par la suite l'histoire de cette partie de la région saharienne. On peut dire, toutefois, que cette région, qui coïncide avec les limites actuelles du Sahara Occidental , reste à l'écart des ensembles territoriaux déjà constitués: l'empire noir de Sonhay au XVIème siècle, qui allait des salines de Therraza (extrême pointe de la Mauritanie) jusqu'au fleuve Niger, sans pour autant s'approcher de la côte atlantique; et le royaume de la dynastie Alaouite au Maroc (celle qui règne encore aujourd'hui) qui ne dépassera pas, dans ses Iimites méridionales, l'oued Draa).

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